Grenoble - Dijon (11 janvier 2003)

 

Match comptant pour la deuxième journée de la poule Magnus du Super 16.

Premier match de la poule Magnus à Pôle Sud et première visite (de mémoire de supporter !) des Ducs de Dijon dans la capitale dauphinoise. Les Ducs, invités surprises du festin, avaient fait bonne impression lors de la première journée en venant à bout du voisin villardien au terme d'un match à suspense (6-4). De suspense, il en fut également question pour Grenoble qui était allé pousser les Rouennais dans leurs derniers retranchements (7-8 après prolongation). Bref on retrouvait deux équipes qui étaient sur de bons rails et pratiquement au complet (seul absent de marque, le Grenoblois Nicolas Antonoff), de quoi prévoir un beau spectacle.

Pourtant les Brûleurs de Loups commençaient prudemment la rencontre. Mollement même. Loin d'emballer les premiers instants du match comme ce fut parfois le cas cette saison, ils campaient en zone neutre, cherchant vainement la bonne combinaison offensive. Les Ducs, eux, jouaient sans complexe et testaient Rolland à plusieurs reprises. Leurs occasions étaient plus franches et c'est sans qu'il y ait grand-chose à redire qu'ils allaient ouvrir le score après huit minutes de jeu : Jérôme Mô débordait côté gauche et centrait pour Thomas Bussat étrangement libre de tout marquage qui fusillait Rolland à bout portant. Les supériorités numériques allaient donner la possibilité aux Grenoblois de revenir dans le match. Mais ceux-ci visiblement toujours pas rentrés dans leur match cafouillaient leur jeu et n'arrivaient pas à se montrer menaçants. C'est avec un 0/3 en jeu de puissance que les Grenoblois rentraient aux vestiaires alors que Dijon avait laissé de loin la meilleure impression sur la glace dans une première période plutôt ennuyeuse.

Le début de la deuxième période allait réveiller toute le monde. Pas forcément de la meilleure des manières qui soit d'ailleurs. Jean-François Bonnard, coupable d'une faute derrière la cage de Neckar (avec pour effet le saignement du joueur dijonnais), était prié par M. Benoist de rejoindre les vestiaires. Une supériorité numérique de cinq minutes se présentait pour les Ducs qui avaient ainsi une belle occasion de doubler la mise. Mais comme par effet de balancier, une action similaire de l'autre côté de la glace (charge contre la bande de Milan Tekel sur Fabrice Agnel derrière les cages de Rolland) entraînait l'expulsion du défenseur dijonnais. Infériorité numérique de courte durée donc pour les Grenoblois qui trouvaient enfin leur inspiration dans le jeu à quatre contre quatre. Neckar tenait bon dans les cages dijonnaises mais poussés à la faute les Ducs allaient subir une nouvelle infériorité numérique. Cette fois, les Grenoblois ne laissaient pas passer l'occasion et Podlaha envoyait d'un one-timer un missile dans les cages de Neckar.

À 1-1 on pensait les Brûleurs de Loups bien revenus dans le match. Mais un coup du sort allait en décider autrement : sur une attaque anodine de la troisième ligne dijonnaise, un tir de Gueguen était bien involontairement dévié par Saarinen. La trajectoire trompait Rolland et les Ducs reprenaient les devants au tableau d'affichage (2-1). Grenoble remettait donc le couvert : nouvelle supériorité numérique, nouvelle reprise de Podlaha et... nouveau but. Un but "copier-coller" du précédent pour le buteur tchèque qui remettait les Brûleurs de Loups dans le sens de la marche (2-2). Mais ces derniers étaient tombés dans un match piège. Piégé par des Dijonnais sans aucun complexe qui ne baissaient surtout pas les bras. À une minute de la fin du tiers, un gros cafouillage devant la cage de Rolland conduisait M. Benoist à siffler un tir de pénalité en faveur des Ducs. Et l'artificier maison Miroslav Pazak ne se privait pas d'aller mystifier Rolland pour donner l'avantage à son équipe pour la troisième fois du match (3-2) ! On pensait en rester là mais dans les dernières secondes, un "hourra-hockey" grenoblois allait s'avérer payant : Guillemard glissait le palet dans un trou de souris au milieu de la mêlée à seulement... deux secondes du coup de sirène (3-3).

Le deuxième tiers, mené à un rythme effréné, avait tranché sensiblement avec la platitude du premier. Mais on n'avait pas encore tout vu dans ce match. Les Brûleurs de Loups allaient se faire surprendre en début de troisième tiers : Barica récupérait un palet, rentrait en zone d'attaque, tirait instantanément et... son tir trouvait le chemin des buts de Patrick Rolland. Le gardien grenoblois, pas exempt de tout reproche sur se coup-là et visiblement pas dans un bon jour si on se réfère aux deux buts précédents, était prié par Dimitri Fokine de rejoindre le banc. Arnaud Goetz entrait donc dans le feu de l'action et réussissait avec brio son premier arrêt du match.

Podlaha avait une belle occasion d'égaliser pour les Grenoblois mais il manquait son échappée, heurtait Neckar au passage et était coupable d'un cinglage sur le défenseur dijonnais venu défendre son gardien. Une action qui valut à l'attaquant tchèque des Brûleurs de Loups un 2'+2' justifié. Les Grenoblois devaient donc défendre au plus mauvais moment et s'ils tenaient bien pendant trois minutes, ils allaient s'incliner lors de la quatrième grâce à Pazak bien décalé par Borzik. À 5-3 on ne donnait pas cher de la peau des partenaires de Benoît Bachelet. Heureusement, alors qu'ils semblaient gamberger, à l'image d'Agnel bêtement expulsé pour avoir jeté sa gourde sur la glace depuis le banc des prisons, le jeu des prisons justement allait leur être favorable. Christian Élian tout d'abord, très en vue ce soir, trouvait enfin l'ouverture de la bleue après avoir tenté à plusieurs reprises pendant la soirée.

Puis "l'arme fatale" allait à nouveau se mettre en marche : nouvelle supériorité (pour un deuxième et bien sévère retard de jeu), le jeu de puissance grenoblois installé avec Élian à la baguette et Monsieur Podlaha à la conclusion à nouveau d'un superbe one-timer qui allait se loger dans la lucarne de Neckar. Hat-trick pour le joueur tchèque avec trois buts identiques. Les Brûleurs de Loups pourront le remercier car son efficacité les a sauvés ce soir. À 5-5 et moins dix minutes à jouer, les deux équipes allaient se montrer plus prudentes. Aucune des deux n'allait parvenir à faire la différence dans les derniers instants du match même si Grenoble ne montrait plus pressant. Un point partout finalement, ce n'était pas volé pour Dijon et un poil chanceux pour Grenoble.

La prolongation devait départager les deux équipes. Et là, oh surprise, c'est à 3 contre 3 qu'elle débutait. Une grande première dans notre championnat... pas forcément attendue puisque la prolongation à Rouen la semaine précédente s'était déroulée à 5 contre 5. Et le jeu à 3 contre 3, forcément, ça laisse de l'espace... et de la place à la chance. Car les échappées et autres deux contre un sont légions, et à ce petit jeu c'est Borzik qui récupérait le palet pour crucifier Goetz.

Les Dijonnais pouvaient laisser éclater leur joie : ils venaient de signer un joli exploit sur la glace grenobloise où seul Mulhouse était venu s'imposer cette saison. Un match plein d'une équipe pleine de vivacité et d'entrain qui a largement justifié sa présence en poule Magnus, se payant même le luxe d'être leader au bout de deux journées. Du côté de Grenoble, la forme de Podlaha n'est qu'une maigre consolation. C'est, il faut bien le dire, un match raté qu'ont livré les Brûleurs de Loups ce soir. Les approximations étaient trop nombreuses et les largesses défensives trop grandes. La petite forme de Rolland (12 buts encaissé en 2 matches) et de sa défense est inquiétante pour la suite de la compétition. Car deux autres "gros morceaux" se profilent à l'horizon : Amiens et Mulhouse. C'est sans doute après ces deux matches qu'on en saura plus sur les véritables ambitions que peuvent nourrir les Grenoblois cette saison.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaire d'après-match (dans Le Dauphiné Libéré)

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "On n'attaque pas les matchs comme on devrait. On nous demande d'être passifs alors que chaque équipe qui reçoit se montre toujours agressive. Prenons conscience de notre potentiel. Et quelles sont nos qualités ? Nous avons des joueurs pour aller de l'avant, pas pour attendre l'adversaire. Nous sommes une équipe qui réagit à un événement. Il serait temps d'agir. [...] Mis à part le fait que Rolland n'a pas effectué sa meilleure rencontre de l'année, Dijon réussit quand même le hold-up parfait. Si on s'impose 6-3, il n'y a pas scandale. Mais les Dijonnais ont eu beaucoup de réussite et ils nous ont montré que face à une équipe volontaire, aussi modeste soit-elle, on ne peut pas se permettre de glisser sur la glace sans se battre. On est trop passif. Dans notre système de jeu comme dans l'esprit qui nous anime."

 

Grenoble - Dijon 5-6 a.p. (1-0, 2-3, 2-2, 1-0)

Samedi 11 janvier à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 1942 spectateurs

Arbitrage de M. Benoist assisté de MM. Carlin et Véricel.

Pénalités : Grenoble 59' (dont 5'+20' à Bonnard et 20' à Agnel), Dijon 47' (dont 5'+20' à Tekel).

Évolution du score :

0-1 à 07'39" : Bussat assisté de Mô et Bouché

1-1 à 28'30" : Podlaha assisté de Élian et Agnel (sup. num.)

1-2 à 32'27" : Gueguen assisté de Drewniak

2-2 à 35'55" : Podlaha assisté de Élian et Shevelev (sup. num.)

2-3 à 39'03" : Pazak (tir de pénalité)

3-3 à 39'58" : Guillemard assisté de Podlaha et Agnel

3-4 à 41'59" : Barica

3-5 à 48'04" : Pazak assisté de Borzik et Dugas (sup. num.)

4-5 à 48'17" : Élian assisté de Agnel (sup. num.)

5-5 à 51'15" : Podlaha assisté de Élian et Deschaume (sup. num.)

5-6 à 62'35" : Borzik

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland puis Arnaud Goetz à 41'59".

Défenseurs : Simon Bachelet - Stéphane Gachet ; Jean-François Bonnard - Jesse Saarinen ; Christian Élian - Roland Fougère.

Attaquants : Benjamin Agnel (puis Marc Billieras) - Franck Guillemard - Josef Podlaha ; Arto Vuoti - Benoît Bachelet (C) - Romain Bachelet ; Andrei Shevelev - Laurent Deschaume - Xavier De Murcia.

Absents : Nicolas Antonoff et Christophe Tartari (blessés), Cyril Papa (grippé) et Martin Millerioux.

Dijon

Gardien : Frantisek Neckar.

Défenseurs : Milan Tekel - Mathieu Bouché ; Yvan Borzik - Miroslav Smidriak ; Aymeric Gillet - Romain Guibet.

Attaquants : Julien Tiphaigne (C) - Jérôme Mô - Thomas Bussat ; Dusan Barica - Miroslav Pazak - Stephen Dugas ; Thomas Gueguen - Romain Gentilleau - Nicolas Drewniak.

Remplaçants : Grégory Bercovici (G), Guillaume Mennessier, David Dauphin. Absent : Aurélien Albano

 

 

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