Suède - Finlande (9 avril 2005)

 

Match pour la troisième place des championnats du monde féminins 2005.

Ces championnats du monde l'ont prouvé, le fossé entre les deux nations nord-américaines et le reste du monde n'est pas près de se rétrécir. Il y a quelques années, la Finlande était proche des Canadiennes et des Américaines, mais elle ne peut plus aujourd'hui que limiter les dégâts offensivement contre ces équipes. La Suède, qui aspire à la remplacer dans son rôle de n°3 mondiale, n'a pas plus l'allure d'un challenger. Et à voir les écarts creusés au premier tour par les deux favorites, on en vient à se demander si c'était une bonne idée de supprimer les championnats d'Europe, qui pouvaient permettre à plusieurs pays de se battre pour des médailles dans une compétition serrée, car ces championnats du monde à rythme annuel sont extrêmement déséquilibrés. Heureusement, les demi-finales ont été rassurantes, car Suédoises et Finlandaises ont bien résisté, l'équipe locale menant même pendant un tiers-temps face aux Américaines. Il n'empêche que la finale sera la même que d'habitude, et que les nations nordiques se disputeront une nouvelle fois le bronze.

Si l'on fait abstraction du Canada et des États-Unis, la compétition est intéressante entre des équipes dans des stades de développement comparables. Les pays européens n'ont pas l'homogénéité de leurs homologues nord-américains, mais ils ont quelques joueuses qui se distinguent individuellement et qui sont donc toujours intéressantes à suivre. En Suède, le phénomène s'appelle Maria Rooth. Dès la première attaque scandinave, elle ressort de la bande dans l'axe et voit la gardienne finlandaise qui a commencé à se déplacer. Elle décoche alors un revers à ras la glace qui tape le poteau puis l'arrière de la jambière de Piiroinen (1-0 à 00'24").

Les Finlandaises ne pouvaient pas plus mal commencer, mais cela ne fait que les conforter dans leurs aspirations offensives, contrariées face aux Canadiennes où elles devaient uniquement défendre. Elles pressent haut, elles coupent les passes, et elles prennent le contrôle du match. La gardienne suédoise Kim Martin a elle aussi des faiblesses, et elle se fait une grosse frayeur quand un lancer de la zone neutre destiné à installer un jeu de puissance finit sa course sur sa transversale. Les pénalités suédoises sont trop nombreuses, et après un surnombre, Satu Hoikkala concrétise la supériorité avec un lancer balayé à la trajectoire déviée qui lobe Martin (1-1 à 15'58"). Lorsque les Suédoises sont en avantage numérique, elles ont plus de difficultés. Elles attendent peut-être un peu trop que Rooth fasse la différence, et de manière générale elles sont impitoyablement chassées de l'enclave par des arrières finlandaises très agressives. Si les mises en échec sont bannies en hockey féminin, il n'est pas interdit d'immobiliser l'adversaire et de le pousser hors de la zone dangereuse, et les Finlandaises ne s'en privent pas.

Les meilleures occasions continuent à être finlandaises en deuxième période. Evelina Similä est démarquée à bout portant sur une passe de derrière la cage de Riipi. On parlait de joueuses supérieures techniquement, et le pendant de Rooth côté finlandais, c'est en ce moment Karoliina Rantamäki. Elle fait un tour de cage, ne cadre pas son tir, mais retourne chercher elle-même le palet dans le coin, se rapproche du but et sert parfaitement Saija Sirviö qui inscrit dans la cage ouverte son premier but du tournoi (1-2 à 25'21"). Un dénouement logique tant la défense suédoise a été aux abonnés absents sur cette action. Il faut dire que Rantamäki lui fait bien des misères. Rien que dans la seconde moitié du deuxième tiers-temps, elle dribble deux joueuses suédoises - dont une sans crosse - pour porter seule le danger devant la cage, elle contre un palet à la ligne bleue offensive pour un face-à-face perdu avec Kim Martin, et à l'avant-dernière minute, elle déborde et centre pour Katja Riipi qui rate sa reprise.

Après quarante minutes, il semble que la Suède n'arrivera pas à déloger les Finlandaises du podium. Elle avait semblé passer devant ces dernières années, depuis sa médaille de bronze à Salt Lake City, mais elle n'arrive pas à concrétiser aux championnats du monde. La perte de sa vedette Pernilla Winberg, blessée au genou, y est peut-être pour beaucoup, d'autant qu'une seconde joueuse suédoise, Frida Nevalainen, a dû quitter la glace en première période après avoir pris un palet sur la malléole interne de la cheville.

Pourtant, même diminuées et dominées, les Suédoises n'ont pas encore dit leur dernier mot. Mertanen est pénalisée pour accrocher, et si l'arbitre ne siffle pas un retenir la crosse très évident qui aurait pu déclencher une double supériorité, l'action se poursuit. Les Scandinaves sont installées en jeu de puissance et marquent sur un petit rebond lâché par Annakaisa Piiroinen (2-2 à 43'52"). Le match change alors complètement de physionomie. Les Finlandaises sont moins vigilantes défensivement et commettent des fautes. Sirviö part à son tour en prison pour faire trébucher, et sur un lancer balayé de la bleue de Gunilla Andersson repoussé par la jambière de la gardienne, Emilie Okonor glisse le rebond sous la botte de Piiroinen au moment où celle-ci la relève (3-2 à 48'04").

Désormais, les rôles sont inversés. La volonté et l'abnégation sont suédoises, et les relances douteuses sont finlandaises. En jeu de puissance après un nouveau surnombre suédois, Kati Kovalainen rate sa fermeture de zone à la bleue et se fait chiper le palet par Okonor qui venait de purger la prison et qui s'échappe en solitaire... mais Kovalainen se rachète par un superbe plongeon en écartant in extremis le palet avec sa crosse alors que la Suédoise venait de rentrer dans l'enclave. Ce n'est que partie remise... Sur une nouvelle supériorité finlandaise, Satu Hoikkola est contrée à la bleue par Elin Holmlov qui lance sa capitaine Erika Holst pour un nouveau breakaway, joliment transformé entre les jambières (4-2 à 55'08"). Les meilleures Finlandaises ne sortent plus de la glace mais la résignation règne. Alors que sa gardienne est sortie, Kovalainen vient chercher un palet sans trop de conviction derrière sa cage, croyant peut-être à un dégagement interdit, et elle se le fait prendre par Rooth. Comme tout à l'heure, elle essaie de se racheter tout de suite de sa faute et contre le tir, mais la deuxième tentative est la bonne pour Maria Rooth. Après avoir donné le la, c'est également elle qui interprète la coda en cage vide (5-2 à 59'46").

Ce championnat du monde à domicile n'aura donc pas été un échec pour la Suède. Le 0-10 contre le Canada est oublié, on préfèrera retenir qu'elle est enfin venue à bout de la Finlande pour remporter la première médaille mondiale de son histoire. L'entraîneur suédois Peter Elander se congratule avec la blessée Wiberg, qui est en civil sur le banc et monte sur la glace se joindre à la fête pour féliciter ses coéquipières.

Élues meilleures joueuses du match : Maria Rooth pour la Suède et Jenni Hiirikoski pour la Finlande.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Suède - Finlande 5-2 (0-0, 3-0, 2-1)

Samedi 9 avril 2005 à 15h30 au Cloetta Center de Linköping. 2536 spectateurs.

Arbitrage de Katerina Ivicicova (TCH) assistée de Kelli O'Brian (USA) et Kim Robichaud (CAN).

Pénalités : Suède 20' (8', 6', 6'), Finlande 14' (2', 8', 4').

Tirs : Suède 29 (10, 10, 9), Finlande 33 (16, 12, 5).

Évolution du score :

1-0 à 00'24" : Rooth

1-1 à 15'58" : Hoikkala (sup. num.)

1-2 à 25'21" : Sirviö assistée de Rantamäki

2-2 à 43'52" : Vikman assistée de Sjölander (sup. num.)

3-2 à 48'04" : Okonor assisté d'Andersson (sup. num.)

4-2 à 55'08" : Holst assistée de Holmlov (inf. num.)

5-2 à 59'46" : Rooth (cage vide)

 

Suède

Gardienne : Kim Martin (remplacée par Cecilia Andersson de 43'52" à 44'05").

Arrières : Gunilla Andersson - Emma Eliasson ; Jenni Asserholt - Ylva Lindberg ; Kristina Lindberg - Frida Nevalainen.

Attaquantes : Maria Rooth - Erika Holst - Emilie Okonor ; Danijela Rundqvist - Evelina Samuelsson - Elin Holmlov ; Therese Sjölander - Nanna Jansson - Anna Vikman ; Katarina Timglas - Ann-Louise Edstrand.

Finlande

Gardienne : Annakaisa Piiroinen (sortie de sa cage de 58'55" à 59'46").

Arrières : Saija Sirviö - Kati Kovalainen ; Jenni Hiirikoski - Terhi Mertanen ; Satu Kipeli - Emma Laaksonen ; Heidi Pelttari.

Attaquantes : Saara Tuominen - Mati Saarinen - Satu Hoikkola ; Karoliina Rantamäki - Katja Riipi - Nora Tallus ; Eveliina Simila - Tiia Reima - Sari Fisk ; Oona Parviainen - Vilja Lipsonen.

Remplaçante : Noora Raty (G).

 

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