Slovaquie - Belarus (30 avril 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe A.

Match des extrêmes entre l'ogre slovaque qui a profité du lock-out en NHL pour faire le plein de ses stars (seules manquent à l'appel le blessé Nagy et le vieux Bondra) et le petit poucet biélorusse qui n'a d'autre ambition que de se maintenir enfin dans l'élite mondiale après deux échecs successifs. Avec trois lignes d'attaque vraiment impressionnantes sur le papier, on se disait que les hommes de Frantisek Hossa allaient manger tout cru l'escouade biélorusse dont la sauce canadienne de Glen Hanlon a eu du mal à prendre lors des matches de préparation. Mais les porte-drapeaux de la relève du Belarus, Koltsov, Grabovski et Andreï Kostitsyn, arrivé une heure avant le match en provenance de Hamilton (AHL) après un voyage plus long que prévu, allaient donner du fil à retordre à une équipe slovaque un peu trop sûre de son fait.

Il ne fallait d'ailleurs que trente-six secondes pour voir les Slovaques porter le danger devant la cage d'Andreï Mezin : déboulé derrière de la cage de Zednik, relais de Stumpel pour Granak arrivé lancé, mais Mezin s'en sort avec une réussite incroyable puisque le palet vient heurter le poteau avant de rebondir sur le patin de Bashko pour longer la ligne de but derrière le portier biélorusse. Les Slovaques pensaient même avoir marqué et l'appel à la vidéo fut nécessaire pour prendre une décision. Et il est fort probable que la physionomie du match aurait complètement changé si les Slovaques avaient ouvert la marque à cet instant. Au lieu de cela, il leur fallait continuer à se ruer à l'abordage des cages de Mezin. Malgré deux supériorités numériques (dont une généreusement offerte par le Belarus pour un surnombre) et des occasions franches de Gaborik et Palffy, les Slovaques ne trouvaient pas la faille dans la défense biélorusse regroupée autour de Mezin. À l'exception d'un tir de la bleue lors d'un jeu de puissance, Lasak n'a pas vu le palet lors des dix premières minutes de jeu. Un premier tiers à sens unique, donc, qui voyait Mezin sortir le grand jeu sur un malicieux tir du revers de Palffy, un slap de la bleue de Satan ou encore sur un tir du poignet instantané de Hossa. Rien à faire pour les Slovaques : cela ne voulait pas rentrer ! Et à force de pousser, les Slovaques s'exposaient à des contres menés notamment par l'intenable Mikhaïl Grabovski qui donnait bien du fil à retordre à l'arrière-garde slovaque. Et comble de malheur pour les Slovaques, ils perdaient leur défenseur Ivan Majesky, touché au genou dans un choc avec Andreï Kostitsyn sur sa première présence.

Après avoir résisté pendant vingt minutes, on se disait que le Belarus n'allait pas tenir bien longtemps. Et pourtant... Les Slovaques repartaient sur les mêmes bases en ratant une occasion franche dès l'entame du tiers lorsque Zigmund Palffy s'échappait tout seul mais ne parvenait pas à contrôler son palet. Les Biélorusses s'enhardissaient et montraient qu'ils étaient eux aussi capables d'ouvrir le score sur un deux contre un ou sur un tir de Dudik. Il ne fallait pas laisser beaucoup d'espace aux hommes de Glen Hanlon qui se servaient de leur vitesse pour exploiter le moindre contre. Le reste du temps, ils perturbaient le jeu slovaque avec une défense à quatre ou même cinq qui limitait les espaces. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si les Slovaques se procuraient leurs meilleurs occasions en infériorité numérique, Michal Handzus se trouvant à deux reprises en bonne position pour déjouer Mezin, en vain. Le gardien biélorusse prenait des allures de muraille infranchissable, mais ses défenseurs n'étaient pas en reste à l'image du vétéran Oleg Mikulchik, intraitable en un contre un face à Zednik en "l'accompagnant" dans la balustrade alors que ce dernier était en bonne position pour tirer. La frustration commençait à gagner les rangs slovaques et une altercation entre Erkovich et Bartecko faisait monter la tension d'un cran. Si Stumpel butait une nouvelle fois sur Mezin, c'est Marian Hossa qui se procurait la meilleure occasion du tiers en faisant le tour de la cage biélorusse, mais il était trop juste en remettant le palet seulement sur le poteau. Dommage car Andreï Mezin était cette fois battu.

Après quarante minutes de stérilité, les Slovaques n'abandonnent pas et remettent d'entrée la pression sur Mezin avec un tir à mi-distance de Palffy. Mais sur la contre-attaque, Andreï Kostitsyn rappelle à l'ordre l'arrière-garde slovaque en enrhumant Strbak et en inquiétant Lasak de près. On ne voit pas la solution pour les Slovaques. Et pourtant celle-ci vient enfin sur un débordement côté droit de Gaborik dont le centre tendu au second poteau passe entre les jambes de Svito et trouve Marian Hossa idéalement placé. Cette fois Mezin ne peut strictement rien faire (1-0, 41'15"). Enfin, doivent se dire les nombreux supporters slovaques présents, et on a plus que jamais l'impression que la Slovaquie joue à domicile ! On s'attend alors à un festival "local" (à cinquante kilomètres près) maintenant que le verrou à sauté. Mais au lieu de cela, Konstantin Koltsov échappe à la vigilance de trois Slovaques et parvient à tirer dans une position difficile. Le palet passe entre les jambes d'un Lasak pas vraiment au top de sa concentration sur le coup (1-1, 43'26"). Gros coup de froid dans la Stadthalle et retour à la case départ pour les coéquipiers de Miroslav Satan pour qui le relâchement ayant suivi l'ouverture du score a été fatal.

Du coup il faut remettre le couvert, et le scénario des deux premières périodes se reproduit avec une troupe slovaque dominatrice mais bien stérile dans son jeu offensif, ne parvenant jamais créer suffisamment de trafic devant Mezin pour le gêner. On cherche alors des solutions compliquées, comme lorsque Demitra préfère feinter le tir alors qu'il est en bonne position devant la cage. Miroslav Satan sonne la charge en bon capitaine mais la libération survient finalement à moins de quatre minutes de la fin sur une situation assez cocasse : alors que Mikulchik a involontairement bloqué le palet dans son pantalon, Marian Hossa le récupère en mettant en échec le défenseur biélorusse, surprend la défense qui s'était arrêté de jouer, fait le tour de la cage et centre pour Marian Gaborik qui n'a plus qu'à pousser le palet au fond, Mezin étant resté du mauvais côté (2-1, 56'32"). Le plus dur est fait pour les Slovaques qui se relâchent pourtant à nouveau en concédant un surnombre dans les dernières minutes. L'occasion est belle pour Hanlon de faire sortir Mezin et jouer à six contre quatre... en vain.

Succès étriqué de la Slovaquie face à une vaillante équipe biélorusse. Certes Andreï Mezin a réalisé une performance de tout premier ordre en arrêtant cinquante tirs (!) et le jeu défensif proposé par le Bélarus a considérablement gêné les Slovaques dont la plupart des tirs n'étaient pas très dangereux. Avec un tel potentiel offensif, on attendait beaucoup mieux au niveau du réalisme, et c'est peu de dire que la Slovaquie n'a pas convaincu dans ce match. Et l'opposition devrait être d'un tout autre niveau lundi face aux Russes.

Glen Hanlon en revanche peut être satisfait de la prestation de ses joueurs. Un match nul aurait été un exploit mais psychologiquement ce match va faire du bien au moral de ses joueurs. La jeune classe biélorusse, emmenée par Mikhaïl Grabovski et Andreï Kostitsyn, n'aura aucun complexe à nourrir face à l'Autriche. Et si Mezin est capable de ressortir le même match, le peuple autrichien pourrait trembler lundi dans un match couperet qui enverra le perdant au purgatoire...

Élus meilleurs joueurs du match : Michal Handzus pour la Slovaquie et Andreï Mezin pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "Nous avons énormément tiré, mais le palet persistait à ne pas vouloir rentrer. Mon équipe s'est donc précipitée et cela n'a fait qu'aggraver la situation. Au fond de moi, je gardais confiance et je savais que mes joueurs surmonteraient leur nervosité pour gagner. Mezin a été fantastique. Pendant deux périodes, je me suis cassé la voix à crier aux joueurs d'essayer différemment. Ses réflexes étaient excellents sur les tirs même à bout portant. Il fallait le forcer à se déplacer plus le long de sa ligne de but. Nous y sommes plus ou moins parvenus au troisième tiers-temps. Selon toute probabilité, les Mondiaux sont finis pour Majesky. Il doit passer des examens, mais les médecins sont presque sûrs que les ligaments latéraux du genou sont touchés."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Déjà pendant la préparation, j'ai vu que Mezin était en grande forme, et je m'étais risqué à dire qu'il s'illustrerait pendant les championnats du monde. Je suis fier de Kostsitsyn. Je ne me souviens pas d'un cas où un joueur aussi jeune a été forcé de monter sur la glace après un voyage aussi long. Sa fatigue était visible, mais il s'est conduit en vrai homme. Il n'a pas montré son meilleur hockey, mais dans les prochaines rencontres, dans des conditions moins extrêmes, il brillera."

Andreï Mezin (gardien du Bélarus) : "Pendant la plus grande partie du match, nous avons bien résisté et nous les avons bien pris en contre, mais il y a eu des épisodes inadmissibles à ce niveau, surtout contre un adversaire de ce calibre. Il nous a manqué un peu de forces pour conserver le nul. Je n'ai pas fait attention à l'ovation des supporters slovaques. En allant recevoir mon prix, j'étais trop pris par l'amertume de la défaite. Nous sommes une équipe unie avec un objectif commun, des difficultés globales et des bonheurs partagés. Aucun de nous n'a déçu. Prenez Filin : il ne plaît pas à ses entraîneurs dans le championnat du Bélarus, mais ici il fait très bonne figure face à des joueurs de NHL. La glace était meilleure que lors de notre match amical de mardi, même si quelques défauts subsistaient."

 

Slovaquie - Belarus 2-1 (0-0, 1-1, 1-0)

Samedi 30 avril à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 8400 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Derek Doucette (CAN) et Antti Hämäläinen (FIN).

Pénalités : Slovaquie 10' (4', 2', 4'), Belarus 4' (4', 0', 0')

Tirs : Slovaquie 52 (17, 18, 17), Belarus 19 (4, 7, 8).

Évolution du score :

0-1 à 41'45" : Marian Hossa assisté de Gaborik et Demitra

1-1 à 43'26" : Koltsov assisté de Grabovsky

2-1 à 56'32" : Gaborik assisté de Marian Hossa

 

Slovaquie

Gardien : Ján Lašák.

Défenseurs : Martin Štrbák - Lubomir Višnovský ; Dominik Granák - Zdeno Chára ; Ivan Majeský - Radoslav Suchy ; Richard Lintner - René Vydarený.

Attaquants : Richard Zedník - Jozef Stümpel - Zigmund Pálffy ; Marián Hossa - Pavol Demitra - Marián Gáborík ; Miroslav Šatan - Michal Handzus - Luboš Bartecko ; Juraj Štefanka - Peter Pucher - Vladimír Országh.

Remplaçant : Rastislav Stana (G).

Belarus

Gardien : Andreï Mezin (sorti de sa cage à 59'06").

Défenseurs : Aliaksandr Makritsky - Andreï Bashko ; Sergeï Erkovich - Oleg Mikulchik ; Vladimir Svito - Aleksandr Zhurik ; Vladimir Kopat.

Attaquants : Vladimir Tsyplakov - Sergeï Zadelenov - Konstantin Koltsov ; Alekseï Ugarov [puis Andreï Kostitsyn à 20'00"] - Mikhaïl Grabovski - Andreï Skabelka ; Andreï Mikhalev - Timofeï Filin - Alekseï Strakhov ; Andreï Kostitsyn - Alekseï Krutikov [n'est plus aligné après 5'] - Dmitri Dudik.

Remplaçants : Sergueï Shabanov (G), Aleksandr Ryadinsky.

 

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