Strasbourg - Epinal (19 octobre 2002)
Match comptant pour la sixième journée de la poule nord du championnat de France de division 1.
Match attendu pour différentes raisons. Tout d'abord un énième derby de la Ligue de l'Est, fort bien représentée aux deux plus hauts niveaux (Dijon, Besançon, Mulhouse en S16, Epinal, Strasbourg, Amnéville en N1). Ensuite, le premier match à la maison, pour cette nouvelle saison, pour l'Etoile Noire. Enfin, le match de la meilleure attaque (Epinal) contre la meilleure défense (Strasbourg), et surtout le "choc" des deux premiers du classement.
Le Wacken est agréablement rempli, une importante colonie de Spinaliens a fait le déplacement de l'autre côté des Vosges pour supporter leurs "Dauphins", un qualificatif bien approprié, on va le voir, à la physionomie du match.
Observation
L'entame de match est assez crispée, on sent que les deux équipes ne sont pas assez chauffées, et Strasbourg va encore plus refroidir son adversaire en marquant dès leur premier tir, une attaque de Medeiros qui sert à l'opposé Saint-Marc esseulé. Epinal semble singulièrement poussif, et même si l'ICE semble dominer territorialement son adversaire, la finition est brouillonne, comme cette double supériorité franchement inefficace. Et un peu contre le cours du jeu, Strasbourg enfonce le clou, Brau-Arnauty récupère un engagement gagné par Saint-Marc dans la zone spinalienne et décoche un tir tendu que Caillou pense repousser avec sa crosse... hélas, le palet est dévié dans son but. Re-coup de froid, le match sombre un peu plus dans la médiocrité, notamment chez les visiteurs qui ne voient d'autres recours que d'y aller en solo... En face, Strasbourg, fidèle à son habituelle tactique, attend l'erreur adverse pour lancer le contre, et enfonce une nouvelle fois le clou par Sevcik qui récupère un palet mal relancé et s'en va crucifier le portier vosgien. L'ex-Caennais jette sa crosse par terre de rage : par colère envers sa défense qui l'a laissé une nouvelle fois seul, ou vis-à-vis de l'arbitre qui n'aurait pas sifflé une faute alsacienne ? Le doute va être permis car le but est annulé, suite à une faute de Himler... Bizarre tout de même d'avoir laissé Strasbourg continuer à jouer. Toujours est-il que pour Epinal, il faut prendre ce but refusé comme un avertissement et se réveiller. Ce ne sera pas pour cette fin de période, qui tombe dans le flou avec de nombreuses pénalités, sifflées par un arbitre qui essaie de tenir son match comme il peut.
Désespérant
Epinal, pour la deuxième période, semble redémarrer de la même façon que précédemment, avec une absence désespérante de collectif. Pourtant, Guillaume Géhin, sur l'une de ses rares présences, exploite une grossière erreur défensive strasbourgeoise, en grattant le palet à l'abandon, une petite feinte sur le dernier défenseur, puis sur le gardien Intsaby, jusque là impeccable. But qui va voir les Spinaliens regonflés, puisqu'ils partent à l'assaut du but local, Strasbourg accepte le jeu et se crée, lui aussi, de nettes occasions. Hélas, cette bonne période cesse rapidement, la partie retombe dans des phases plus brouillonnes et devient très hachée par de multiples pénalités, si bien que les deux rivaux ne joueront que très peu à cinq contre cinq durant cette période. Epinal tire énormément, mais Intsaby laisse très peu de déchets, et il n'y a pas souvent de Spinalien pour exploite le moindre rebond. Strasbourg, s'il semble dominé, essaie de rester concentré, ce qui devient très difficile, de multiples provocations partent de chaque côté... et une nouvelle fois contre le cours du jeu, l'Etoile Noire va marquer, de jolie façon, par Jeremy Kyte qui exploite une belle ouverture transversale de Saarinen, et tire du revers sous la barre de Caillou... Ce but va réveiller les Spinaliens, le temps d'une action ou deux, avant de refermer le tiers sur une nouvelle prison de Lukes.
Houleux
... et pour tout dire, un peu dommage de voir ce match finir ainsi. Pourtant, Epinal semble un peu plus concentré sur sa partie, le pressing vosgien est un peu plus précis, et c'est le grand "Vlad" Domin qui va relancer les siens, en supériorité, en lançant un bon tir à mi-distance, alors qu'une crosse adverse se balade dans les airs ! Le jeu devient vraiment de plus en plus physique, sinon malsain, et les pénalités continuent de pleuvoir de part et d'autre... Le hockey se pratique pourtant à six de chaque côté, théoriquement ! Beaucoup d'espaces se créent, en tout cas, et l'on assiste à de bons essais de Trébaticky, Ribanelli ou Lukes pour Epinal. Strasbourg, de son côté, remonte plus souvent que durant la deuxième période, et Flinck ou Sevcik décochent de bons missiles. Arrivent alors les fatidiques cinq dernières minutes, houleuses et confuses. Le jeu déjà très physique (Regenda fut obligé de sortir sur un énorme cinglage de Himler, alors qu'il était loin de l'action) s'envenime sur une charge plus que musclée, mais non "dangereuse", d'Allison sur Ilic. Le jeune Spinalien admet mal cette boîte et cherche à se venger, en mettant une charge un peu plus malsaine sur le même joueur... Bronca chez les supporters locaux, le temps pour Hohnadel de simuler un, puis deux, cinglages d'Ilic sur sa personne. Le Dauphin, encore plus vexé, rentre furieux en prison, et s'en prend verbalement avec quelques excités locaux. Puis le même Hohnadel, lors d'une attaque strasbourgeoise, amplifie spectaculairement un block spinalien, et gratifie l'arbitre d'une jolie papinade qui fait son effet : Domin se retrouve en prison... sous les multiples contestations des deux équipes.
Trebaticky et Ribanelli vont quand même lancer un rush TGV, hélas, le Roman rate sa finition et ne peut servir précisément l'ancien Amiénois. Dommage, sur le contre, Kyte et Saint-Marc se retrouvent seuls face à Caillou qui ne peut que chiffrer les dégâts. Les Spinaliens tentent quand même de relancer la machine, Dehaëne repart de plus belle, avec au passage une belle charge caractérisée de Coulombeix, mais le capitaine vosgien bute sur Intsaby ,décidément imperméable. Aussitôt, petite intimidation d'Allison sur Dehaëne, qui malheureusement pour lui, choisit de répondre en fracassant sa crosse contre les dents de l'Américain. Beaucoup de monde à brasser, Coulombeix prend ses deux minutes pour sa charge, Maurice prend une pénalité de match pour méconduite, Hohnadel voit ses grands talents d'orateur sanctionnés par dix minutes de prison, et Dehaëne de partir aux vestiaires... alors que le speaker demande au service d'ordre d'intervenir dans une tribune, puis si un dentiste peut intervenir dans les vestiaires de l'Etoile Noire... Chaude "ambiance", et triste épilogue d'une partie qui n'aura pas tenu toutes ses promesses.
Au bilan
Ce derby qui pouvait être attendu n'a pas apporté grand chose aux amateurs de hockey... Quelques moments intéressants au cours des deuxième et troisième périodes, mais qui se sont retrouvés dilués dans un océan de coups bas, de mauvaises passes et autres non-performances.
Strasbourg mérite sans doute sa victoire, car ils étaient les plus précis dans leurs actions, les plus collectifs aussi, et enfin les plus patients (pour ne pas dire les plus attentistes). La tactique de Daniel Bourdages n'a pas beaucoup varié depuis l'année dernière, mais elle est efficace à défaut d'être séduisante. Beaucoup d'attentisme certes, mais les supériorités sont bien négociées, et les lignes, pourtant redessinées, se trouvent déjà bien.
Et l'Etoile Noire, qui bénéficie d'une profondeur de banc assez confortable (8 défenseurs et 13 attaquants), possède aussi deux bons gardiens : aux côtés de l'excellent Aikää, on a pu assister à l'excellente partie d'Antoine Intsaby, un nom à surveiller.
Epinal a comme mascotte un dauphin, excellente définition de leur prestation de ce soir, dauphins de Strasbourg. Comment espérer gagner en montrant si peu, et si mal, de collectif ? Beaucoup de tirs, puissants, mais d'un seul attaquant, en entrée de zone, et pas de rebond laissé par le gardien. Les supériorités n'étaient pas mauvaises, mais se heurtaient à des Strasbourgeois qui n'avaient pas peur de se jeter sur le palet... Beaucoup de joueurs se sont lancés seuls dans le bataille (Trébaticky, Ribanelli, Dehaëne, Mysicka, Lukes entre autres), ce qui est inquiétant car ce match aurait dû montrer ce que les deux favoris avaient travaillé durant les matches précédents, pour prouver leur supériorité. Faut-il en déduire qu'Epinal avait, jusque là, joué la facilité, oubliant l'essentiel ? Dommage aussi de constater que le banc spinalien, pourtant bien fourni (7 défenseurs et 12 attaquants), est loin d'être aussi utilisé que son homologue bas-rhinois. Et pourtant, la ligne Gehin-Ibl- Papelier, très rarement sollicitée, a montré des choses au moins aussi intéressantes que les deux autres...
Bref, un match à méditer, du côté de Poissompré, il est encore temps de travailler ses bases, avant d'avoir à affronter des clients d'un aussi gros calibre que Chamonix ou Nice.
A signaler quand même
Les excellentes parties de :
Intsaby, Schuchewytsch pour Strasbourg, et aussi un Jeremy Kyte à surveiller de près.
Enorme, mais vain, match de Domin, Dehaëne et Ribanelli pour Epinal
Compte-rendu signé Stéphane Rault
Commentaires d'après-match (dans les DNA) :
Daniel Bourdages (entraîneur de Strasbourg) : "Une entame de match exemplaire. J'ai fait jouer tout le monde et tous se sont bien débrouillés. C'était beau, cela circulait bien. Il faudrait que l'on puisse tenir ça 60 minutes. On savait qu'ils allaient jouer plus dans la deuxièle période, et c'est ce qu'ils ont fait : ils nous ont bousculés. A 2-1, on a accusé le coup. J'avais peur de l'égalisation. Mais Antoine Intsaby les a frustrés, il a été très bon techniquement. Finalement, le match se joue sur l'incapacité qu'a éprouvé Epinal à marquer en supériorité numérique. On aurait pu tuer le match plus tôt, mais j'ai senti les gars fatigués en fin de rencontre. Mais bon, on est contents, on marque dix points sur cinq matches. L'ambiance est vraiment bonne. De plus, on est toujours fiers quand on gagne une partie qui ressemble à une guerre."
Antoine Intsaby (gardien de Strasbourg) : "J'ai fait un assez bon match, même si j'aurais pu faire mieux encore. Mais bon je suis jeune, je dois encore apprendre. Le coach m'a donné ma chance, comme il l'avait déjà fait deux fois cette saison. Il y avait une pression particulière du fait de jouer ici."
Strasbourg - Epinal 4-2 (2-0, 1-1, 1-1)
Le samedi 19 octobre 2002 à 17h30 à la patinoire du Wacken.
Tirs : Strasbourg 22 (9, 6, 7) ; Epinal 30 (7, 16, 7).
Pénalités : Strasbourg 54' (2' Schuchewytsch, 6' Himler, 2' Medeiros / 2' Medeiros, 2' Saarinen, 2' Sevcik, 2' Dumuis, 2'+2' Allison, 2' Saint Marc / 2' Kyte, 2' Saint Marc, 2'+10' Himler, 2' Coulombeix, 10' Hohnadel, 2' Besseyre) ; Epinal 74' (2' Gehin, 2'+10' Ibl, 2' Farar, 2' Vlcek / 2' Ribanelli, 2' Farar, 2'+2' Gehin, 2'+2' Lukes / 2' Mysicka, 2' Trebaticky, 2' Domin, 2' Ilic, 2' Domin, p.m. Maurice, 2'+2'+10' Dehaëne).
Évolution du score :
1-0 à 02'05" : Saint Marc assisté de Medeiros
2-0 à 10'41" : Brau-Arnauty assisté de Saint Marc
2-1 à 25'06" : Géhin assisté de Regenda
3-1 à 37'51" : Kyte assisté de Saarinen
3-2 à 45'39" : Domin assisté de Lukes (sup. num.)
4-2 à 55'39" : Saint-Marc assisté de Kyte (sup. num.)
Strasbourg
Gardien : Antoine Intsaby.
Défenseurs : Joshua Allison - Damien Brau-Arnauty ; Gabriel Cadoret - Jouni Saarinen ; Thibault Dumuis - François Besseyre ; Grégoire Mehl.
Attaquants : Maxime Schuchewytsch - Stéphane Hohnadel (C) - Jérémy Kyte ; Tommy Flinck (A) - Daniel Sevcik - Peter Himler ; Eric Medeiros - Mathieu Saint-Marc - Pierre-Hervé Coulombeix ; Olivier Escuder (A) -Damien Mehl - Fabrice Aye ; Thomas Frand.
Remplaçant : Sami Aikää (G). Absent : Sébastien Lesur.
Epinal
Gardien : Rémi Caillou.
Défenseurs : Vladimir Domin - Jaroslav Farar ; Radoslav Regenda - Vladislav Vlcek ; Borislav Ilic.
Attaquants : Roman Trebaticky - Tomáš Mysicka - Vaclav Lukes ; Christophe Ribanelli - Frédéric Dehaëne (C) - Anthony Maurice (A) ; Guillaume Géhin - Ondrej Ibl - Guillaume Papelier ; Nicolas Martin.
Remplaçants : Julien Labat (G), Djamel Zitouni, Emilien Gillot, Loïc Fournier, Gaëtan Gavoille.