Courbevoie - Caen (19 février 2005)

 

Match comptant pour la sixième journée de la poule finale de division 1.

Pensées pour Thierry Monier, victime d'un tireur fou

Après Neuilly-sur-Marne il y a deux semaines, voici le deuxième déplacement périlleux en région parisienne pour Caen, encore chez une équipe qui avait battu les Drakkars en première phase. Le HCC a gagné tous ses matches en poule finale, le COC les a tous perdus, et pourtant nombreux sont ceux qui sont prêts à parier sur une victoire de Courbevoie. Sur la petite glace du sous-sol du Centre Charras, les espaces sont restreints pour les joueurs et pour les arbitres, touchés durant le match par divers palets et crosses.

Les Caennais savent que ce virage est périlleux à négocier à une semaine du choc au sommet contre Strasbourg, et ils sont d'emblée en danger sur une pénalité de Bennett pour faire trébucher à 1'19". Dans ce match un peu curieux qui se décompose par phases, la formation normande ne fera à peu près rien du tiers-temps, sauf entre la huitième et la dixième minute où elle met soudainement une pression de tous les diables en multipliant les tirs (huit en deux minutes !), donnant lieu à une succession de mises au jeu en zone offensive, toutes gagnées. Mais ensuite, Courbevoie recommence à dominer légèrement, avec l'occasion la plus dangereuse à la douzième minute : Jonathan Janil se couche bien devant un tir très dangereux qui arrivait lancé dans l'enclave sur un rebond. Il y a également une prison contre le COC, pour une crosse haute de Sarnovsky sur Garnier qui venait de lui mettre une mise en échec régulière (14'32"). Mais le jeu de puissance normand manque de vitesse ; Rodolphe Garnier a beau garder le palet derrière la cage adverse, l'apprenti Gretzky ne trouve aucune bonne passe à faire.

Caen domine au retour sur la glace, mais subit une contre-attaque à deux contre un. Nicolas Drewniak attire l'attaquant Martial Janil qui s'est retrouvé en position d'unique défenseur, et Robert Blasko peut ainsi contourner tranquillement Robert Marton pour marquer (1-0 à 23'34"). Pierre Feutry est ensuite pénalisé pour accrocher, et en à peine huit secondes, le tir de la bleue de Lukas Poznik rentre dans les filets au ras de la glace (2-0 à 25'50"). Pendant que le buteur lève les bras, Drewniak est au sol, il a pris une charge dans le dos de Garnier. L'entraîneur-joueur caennais écope de 2'+10', et sept secondes plus tard, Määttä ne trouve rien de mieux à faire que le rejoindre. Ça sent vraiment le roussi pour les Caennais, menés de deux buts et réduits à trois. Le COC fait beaucoup de passes, mais ne trouve pas de bons tirs. Après avoir tué les deux minutes de double infériorité, sur un arrêt de jeu, la crosse de Jonathan Janil s'approche involontairement et doucement du visage de Drewniak qui s'effondre en arrière et obtient une pénalité discutable, elle aussi sans conséquence.

Même de retour à cinq, les Caennais sont encore en difficulté. Mais quand ils repassent à l'attaque, ils sont vite couronnés de succès. Toujours plein de gnac, Arnaud Hascoët vient chercher un petit rebond lâché par Nicolas Fourcade pour réduire le score (2-1 à 32'34"). Courbevoie souffre, mais creuse à nouveau l'écart sur une bonne contre-attaque menée avec efficacité par son capitaine Rishi Ovide-Étienne (3-1 à 37'31"). Dans la foulée, Robert Marton panique et relance un palet directement sur Timko, qui choisit le centre pas forcément opportun sur Caillaux. La pénalité locale, que Caen attendait tant, intervient finalement à 38'49", mais sur une action où la sanction n'est qu'un moindre mal en regard de la faute "utile" : Timko a en effet empêché de Jonathan Avenel de tirer devant la cage ouverte sur un rebond. Et cette supériorité entrecoupée de la pause ne donne rien.

Alors que les deux équipes sont remontées sur la glace pour le début du troisième tiers-temps, deux détonations retentissent. Des gens se mettent à courir et à crier "il y a un type armé", une annonce au micro demande l'évacuation, et les tribunes et la glace se vident en un rien de temps. Les joueurs caennais et la majorité du public font leur retour quelques minutes plus tard. Grâce à la contribution d'un policier (hors service) spectateur du match qui l'a ceinturé, et du soigneur du COC qui l'a aspergé avec un extincteur, le forcené a été vite maîtrisé, non sans avoir visé avec son pistolet l'entraîneur courbevoisien Thierry Monier, qui a été conduit à l'infirmerie de la patinoire.

La troisième reprend donc sans l'âme du COC sur le banc. Caen réduit rapidement le score sur un tir de la bleue de Sébastien Bergès dévié par Rodolphe Garnier (3-2 à 42'06"). Courbevoie refait surface à la faveur d'une pénalité contre Martial Janil pour accrocher (44'59"), un lancer de Robert Blasko heurtant le poteau alors que Marton n'avait pas esquissé le moindre geste. Le COC est à son tour en infériorité après une faute évidente d'Alexandre Motte (48'47"), et Thierry Thévenot a la mauvaise idée de bouger sa cage (49'25"). Voici Courbevoie à son tour à trois, sachant que Decorte bénéficie de l'indulgence arbitrale pendant la double infériorité. Cette période de cinq contre trois n'apporte aux Normands que deux tirs de Rodolphe Garnier, l'un raté qui arrive tout doucement sur Fourcade, l'autre dévié dans les airs par la crosse de Poznik. La tension devient de plus en plus palpable dans les tribunes, l'enthousiasme des supporters monte, et les minutes leur paraissent crispantes, surtout que les défenseurs du COC sont parfois battus en un contre un par Filip ou Avenel.

En l'absence de Thierry Monier, c'est Ovide qui assume pleinement son rôle de capitaine et donne les consignes lors du temps mort demandé par les Caennais. La dernière minute est complètement folle (s'il n'y avait eu que cela de fou ce soir, on s'en serait contenté...), mais les joueurs de Courbevoie conservent leur premier succès de l'année, qu'ils s'empressent bien sûr de dédier à leur entraîneur Thierry Monier, qui sera transporté à l'hôpital à l'issue de la rencontre, et à qui tout le monde souhaite évidemment un prompt rétablissement.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (dans Le Parisien et Ouest France)

Thierry Monier (entraîneur de Courbevoie) : "Je sortais de mon bureau quand je l'ai vu braquer un pistolet sur moi. Sans dire un seul mot, il a fait feu. J'ai d'abord cru que c'était un jouet ; mais lorsqu'il a tiré, j'ai ressenti une douleur au ventre et c'est à la vue de mon sang que j'ai réalisé... Je l'avais rencontré à peine cinq fois dans ma vie. On m'a dit qu'il [Mansour Bazoukov, entraîneur russe de 59 ans, en France depuis quinze années] ne trouvait pas de travail et en voulait pour cela au monde du hockey français. Il semble que j'en étais pour lui l'un des représentants."

Rodolphe Garnier (entraîneur-joueur de Caen) : "On a manqué d'envie sur cette rencontre. Perdre face à une équipe imprenable, c'est logique, mais perdre comme on l'a fait, il y a des motifs de déception car on avait les moyens de gagner ce soir. On a manqué d'agressivité et on s'est laissé impressionner par le jeu rugueux de Courbevoie. Quand on a réagi dans le troisième, il était trop tard."

 

Courbevoie - Caen 3-2 (0-0, 3-1, 0-1)

Samedi 19 février 2005 à 19h45 au Centre Charras. 250 spectateurs.

Arbitrage de Philippe Forget assisté de Nicolas Lobry et Timothée Magdalena.

Pénalités : Courbevoie 8' (2', 2', 4'), Caen 22' (2', 8'+10', 2').

Tirs : Courbevoie 37 (11, 16, 10), Caen 39 (12, 14, 13).

Évolution du score :

1-0 à 23'34" : Blasko assisté de Poznik

2-0 à 25'50" : Poznik assisté de Thévenot et Blahut (sup. num.)

2-1 à 32'34" : Hascoët

3-1 à 37'31" : Ovide-Étienne assisté de Blasko et Drewniak

3-2 à 42'06" : Garnier assisté de Bergès et Granberg

 

Courbevoie

Gardien : Nicolas Fourcade.

Défenseurs : Matthieu Ganivet [puis Antoine Motte à 40'00"] - Lukas Poznik ; Arnaud Decorte (A) - Rastislav Blahut ; Cédric Tougard - Thierry Thévenot.

Attaquants : Robert Blasko - Rishi Ovide-Étienne (C) - Nicolas Drewniak (A) ; Zdenko Sarnovsky - Jan Timko - Thierry Caillaux ; Alexandre Motte - Loïc Deovan - Jérôme Laverny [puis Ganivet à 40'00"].

Remplaçant : Terence Dubois (G). Absent : Tony Tarkowski (dos).

Caen

Gardien : Robert Marton.

Défenseurs : Jaroslav Filip - Mathieu Blanvillain ; Sébastien Bergès (C) - Samson Samson ; Peter Hruska - Jonathan Janil.

Attaquants : Rodolphe Garnier - Petter Granberg - Jonathan Avenel ; Tuomo Määttä (A) - Damien Fleury - Pierre Bennett ; Pierre Feutry - Arnaud Hascoët - Martial Janil ; Christophe Desmons (A).

Remplaçants : Jérôme Salley (G), Matthieu Caillard, Maxime Caillard. Absent : Alexis Gomane.

 

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