Rouen - Amiens (11 mars 2005)

 

Quart de finale de la Ligue Magnus 2005, première manche.

Rouen tombe de haut

Celle-là, les Dragons ne l'ont pas vue venir. Dans une ambiance (trop) réservée, les Amiénois ont pourtant été les premiers (les seuls ?) à livrer une rencontre de play-off. Tôt dans le match, en bons guerriers, Élie Marcos (0'23), Willmann (2'40) et Rozenthal (4'34) obtiennent de bonnes positions de tirs. Avec leur implication physique, les Gothiques pressent haut et contrarient les Normands, même si Pierre-Édouard Bellemare se procure la première occasion du match. Après un café-crème face à Michal Vrabel, le junior rouennais bute sur Mindjimba (3'57). Les joueurs du RHE ne se libèrent toujours pas et les Gothiques en imposent. Ils s'appuient sur une défensive intraitable. Willman ne laisse rien passer (9'54). À la faveur d'un jeu solide en zone neutre, les offensives picardes sont désormais tranchantes. Petit et Gras lors d'un "deux-contre-un", surpris de l'opportunité, gaspillent une chance d'ouvrir le score (11'05). Tout comme François Rozenthal, une minute plus tard. Après un cadrage débordement par la gauche, il se présente de côté face à Éric Raymond qui est battu par une feinte, mais ne parvient pas à redresser la rondelle dans la cage vide (12'09).

La maison noire et jaune prend l'eau. Il n'y a qu'un seul homme pour colmater la fuite, Jonas Elofsson. Le grand blond a disputé, ce soir, sa meilleure partie sur l'île Lacroix. D'abord, il joue parfaitement son rôle de défenseur et reprend Richard Aimonetto parti derrière son dos (13'49). Ensuite, il sert de rampe de lancement à Kimmo Salminen. La longue passe précise du Suédois trouve l'ailier finlandais à la ligne bleue. Le "héros local" se présente seul face à Mindjimba qui s'oppose au lancer mais laisse un rebond qui, dans la confusion, est repris victorieusement par Sami Karjalainen (1-0 à 15'38). Avec ce but, les Dragons semblent enfin libérés et emballent la rencontre à l'image d'Arnaud Briand (17'20), mais sans se montrer réellement dangereux malgré un Ludek Broz rayonnant face à Zwikel (18'14). La première pause coupe le rythme que tentent d'imposer les joueurs de Franck Pajonkowski.

Si Amiens reprend tambour battant la deuxième période avec une tentative de Zwikel trouvé par Rozenthal (20'18), les Rouennais sont désormais bien calés dans la rencontre. Alexandre Lefebvre se voit refuser un but à la suite d'une accélération tonitruante de Pierre-Édouard Bellemare en grande forme (21'51). Guillaume Besse, servi adroitement par Adrien Dufournet, oblige Mindjimba à un arrêt important (23'14). Le gros pressing exercé par les Dragons leur apporte leur premier jeu de puissance de la partie. Les joueurs normands y sont à l'aise et ont plusieurs bonnes situations de tirs assez habilement amenées et exploitées, cependant Amiens parvient à annihiler l'infériorité numérique. Rouen continue de dominer mais Arnaud Briand manque de précision à la conclusion d'une action franche (27'49). Pas assez réalistes, les Dragons s'exposent aux contres picards. Sur l'un d'eux, Guillaume Karrer lance de loin, engendrant un énorme rebond puis un désordre dans lequel Quessandier doit faire "le ménage" pour éviter l'égalisation (28'59). Sanctionné d'une pénalité, ce nettoyage brise le rythme des Dragons. Les Gothiques se montraient un peu plus. Une offensive de Gras qui trouve Mortas démarqué près de la cage soumet Raymond à un énorme arrêt (33'39). Passés près de l'égalisation amiénoise, les Dragons reviennent à leur leitmotiv : la défense. Amiens ne se risquant plus en attaque, la rencontre, un peu léthargique à ce moment, se passe beaucoup en zone neutre jusqu'à la seconde pause, sans qu'aucune offensive ne soit notable, malgré beaucoup de patinage de part et d'autre.

L'arbitrage de M. Bachelet, jusqu'alors très "coupe Stanley", va évoluer sans crier gare. Peu de choses avaient été sifflées depuis le début de la rencontre, favorisant les obstructions frustrantes et les "accrocher" énervants. Les Rouennais sont les premiers pénalisés par cette variation aussi subite que préjudiciable dans un match de play-offs. Sur leur première infériorité, ils s'en tirent mieux que leurs adversaires avec un contre faramineux de Stéphane Robitaille en compagnie de Broz, à l'issue duquel palet échoue sur l'épaule droite de Mindjimba (42'27). La seconde qui suit aussitôt est davantage en faveur des coéquipiers de Luc Chauvel. Rozenthal force Raymond à un arrêt salvateur de la botte (43'54). Denis Perez, encore bousculé par un public rouennais à la mémoire très courte et définitivement condamné pour son irrévocable adultère avec les Picards (il sera le futur coach d'Amiens), pèse en vain de tout son poids sur une pression de Gras et d'Aimonetto (44'41). Passé ce coup de chauffe, les choses rentrent dans l'ordre pour les Rouennais de nouveau à parité sur la glace après quatre minutes à un homme de moins. Ludek Broz envoie à Guillaume "Tell" Besse. De loin, à droite le long de la bande, sans se poser de question, le capitaine normand surprend Mindjimba inattentif (2-0 à 47'20). Le match devient très fermé. C'est le temps des provocations Besch et Gras (48'53). Les défenseurs sont rois au royaume de la trappe. Daniel Carlsson devant Brice Chauvel (51'42), Nicolas Besch sur Mortas (53'40) et Benoît Quessandier face à Rozenthal (54'32) font preuve d'une réelle assurance et d'une belle maîtrise. Amiens perd son esprit guerrier et cède à l'ascendance rouennaise. Les visiteurs semblent renoncer à leur discipline, comme Luc Chauvel envoyé sur le banc des punis (55'18). Les Dragons maintiennent la pression sur ce jeu de puissance avec une belle phase d'installation et de bons mouvements qui entraînent quatre tirs cadrés, sans qu'aucun ne soit décisif. Rouen n'a pas tué le match. À la fin de ce tte prison, c'est Besch qui est sanctionné pour retenir. La faute sifflée n'est pas du tout évidente, en tout cas pas pour le Rouennais désigné (57'20). Cependant, Rouen mène de deux buts à moins de trois minutes de la fin devant des Amiénois sur la pente descendante...

Cette supériorité, Amiens la joue avec expérience et bon sens. Timo Willman, est placé en force, logiquement comme son gabarit le lui autorise, devant Éric Raymond. Avant que l'arbitre ne siffle un arrêt du portier rouennais sur un lancer amiénois, le Finlandais peut pousser le palet pourtant bloqué sous les jambières du gardien et réduit la marque (2-1 à 58'00). Raymond proteste vivement et semble sortir de son bon match. Huit secondes après le rétrécissement du score, Antoine Richer réclame un temps mort. Il sort son gardien et prépare un coup. Au retour sur la glace, Éric Raymond palabre encore avec M. Bachelet. Il en perd certainement un peu d'influx et de concentration. Vingt-six secondes plus tard, il est surpris par un vif lancer de la bleue exécuté par Anthony Mortas, après que Jonathan Zwikel a remporté, dans le camp rouennais, la mise au jeu sans doute la plus importante de la rencontre. En une minute et trente-quatre secondes, les Gothiques sont ressuscités. Les morts-vivants de la cinquante-septième minute obtiennent la mort subite.

La prolongation jouée à quatre contre quatre est intense. Les Dragons font preuve de grandes vertus, de courage et d'envie. Enfin, ils jouent avec caractère un match de play-offs. Ils obtiennent les plus belles occasions. Mais, sans doute en raison de la fatigue, la lucidité leur fait défaut, à moins que ce ne soit leur empressement. Les Amiénois, même archi-dominés, obtiennent des solutions de tirs mais pas vraiment d'actions franches. Ils semblent attendre les tirs au but et ils y parviennent.

Avec un droit à l'erreur encore possible (ce n'est que le premier match de la série), Guy Fournier et Franck Pajonkowski prennent tous les risques en faisant tirer en premier leur leader d'attaque, Kimmo Salminen, en pleine réussite actuellement dans ce genre d'exercice. Salminen réussissant, ils savaient que le moral des suivants, les expérimentés Besse, Robitaille et Briand préférés aux hommes en forme de ce soir (Elofsson et Bellemare), leur permettrait sans doute d'être performants dans cette épreuve. Dans le cas contraire, l'ascendant irait aux Gothiques.

Kimmo Salminen s'élance et bute sur Mindjimba. Le gardien picard détourne aussi les trois tireurs rouennais suivants (de peu celui de Besse). Pendant ce temps, Mortas et Zwikel ont trouvé les filets d'Éric Raymond. Jonathan Zwikel, le dernier joueur à s'élancer, a sans doute appris l'amabilité depuis Klagenfurt, où il avait refusé l'amical bonjour autrichien des supporters de l'équipe de France. Il a salué le public rouennais en lui souhaitant un au revoir d'un geste de la main. Prémonitoire ?

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Rouen - Amiens 2-2 (1-0, 0-0, 1-2, 0-0) / 0-2 aux tirs au but

Vendredi 11 mars 2005 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2632 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Damien Bliek et Steve Bataillie.

Pénalités : Rouen 10' (0', 2', 8', 0'), Amiens 6' (0', 2', 4', 0').

Tirs : Rouen 39 (11, 8, 11, 9), Amiens 45 (10, 8, 17, 10).

Occasions de but : Rouen 7 (1, 3, 1, 2), Amiens 7 (2, 3, 2, 0).

Évolution du score :

1-0 à 15'38" : Karjalainen assisté de Salminen et Elofsson

2-0 à 47'20" : Besse assisté de Broz

2-1 à 58'00" : Willmann assisté de Zwikel (sup. num.)

2-2 à 58'34" : Mortas assisté de Zwikel

Tirs au but :

Rouen : Salminen (manqué), Besse (manqué), Robitaille (manqué), Briand (manqué).

Amiens : Aimonetto (manqué), Mortas (réussi), Rozenthal (manqué), Zwikel (réussi).

 

Rouen

Gardien : Éric Raymond 45/49 (92%).

Défenseurs : Jonas Elofsson - Nicolas Besch ; Stéphane Robitaille - Benoît Quessandier ; Daniel Carlsson - Benoît Pourtanel.

Attaquants : Kimmo Salminen - Arnaud Briand - Sami Karjalainen ; Guillaume Besse - Ludek Broz - Adrien Dufournet ; Alexandre Lefebvre - Jean-Philippe Paré - Pierre-Édouard Bellemare.

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Simon Doreille et Tristan Lemoine.

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba 41/43 (95%).

Défenseurs : Julian Marcos - Timo Willman ; Vincent Bachet - Denis Perez ; Michal Vrabel - Guillaume Karrer.

Attaquants : Élie Marcos - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Laurent Gras - Anthony Mortas - Simon Petit ; Luc Chauvel - Richard Aimonetto - Brice Chauvel

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), David Hennebert, Mathieu Jestin, Lionel Wiotte et Julien Lefranc.

 

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