Avangard Omsk - Spartak Moscou (13 septembre 2004)

 

Match comptant pour la sixième journée de la Superliga russe 2004/05.

Ouille, ouille, ouille. Dans le genre mission impossible, le déplacement du Spartak Moscou à Omsk se pose là. Les Moscovites sont promus et derniers, avec un seul point, acquis lors du derby à domicile (0-0) contre le second le Dynamo.

En face, l'Avangard Omsk, c'est le champion en titre, le club financé par Sibneft, la compagnie pétrolière du milliardaire Roman Abramovitch. Omsk possède parmi les meilleurs joueurs du pays (Souchinski-Prokopiev-Zatonski, la première ligne qui terrorise la Superliga, plus Sokolov le gardien de la sélection nationale, mais aussi Tverdovski ou Soubbotine). L'Avangard est troisième et a encore recruté du lourd cette année, tout en conservant ses stars. Andreï Razine, la merveille du CSKA est venu en Sibérie tout comme en attaque l'international bélarussien Alexandre Kalioujni (ex-Severstal) ou l'enfant du pays, parti à Novossibirsk, Egor Chastine. En défense, arrivées de Sergueï Gousseïev (Severstal) et Alexandre Ioudine (SKA St-Petersbourg). Enfin, ne reculant devant aucun sacrifice, le club champion a fait venir de Suisse un second gardien, l'ex-international Pauli Jaks. Heureusement que l'Avangard est riche...

Autant dire que face à cette armada, les chances du Spartak sont minimes. Les Moscovites qui font jouer l'alternance dans les cages avec l'ancien dynamiste Alexeï Volkov qui débute cet après midi. Une équipe du Spartak qui semble pourtant totalement décontractée. Leur entraîneur Sergueï Chepelev chante pourtant sur tous les tons que son équipe va bien et qu'elle ne va pas s'enfoncer dans les profondeurs du classement et dans le doute comme il y a deux ans avant la (courte) relégation en première division. De toute façon, il n'y a pas de relégation cette saison.

En tout cas, les Spartakistes semblent suivre à la lettre les conseils de leur entraîneur, puisque le match n'est commencé que depuis cinq minutes quand les visiteurs ouvrent la marque. Un but de près de leur buteur letton Aigars Cipruss. Et ce n'est pas terminé. Trois minutes plus tard, c'est la même ligne qui remet ça par Dimitri Chandourov cette fois. 0-2 : l'ambiance très chaude d'Omsk connaît un coup de froid ! Les Sibériens pensent refaire leur retard lorsque l'arbitre envoie deux Spartakistes en prison, les défenseurs Valeri Klimov et Tomas Zizka. Mais l'attaquant vedette (enfin, l'un des attaquants vedettes...) d'Omsk, Maxime Souchinski, part à son tour dans la geôle. Cela sauve le Spartak, mais plonge dans le doute l'Avangard qui ne sait comment se débarrasser de cette équipe moscovite dominée, mais accrocheuse en diable. Ce sont même les Sibériens qui se retrouvent en infériorité numérique à une minute de la fin du premier tiers à cause d'une faute de l'attaquant Evgueni Khartseï.

Pourtant, les Sibériens pensent avoir fait le plus difficile en revenant à la marque en début du deuxième tiers. Un centre en retrait de Dimitri Zatonski après un débordement sur l'aile est repris par Alexandre Prokopiev, et la première ligne dynamite de l'Avangard redonne espoir au public du bruyant public du complexe Viktor-Blinov. Hélas, moins de deux minutes plus tard, alors qu'Evgueni Khartseï est de nouveau en prison, le Spartak reprend deux buts d'avance. Et c'est encore le Letton Aigars Cipruss qui est à l'origine du but. Il file sur l'aile, se débat dans la balustrade, passe en retrait au défenseur Alexeï Komarov qui de loin fusille Maxime Sokolov, le gardien international russe. Surprise : 1-3 !

Et ce n'est pas terminé. Deux minutes plus tard, il faut un dégagement in extremis de Sokolov pour éviter l'humiliation. Les trompettes et tambours des supporters de l'Avangard ne s'arrêtent cependant pas de trompeter et de tambouriner, surtout lorsqu'à la mi-match, Omsk pousse très fort en supériorité numérique. Mais cela ne change rien, car Alexeï Volkov, passé à l'intersaison du Dynamo au Spartak, fait des merveilles dans sa cage. Omsk ne semble pas savoir par quel bout prendre le Spartak qui lui ne se pose pas de question, joue simple et efficace en espérant tenir le plus longtemps possible...

Même scénario dans l'ultime période. L'Avangard tente de dominer mais sans véritablement surprendre l'arrière-garde du Spartak. Il faut ajouter que Volkov continue à faire plus que bien son travail. Un dernier tiers qui sera en fait un chemin de croix pour le champion en titre.

L'humiliation suprême a lieu à la mi-tiers. Le Spartak est en infériorité suite à une faute du défenseur Evgueni Tsybouk. Omsk fait donc le siège. Mais sur un contre, Dimitri Leonov lance son compagnon de ligne Igor Chevtsov qui part tromper Maxime Sokolov. Stupéfaction. Une partie des spectateurs quittent la salle Blinov. Ils sont bientôt suivis par une autre poignées de "supporters" car une minute trente plus tard, sur un nouveau contre spartakiste (à cinq contre cinq quand même cette fois), Dimitri Oboukhov, jeune joueur de 21 ans en provenance du Tatarstan, bat de nouveau en un contre un le gardien de la sélection russe.

Le champion en titre finit groggy le match en subissant les assauts des joueurs de la capitale. Omsk prend trois pénalités pratiquement coup sur coup, n'est plus capable de mettre un patin devant l'autre et évite juste d'encaisser d'autres buts. Mais ça fait mal ! Ceci dit, cela ne remet pas en question le talent monumental de cette équipe et son potentiel pour conserver son titre.

C'est juste une déculottée qui fait mal sur le moment. En revanche, grand moment pour le Spartak qui, tout promu qu'il est, a voulu rappeler au monde du hockey russe qu'il était un grand club avec une histoire prestigieuse, comme un coup de pied aux fesses des "nouveaux riches" de province financé par les Oligarques. Le Spartak a été et reste l'un des fleurons historique du hockey russe. Un peu de morale dans ce monde qui en manque... Pif, paf, aïe, aïe, aïe comme le dit le conte populaire russe...

Élus meilleurs joueurs du match d'après Sport-Express : *** Aigars Cipruss (Spartak), ** Dimitri Shandurov (Spartak), * Alekseï Volkov (Spartak).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Valeri Belousov (entraîneur d'Omsk) : "Le Spartak a mérité sa victoire. Il avait plus envie de gagner, ses joueurs ont bien patiné, c'était incomparable avec notre équipe qui a joué de façon horrible. Nous avons commis des erreurs en première période, nous nous sommes précipités pour revenir, et nous avons pris d'autres buts. J'ai été étonné que des jeunes jouent sans ardeur et sans combativité. On avait la sensation qu'ils étaient en promenade. Après avoir été championne, l'équipe a eu du mal à revenir à elle-même. Il faut oublier les victoires passées. J'espère que Sokolov retrouvera son jeu le plus rapidement possible."

Oleg Glebov (gardien du Spartak, resté à Moscou) : "J'ai décidé d'arrêter le hockey, voilà tout. Je n'ai aucun problème avec les entraîneurs ou les dirigeants, et je n'ai aucun grief envers le Spartak. Simplement, j'ai peur de l'avion. Cela fait quatre saisons que cela dure. C'était ainsi pendant deux ans aux Krylia Sovietov, et l'année dernière au Spartak ça allait mieux, car en Vysshaya Liga les déplacements se font le plus souvent en bus. Mais en play-offs, il avait été nécessaire de reprendre l'avion. J'ai lutté contre cette phobie, mais les déplacements prévus me hantent toute la journée. Samedi, j'étais sur la glace de Voskresensk, et toutes mes pensées étaient focalisés sur le fait qu'il faudrait voler jusqu'à Omsk. Je ne veux plus quitter Moscou."

Sergueï Shepelev (entraîneur du Spartak) : "Il s'en est fallu de peu pour que nous ne gagnions pas dans les cinq rencontres précédentes, où nous avions sorti quatre fois notre gardien en fin de match. Nous faisions jeu égal, mais nous manquions d'expérience en Superliga. Nous nous habituons graduellement à ses exigences et à son rythme. À Omsk, la réussite était de notre côté, alors que notre adversaire n'a pas su aborder ce match. Mais c'est son problème. L'Avangard commence seulement à comprendre ce que c'est qu'être champion sortant, quand tous les adversaires sont motivés au maximum. L'important pour nous, c'est que, psychologiquement, nous n'avons pas perdu ce match avant même qu'il ait commencé. Maintenant, nos gardiens seront Volkov et Medvedev, dans cet ordre. Je n'ai aucun problème avec Medvedev, il s'est mis au travail comme jamais cette saison. Je respecte la décision de Glebov, même si j'aurais préféré qu'elle n'intervienne pas en cours de saison."

 

Avangard Omsk - Spartak Moscou 1-5 (0-2, 1-1, 0-2)

Lundi 13 septembre 2004 à 19h30 au complexe sports et concerts Viktor-Blinov.

Arbitrage de M. Tsyplakov (Saint-Pétersbourg) assisté de MM. Gofman et Monoshkov (Chelyabinsk).

Pénalités : Avangard 14', Spartak 10'.

Tirs : Avangard 21 (5, 9, 7), Spartak 27 (11, 7, 9).

Évolution du score

0-1 à 05'22" : Cipruss assisté d'Ivanov et Shandurov

0-2 à 08'45" : Shandurov assisté d'Ivanov

1-2 à 23'37" : Prokopiev assisté de Zatonski

1-3 à 25'15" : Komarov assisté de Cipruss (sup. num.)

1-4 à 48'29" : Shevtsov assisté de Leonov (inf. num.)

1-5 à 49'59" : Obukhov assisté de Shurupov

 

Avangard Omsk

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Dmitri Ryabykin - Sergueï Gusev ; Yuri Panov - Oleg Orekhovsky ; Igor Nikitin - Oleg Tverdovsky ; Nikita Nikitin - Aleksandr Yudin.

Attaquants : Maksim Sushinski - Aleksandr Prokopiev (c) - Dmitri Zatonski ; Andreï Subbotin - Andreï Razin - Dmitri Subbotin ; Egor Shastin - Evgueni Khatseï - Konstantin Pushkarev (KAZ) ; Aleksandr Popov - Alekseï Kaliuzhny (BLR) - Konstantin Baranov.

Remplaçant : Pauli Jaks (G, SUI).

Spartak Moscou

Gardien : Alekseï Volkov.

Défenseurs : Tomas Zizka (TCH) - Evgueni Tsybouk ; Evgueni Shaldybine - Sergueï Reshchetnikov (c) ; Andreï Lopatin - Alekseï Komarov ; Sergueï Zimakov - Valeri Klimov.

Attaquants : Ruslan Zaïnullin - Martin Strba (TCH) - Artiom Chernov ; Dmitri Leonov - Igor Shevtsov - Anatoli Ustiugov ; Mikhaïl Ivanov - Aigars Cipruss (LET) - Dmitri Shandurov ; Dmitri Obukhov - Andreï Shurupov - Anton Nossov.

Remplaçant : Oleg Glebov (G).

 

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