France - Corée du Sud (18 avril 2002)

 

Quatrième journée du championnat du monde 2002 de division I, groupe A.

Pour cette rencontre programmée à une heure précoce pour eux (12h30), devant des tribunes pleines de groupes scolaires invités, les Bleus sont privés de Jean-François Bonnard, victime d'une fracture du scaphoïde. Pour que l'on puisse aligner trois défenseurs, Karl Dewolf est donc contraint à avancer son retour au jeu même s'il souffre toujours du genou et des côtes. La France ouvre la marque sur son premier tir cadré, un lancer de la bleue de Benoît Pourtanel qui trompe le gardien coréen masqué par Richard Aimonetto. Les Coréens parviennent ensuite à maintenir le score mais le challenge devient trop ardu en infériorité numérique : à la douzième minute, Maurice Rozenthal centre pour la déviation de près d'Arnaud Briand, et Vincent Bachet suit directement pour le 2-0. Yorick Treille enchaîne immédiatement avec une jolie action individuelle et un troisième but. Son compère Laurent Meunier marque à son tour à cinq secondes de la fin du tiers en supériorité numérique.

Dès le début de la deuxième période, la deuxième ligne poursuit dans la continuité de sa bonne prestation de la veille : après un bon freinage qui feinte le défenseur coréen, François Rozenthal s'appuie sur Aimonetto qui décale Zwikel pour le cinquième but. Après un contre à deux manqué par Maurice Rozenthal et Arnaud Briand, on retrouve encore François qui centre pour Zwikel : le tir de celui-ci heurte le casque du gardien mais retombe aussitôt dans le filet, et le but est donc validé. Besse, quant à lui, trouve la base du poteau, mais les Coréens se mettent finalement eux aussi à montrer le bout de leur nez. Si le contre de Sang-Woo Song est entaché d'un hors-jeu, celui de Dong-Hwan Song peut aller à son terme. Le meilleur joueur du championnat coréen feinte bien Huet mais son tir ricoche sur le montant. Alors que Laurent Gras inscrit le septième but, Aimonetto passe à l'arrière pour pallier la pénurie de défenseurs. Les Français sont à la parade et Zwikel s'élance pour prendre le rebond de Pourtanel et porter le score à 8-0 grâce à un troisième but personnel. Woo-Sam Shim s'essaie à d'autres sports en cravatant Benoît Bachelet. La faute est sifflée mais les deux protagonistes enchaînent par des prises de lutte gréco-romaine. Le capitaine coréen prend donc 2'+2' et l'attaquant grenoblois 2'.

Comme dans les deux premiers tiers, les Français marquent à la deuxième minute, grâce à Yorick Treille, qui profite d'un bon travail de Mortas. Après une mise en échec dure mais régulière sur Kwon-Jun Lee, Treille charge ensuite un autre Coréen contre la bande et est sanctionné. La France évolue en infériorité numérique pour la première fois du match sans être inquiétée. Perfectionniste et amateur de chiffres ronds, Mortas inscrit finalement son premier but du tournoi à la dernière minute. 10-0, la France a accompli ce que l'on attendait d'elle.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match :

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "Les joueurs ont fait ce qu'ils avaient à faire, c'est bien. Maintenant, place au match contre le Belarus samedi. Bien sûr ils sont la meilleure équipe et je pense qu'ils n'ont rien à faire à ce niveau. Mais c'est du hockey et tout peut arriver. Nous nous battrons jusqu'à la dernière seconde."

La Corée du Sud n'a envoyé aucun représentant à la conférence de presse.

 

France - Corée du Sud 10-0 (4-0, 4-0, 2-0)

Le 18 avril à 12h30 à Eindhoven. 1750 spectateurs.

Arbitres : M. Roland Aumüller (ALL) assisté de MM. Matthew Folka (GBR) et Roger Van der Waarden (P-B).

Pénalités : France 6' (0', 2', 4'), Corée du Sud 10' (4', 4', 2').

Tirs : France 55 (17, 21, 17), Corée du Sud 14 (4, 4, 6).

Engagements : France 42 (Gras 13/19, Zwikel 12/17, Mortas 6/11, Briand 9/9, Barin 2/2, Dewolf 0/1), Corée du Sud 17 (Seung Hoon-Baek 6/18, Sang-Woo Song 5/16, Han-Sung Kim 6/15, Joon-Seo Bae 0/2, Ho-Jung Lee 0/2).

Evolution du score :

1-0 à 01'19" : Pourtanel assisté de Zwikel

2-0 à 11'50" : Bachet assisté de M. Rozenthal (sup. num.)

3-0 à 12'44" : Treille assisté de Mortas

4-0 à 19'55" : Meunier assisté de Pourtanel (sup. num.)

5-0 à 21'50" : Zwikel assisté d'Aimonetto et F. Rozenthal

6-0 à 25'29" : F. Rozenthal assisté d'Aimonetto et Zwikel

7-0 à 31'35" : Gras assisté de Besse et Dewolf

8-0 à 33'25" : Zwikel

9-0 à 41'58" : Treille assisté de Mortas et Meunier

10-0 à 59'44" : Mortas assisté de Meunier et Pourtanel

Elus meilleurs joueurs du match : François Rozenthal pour la France et Dong-Hwan Song pour la Corée du Sud.

 

France

Gardien : Cristobal Huet.

Défenseurs : Vincent Bachet - Simon Bachelet ; Baptiste Amar - Nicolas Pousset ; Karl Dewolf (puis Richard Aimonetto) - Benoît Pourtanel.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Arnaud Briand - Stéphane Barin ; Richard Aimonetto (puis Yven Sadoun) - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Laurent Meunier - Anthony Mortas - Yorick Treille ; Guillaume Besse - Laurent Gras - Benoît Bachelet.

Remplaçant : Patrick Rolland (G). Absent : Jean-François Bonnard.

Entraîneur : Heikki Leime.

Corée du Sud

Gardien : Sung-Min Kim.

Défenseurs : Sung-Min Park - Min-Hwan Baek ; Do-Yun Kim - Seung-Jae Lee ; Tae-Woong Yoon - Kyung-Won Yoon ; Kwon-Jun Lee - Woo-Jae Kim.

Attaquants : Jong-Hoon Lee - Sang-Woo Song - Ho-Jung Lee ; Jong-Moon Jang - Seung-Hoon Baek - Kyung-Tae Kim ; Sang-Won Seo - Han-Sung Kim - Woo-Sam Shin ; Jun-Seo Bae - Hong-Il Kim - Dong-Hwan Song.

Remplaçant : Sung-Bae Kim (G).

Entraîneur : Jei-Hyun Lee.

 

 

Interviews d'après-match (par Thierry Frechon) :

Baptiste Amar

- Quelles différences y a-t-il entre le jeu universitaire américain et celui des championnats du monde à Eindhoven ?

C'est assez difficile de comparer le jeu international européen et l'universitaire américain. Aux États-Unis, c'est beaucoup plus intensif, la glace est plus petite, ça presse tout le temps, les sorties de zone sont moins calculées qu'au niveau international. J'avais plus senti la différence aux JO où j'ai été plus déstabilisé de rejouer sur une grande glace, d'avoir plus de temps pour faire des passes... Ici, comme nous jouons contre des équipes relativement faibles, on a plus le temps de porter le palet, on voit venir l'adversaire, c'est plus facile de construire le jeu.

- Jouer la Corée qui est un adversaire très faible avant la "finale" du tournoi face au Belarus, est-ce un handicap car on peut y perdre du rythme ou un avantage par ce qu'on y acquiert de la confiance ?

Ni l'un ni l'autre. C'était avant tout un match piège. Nous avons des difficultés à jouer contre des équipes plus faibles que nous. Nous avons galéré la saison passée à Grenoble contre ce type d'adversaires. Les deux premiers matches que l'on fait ici, ce n'était pas terrible. Ce soir, je pense que nous avons fait un bon match. Nous étions relativement relâchés. Nous savions tout de même que nous étions largement supérieurs. Maintenant, ça nous a permis de nous reposer. Nous étions relativement fatigués après le match contre le Kazakhstan. Ça nous fait quasiment deux jours de repos (NB : en comptant la relâche de demain) mais je ne pense pas que ça va casser le rythme.

- On a le sentiment par rapport au championnat du monde de l'an passé que personnellement vous prenez plus d'initiative dans la relance, à l'offensive... Est-ce un acquis du championnat universitaire américain, est-ce un rôle que vous avez pris instinctivement cette année, ou est-ce simplement une demande du coach ?

Pas du tout. L'an dernier, je me suis "déchiré" aux championnats du monde. J'aurais déjà dû être capable de le faire l'année dernière. Peut-être que je me suis mis trop de pression... J'ai du mal à l'expliquer. Maintenant, j'ai tourné la page. Je ne pense pas que ce soit dû au fait d'avoir joué dans le championnat universitaire américain ou à un surcroît de confiance... Je pense qu'il est temps que je prenne plus de place dans l'équipe de France, d'essayer un peu plus de créer le jeu, d'avoir le palet, et je vois sur les matches que l'on fait où l'on a des espacesque je me retiens de trop garder le palet... J'aurais envie de suivre les attaques, mais les coaches nous donnent des consignes restrictives à suivre. Ils demandent aux défenseurs de rester en défense et de donner le palet assez rapidement. C'est peut-être juste un peu plus de confiance personnelle.

- Contre le Belarus, comment l'équipe de France va-t-elle jouer ?

Nous allons prendre les Jeux, où nous avions fait un très bon match, comme référence. Nous allons jouer relativement défensif avec une trappe en zone neutre. Nous allons les forcer à mettre le palet au fond car ils n'aiment pas trop ça. Jouer physique, bien sûr. Nous allons essayer d'être plus performants sur les jeux de puissance. Nous avons un peu péché là-dessus aux JO. Et concrétiser comme nous l'avons fait contre le Kazakhstan où nous n'avons pas eu un nombre d'occasions phénoménal mais où nous avons marqué à chaque fois que nous avons été dangereux. Nous allons essayer de répéter cela contre le Belarus.

- C'est du 50-50 ?

Tout à fait, tout le monde ici attend le Belarus comme largement favori, nous savons que nous pouvons faire un résultat contre eux. On y va crânement, c'est une sorte de finale.

 

Richard Aimonetto

- Pourquoi le coach vous a choisi de passer défenseur au milieu du match ?

Il m'est arrivé une fois de passer en défense, c'était à Lyon, où nous ne jouions qu'avec sept seniors. Le coach, Christer Eriksson, m'a testé et il ne m'a pas jugé trop mal en défense. Sur ce match-là, il fallait faire jouer tout le monde dont Yven Sadoun, nous étions obligé de faire passer un attaquant en défense et le coach m'a choisi.

- Comment se passe le changement d'automatisme ?

C'est très dur car on a toujours tendance à attaquer le but alors qu'il faut défendre. Il faut se rythmer par rapport aux attaquants, il faut rester bien plus en défense puisqu'on se place sur l'arrière du jeu. Il faut avoir des yeux derrière la tête car les attaquants adverses sont toujours derrière. Il faut se connecter, se brancher sur cette défensive... C'est très dur.

- Les Sud-Coréens sont-ils aussi rapides sur la glace qu'ils en ont l'air vu des tribunes ?

Ils sont rapides, mais le plus important c'est de faire bouger le palet. S'ils patinent uniquement sans palet, ça ne sert à rien. Collectivement, ils n'ont pas les automatismes que nous avons. Ils font des passes qui souvent n'arrivent pas. Ils n'arrivent pas, non plus, à renter dans la zone. Ils ont un jeu un petit peu trop fait d'individualités et c'est ce qui fait défaut.

- Contre le Belarus ce sera un autre style de patinage ?

Ce sera complètement différent, nous les avons rencontrés aux JO, nous savons de quoi ils sont capables, c'est vraiment une équipe haut de gamme. C'est une équipe qui est rentrée dans les demi-finales du tournoi olympique, donc nous allons jouer très défensif.

- C'est du 50-50 ?

Nous, nous sommes là pour gagner et c'est tout.

 

Benoît Bachelet

- Comment s'est passée votre nomination d'assistant capitaine ?

C'est une décision du coach.

- Est-ce difficile de jouer avec son frère dans une même équipe quand il prend un coup, ou quand il faut juger ses actions ?

Au début, c'était un peu difficile, mais ça va faire plusieurs années que l'on joue ensemble et on s'habitue. Forcément par moments ça démange un petit peu (sourires)... mais ça se passe bien.

- Comment se passe votre positionnement à l'aile droite en équipe de France alors que vous avez joué toute la saison au poste de centre dans votre club de Grenoble ?

En fait, cela faisait sept ou huit ans que je n'avais plus joué au centre. Les circonstances ont fait cette saison que j'ai été amené à jouer au centre à Grenoble parce qu'il y a eu la blessure de Laurent Deschaumes, qui a été remplacé par le recrutement d'un ailier. Le fait est que ça ne me dérange pas. Au début, c'était un petit peu dur, mais c'est bien de pouvoir jouer à deux positions, c'est plutôt sympa...

- Comment se passe votre entente sur votre ligne avec Laurent Gras et Guillaume Besse ?

Ça va bien. Nous jouons bien jusqu'à présent. Défensivement, sur le tournoi nous n'avons pas pris de but, c'est important. Nous sommes assez complémentaires au niveau vitesse et vivacité. En attaque, nous sommes capables de porter le danger. Ça se passe bien pour l'instant, mais le gros test, c'est le Belarus qu'on va essayer de bouger.

 

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