Slovaquie - Suisse (6 mai 2004)

 

Quart de finale des championnats du monde 2004.

Maintenant que la République Tchèque est éliminée, c'est la Slovaquie, également invaincue, qui évolue "à domicile" et qui a récupéré la pression. Elle ne doit donc pas se rater contre une équipe helvétique qu'on sait capable d'un exploit sur un match, et qui a en plus la perspective d'une qualification directe pour les Jeux Olympiques en cas de victoire.

La formation de Ralph Krueger commence bien le match, et elle s'impose physiquement aux Slovaques, sauf bien sûr à Chára. Un tir en pivot d'Adrian Wichser depuis le cercle d'engagement passe entre les jambières de Ján Lašák, qui était masqué et qui encaisse son premier but depuis une semaine (0-1 à 09'34"). C'est le scénario idéal, puisque Martin Gerber, mis en confiance par son blanchissage contre l'Allemagne, sera la clé de ce match selon son entraîneur. Mais la Suisse aurait eu moyen de creuser un écart plus important. Elle a eu trois supériorités numériques, mais elle a manqué d'efficacité, en particulier en deux contre un sur une reprise mal cadrée de Beat Forster après une bonne passe du jeune Anders Ambühl. Même s'ils ont souvent été confinés dans les coins et se sont peu approchés de la cage, les Slovaques n'ont qu'un but de retard, et ils ont rappelé par moments leur grand potentiel technique dans ce premier tiers-temps où priorité a été donnée à l'organisation défensive.

De fait, et en dépit de la solidité de l'équipe de František Hossa dans ce domaine, cette physionomie de match est quand même plus favorable aux Suisses. L'action qui contient le plus de maîtrise technique dans la première moitié de la deuxième période est curieusement l'śuvre de Marcel Jenni, et pas des talentueux attaquants d'en face qui ne développent pas leur jeu. Mais sur la contre-attaque, Steinegger fait trébucher Stümpel. Martin Štrbák égalise sur la supériorité numérique, seul au second poteau - parce que l'homme chargé de le marquer, Paterlini, a été déséquilibré illicitement par Stumpel (1-1 à 31'15"). Deux minutes plus tard, Ivo Rüthemann a la cage à demi ouverte au rebond d'un tir de Vauclair, mais il est en partie mais il est gêné par le retour de Luboš Bartecko et son tir heurte le dessus de la transversale. En fin de tiers-temps, le monumental Zdeno Chára fait le tour de la cage et marque alors que Gerber est impuissant (2-1 à 37'44"). Le gardien d'Anaheim a en effet été enfoncé dans sa cage par Bartecko... qui a en fait été poussé par Martin Steinegger. Les Suisses protestent et l'arbitre fait appel à la vidéo après avoir dans un premier temps accordé le but, mais il confirme ensuite logiquement sa décision initiale. Les Suisses, que la réussite a fui, peuvent se sentir frustrés de la tournure des évènements, ce qui se manifeste par une inutile charge par derrière d'énervement de Jeannin (2'+10').

Le vent a tourné. Les occasions slovaques se multiplient en début de troisième période. Une charge avec la crosse est sifflée avec sévérité contre Keller. Le jeu de puissance slovaque connaît quelques ratés, mais il est définitivement plus efficace que son homologue suisse. Un lancer de la bleue de Lintner est dévié hors du cadre, mais Pavol Demitra récupère le palet qui a rebondi dans le fond et l'envoie dans les filets (3-1 à 49'05"). Les Slovaques tuent ensuite deux pénalités coup sur coup contre Granák et Cierny, dans ce match qui s'est joué sur les supériorités numériques. Leur victoire, sur le même score que l'an dernier et avec le même tir sur le poteau de la cage vide en fin de match, ne doit pas faire oublier la peine qu'ils ont éprouvée pendant une moitié de match face à une équipe de Suisse à l'image de sa prestation dans de championnat du monde - solide.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Martin Štrbak (défenseur de la Slovaquie) : "En première période, nous étions hésitants, mais ensuite nous nous sommes dits qu'il fallait plus patiner, plus tirer, et être plus agressifs. Nous sommes contents de cette victoire. Nous avions joué deux matches amicaux contre eux, donc nous connaissions bien leur style de jeu. Nous étions préparés."

Marián Hossa (attaquant de la Slovaquie) : "Après avoir encaissé le premier but, nous avons lentement repris le dessus. Nous avons mieux fait circuler le palet et nous avons été plus agressifs. Nous ne nous considérons pas comme les favoris après la défaite tchèque. Le Canada et la Suède ont des stars dans leur effectif, il y a donc au moins trois favoris. Pour l'instant, c'est le match contre les Canadiens qui m'inquiète. Ils ne sont pas seulement physiques, ils font également circuler efficacement le palet, ils jouent bien en défense, et ils ont des attaquants avec de grands gabarits et une bonne vitesse. Avec notre style fait de combinaisons, ce sera difficile de jouer contre eux. Luongo est non seulement un des plus grands mais aussi un des plus mobiles gardiens de NHL. Il faudra tirer autant que possible et mettre des gens devant les cages. Nos géants Chara et Mezei sont idéaux pour ce rôle. Ce sera un match intéressant. Nous avons presque remporté notre troisième médaille de suite, et la manquer serait un cauchemar pour notre équipe."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Nous avons perdu sur le même score que l'an passé à Helsinki, mais ce match de Prague a été bien différent. L'équipe de Hossa avait un autre état d'esprit, nous l'avons tout de suite compris. Cette différence s'est accentuée dans la dernière période : si au Mondial finlandais ils nous avaient laissé jouer, cette fois ils ont continué à travailler dur, même s'il va sans dire que nous commencions aussi à accuser un peu la fatigue. Dès la première phase, les sensations étaient bonnes sur le banc et on avait l'impression de pouvoir faire quelque chose dans ce championnat du monde. Nous aurions pu faire mieux si seulement nous avions réussi à mieux exploiter les supériorités numériques. Contre des adversaires de ce calibre, il faut marquer dans ces occasions. Nous devons encore beaucoup travailler cet aspect."

 

Slovaquie - Suisse 3-1 (0-1, 2-0, 1-0)

Jeudi 6 mai à 16h15 à la Sazka Arena de Prague. 16905 spectateurs.

Arbitrage d'Aleksandr Poliakov (RUS) assisté de Peter Feola (USA) et Roman Pouzar (TCH).

Pénalités : Slovaquie 10' (6', 0', 4'), Suisse 18' (2', 4'+10', 2').

Tirs : Slovaquie 27 (9, 10, 8), Suisse 21 (7, 5, 9).

Évolution du score :

0-1 à 09'34" : Wichser assisté de Wirz

1-1 à 31'15" : Štrbák assisté de Cierny et Šatan (sup. num.)

2-1 à 37'44" : Chára assisté de Hossa

3-1 à 49'05" : Demitra assisté de Lintner (sup. num.)

 

Slovaquie

Gardien : Ján Lašák.

Défenseurs : Martin Štrbák - Ladislav Cierny ; Zdeno Chára - Richard Lintner ; Dominik Granák - Ivan Majeský ; Branislav Mezei - Andrej Meszároš.

Attaquants : Marián Gáborík - Jozef Stumpel - Miroslav Šatan ; Luboš Bartecko - Pavol Demitra - Marián Hossa ; Vladimír Országh - Rastislav Pavlikovský - Ronald Petrovický ; Juraj Kolnik - Roman Kukumberg - Richard Kapuš.

Remplaçant : Karol Krizan (G).

Suisse

Gardien : Martin Gerber (sorti de sa cage de 57'40" à 57'59", de 58'08" à 58'20" et de 58'28" à 60'00").

Défenseurs : Beat Forster - Mathias Seger ; Mark Streit - Olivier Keller ; Martin Steinegger - Steve Hirschi ; Goran Bezina - Julien Vauclair.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Patrick Fischer - Martin Plüss - Patric Della Rossa ; Marcel Jenni - Anders Ambühl - Marc Reichert ; Adrian Wichser - Sandy Jeannin - Valentin Wirz.

Remplaçant : Marco Bührer (G). Surnuméraires : Ronnie Rüeger (G), Reto Kobach, Luca Cereda.

 

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