États-Unis - Canada (24 avril 2005)

 

Finale des Championnats du monde des moins de 18 ans 2005.

Invaincus en tournois internationaux cette saison (13 succès), les Américains sont les grands favoris de cette finale à consonance nord-américaine. Les oppositions entre les deux pays deviennent une habitude, puisque, toutes catégories d'âge confondues, c'est la dixième finale USA-Canada en cinq ans... Avantage Canada 7-2 pour le moment mais les États-Unis restent sur une victoire chez les dames. Pour ce Mondial des 18 ans, les États-Unis possèdent une série d'atouts non négligeables. Ils ont dans leurs rangs le meilleur gardien du tournoi (Frazee), le meilleur marqueur (Kessel) et l'habitude de jouer ensemble toute la saison. Le Canada avec son équipe constituée au dernier moment semble monter en puissance, aussi le duel s'annonce physique et équilibré.

Le début de partie est clairement à l'avantage des joueurs à la feuille d'érable, qui s'installent en zone offensive. Jeff Frazee doit déjà se montrer intraitable dès les premières minutes avec un surnombre américain. Les équipes spéciales font le travail pour tuer la pénalité et dans la foulée, l'inévitable Phil Kessel part en échappée, déborde la défense pour tromper Carey Price ras-glace. La situation n'est pourtant pas rose pour son équipe, qui, fébrile, concède deux pénalités de suite. Après trois minutes à cinq contre quatre, le Canada trouve enfin l'ouverture par un tir du poignet de Ryan O'Marra, pour son cinquième but du tournoi, suite à une passe de Setoguchi sur un rebond de Pyatt. La pression canadienne est intense dans les minutes qui suivent cette égalisation, Frazee multipliant les arrêts. Mais la première situation d'avantage numérique permet aux États-Unis de reprendre la tête. Bertram sort pour interférence et Kessel dépose le palet sur la crosse de Jason Lawrence dans l'enclave. 2-1 pour les Américains à la pause, un score qui ne reflète pas du tout la physionomie de la rencontre, globalement dominée par le Canada (22 tirs à 7 !)... Frazee ne comptait dans ce tournoi qu'une moyenne d'un but encaissé par match, un chiffre qu'il a donc à cœur de défendre, et il le montre en bouchant l'angle d'O'Marra bien lancé par Setoguchi.

La deuxième période propose un jeu plus équilibré, alors que les États-Unis parviennent à desserrer l'étau. Frazee sauve encore son camp sur une pénalité de Ferriero, lorsque Gragnani lance Setoguchi, mais les hommes de Ron Rolston finissent par s'installer devant le but de Price à la faveur de deux supériorités numériques. Si le Canada tue la première (celle de Neal), la seconde (Bourdon) est fatale. Peter Mueller impose son physique et lance depuis la ligne bleue. Le rebond profite à Jason Lawrence pour un doublé. Les esprits s'échauffent en fin de période lorsque Fraser et Bass échangent des amabilités, mais le quatre-contre-quatre qui suit ne donne rien. 3-1, un score toujours flatteur même si le nombre de tirs a tendance à s'équilibrer.

Le jeu physique des Américains met au supplice l'arrière-garde canadienne. Les hommes de Shawn Camp reculent de plus en plus mais s'octroient de belles situations. Peter Mueller, très actif, est ainsi sanctionné dès le début du dernier tiers temps. L'équipe spéciale emmenée par le lutin Nathan Gerbe (1m65 !) fait le travail, Frazee sort tout ce qui arrive : arrêt du patin, de la plaque, du gant... Rien à faire côté canadien, et la pénalité est tuée. Les contre-attaques sont saignantes et Kessel, encore lui, sert sur un plateau le "diable de Tasmanie sur patins" (expression du site Inside College Hockey) Gerbe pour le 4-1. Les choses deviennent compliquées voire impossible pour les Canadiens, incapables de surprendre le redoutable Frazee. Epuisés par leurs efforts, ils ne profitent pas d'un avantage numérique concédé par Mueller avant d'assister, impuissants, au seul point noir de la partie : Colton Yellowhorn, cinquième marqueur de la ligue junior de l'Ouest cette saison, est chargé dans le dos par Justin Mercier. Après de longs moments allongé, il est évacué sur une civière et transporté à l'hôpital où les nouvelles étaient rassurantes (il a même pu revenir à la patinoire récupérer sa médaille et pourra rentrer sans dommage au Canada). Mercier écope d'une pénalité de match pour cette charge contre la bande et laisse son équipe à un de moins pendant cinq minutes... Cinq minutes pendant lesquelles Jeff Frazee sort toute la panoplie du gardien avec deux arrêts énormes de la jambière puis du gant. Les équipes spéciales auront fait la différence avec un 2/3 américain contre un 1/7 canadien. La sortie de Price pour un attaquant de plus accentue la pression mais Kessel intercepte la rondelle sur sa ligne bleue défensive pour inscrire son neuvième but en cage vide.

Les États-Unis peuvent se précipiter sur la glace et fêter leur deuxième titre en moins de dix-huit ans après celui de la génération Zach Parisé en 2002. Cette fois-ci, la génération Phil Kessel a survolé le tournoi. Mais n'oublions pas les 48 arrêts de Frazee...

Désigné meilleur joueurs du match : Jeff Frazee (Etats-Unis) et Ryan O'Marra (Canada).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Shawn Camp (entraîneur du Canada) : "Les Américains ont une équipe construite pour la vitesse. Quand vous avez une vitesse pareille vous êtes capable de mettre l'adversaire sur le reculoir, et par moments nous étions débordés. Un joueur comme Kessel est phénoménal, il est capable de dominer chaque présence sur la glace. Il y a une grande différence entre les autres équipes qui jouent régulièrement ensemble et la nôtre, assemblée en une semaine, sur le plan de l'alchimie. Nos joueurs ont fait un super travail d'adaptation, rapide, alors qu'ils ne se connaissaient même pas avant le tournoi. Nous avons bien joué pendant deux périodes mais à 3-1 c'est devenu difficile. Nous avons sans doute laissé beaucoup d'énergie face aux Tchèques et avons fini par manquer de jus."

Ryan Parent (capitaine du Canada) : "Ce n'est pas un très bon moment, car vous ne gagnez pas l'argent : vous perdez l'or. C'est frustrant mais à l'avenir nous garderons un bon souvenir de ce tournoi. Après le choc sur Yellowhorn, nous avions la tête ailleurs et nous étions inquiets. Il aurait pu avoir la nuque brisée et cela nous a coupé les jambes au pire moment."

Ron Rolston (entraîneur des États-Unis) : "Si Kessel a été excellent ce soir, je pense que Frazee s'est montré à la même hauteur. Il a réussi de gros arrêts lorsque le match était encore à 2-1, 3-1 et cela a changé beaucoup de choses."

 

États-Unis - Canada 5-1 (2-1, 1-0, 2-0)

Dimanche 24 avril 2005 à 17h00 à la Plzen Arena. 4169 spectateurs.

Arbitrage de Rafail Kadyrov (RUS) assisté de Frantisek Kalivoda (TCH) et Mikael Ljunqvist (SUE).

Pénalités : États-Unis 39' (6', 4', 4'+5'+20'), Canada 8' (2', 6', 0').

Tirs : États-Unis 33 (7, 15, 11), Canada (22, 11, 16).

Évolution du score :

1-0 à 06'33" : Kessel assisté de Gerbe et Ferriero

1-1 à 11'41" : O'Marra assisté de Setoguchi (sup. num.)

2-1 à 16'19" : J. Lawrence assisté de Kessel (sup. num.)

3-1 à 35'49" : J. Lawrence assisté de Mueller (sup. num.)

4-1 à 46'21" : Gerbe assisté de Ferriero et Kessel

5-1 à 59'18" : Kessel (cage vide)

 

États-Unis

Gardien : Jeff Frazee.

Défenseurs : Jack Johnson - Zachary Jones ; Kyle Lawson - Taylor Chorney ; Mark Mitera - Erik Johnson ; Brandon Gentile.

Attaquants : Jason Lawrence - Phil Kessel - Nathan Gerbe ; Peter Mueller - Ryan Stoa - Benn Ferriero ; Chad Rau - Dan Collins - Jack Skille ; Jason Bailey - Justin Mercier - Andreas Vlassopoulos.

Remplaçant : Joe Palmer (G).

Canada

Gardien : Carey Price.

Défenseurs : Brendan Mikkelson - Ryan Parent ; Luc Bourdon - Kristopher Letang ; Paul Kurceba - Marc-André Gragnani ; Jean-Philippe Paquet.

Attaquants : Devin Setoguchi - Ryan O'Marra - Thomas Pyatt ; Guillaume Latendresse - Daniel Brassard - Dan Bertram ; Adam Hobson - Cal Clutterbuck - Richard Clune ; Cody Bass - James Neal - Christopher Lawrence ; Colton Yellowhorn.

Remplaçant : Pier-Olivier Pelletier (G).

 

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