Besançon - Epinal (13 avril 2002)
Quart de finale retour du championnat de division 1 2001/2002.
La patinoire était agréablement remplie pour ce deuxième acte des play-offs, ressemblant à un nouveau derby de l'Est, l'arène est d'ailleurs très bien remplie par les Spinaliens, venus nombreux, et bruyamment, supporter leurs Dauphins. Le match aller avait réservé son lot de surprise à Poissompré en se terminant sur un nul prometteur. On pouvait penser que les Bisontins partiraient confiants pour ce match retour à la patinoire La Fayette de Besançon. Mais la suspension de Pohanka et le départ surprise, dimanche dernier, de Moss, l'Américain, bouleversaient les plans d'Alain Pivron, l'entraîneur bisontin. Pour les Dauphins, l'équation s'avérait plus difficile à résoudre avec trois défaites et un nul au compteur face à une équipe bisontine vraiment pas évidente à manœuvrer. Les Spinaliens se retrouvaient évidemment privés de Cyrille David. Raphaël Marciano titularisait Papelier sur la première ligne.
Le match est long à se mettre en route. Peut-être que chacun des deux protagonistes est un peu trop attentif à ne pas commettre d'erreurs. Epinal ouvre les hostilités. Besançon attend environ cinq minutes avant d'inquiéter directement Labat. Les Vosgiens jouent le contre avec un joueur à la bleue (Ribanelli, Haapasaari, Mysicka, Chassard), alors que Besançon joue un peu plus la tactique du pressing, notamment de leur première, et grosse, ligne. C'est Riekko qui va sérieusement inquiéter Labat, mais le jeune Lorrain sort et se couche loin de sa cage. Le jeu s'équilibre, et l'on voit des Bisontins plus pointus dans leurs passes, mais l'exécution est encore imparfaite. Epinal, toujours en contre, attaque avec une belle combinaison de Ribanelli pour Chassard, mais l'excellent Ménard bouche bien l'angle. Des Spinaliens qui sont un peu moins cohérents que leurs adversaires, notamment sur leur seule supériorité : ils ont du mal à s'installer en zone, ratent des passes, et réussissent seulement une percée de Kadlec face à Ménard, mais son tir passe au-dessus. À cinq contre cinq, les locaux prennent légèrement le dessus, avec un bon travail de grattage de palet, mais il manque encore la finition. Chassard ponctue la fin de ce tiers avec une belle envolée de sa ligne bleue, mais à l'approche de Ménard, il est en bout de course, et malgré sa feinte sur le défenseur, il ne peut conclure son action. Fin de tiers mitigée donc, car Epinal semble dominer, mais on les voit mal jouer, et gagner, tout le match avec cette tactique du contre, alors que leurs passes, et leurs placements, sont un peu approximatifs, moins concluants tout du moins que ce que Besançon peut faire.
Surtout que les Séquanes attaquent plus fermement la deuxième période, avec des essais sérieux de Riekko, puis Rautalin, qui reste constamment, et dangereusement, à rôder en pointe. Ribanelli effectue de nouveau une percée, puis ses coéquipiers de bénéficier d'une nouvelle supériorité, suite à un accrocher de Mickelsson. Leur tactique est un peu stérile : beaucoup de tirs en entrée de zone, mais peu de rebonds exploités (peu de rebonds laissés par Ménard, il est vrai). Leur placement est encore imparfait. Et à cinq contre cinq, c'est encore Besançon qui se montre le plus dangereux, surtout avec un Kohvakka vraiment infernal au niveau création de jeu. Hélas, Patrick "Pompom" Pommier est sanctionné pour une obstruction. C'est d'abord une petite vague de chambrage des "cannibales de supporters", vis-à-vis de leur ancien défenseur, puis ensuite une grosse vague d'enthousiasme quand Mysicka, idéalement démarqué, part seul en contre et gagne son duel face à Ménard.
La tactique des visiteurs va être alors encore plus simple : maintenant, on attend ! Surtout que Besançon pousse encore plus, avec des essais d'Edinger, Mickelsson ou Kohvakka. Trébaticky y va de son petit numéro, avec une belle petite feinte, mais Ménard montre toujours autant de détermination. Le portier bisontin porte d'ailleurs à bout de bras ses coéquipiers, durant une phase de jeu où les Spinaliens retrouvent un peu de collectif : un slap de Drzik (et une mitaine impériale de l'ancien castelvirois), puis un bon essai de Papelier. Le jeu devient plus agréable à regarder, les deux adversaires semblent accepter le combat, qui devient plus intense. Encore un travail des Kohvakka, Mickelsson et Rautalin, mais c'est "Jussi", encore bien démarqué, qui se présente seul face à Ménard, qui perd pour la circonstance son deuxième duel. On commence à râler du côté des supporters bisontins, de voir Epinal marquer de la même façon, surtout qu'en face, Rautalin manque de précision en déviant de façon pas assez marquée un tir de Kohvakka. Le tiers se finit sur un petit accrochage de crosse entre Mickelsson et Chassard, qui peut paraître bénin, mais le jeune Vosgien se fait sanctionner pour s'être un peu rebiffé.
Et donc l'ultime période commence en avantage numérique pour les locaux : pas longtemps d'ailleurs, quand Kohvakka effectue un petit numéro derrière la cage de Labat, puis tire en jouant sur une déviation derrière le patin de l'infortuné gardien spinalien. Bien joué, on y croit de nouveau chez les noirs et jaunes. Surtout que l'on pousse encore. Et c'est toujours ce satané Kohvakka qui focalise Drzik, avant de centrer pour Rautalin qui décoche victorieusement un missile de la bleue. Deux tirs, deux buts. Féfé Marciano demande un temps mort, on commence à douter sérieusement du côté rouge et blanc, surtout que les Séquanes poussent encore et toujours, asphyxiant leurs adversaires. Toujours ce Kohvakka qui perce, un tir lointain de Frank, bien repoussé par Labat, mais qui ne peut revenir assez vite, face à Mickelsson qui exploite le rebond. Aïe, les choses se corsent, les Spinaliens sont trop recroquevillés sur eux-mêmes, hébétés par ce pressing insolent d'efficacité. Ils ne commencent à retrouver leurs esprits que dans la deuxième partie de la période, mais par leur tactique de la soirée, en contre, encore assez timide et imprécise. Surtout qu'en face, Besançon est encore bien dangereux en supériorité, ça patine de partout, et Labat aide bien les siens. Mieux, c'est le "Roman" vosgien qui part en contre, avec un superbe petit numéro, et qui loge sa rondelle dans la lucarne bisontine. But accueilli comme une douche froide pour les locaux, qui continuent de pousser : encore un tir de Mickelsson, mais Epinal retrouve des couleurs, tient un peu mieux sa défense, et n'hésite pas à monter, toujours en contre, par Haapasaari ou Maurice. Besançon presse toujours, avec une excellente déviation de Riekko sur un tir de Kohvakka. Il reste encore trente secondes à jouer, on sent que le KO est proche pour l'un des deux protagonistes, et c'est encore Kohvakka qui essaye un tir, mais Labat tient bon.
Prolongation, premier acte : une première séance de cinq minutes, complètement à l'avantage d'Epinal. On joue depuis quinze secondes que Trébaticky pose la première, et sérieuse, escarmouche mais Ménard s'impose de la mitaine. Les Vosgiens poussent sensiblement, et de façon beaucoup plus collective, et précise, que pendant tout le reste du match. Aussi, sans pour autant subir de siège, Besançon va rester dans son camp, sortant très peu, et de façon peu dangereuse, sauf sur quelques actions d'Edinger ou de Riekko. Epinal, de son côté, continue, mais Ménard tient. Après l'intervention du président spinalien Claude Maurice brandissant le règlement, on a recours à une deuxième période de cinq minutes, et tout va se jouer rapidement. Toujours cette poussée vosgienne, d'abord par Dehaëne, carrément séché par deux locaux. L'arbitre ne bronche pas. Puis encore un petit exploit de Trébaticky : une petite feinte, pas bien rapide, mais habilement exécutée, un tir, repoussé par Ménard, mais Mysicka exploite instantanément le rebond. Fini, c'est l'explosion de joie des spinaliens, qui se dirigent tous vers leurs supporters, où Mysicka était venu montrer sa joie. Une meute digne des finales de NHL...
Superbe surprise pour les Vosgiens, légèrement donnés perdants par les pronostiques. Une victoire inespérée au moment des trois buts pris en six minutes, lors du troisième tiers. Lentement, ils sont remontés à la surface, et cette victoire, ils la doivent sûrement à une grosse volonté, à un cœur gros comme çà. Sûrement aussi à un peu plus de discipline que durant la saison. Toujours est-il que leur joie, à la fin du match, leur communion avec leurs supporters, faisait bien plaisir à voir...
... et contrastait avec l'abattement des Bisontins. A part un premier tiers un peu plus timide, ils ont assumé une bonne partie du match, notamment cette période de feu entre les quarantième et cinquantième minutes, où personne, et certainement pas eux, ne doutait de la qualification. Trois buts pris en contre, des prolongations subies plus que dominées... Peut-être les organismes étaient-ils éprouvés, notamment en ne jouant souvent qu'à six en attaque, et cinq en défense. Peut-être souhaitait-on aussi arriver aux tirs aux buts, en misant sur les très bonnes capacités de Ménard. Bonne saison quand même des Séquanes, qui ont mis la manière pour prouver leur valeur, tout au long de la saison, et faire taire les critiques. A signaler que Besançon a déposé réclamation quant au déroulement en deux temps de la prolongation, dû à l'incertitude des arbitres.
J'ai bien aimé :
- Pour Besançon : Ménard, Kohvakka (qui, à mon avis, est largement au-dessus de la mêlée de cette N1), et Sibon (beaucoup de boulot dans tous les "coins" de la patinoire).
- Pour Epinal : Labat (pas toujours le style, mais beaucoup de volonté), Vorel (déterminé) et Trebaticky (du grand Roman hier soir).
Compte-rendu signé Stéphane Rault
Besançon - Epinal 3-4 a.p. (0-0, 0-2, 3-1, 0-0, 0-1)
Pénalités : Besançon 6' (2' Brincko / 2' Mickelsson, 2' Pommier / 0' / 0'), Epinal 8' (2' Domin / 2' Chassard / 2' Ribanelli, 2' Trebaticky / 0').
Tirs : Besançon 27 (8 / 10 / 9 / 0), Epinal 47 (12 / 13 / 12 / 10).
Evolution du score :
0-1 à 27'19" : Mysicka (sup. num.)
0-2 à 35'54" : Haapasaari
1-2 à 40'31" : Kohvakka (sup. num.)
2-2 à 42'02" : Rautalin assisté de Kohvakka et Brincko
3-2 à 45'43" : Mickelsson assisté de Frank et Kohvakka
3-3 à 53'34" : Trebaticky assisté de Ribanelli (inf. num)
3-4 à 67'07" : Mysicka assisté de Trebaticky.
Besançon
Gardien : Stéphane Ménard
Défenseurs : Juha Sinkkonen - Lukas Frank ; Dusan Brincko - Patrick Pommier ; Yvan Jurzynek (C).
Attaquants : Matti Rautalin - Teemu Kohvakka - Jouni Mickelsson ; Janne Riekko - Clinton Edinger - Benoît Sibon ; Frédéric Loureiro, Aurélien Frasier.
Remplaçants : Jean-François Risselin (G), Jean-François Tuaillon (A), Loïc Querrec.
Epinal
Gardien : Julien Labat
Défenseurs : Josef Drzik - David Vorel ; Vladimir Domin - Radoslav Regenda ; Benoît Guillemot.
Attaquants : Frédéric Dehaëne (C) - Roman Trebaticky - Guillaume Papelier ; Tomas Mysicka - Karel Kadlec - Jussi Haapasaari ; Christophe Ribanelli - Anthony Maurice - Guillaume Chassard (A).
Remplaçants : Yvan Bock (G), Borislav Ilic, Djamel Zitouni, Emilien Gillot, Guillaume Géhin, Nicolas Martin.