Lituanie - France (17 avril 2005)

 

Championnats du monde 2005 de division I, groupe B.

En tant que reléguée, la France a droit à un calendrier idéal avec des rencontres majoritairement en soirée par ordre de difficulté croissant. Cela commence par une confrontation avec le promu de la division II mondiale, la Lituanie. Celle-ci s'est préparée en organisant un tournoi, la "Baltman Cup", avec ses voisins. Mais vu la différence de niveau avec ceux-ci, elle n'y a pas affronté de vraies équipes A. Elle a gagné 5-2 contre une formation lettonne composée essentiellement de juniors de Riga, et a perdu 1-5 face au club biélorusse de Brest. Mais depuis, les Baltes ont reçu un renfort de poids en la personne de Dainius Zubrus. Des deux joueurs lituaniens en NHL, il y en a un qui a choisi de représenter la Russie, le défenseur Darius Kasparaitis. On ne le verra donc jamais sous le maillot letton, en tout cas pas sur la glace (il le portait lors de la cérémonie d'inauguration du centre sportif d'Elektrenai). En revanche, Zubrus tient à son pays, même s'il a revêtu le maillot de la Russie - entretenant ainsi une confusion étrange dans des esprits peu au fait de la géopolitique - le temps de la coupe du monde. Ce changement de maillot bizarre dans une compétition non officielle est sans influence, et il peut aujourd'hui rejoindre enfin sa sélection nationale qui a gravi les échelons sans lui.

S'il y a bien un joueur qui marque d'entrée pour sa première sélection en match officiel, il ne s'agit pas de Zubrus mais de Julien Desrosiers. Démarqué dans l'enclave, il reprend une passe de derrière la cage de Meunier sur ce qui est le premier tir français (0-1 à 00'27"). Le match s'annonce à sens unique, mais la seule présence de Dainius Zubrus garantit déjà que les défenseurs français ne passeront pas une soirée tranquille. Car quand il amène son grand gabarit devant la cage, Jeff Bonnard, qui fait tout petit à côté, doit s'employer pour l'écarter. En attaque en revanche, les Bleus déroulent. Sur leur première supériorité, après un surnombre lituanien, le gardien Nerijus Dauksevicius laisse échapper de sa mitaine un tir bas de Simon Bachelet, et Guillaume Besse conclut (0-2 à 05'28"). Après seulement huit minutes de jeu, c'est encore sur un rebond qu'Olivier Coqueux inscrit le troisième but (0-3 à 08'12").

On ne peut pas parler d'absence d'opposition, il suffit d'attendre que Zubrus, récent finaliste de la Superliga russe avec le Lada Togliatti, monte sur la glace (pas besoin d'attendre longtemps vu son temps de jeu). Même en infériorité numérique, il se joue de Simon Bachelet en un contre un et pousse le défenseur grenoblois à la faute. On aurait tout de même tort de croire que cette équipe lituanienne se résume à un seul homme. On voit des attaques variées et de jolis gestes offensifs, comme cette passe aveugle de Slikas, et les tirs sur Lhenry sont plus nombreux que prévu. Bien sûr, il y en a beaucoup plus sur Dauksevicius, qui laisse trop de rebonds. Après un tir de son frère François, l'opportuniste Maurice Rozenthal vient contrer le palet relâché puis le propulser sous la transversale par un magnifique coup de crosse avant même qu'il ne retombe sur la glace (0-4 à 16'43").

Ce beau premier tiers-temps, facile pour les tricolores, est complètement gâché par les deux dernières minutes. En jeu de puissance, Dostal perd le palet en zone offensive, et Dainius Zubrus part en contre-attaque pour réaliser un superbe une-deux avec Egidijus Bauba, qui ne dépare pas dans cette action avec le maître (1-4 à 18'54"). Passe encore ce léger rappel à l'ordre, mais la suite est moins pardonnable. Alors que la même supériorité numérique est sur le point de se terminer, Maurice Rozenthal vient "tranquillement" rechercher le palet au fond de sa zone, et il perd le palet face à Sarunas Kuliesius qui fait le tour de la cage (2-4 à 19'47"). Sur ce coup-là, promis juré, Zubrus n'y est pour rien. C'est la déconcentration de l'équipe de France qui est responsable de cette rentrée tête basse aux vestiaires.

On s'attend à ce que les Bleus reviennent recadrés et regonflés, mais on est déçu. Ils peinent à mettre du rythme et à perpétuer leur domination. Le gardien Dauksevicius s'est repris et laisse moins de rebonds - il faut dire aussi qu'il reçoit moins de palets. Et il y a encore des bévues intolérables en match international, comme ce cadeau dans l'axe de Bachet pour Bernatavicius, alors que les Bleus sont à cinq contre trois ! Dans les dernières secondes de cette double supériorité, Vincent Bachet se rachète avec un lancer de la bleue dévié par Nicolas Favarin, qui avait pris un palet dans la lèvre quelques minutes plus tôt (2-5 à 33'07"). Jusque dans les ultimes instants de ce tiers-temps, les erreurs se répètent, à l'instar de ce dernier palet rendu en zone défensive par Desrosiers, qui donne encore un bon tir du haut de l'enclave à Pliskauskas.

Julien Desrosiers est en retard au retour des vestiaires, et il n'est pas autorisé à traverser la glace alors que le jeu va reprendre. Il doit donc faire le tour de la patinoire, pendant que Laurent Gras le remplace sur l'engagement de la troisième période. Un symbole d'une équipe de France qui semble un peu sortie du match. Un joueur lituanien tombe en entrée de zone entre deux Bleus, mais l'étonnant Darius Lelenas passe dans le dos d'une défense tricolore passive pour inscrire un troisième but en se ramenant joliment le palet du patin (3-5 à 48'42"). Avec un tour de cage de Lelenas ou encore un lancer de Zubrus dans le masque de Lhenry, la menace balte reste donc pressante jusqu'à la sirène finale, dans un match où les Bleus auraient dû être à l'abri dès le premier tiers.

La France n'avait rencontré la Lituanie qu'une seule fois, et c'était dans des circonstances exactement similaires, la seule autre fois où elle était descendue de l'élite mondiale. Il y a quatre ans à Grenoble, là aussi pour son premier match, elle avait facilement gagné 8-1. Ensuite, trop sûre d'elle, elle avait tout perdu dans les deux rencontres suivantes contre Néerlandais et Hongrois. Espérons que cette première alerte aidera les Bleus à préparer sérieusement leurs confrontations face à l'Estonie et la Roumanie, même s'ils ont très facilement battu ces deux adversaires aux pré-qualifications olympiques en novembre. Car ce soir, les Français se sont mis tout seuls en difficulté en accumulant les erreurs défensives après une entame de match idéale.

Quant à la Lituanie, l'apport d'un joueur aussi complet que Dainius Zubrus lui est infiniment précieux. Capitaine aux longues présences sur la glace, il a un effet positif sur l'ensemble de l'équipe qui est transcendée par un tel leader et se découvre d'intéressantes possibilités. Le maintien peut être sérieusement envisagé et aucun adversaire ne devra la prendre à la légère.

Élus meilleurs joueurs du match : Darius Lelenas pour la Lituanie et Guillaume Besse pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Lituanie - France 3-5 (2-4, 0-1, 1-0)

Dimanche 17 avril 2005 à 20h00 à Eindhoven (HOL). 318 spectateurs.

Arbitrage de Moray Hanson (GBR) assisté de Joep Leermakers et Roger van der Waarden (HOL).

Pénalités : Lituanie 18' (6', 4', 8'), France 14' (2', 2', 10').

Tirs : Lituanie 28 (8, 11, 9), France 54 (25, 15, 14).

Évolution du score :

0-1 à 00'27" : Desrosiers assisté de Meunier

0-2 à 05'28" : Besse assisté de S. Bachelet (sup. num.)

0-3 à 08'12" : Coqueux assisté de Karrer

0-4 à 16'43" : M. Rozenthal assisté de F. Rozenthal

1-4 à 18'54" : Zubrus assisté d'E. Bauba (inf. num.)

2-4 à 19'47" : Kuliesius

2-5 à 33'07" : Favarin assisté de Bachet et F. Rozenthal (double sup. num.)

3-5 à 48'42" : Lelenas assisté d'E. Bauba

 

Lituanie

Gardien : Nerijus Dauksevicius.

Défenseurs : Arturas Katulis - Rolandas Aliukonis ; Tomas Vysniauskas - Mindaugas Kieras ; Dangyras Rimkus - Petras Nauseda.

Attaquants : Darius Pliskauskas - Dainius Zubrus - Dmitrijus Bernatavicius ; Sarunas Kuliesius - Egidijus Bauba - Darius Lelenas ; Martynas Slikas - Dovydas Kulevicius - Dalius Vaiciukevicius ; Raimondas Strimaitis - Erikas Steponaitis - Saulius Limontas.

Remplaçants : Arunas Aleinikovas (G), Dainius Bauba.

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Guillaume Karrer - Jean-François Bonnard ; Nicolas Favarin - Vincent Bachet ; Nicolas Besch - Nicolas Pousset.

Attaquants : Guillaume Besse - Laurent Meunier - Julien Desrosiers ; David Dostal - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Maurice Rozenthal - [Besse ou Meunier ou Desrosiers] - François Rozenthal ; Pierre-Édouard Bellemare - Xavier Daramy - Kevin Hecquefeuille.

Remplaçant : Christophe Burnet (G). Absent : Jonathan Zwikel (contracture à la fesse gauche qui occasionne des douleurs au nerf sciatique).

 

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