Slovaquie - Autriche (3 mai 2002)

 

Match comptant pour le deuxième tour du Championnat du monde 2002.

Ron Kennedy crée la surprise en sortant de son chapeau son troisième gardien Gert Prohaska, auteur d'excellents play-offs avec le champion national Villach, pour ce match de la dernière chance si l'Autriche veut se qualifier en quarts de finale. Il a tout de suite beaucoup de travail et s'incline après quatre minutes de jeu : il faut barrage à une tentative de Hlinka en bouchant l'angle mais l'attaquant slovaque contourne la cage plus rapidement que le gardien ne se déplace. Les Autrichens arrivent beaucoup moins à gêner le collectif slovaque qu'ils ne l'avaient fait avec leurs précédents adversaires. Ils sont sans doute émoussés et leurs mises en échec sont moins franches. Ils sont donc dépassés par des Slovaques trop rapides qui doublent la mise par Országh et enfoncent le clou par Pavlikovský, qui conclut un beau mouvement collectif par un tir à mi-distance. L'Autriche a perdu dès le premier tiers, et a semblé avoir admis sa défaite avant même de commencer, comme si elle s'estimait trop fatiguée pour enchaîner une nouvelle performance de haut niveau.

Les Autrichiens sortent timidement la tête de l'eau en début de deuxième période par un contre de Philipp Lukas et Thomas Pöck, qui provoque une obstruction de Baca. Même si la supériorité n'est pas concrétisée, on a enfin l'impression de voir un vrai match de hockey et plus une parodie avec une seule équipe sur la glace en train de répéter ses gammes offensives. L'indiscipline slovaque permet à Pöck de réduire le score en avantage numérique. Ján Fílc hausse le ton sur le banc pour tenter de réveiller ses joueurs, qui ont très nettement baissé le pied et doivent en effet retrouver le rythme pour ne pas se faire piéger. Les Slovaques, qui étaient sortis de la rencontre faute d'adversité, ont toutes les peines du monde à y revenir. C'est au contraire Herbert Hohenberger qui vient ramasser un rebond pendant une nouvelle supériorité numérique et ramène l'Autriche à un but. À la façon dont l'équipe slovaque a vu sa vigilance endormie, le non-match initial des Autrichiens pourrait presque passer pour une stratégie machiavélique digne d'un escroc de bonneteau.

Mais il faudrait pour cela qu'ils raflent la mise, et on voit mal les Slovaques continuer à se faire pigeonner au dernier tiers. Et en effet, dès le coup d'envoi, joué à quatre contre quatre après quelques incivilités échangées par Nagy et Hohenberger avant de quitter la glace, Peter Bondra fonce dans la défense et Lubomír Višnovský, arrivé en renfort de Los Angeles pour ce deuxième tour, vient prendre le rebond pour le 4-2. La première période reprend en quelque sorte là où on l'avait laissée, avec une complète domination des Slovaques, et un rebond facile pour Lintner qui ajoute un cinquième but. L'Autriche est quand même plus présente qu'au premier tiers, mais la Slovaquie lui montre qu'elle en avait gardé sous le pied. À six minutes de la fin, les Autrichiens bénéficient de près d'une minute à cinq contre trois, et Ron Kennedy demande un temps mort. Les Slovaques, plus agressifs pour gagner le palet, se dégagent deux fois, mais juste après la sortie de prison du quatrième joueur, le jeu de puissance autrichien marque pour la troisième fois, par Dieter Kalt. Les Slovaques se mettent ensuite définitivement à l'abri grâce à l'opportuniste Bartecko qui se jette sur le palet près de la cage alors que Prohaska était gêné par ailleurs. Ils s'imposent donc 6-3 dans cette partie bizarre qui aura eu le mérite de rappeler qu'un match de hockey n'est jamais fini et qu'il faut jouer pendant soixante minutes.

Élus meilleurs joueurs du match : Dusan Milo pour la Slovaquie et Herbert Hohenberger pour l'Autriche.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Ján Filc (entraîneur de la Slovaquie) : "Dans le premier tiers, nous avons été aussi bons que contre la Suède. Par la suite, nous avons eu la tête ailleurs. Nous avons oublié la discipline et la force de l'équipe autrichienne. Mais je suis content que nous soyons déjà en quarts de finale. Maintenant, nous essaierons de terminer dans les deux premiers du groupe pour rester à Göteborg."

Ron Kennedy (entraîneur de l'Autriche) : "La Slovaquie était meilleure au premier tiers, puis nous avons réussi à lutter pour redonner un peu de piment à ce match. On a pu voir les qualités de l'équipe slovaque. Notre jeune équipe manque encore de condition. Pour notre cinquième match en huit jours, la force mentale nous fait défaut pour croire encore à la victoire lors de notre treizième tiers-temps. C'est la différence avec les joueurs de classe mondiale. Quant à Prohaska, je suis content de lui. Sur les rebonds, la faute revient surtout aux joueurs de champ qui n'ont pas neutralisé les adversaires. Par moments, nous avons été trop agressifs. Quand on attaque trop fort le joueur adverse, soit on prend une pénalité, soit il parvient à se démarquer. On a encore à apprendre, mais les racines sont là."

Dieter Kalt (attaquant de l'Autriche) : "Nous sommes déçus, car nous sommes rentrés sur la glace avec comme objectif de battre la Slovaquie et d'aller en quart de finale. Au premier tiers, ce fut le black-out complet. Je ne suis pas satisfait à 100% de ma performance pendant ce Mondial. J'ai certes marqué quatre buts, mais notre ligne a aujourd'hui un bilan de -3."

Gert Prohaska (gardien de l'Autriche) : "On a encore une fois complètement dormi au début. Je ne sais pas si les Slovaques étaient si forts ou nous si mauvais. Les deux derniers tiers étaient bons, mais la décision s'était faite dans le premier. Pour moi personnellement, c'était un match important, mon premier dans un championnat du monde. Je n'ai rien à me reprocher sur les buts, ce furent pour la plupart des rebonds chanceux des Slovaques."

Philipp Lukas (attaquant de l'Autriche) : "Notre mauvais début de match me met en colère. Contre la Slovénie, on peut renverser le score, mais pas contre un adversaire du calibre de la Slovaquie. Mais nous avons encore une fois montré qu'on peut rivaliser et peut-être les battre dans un bon jour. Je me réjouis de la pause de deux jours, nous sommes tous un peu cuits."

 

Slovaquie - Autriche 6-3 (3-0, 0-2, 3-1)
Le 3 mai 2002 à 20h00 au Scandinavium de Göteborg. 3795 spectateurs.
Arbitrage de Scott Hutchinson (CAN) assisté de Gregor Brodnicki (ALL) et Serge Carpentier (CAN).
Pénalités : Slovaquie 18' (0', 12', 6'), Autriche 16' (4', 8', 4').
Tirs : Slovaquie 39 (18, 11, 10), Autriche 22 (2, 12, 8).

Évolution du score :
1-0 à 04'10" : Tomík assisté de Štrbak
2-0 à 08'55" : Országh assisté de Pavlikovský
3-0 à 12'52" : Pavlikovský assisté de Nagy et Lintner
3-1 à 28'14" : Setzinger assisté de Trattnig et Pöck (sup. num.)
3-2 à 31'43" : H. Hohenberger assisté de P. Lukas et Unterluggauer (sup. num.)
4-2 à 40'38" : Višnovský assisté de Handzuš et Bondra
5-2 à 44'54" : Lintner assisté de Šatan et Handzuš (sup. num.)
5-3 à 54'58" : Kalt assisté d'Ulrich et Lavoie (sup. num.)
6-3 à 55'55" : Bartecko assisté de Pucher et Petrovický (sup. num.)
 

Slovaquie

Attaquants :
Peter Bondra - Michal Handzuš - Miroslav Šatan
Lubomír Bartecko - Peter Pucher - Robert Petrovický
Stanislav Nagy - Rastislav Pavlikovský - Vladimir Országh
Robert Tomík - Miroslav Hlinka - Radovan Somík
Marek Uram

Défenseurs :
Martin Štrbak - Lubomír Višnovský
Ladislav Cierný - Jergus Baca
Peter Smrek - Richard Lintner
Dusan Milo

Gardien :
Ján Lašák

Remplaçant : Miroslav Simonovic (G).

Autriche

Attaquants :
Dieter Kalt - Philipp Lukas - Christoph Brandner
Matthias Trattnig - Thomas Pöck - Mark Szücs
Oliver Setzinger - Roland Kaspitz - Kent Salfi
Christoph König - Mario Schaden - Christian Perthaler

Défenseurs :
André Lakos - Gerhard Unterluggauer
Herbert Hohenberger - Robert Lukas
Dominic Lavoie - Martin Hohenberger
Christian Sintschnig - Martin Ulrich

Gardien :
Gert Prohaska.

Remplaçant : Claus Dalpiaz (G). Absent : Michael Suttnig (G).

 

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