République Tchèque - Allemagne (28 avril 2004)

 

Championnats du monde 2004, premier tour, groupe A.

L'Allemagne est privée de Heiko Smazal blessé au poignet et déjà rentré au pays. Erich Goldmann le remplacera à partir du deuxième tour comme "joker". Même si Olaf Kölzig a fait deux bonnes premières prestations dans ce championnat du monde et a rassuré après une campagne difficile de matches amicaux, Zach choisit de le mettre au repos aujourd'hui au lieu de l'aligner face à son ex-coéquipier Jágr. Il fait finalement jouer un peu l'alternance et donne ainsi sa chance à Robert Müller. Les journalistes canadiens venus voir Kölzig n'ont jamais entendu parler du gardien du Krefeld, mais cela ne va tarder...

La première pénalité du match est allemande, mais alors qu'elle se termine, Jaroslav Špacek charge Stefan Ustorf contre la bande. Le temps que la Mannschaft récupère le palet - ce qui ne se fait pas tout seul vu qu'elle joue toujours aussi bas même en supériorité numérique - et entre en zone, et Jirí Slegr commet une faute sur Hecht en position dangereuse dans l'enclave. La situation de cinq contre trois ne donne rien, mais en sortant de prison, Špacek fait demi-tour au dernier moment au lieu de regagner son banc, alors que tous ses coéquipiers changent justement de ligne, ce qui provoque un surnombre idiot, et une minute de plus de double supériorité allemande ! Malheureusement, la production offensive des hommes de Zach n'est pas à la hauteur de cette fantastique opportunité.

Stephan Retzer prend une pénalité sévère pour avoir retenu le remuant Prucha. Parfaitement décalé, Martin Rucinský manque son tir et ne parvient pas à lever le palet au-dessus de Müller couché, juste avant que Jan Hlavac ne rate lui aussi une occasion en or avec la cage grande ouverte et un retour opportun de Benda. On en reste à un 0-0 qui serait mérité car l'Allemagne a fait un bon tiers-temps en se ruant sur les palets à la moindre approximation tchèque pour obtenir de bons contres et en travaillant fort dans les coins. Malheureusement, Molling prend une pénalité en fin de période et Václav Prospal trompe Müller masqué (1-0 à 18'30").

Problématique pour les Allemands, qui confinent encore au néant pendant deux supériorités numériques au début du deuxième tiers-temps. Il faut dire que l'arbitre canadien Nicolas Dutil a le sifflet très sensible. L'Allemagne est sanctionnée à son tour pour un surnombre car un joueur sur le point de sortir a touché le palet, et Robert Müller sort alors le grand jeu face à Jaromír Jágr puis à Petr Prucha, tous deux très remuants ce soir. À vingt secondes de la pénalité, il y a encore le feu devant le but allemand et Lüdemann doit faire une faute. L'infériorité est prolongée mais Müller est véritablement exceptionnel pendant ce passage très difficile pour son équipe, avec d'énormes arrêts dont un tir repoussé in extremis sur la transversale. Les Allemands sont complètement dominés mais ils cherchent ostensiblement l'échappée fatale. Ce n'est pourtant pas sur une contre-attaque qu'ils vont égaliser, mais sur un lancer de Klaus Kathan qui surprend Vokoun masqué (1-1 à 37'08").

L'Allemagne se prépare à souffrir au troisième tiers-temps, mais à trois contre cinq avec Molling et Lewandowski en prison pour accrocher, la tâche devient insurmontable. Jaromír Jágr délivre la Sazka Arena d'un slap au ras de la glace (2-1 à 42'33") et son coéquipier aux New York Rangers, Jan Hlavac, trouve dans la foulée un trou de souris au ras du poteau après une passe levée de Dopita (3-1 à 43'08"). Les efforts allemands ont été annihilés en trente secondes et deux pénalités. Comme ils n'ont jusqu'ici que six tirs cadrés à leur actif (!), on voit mal comment ils pourraient remonter deux buts. Indigents offensivement, même en supériorité, ils n'ont pas d'autres arguments à faire valoir quand leur système défensif ne suffit plus. Rucinský ajoute un quatrième but dans le haut du filet (4-1 à 53'15") et Hejda un cinquième une superbe action avec Beránek (5-1 à 53'55").

La République Tchèque s'est fait une belle frayeur en deuxième période, pendant les vingt minutes de rêve de Robert Müller sur son petit nuage. La Sazka Arena s'était tue après l'égalisation, et ceux des supporters allemands qui ont pu avoir un billet ont même réussi à y faire entendre leur voix. Mais l'édifice a retrouvé un fort volume sonore pour saluer la victoire des Tchèques, comme prévu tranquilles et invaincus après ce premier tour.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Slavomir Lener (entraîneur de la République Tchèque) : "C'était un match vraiment serré. L'Allemagne a très bien joué pendant deux tiers-temps. La plus grande différence résidait dans le jeu de puissance. Nous avons passé sans encombres quatre minutes en infériorité, dont la moitié à trois contre cinq. Après deux tiers-temps, nous savions que nous pouvions tenir le même rythme pendant les soixante minutes et que les Allemands auraient des problèmes."

Jirí Slegr (défenseur de la République Tchèque) : "Je dirais que Müller a extrêmement bien joué. Mais de notre côté, nous n'avons pas fait le travail que nous étions supposés faire. Nous ne nous sommes pas postés devant lui, il a vu venir la plupart des palets."

Hans Zach (entraîneur de l'Allemagne) : "Nous avons pratiqué pendant deux tiers-temps un jeu extraordinairement bon. Après avoir encaissé un but en infériorité, le rouleau compresseur tchèque nous est passé dessus. L'arbitre était beaucoup plus pointilleux que ses collègues, mais cela n'a pas influencé le déroulement du match. Les Tchèques étaient très largement meilleurs que nous en jeu de puissance. Contre l'Autriche, c'est Kölzig qui sera dans les cages."

Robert Müller (gardien de l'Allemagne) : "C'est un grand honneur pour moi d'entendre certains journalistes tchèques dirent que ce soir, c'était la République Tchèque contre Robert Müller. Qu'Olaf serait dans les cages, c'était clair pour moi. Quand une star comme lui arrive de NHL, il doit être n°1. Je peux apprendre en l'observant, ce serait dommage sinon. Je ne connais pas le nouvel entraîneur de Krefeld engagé aujourd'hui [Mario Simioni, canadien, ex-Odense]. Je sais juste qu'il a entraîné au Danemark."

 

République Tchèque - Allemagne 5-1 (1-0, 0-1, 4-0)

Mercredi 28 avril 2004 à 20h15 à la Sazka Arena de Prague. 17360 spectateurs.

Arbitrage de Nicolas Dutil (CAN) assisté de Juha Kautto (FIN) et Leo Takula (SUE).

Pénalités : République Tchèque 16' (6', 6', 4'), Allemagne 20' (8', 6', 6').

Tirs : République Tchèque 32 (8, 14, 10), Allemagne 11 (2, 4, 5).

Évolution du score :

1-0 à 18'30" : Prospal assisté de Rucinský et Špacek (sup. num.)

1-1 à 37'08" : Kathan assisté de Morczinietz

2-1 à 42'33" : Jágr assisté de Kaberle (double sup. num.)

3-1 à 43'08" : Hlavác assisté de Dopita et Beránek (sup. num.)

4-1 à 53'15" : Rucinský assisté de Dvorák

5-1 à 53'55" : Hejda assisté de Rucinský et Beránek

 

République Tchèque

Gardien : Tomáš Vokoun.

Défenseurs : Jaroslav Špacek - Martin Škoula ; Frantisek Kaberle - Jirí Slegr ; Roman Hamrlík - Jan Novák ; Jan Hejda.

Attaquants : David Výborný - Martin Straka - Jaromír Jágr ; Radek Dvorák - Vaclav Prospal - Martin Rucinský ; Milan Kraft - Jirí Dopita - Petr Prucha ; Josef Beránek - Jan Hlavác.

Remplaçant : Roman Cechmánek (G). Absent : Michal Sup.

Allemagne

Gardien : Robert Müller.

Défenseurs : Jochen Molling - Mirko Lüdemann ; Jan Benda - Rob Leask ; Daniel Kunce - Andreas Renz ; Stephan Retzer.

Attaquants : Klaus Kathan - Stefan Ustorf - Andreas Morczinietz ; Tomas Martinec - Martin Reichel - Thomas Greilinger ; Jochen Hecht - Tobias Abstreiter - Daniel Kreutzer ; Boris Blank - Tino Boos - Eduard Lewandowski.

 

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