Belarus - France (20 avril 2002)

 

Cinquième et dernière journée du championnat du monde 2002 de division I, groupe A.

Jean-François Bonnard a tenté de se tester sur la glace hier malgré son plâtre, mais n'est finalement pas en état de reprendre le jeu, et les défenseurs français sont donc réduits à six pour cette finale attendue du tournoi. Le Belarus assume d'entrée son statut de favori : Tcherniavski déborde la défense française à la troisième minute et prend son propre rebond, mais Huet s'interpose par deux fois. La France réplique : Laurent Gras passe la bleue sur la gauche pour libérer au centre Benoît Bachelet, déjà auteur d'un tir non cadré en début de match, et qui lance cette fois sur le gardien Andreï Mezin (5'12"). À la huitième minute, les Bleus mobilisent le palet pendant une longue pénalité différée (crosse haute de Makritski), mais sans en faire grand-chose. La supériorité numérique s'engage mal puisque Besse doit quitter la glace après un choc genou contre genou avec Sergueï Stas à l'entrée de la zone offensive. Plus de peur que de mal heureusement pour le meilleur marqueur du championnat de France. À peine l'avantage numérique se termine-t-il qu'Andrievski est à son tour envoyé en prison pour une charge avec la crosse, mais le jeu de puissance français est décidément brouillon et ne peut éviter des contre-attaques particulièrement dangereuses. Zwikel est ainsi contraint d'accrocher un attaquant adverse. Les Bleus subissent alors un véritable siège en infériorité mais tiennent bon. Cette résistance acharnée leur permet d'espérer voir le vent tourner, et c'est le cas quand Tcherniavski donne un méchant coup de crosse à François Rozenthal et est exclu du match. Même pendant les cinq minutes de supériorité, les Français ne sont toujours à l'abri de rien, et surtout pas d'un contre. Antonenko peut ainsi se présenter seul devant Huet, mais ce dernier ferme bien les jambières sur le revers de l'attaquant biélorusse. Les demi-finalistes olympiques sont nerveux et Stas se rend coupable d'une crosse haute pour empêcher un tricolore d'approcher du but. Les Bleus jouent dès lors à cinq contre trois et ne laissent pas passer leur chance, un tir de Barin trompant Mezin masqué par Bachet. La cinquantaine de supporters français ayant fait le déplacement pour l'occasion peut chanter joyeusement "Allez la France, allez !". Le Belarus théoriquement supérieur est en effet mené à la marque par la faute de son indiscipline.

La situation en début de deuxième tiers paraît plus confortable pour les Français, qui peuvent se permettre d'être plus prudents. Si le Belarus est un danger permanent quand il mène au score, du fait de ses contre-attaques fulgurantes, il a en revanche plus de mal à passer la trappe française qui les attend en zone neutre. C'est donc au tour des Bleus de mener des contres, comme le fait crânement la deuxième ligne toujours très affûtée. Mais un retenir de Besse donne l'occasion rêvée par le jeu de puissance biélorusse pour débloquer la situation : un lancer de Kalyuzhny est ainsi dévié par le bâton de Rassolko dans les buts tricolores. Les Biélorusses sont complètement libérés par cette égalisation et sortent le grand jeu. Tsyplakov déborde à toute vitesse et centre en retrait pour Kalyuzhny qui donne l'avantage aux rouges et change complètement les données. La France se doit de réagir et de profiter d'une charge avec la crosse de Khmyl, mais le jeu de puissance tricolore peine toujours à s'installer. Les Bleus cherchent à s'appuyer sur d'autres arguments, notamment la puissance physique de Treille, mais son élan est coupé par un surnombre, erreur aussi malvenues que dommageable puisque le Belarus peut tuer le match. Rassolko en a d'ailleurs l'opportunité au rebond d'un lancer de Dmitri Pankov, mais son tir passe à côté des cages de Huet. Yven Sadoun, qui a purgé la pénalité sifflée au banc français, revient comme un mort de faim sur la glace, sur laquelle il a peu eu l'occasion de monter dans ce tournoi. Il va intercepter le palet derrière le but biélorusse, mais Rassolko l'empêche de contourner la cage.

La France aborde la troisième période dos au mur et doit désormais tenter le tout pour le tout. Elle met en place immédiatement un forechecking appuyé à deux joueurs. Cette tactique risque-tout s'avère payante puisque François Rozenthal surgit pour chiper le palet à son défenseur, vers un Laurent Meunier qui a le champ libre mais voit son tir contré au dernier moment. La France fait ce qu'il faut mais sait qu'elle doit aussi s'attendre à des contres. Cristobal Huet parvient néanmoins à sauver les meubles face à Dmitri Pankov et Oleg Antonenko. Les minutes s'égrènent et les Bleus n'arrivent pas à conclure. Une bonne déviation de Bachet devant la cage passe au-dessus ; Maurice Rozenthal choisit le tir du revers, qui ne peut inquiéter Mezin ; Pousset, bien démarqué, tarde trop à armer son lancer, que les Bleus ne suivent pas assez au rebond. Il ne faut plus s'attendre à exploiter une faute de la défense adverse, car le Belarus s'est maintenant parfaitement discipliné dans ce dernier tiers. Heikki Leime demande un temps mort et fait sortir son gardien alors qu'il reste plus de deux minutes trente à jouer. Mais le Belarus presse et Tsyplakov prend le palet à Amar pour l'envoyer dans les filets déserts.

Les Français n'ont rien à se reprocher mais sont à nouveau frustrés par ce Belarus, dans une rencontre dont le déroulement a été la copie conforme de celui du match des JO. La clé a été encore une fois les situations spéciales, le jeu de puissance du Belarus étant beaucoup plus au point que son homologue français. Les supporters des Bleus chantent quand même la Marseillaise pour saluer la prestation méritoire de leur équipe. La remise du prix du meilleur joueur à Briand donne l'occasion aux supporters normands de confirmer leur intérêt pour un des transferts possibles de l'intersaison en entonnant des "Arnaud à Rouen".

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "Les deux équipes ont commencé le match nerveusement et ont toutes deux mis l'accent sur la défense. Je peux être fiers de mes gars. Nous avons progressé jour après jour et je pense que l'an prochain nous avons de grandes chances de monter dans l'élite si nous continuons dans cette voie."

Vladimir Voronin (entraîneur-adjoint du Belarus) : "Nous avons vu un très bon hockey aujourd'hui. Dans les deux dernières périodes, mes joueurs ont vraiment montré leur envie de vaincre. En première période, nous avons pris trop de pénalités et c'est ainsi que nous avons encaissé notre seul but. Heureusement, notre discipline a été bien meilleure le reste du match."

 

Belarus - France 3-1 (0-1, 2-0, 1-0)

Le 20 avril à 19h30 à Eindhoven. 1600 spectateurs.

Arbitres : M. Alf Inge Andersen (NOR) assisté de MM. Daniel Piechaczek (ALL) et Torkel Saarnio (FIN).

Pénalités : Belarus 31' (6'+'5'+20', 2', 2'), France 8' (2', 4', 2').

Tirs : Belarus 27 (7, 14, 6), France 24 (6, 6, 12).

Evolution du score :

0-1 à 19'04" : M. Rozenthal assisté d'Amar (double sup. num.)

1-1 à 26'03" : Rassolko assisté de Kalyuzhny et d'Antonenko (sup. num.)

2-1 à 28'31" : Kalyuzhny assisté de Tsyplakov

3-1 à 58'05" : Tsyplakov (cage vide)

Elus meilleurs joueurs du match : Arnaud Briand pour la France et Andreï Mezin pour le Belarus.

 

Belarus

Gardien : Andreï Mezin.

Défenseurs : Oleg Khmyl - Sergueï Stas ; Aleksandr Zhurik - Vladimir Kopat ; Aleksandr Alekseïev - Aleksandr Makritsky ; Viktor Kostyuchenok - Evgueni Krivomaz.

Attaquants : Vladimir Tsyplakov - Alekseï Kalyuzhny - Dmitri Pankov ; Oleg Antonenko - Andreï Rassolko - Andreï Skabelka ; Hanadzi Savilov - Viktor Karachun - Konstantin Koltsov ; Sergueï Tcherniavski - Sergueï Zadzialionov - Eduard Zankovets.

Remplaçant : Sergueï Chabanov (G).

Entraîneur : Vladimir Krikunov.

France

Gardien : Cristobal Huet (sorti de sa cage de 57'22" à 58'05" et de 59'42" à 60'00").

Défenseurs : Simon Bachelet - Vincent Bachet ; Nicolas Pousset - Baptiste Amar ; Karl Dewolf - Benoît Pourtanel.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Arnaud Briand - Stéphane Barin ; Richard Aimonetto - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Laurent Meunier - Anthony Mortas - Yorick Treille ; Guillaume Besse - Laurent Gras - Benoît Bachelet ; Yven Sadoun.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G). Absent : Jean-François Bonnard.

Entraîneur : Heikki Leime.

 

 

 

Interview d'après-match (par Thierry Frechon) :

Arnaud Briand

- Que peut-on penser de ce dernier match ?

C'est une déception parce que c'est une défaite mais sur l'ensemble du tournoi nous avons joué notre chance et nous savions que si ça se passait bien on jouerait une "finale". C'est ce qui s'est passé... Le Belarus a tout de même une équipe assez solide. Le résultat est là, nous ne montons pas mais pour le groupe ce n'est peut-être pas plus mal finalement parce qu'on a besoin de mûrir... Avec une expérience comme ce tournoi, on mûrit, et l'année prochaine nous serons plus prêts pour intégrer le groupe A (sic) et y rester.

- La déception est elle moins difficile à digérer que celle des Jeux Olympiques ?

Elle est moins difficile. C'est une épreuve difficile que nous avions déjà anticiper. Il n'y avait que deux solutions. Nous avons tout tenté, ce n'est pas passé et c'est refaisable l'année prochaine. Les JO, c'est quelque chose de concret, de rare, à un moment donné, où il fallait tout donner... Quand ça se joue, c'est parfois le dernière fois qu'on y participe, alors la défaite est assez dure.

- En ce qui concerne votre carrière internationale, vous serez là l'année prochaine ?

Oui, même si je ne sais pas ce que va donner ma carrière en club, je serai là avec l'équipe de France. Je ferai un petit break cet été pour récupérer de toutes les émotions et je m'entraînerai dès la reprise que je sois dans un club en France ou à l'étranger, je ne sais vraiment pas encore.

 

 

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