Quart de finale de la Superliga russe 2004/05, première manche.

Le retour de la vengeance masquée 2 ! L'an passé en finale de la Superliga, l'Avangard Omsk avait été sacré champion de Russie en battant le Metallurg Magnitogorsk aux tirs au but de la cinquième manche, à Magnitogorsk, après un 0-0, après que Magnitka avait mené deux manches à zéro. Autant dire que cela est resté en travers de la gorge des Ouraliens. Surtout que le gardien actuel des Sibériens n'est autre que Norm Maracle, le Canadien qui gardait les cages du Metallurg la saison passée !

Il y a foule pour ce choc, près de quatre mille spectateurs dans un palais des sports Romazane qui ne peut guère en loger plus. On note, comme à l'habitude, une forte délégation de supporters d'Omsk, toujours aussi fidèles et habitués des déplacements. Même, si à l'échelle de la Russie, ce n'est pas le bout du monde de se rendre de Sibérie Occidentale en Oural...

D'entrée, le Metallurg met la pression sur les visiteurs. À tel point que dès la deuxième minute, le défenseur international arrivé de Cherepovets a l'intersaison, Sergueï Goussev, est obligé de retenir un attaquant local filant vers les buts. Mais les Sibériens maîtrisent la situation, et peu après la fin de prison, c'est Evgueni Nabokov, le gardien né au Kazakhstan du Metallurg, qui doit sortir le grand jeu sur deux actions chaudes consécutives. Cela met certainement ses coéquipiers encore plus en confiance, puisque sur la contre-attaque, le transfuge du Spartak de Moscou en cette fin de saison, Fedor Fedorov, ouvre la marque (1-0, 8'19).

L'Avangard, fidèle à sa réputation d'équipe offensive, ne s'en laisse pas compter, et la méga-paire offensive Zatonski-Souchinski sème la désolation dans l'arrière-garde ouralienne, Maxime Souchinski échouant cependant de peu sur un Nabokov des plus chauds. Mais Souchinski part ensuite en prison (15'48) suivi peu de temps après par son coéquipier, le défenseur international formé au Dynamo Dimitri Ryabykine. À cinq contre trois, le Metallurg ne veut pas rater l'aubaine. Il pousse d'une manière impressionnante et cela finit par payer alors que Souchinski a fini de purger sa peine. Un superbe tir du revers du défenseur international de Boston et formé dans l'Oural, au Traktor Chelyabinsk, Sergueï Gonchar. Son tir passe entre les jambes de Norm Maracle qui était masqué. Cela fait donc 2-0 à 18'26. Dans la dernière minute de ce premier tiers, Evgueni Nabokov confirme qu'il est intenable dans sa cage cet après-midi avec un arrêt impressionnant de la mitaine sur un tir à bout portant après une passe de derrière la cage au millimètre de Jaromir Jagr. 2-0 à la fin du premier tiers, les quatre mille spectateurs (moins les Sibériens) sont ravis...

La deuxième période démarre tout aussi "à fond, à fond, à fond" que la première. L'attaquant du Metallurg Aleksei Tertychnyi, également formé au Traktor Chelyabinsk, part en breakaway, mais Norm Maracle veille. Un gardien canadien qui a beaucoup de travail en ce début de période. Magnitka pousse très fort... mais ce sont les visiteurs qui reviennent au score. Une première fois, l'arbitre refuse un but à Souchinski pour un hors-jeu, après réclamation du capitaine local Karpov et recours à la vidéo, mais la seconde tentative est la bonne. Un tir de la bleue de Iouri Panov, passe juste au-dessus de la mitaine d'Evgueni Nabokov, qui a été surpris, car masqué au départ du tir. Le défenseur formé à Omsk ramène donc son équipe à portée de fusil juste après la mi-match (2-1).

Un match toujours aussi rapide, spectaculaire et donc qui ravit les spectateurs et téléspectateurs, ravis que la chaîne Sport n'ait pas choisi de diffuser le quart de finale du Lada... Pour preuve, ce superbe tir de l'attaquant de Magnitka Alexandre Savtchenkov, arrivé en cours de saison du Dynamo et formé où ? Aux Krylia Sovietov nom d'un moujik ! Tout comme son coéquipier, le défenseur Evgueni Varlamov ! Ce tir krylien est cependant bien dégagé par Norm Maracle. Un début de bagarre derrière la cage de Nabokov va cependant avoir de sacrées conséquences. Soubbotine et Gonchar vont se calmer pendant quatre minutes et tout bascule. Suite à une passe millimétrée de Jagr, brièvement passé sur la première ligne pendant que Prokopiev se fait soigner; Maxime Souchinski file à vitesse grand V entre deux défenseurs de Magnitka et se retrouve seul pour fusiller Evgueni Nabokov et égaliser. Mais dans la foulée, une minute plus tard, après une autre passe sublime depuis la zone de défense, Alexandre Savtchenkov ne rate pas la cible cette fois-ci et redonne l'avantage a son équipe à la seconde pause. Pourtant, les dernières minutes de ce tiers sont très chaudes, Jagr tente un audacieux tour de cage et Nabokov sort vainqueur d'un face-à-face.

3-2 pour le Metallurg à l'entrée des vingt dernières minutes, ce quart de finale entre les deux équipes les plus offensives du pays tient ses promesses. Pourtant, le jeu s'équilibre en début de dernière période. Les deux équipes sentent bien que le prochain but sera décisif. Si dans le tiers précédent une prison de chaque côté avait été décisive, les pénalités infligées au capitaine ouralien Valeri Karpov et à l'attaquant sibérien Maxime Souchinski ne donnent rien. En revanche, Omsk se fait une grosse frayeur en double infériorité avec Jaromir Jagr et Sergueï Goussev en prison. Magnitka pousse, mais Maracle est intraitable.

Et l'on rentre dans les cinq dernières minutes. Dimitri Zatonski pense être le commissaire Bourrel, mais sa belle occasion échoue devant le phénoménal Evgueni Nabokov. La dernière prison, infligée à l'attaquant des champions Alexandre Perejoguine, est décisive. Sur une attaque rapidement menée, suite une fois encore dans ce match à une passe lumineuse depuis la zone défensive de Sergueï Gonchar (après une relance rapide du gardien Nabokov), Nikolaï Zavaroukhine trompe Norm Maracle, couché sur cette action, qui touche le palet mais qui ne peut l'empêcher de rentrer dans la cage. Une vérification de la vidéo plus tard, voila Magnitka qui mène de deux buts à une minute trente de la fin du match. À l'entrée de l'ultime minute, Norm Maracle sort de sa cage, mais comme bien souvent, ce sont les adversaires qui en profitent. Edouard Koudermetov marque dans les filets déserts.

5-2, c'est fini, Magnitka mène une manche à zéro. Et cela ne sert à rien de s'énerver pour Maxime Souchinski qui prend dix minutes de méconduite à la fin du match pour être allé "gnagnagner" auprès de l'arbitre. Un match pour vous réconcilier avec le hockey russe. Que de belles choses, deux équipes offensives, bref, du hockey, pas de la destruction d'attaques adverses.

Dans les autres quarts, la surprise est venue de Kazan où l'Ak Bars local et ses grandes et coûteuses étoiles ont pâli face au Lokomotiv Iaroslavl qui s'impose 2-1 au Tatarstan. Le Lada Togliatti s'est débarrassé du Metallurg Novokouznetsk 3-0 (ouh la la, autant de buts, cela donne presque le vertige), et le Dynamo de Moscou a écarté 2-0 le Neftekhimik de Nijnekamsk. Un match qui s'est déroulé au palais des sports des Krylia Sovietov, car Loujniki est pris par les championnats du monde de patinage artistique.

Étoiles du match : *** Sergueï Gonchar (Magnitogorsk), ** Evgueni Nabokov (Magnitogorsk), * Jaromir Jagr (Omsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

Commentaires d'après-match (dans Sport-Express)

Marek Sykora (entraîneur de Magnitogorsk) : "Le meilleur hockey de notre équipe n'était pas celui de la première période, où nous avons marqué deux buts, mais celui du début de deuxième période. En quelques minutes, nous avons eu deux face-à-face avec le gardien, deux situations de deux contre un et plusieurs autres occasions. Si nous avions inscrit le 3-0, rien de ce qui s'est passé ensuite n'aurait eu lieu. La réduction du score a effrayé l'équipe, car il restait encore beaucoup de temps à jouer. Nous avons été chanceux qu'ils n'aient pas égalisé à 2-2. Pour la troisième période, j'ai demandé à mes joueurs une attention maximale en défense. Ils ont respecté la consigne. [...] Kaïgorodov a été excellent pendant presque toute la saison régulière, il a été décisif dans de nombreuses rencontres. Il est encore jeune, et s'il connaît une petite baisse de forme actuellement, c'est peut-être qu'il n'a pas la force d'assumer une telle responsabilité. Mais il aura de nouveau sa chance demain."

Fedor Fedorov (attaquant de Magnitogorsk) : "En ce qui concerne mon but marqué sous la transversale, j'essaie presque toujours de tirer le plus haut possible dans ce genre de situations. En effet Maracle est un ancien de NHL, et en Amérique du nord, la majorité des gardiens essaient de couvrir au maximum la partie basse du filet."

Valeri Belousov (entraîneur d'Omsk) : "Je veux attirer l'attention de chacun sur le fait que ce sont les play-offs. Ce n'est pas le moment d'utiliser de jeunes arbitres comme celui d'aujourd'hui qui n'ont pas l'expérience adéquate."

Viktor Fedorov (père de Sergueï et de Fedor Fedorov) : "Je vous assure que le niveau de ces play-offs de Superliga peut être comparé à ceux de NHL. Et je ne peux que remarquer la qualité du public. À Magnitogorsk, comme dans d'autres villes russes, les spectateurs lisent le jeu comme dans un livre ouvert. Ils ont cette compréhension du hockey que n'ont pas beaucoup de supporters de Detroit, qui ne viennent au match que pour boire de la bière et siffler. J'ai suivi la rencontre en invité à côté du père d'Evgueni Malkin. Nous étions contents de voir comment la ligne de nos garçons a mangé celle de Jaromir Jagr. Le but de Fedor est le plus beau de cette première journée de play-offs, inscrit dans les meilleures traditions du hockey russe après une excellente interaction avec ses partenaires qui lui ont ouvert un espace, mais je ne lui mettrais pas la note parfaite pour son match. Il y a eu une présence au deuxième tiers où il a commis trois erreurs à la suite."

Vladimir Plyushchev (entraîneur-adjoint de la sélection de Russie) : "À Yaroslavl, Yashin a essayé de s'intégrer à un jeu collectif déjà créé ; à Omsk, ils essaient de construire leur jeu autour de Jagr. Vous voyez la différence... L'Avangard était meilleur l'an dernier."

Metallurg Magnitogorsk - Avangard Omsk 5-2 (2-0, 1-2, 2-0)

Vendredi 18 mars 2005 à 16h30 au palais des sports Ivan Romazan. 3900 spectateurs.

Arbitrage de M. Ravodin (Moscou) assisté de MM. Aleshin et Elistratov.

Pénalités : Magnitogorsk 10', Omsk 28'.

Tirs : Magnitogorsk 24 (8, 8, 8), Omsk 30 (9, 13, 8).

Évolution du score :

1-0 à 08'19" : Fedorov assisté de Malkin et Sykora

2-0 à 18'26" : Gonchar assisté de Kudermetov et Gladskikh (sup. num.)

2-1 à 32'00" : Panov assisté de Perezhogin

2-2 à 36'21" : Sushinsky assisté de Jagr et Gusev

3-2 à 37'22" : Savchenkov assisté de Razin et Gogolev

4-2 à 58'26" : Zavarukhin assisté de Gonchar et Nabokov (sup. num.)

5-2 à 59'01" : Kudermetov assisté de Zavarukhin et Karpov

Gardien : Evgueni Nabokov.

Défenseurs : Vitali Atyushov - Evgueni Varlamov ; Sergueï Gonchar - Roman Kukhtinov ; Evgueni Petrochinin - Dmitri Kalinin ; Martin Cech (TCH).

Attaquants : Evgueni Gladskikh - Alekseï Kaïgorodov - Alekseï Tertyshny ; Fedor Fedorov - Evgueni Malkin - Petr Sykora (TCH) ; Aleksandr Savchenkov - Andreï Razin - Dmitri Gogolev ; Eduard Kudermetov - Nikolaï Zavarukhin - Valeri Karpov (c).

Remplaçant : Konstantin Simchuk (G, UKR).

Gardien : Norm Maracle (sorti de 58'54" à 59'01").

Défenseurs : Aleksandr Guskov - Dmitri Ryabykin ; Oleg Tverdovsky (c) - Igor Nikitin ; Kirill Koltsov - Sergueï Gusev ; Nikita Nikitin.

Attaquants : Maksim Sushinsky - Aleksandr Prokopiev - Dmitri Zatonsky ; Jaromir Jagr - Anton Kurianov - Aleksandr Perezhogin ; Andreï Kovalenko - Alekseï Kalyuzhny - Aleksandr Popov ; Evgueni Khatseï - Yuri Panov - Dmitri Subbotin.

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

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