CSKA Moscou - Lokomotiv Yaroslavl (10 janvier 2004)

 

Match comptant pour la quarante-deuxième journée de la Superliga russe 2003/04.

C'est une foule record au CSKA (5000 personnes, malgré ceux qui ont fait demi-tour à cause des queues interminables devant les deux caisses ouvertes et des prix trop élevés des revendeurs de billets au marché noir) qui est venue voir le champion sortant, le Lokomotiv Iaroslavl, malgré un froid de canard sur Moscou et une retransmission en direct à la télé. Pour la première fois d'ailleurs, à part évidement dans le derby contre le Dynamo, des supporters adverses sont venus en nombre avec drapeaux, écharpes et maillots du "Loko" sur le dos.

Iaroslavl n'est pas si loin et ce match sent la poudre en vue des play-offs. Le champion en titre est sixième avec 60 points alors que le club de l'armée est neuvième à quatre points derrière. Des Moscovites privés pour longtemps et sans doute jusqu'à la fin de la saison de leur "bombardier" Sergueï Moziakine, toujours blessé. Du coup, devant le manque d'efficacité offensive de ses joueurs depuis quelques semaines, Viktor Tikhonov a bouleversé ses lignes. Seuls deux blocs ont été conservés après la difficile victoire contre la lanterne rouge le Torpédo de Nijni-Novgorod avant-hier. Les quatre atouts maîtres en attaque (ou supposés tels...) sont répartis sur les quatre lignes : Razine sur la première, Oupper, Bérézine et Pronine sur les trois autres. Idem en défense où par exemple les deux tchèques Hejda et Richter sont dissociés. Des Tchèques, il y en a d'ailleurs encore beaucoup cet après-midi, trois de chaque côté.

Les premières minutes, comme très souvent en Superliga, sont très rapides et spectaculaires. Les deux équipes cherchent le KO d'entrée, comme il est statistiquement très fréquent que le premier qui marque remporte le match. C'est le CSKA qui tire la première fusée avec un beau deux contre un, mais le Lokomotiv répond par un beau tour de cage de Vladimir Antipov sur la première prison du match contre le militaire moscovite Anton Doubinine. C'est très chaud devant la cage du CSKA, mais l'idole du public Dusan Salficky (record à l'applaudimètre à la présentation des joueurs) est présent. Les Moscovites ont ensuite deux belles occasions de prendre l'avantage sur deux supériorités numériques successives aux huitième et onzième minutes, mais le CSKA ne parvient pas à mettre en place son offensive. Et évidement dans ces cas-là... Sur un palet mal dégagé par Dusan Salficky, alors que le gardien tchèque était couché, son compatriote Jan Peterek en profite pour le lober et ouvrir le score. Petite parenthèse pour clamer ma grande admiration pour le très talentueux duo tchèque du Loko, Jan Peterek - David Moravec : Ahhhhh. Voilà, admiration clamée et parenthèse fermée et fin du premier tiers.

L'équipe de Iaroslavl est encore très dangereuse au retour sur la glace. Il faut que Dusan Salficky se couche sur un tir du vétéran de la LNH, le défenseur Dimitri Iouchkevitch, qui est partout à la fois, jouant même parfois sur deux lignes lorsque la tactique le nécessite. Mais le CSKA est toujours confronté au même soucis : l'attaque. À la vingt-sixième, le renfort (engagé comme tel en tout cas...) moscovite en provenance de la LNH, Sergueï Bérézine, rate même une superbe occasion en deux contre un. Juste après le défenseur de Iaroslavl, Alexandre Gouskov part sur le banc des pénalités. Les Moscovites mettent enfin vraiment la pression, encouragés très fort par le public... Mais en vain. Au contraire, c'est la ligne Peterek-Moravec-Tkatchenko qui est à deux doigts de doubler la mise. Le public croit même au but, mais Dusan Salficky s'était couché sur le palet. Le tournant du match arrive à la trente-deuxième minute. L'arbitre ne siffle pas une faute sur le capitaine du CSKA Nikolaï Pronine et sur la contre-attaque envoie le défenseur moscovite Alexeï Danilov en prison. À la fin de cette pénalité, Danilov ne sait pas trop où aller. À sa place en défense, où ils sont déjà deux joueurs, ou sur le banc pour faire entrer un attaquant, mais le palet est encore en zone de défense. Finalement, profitant du flottement dans les rangs du CSKA, Vladimir Antipov inscrit le second but du Lokomotiv !

Iaroslavl est beaucoup plus efficace que les Moscovites. Pour preuve, le public qui "râle" lorsque Bérézine vendange encore une occasion en contre. Du coup, Viktor change tout ! Dans le dernier tiers, l'entraîneur du CSKA bouleverse encore ses lignes d'attaque et décide de tourner à trois blocs. Soïne est placée en première ligne avec Razine et le junior Parchine, Pronine monte en seconde avec Oupper et Iakoutsénia, seule la ligne Anchakov-Eméléïev-Bérézine n'est pas changée. Seul parmi les "exclus", Tchernikh fait des apparitions. Même en supériorité numérique, on mélange les lignes ! Mais ces changements ne donnent pas plus de "jus" aux attaquants du CSKA. Un seul être vous manque (Moziakine) et... le Lokomotiv marque !

Le train a sifflé trois fois, sur un palet mal dégagé par Salficky qui finit sa route tout doucement dans la cage moscovite. Le nom du buteur est annoncé et affiché sur le tableau électronique, c'est Konstantin Glazatchev, les joueurs sont en place pour l'engagement... quand soudain, monsieur Tsyplakov a un doute ! L'arbitre se demande si... Alors il consulte la vidéo ! De longues minutes plus tard, il refuse le but ! Il y avait trop de Loko en circulation dans la gare moscovite ! En clair : joueur dans la zone du gardien.

Mais 0-2 ou 0-3, cela ne change rien. La belle machine de Iaroslavl est impressionnante. Il s'en faut d'un rien à la cinquante-deuxième pour que j'écrive but de Bout, mais Anton Bout (ou But si vous n'écrivez pas les noms russes phonétiquement à la française... On ne va pas recommencer le débat...) échoue sur une action en solo. Le CSKA n'est jamais vraiment dangereux et quelques sifflets s'échappent des gradins.

La dernière action lumineuse sera pour le duo Peterek-Moravec et l'on en reste là avec une victoire des visiteurs 2-0. Le Lokomotiv a fait un petit pas vers les play-offs, le CSKA rétrograde à la dixième place... et il faut aller à Cherepovets, le douzième, lors de la prochaine journée. Moziakine, reviens...

Sinon, les leaders ont chuté, le premier, Magnitogorsk, 3-1 à Kazan, et ses deux dauphins sur le même score 3-2, le Dynamo à Nijnekamsk, et le Lada à Omsk. Un petit mot sur la deuxième division. Les deux clubs moscovites ont gagné cet après-midi. Le leader, le Spartak, 1-0 au Tatarstan chez le troisième, Leninogorsk, et les Krylia Sovietov, 3-2 en mort subite à Moscou contre les Oudmourtes (si, si...) d'Ijevsk. Et si vous êtes gentils, je vous dirai où c'est, l'Oudmourtie...

Les trois meilleurs joueurs du match selon Sport-Express : 1 Vladimir Antipov (Loko), 2 Jan Peterek (Loko), 3 Egor Podomatski (Loko).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Viktor Tikhonov (entraîneur du CSKA Moscou) : "Il n'est pas possible de donner une raison à cette défaite. Nous avons été dominés dans presque tous les compartiments du jeu. Et nous chercherons à comprendre pourquoi. Je connais déjà une des erreurs, nous avons supprimé l'entraînement du matin car nous avions décidé de garder des forces, et du coup l'équipe était empruntée. Nous avions mieux joué au match aller à Yaroslavl malgré le score plus lourd. [À propos de la performance individuelle de Berezin] Sans commentaires..."

Julius Šupler (entraîneur du Lokomotiv Yaroslavl) : "Nous n'avons pas montré aujourd'hui tout ce dont nous sommes capables. Mais si l'on considère les deux longs voyages en avion et le décalage horaire qui a précédé ce match, le résultat doit être tenu pour tout à faut acceptable. [À propos des performances décevantes des clubs russes, Yaroslavl à la Coupe Spengler puis ce week-end Cherepovets en Coupe Continentale, compétition remportée par le Slovan Bratislava, des compatriotes slovaques de Šupler] La Russie n'a plus le jeu collectif et les combinaisons qui on fait le succès du hockey soviétique. Les équipes étrangères sont plus collectives aujourd'hui, le rapport de forces s'est inversé. Dès les matches juniors ici, il y a des agents et scouts de NHL qui ne s'intéressent qu'aux statistiques individuelles. Même les joueurs les plus altruistes se mettent à jouer perso. Il n'y a pas de baisse de niveau, presque chaque club de NHL a des Russes qui sont souvent les meilleurs techniquement et dans l'improvisation. Le problème, c'est que, ensemble, ces joueurs ne savent plus former une équipe."

 

CSKA Moscou - Lokomotiv Yaroslavl 0-2 (0-1, 0-1, 0-0)

Samedi 10 janvier 2004 à 17h00 au Palais de glace du CSKA. 5000 spectateurs.

Arbitrage de M. Tsyplakov assisté de MM. Kalinin et Aleshin (tous de Saint-Pétersbourg).

Pénalités : CSKA Moscou 6', Yaroslavl 10'.

Tirs : CSKA Moscou 13 (4, 3, 6), Yaroslavl 23 (6, 6, 11).

Évolution du score :

0-1 à 15'34" : Peterek assisté de Yushkevich

0-2 à 35'12" : Antipov assisté de But

 

CSKA Moscou

Gardien : Dusan Salficky (TCH).

Défenseurs : Evgueni Namestnikov - Pavel Trakhanov ; Alekseï Danilov - Nikolaï Semin ; Jan Hejda (TCH) - Vadim Khomitsky ; Martin Richter (TCH) - Kirill Liamin.

Attaquants : Anton Dubinin - Andreï Razin - Denis Parshin ; Vladimir Gorbunov - Dmitri Upper (KAZ) - Maksim Yakutsenia ; Sergueï Anshakov - Igor Emeleïev - Sergueï Berezin ; Nikolaï Pronin (c) - Dmitri Chernikh - Sergueï Soïn.

Gardien remplaçant : Maksim Mikhaïlovsky.

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Egor Podomatski.

Défenseurs : Aleksei Vassiliev - Sergueï Zhukov ; Martin Hlavacka (TCH) - Dmitri Yushkevich ; Aleksandr Guskov - Denis Grot ; Ilya Gorokhov - Dmitri Krasotkin (c).

Attaquants : Konstantin Rudenko - Vladimir Samylin - Andrei Kovalenko ; Jan Peterek (TCH) - David Moravec (TCH) - Ivan Tkachenko ; Anton But - Vyacheslav Butsaïev - Vladimir Antipov ; Konstantin Glazachev - Sergueï Nemchinov - Dmitri Vlasenkov.

Gardien remplaçant : Andreï Malkov.

 

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