Kazakhstan - Suisse (3 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe D.

Après leur prestation convaincante face aux Tchèques, les Suisses affrontaient les surprenants Kazakhs, tombeurs de l'Allemagne. Un match à ne pas rater pour l'équipe de Ralph Krueger à la recherche de son premier succès dans le mondial. Mais contrairement aux Allemands, les Suisses ont été prévenus des dégâts que peut causer cette équipe du Kazakhstan. À eux d'éviter le piège...

Les Suisses se montrent d'ailleurs très prudents dès le début de la rencontre malgré un tir initial de Patric Della Rossa. Ils craignent visiblement leurs adversaires et veulent éviter de leur offrir des contre-attaques sachant que leurs adversaires excellent dans ce genre d'exercice. Les Kazakhs se montrent d'ailleurs bien présents à l'image de Kozlov qui vient titiller Gerber. Les Helvètes rentrent progressivement dans le match et Della Rossa se procure la première vraie occasion de la rencontre sur un deux contre un mais Vitali Kolesnik sort un bel arrêt de la mitaine. Mais le match à peine commencé, tout s'arrête pendant quelques minutes, la faute à une porte récalcitrante... Décidément, après la glace qui fond, la patinoire de Vienne se fait à nouveau remarquer dans le mauvais sens. Lorsque le jeu reprend, Beat Forster est envoyé en prison mais le jeu de puissance kazakh est toujours aussi déficient. Pas de danger donc pour la Suisse, sauf qu'un petit relâchement au retour de Forster sur la glace est fatal. Alors que le palet continue de circuler dans la zone défensive helvète, Alekseï Litvinenko arme un slap de la bleue que Gerber ne peut pas capter alors qu'il ne semblait pourtant pas vraiment masqué (1-0, 06'37"). Le match du Kazakhstan contre l'Allemagne est alors dans toutes les têtes... En ouvrant le score, la bande aux Koreshkov semble bien partie pour refaire le même coup. Mais à la différence des Allemands, les Suisses ne vont pas courir très longtemps après le score. Après une première occasion chaude sur les buts de Kolesnik, ils obtiennent une pénalité qui leur permet de jouer à cinq contre quatre, puis à quatre contre trois lorsque Di Pietro et Pchelyakov sont envoyés simultanément en prison. Patrick Fischer profite des espaces et peut tranquillement longer la balustrade, repiquer au centre et loger la rondelle entre les jambes de Kolesnik sans la moindre opposition (1-1, 10'23"). Les Suisses ont fait le plus dur en revenant à égalité, et ils auraient même pu prendre l'avantage sur deux avantages numériques consécutifs en fin de tiers, mais Roman Lemm notamment échoue sur Kolesnik.

Les hommes de Ralph Krueger ne cachent pas leurs intentions et mettent la pression d'entrée sur les cages de Kolesnik. Julien Vauclair puis Ivo Rüthemann testent sa résistance. Le scénario est assez clair et prévisible : les Suisses s'installent dans la zone des Kazakhs qui se contentent de jouer le contre. Pourtant c'est sur une contre-attaque que la Nati se procure sa meilleure occasion du tiers : un 2 contre 1 mené par Della Rosa sur le côté gauche qui sert dans le tempo Di Pietro, mais le Canado-Suisse trouve sur sa route un Kolesnik impeccable. Sans doute l'arrêt du match. Mis en confiance par son gardien, le Kazakhstan connaît alors une bonne période, notamment sous l'impulsion de sa première ligne, Sergueï Aleksandrov et Fedor Polishchuk en tête. L'occasion pour eux de démontrer qu'ils savent aussi faire du jeu et sont de fins techniciens. Les Suisses ne profitent pas du seul avantage numérique du tiers mais terminent en boulet de canon. Sandy Jeannin rate une occasion en or de donner l'avantage à son équipe en s'y reprenant à deux fois devant Kolesnik, sans succès. Puis c'est Martin Plüss en bonne position qui manque sa reprise sur une passe de Streit. Julien Vauclair part même en breakaway en toute fin de tiers, mais le défenseur de Lugano n'étant pas un spécialiste de l'exercice, Kolesnik s'en sort sans dommage.

Après avoir subi sans conséquence lors de la période intermédiaire, les Kazakhs tentent de forcer la décision. En profitant notamment d'une prison de Jeannin, ils installent enfin le jeu de puissance de manière plus convaincante, mais ni Upper ni Kovalenko ne parviennent à déjouer Gerber. Mais les Suisses parviennent finalement à se sortir du traquenard kazakh. Suite à gros travail derrière les buts, Adrian Wichser centre en retrait pour Sandy Jeannin dont la reprise vient se loger pour quelques centimètres entre le poteau et la botte de Kolesnik. Après une longue hésitation, l'arbitre valide le but. Il faut dire que le palet n'était pas même pas visible à l'image mais la jambière à l'intérieur des buts laissait supposer que la rondelle était bien rentrée (1-2, 44'14"). Peu importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse, doivent se dire les Suisses à ce moment-là du match. Car pour la première fois depuis le début de ce mondial, l'équipe kazakhe est menée au score et doit donc faire le jeu. Avec une certaine confusion il faut bien le reconnaître, puisqu'à l'exception d'un coast-to-coast de Polishchuk, on reste un peu sur notre faim. Même s'ils se portent moins à l'attaque, les Suisses passent tout près du troisième but mais Plüss rate une cage grande ouverte. Une pénalité de Forster ne porte pas à conséquence car les Kazakhs sont loin de mettre la pression espérée sur les buts de Gerber. Les frères Koreshkov sont les plus actifs en fin de match mais ces Kazakhs, décidément très calculateurs, semblent préférer accepter cette courte défaite plutôt que de tout tenter pour égaliser et prendre un but supplémentaire. Il est vrai qu'en cas de victoire de l'Allemagne sur la Suisse lors du dernier match, tout pourrait se jouer à la différence du buts particulière et le moindre but compte. C'est sans doute la raison pour laquelle le rusé Nikolaï Myshagin renonce à sortir Kolesnik dans les derniers instants du match.

Première victoire suisse dans le Mondial, largement méritée au vu de la domination exercée, mais tout n'a pas été facile pour les hommes de Ralf Krüger qui l'emportent par le plus faible des écarts et sur un but chanceux. Il leur faudra être plus convaincants, notamment sur le plan du réalisme offensif, pour battre des Allemands qui seront au pied du mur. Les Kazakhs, avec toujours un très solide Vitali Kolesnik dans les buts, ont montré malgré cette défaite qu'ils étaient toujours aussi difficiles à jouer et que leur succès face à l'Allemagne n'était pas dû au hasard. Ils ont mis en plus toutes leurs chances de leur côté pour éviter la poule de relégation puisque seule une victoire de l'Allemagne d'un but d'écart et sur un score minimum de 3-2 leur serait défavorable.

Élus meilleurs joueurs du match : Andreï Sokolov pour le Kazakhstan et Sandy Jeannin pour la Suisse.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "La clé de la partie a été la constance avec laquelle nous avons continué à appliquer notre système, malgré le but encaissé. Je suis content du travail accompli et nous devons continuer ainsi pour atteindre notre objectif. Nous avons bien défendu et nous nous sommes créé beaucoup d'occasions de marquer. Mais cette glace gêne le contrôle du palet. Notre jeu en infériorité numérique a bien fonctionné, mais nous avons pris trop de pénalités. Cela doit changer, car les infériorités coûtent de l'énergie, et il faudra en avoir contre l'Allemagne car ce sera un duel très intense.

Martin Gerber (gardien de la Suisse) : "Le but principal ce soir était d'obtenir notre première victoire du tournoi, pour prendre confiance et se donner un bol d'air. Nous étions bien préparés pour affronter les Kazakhs, à qui un nul suffisait pour se qualifier. Nous avons réussi à ne pas nous faire surprendre en contre et à être aussi solides que nous le voulions. Notre patience et notre vitesse de jeu ont été récompensées."

Sandy Jeannin (attaquant de la Suisse) : "Notre ligne s'améliore de match en match et je suis évidemment content de ce but. C'est le plus important de ma carrière en équipe nationale. J'ai vu l'espace entre le poteau et le gardien, et j'y ai mis le palet."

Andreï Sokolov (capitaine du Kazakhstan) : "Selon moi, c'était un match intéressant. Ceci dit, nous n'avons pas suffisamment d'expérience à ce niveau. Nous avons commis beaucoup d'erreurs, et les adversaires auraient pu en profiter un peu plus en nous punissant avec une défaite lourde."

 

Kazakhstan - Suisse 1-2 (1-1, 0-0, 0-1)

Mardi 3 mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 7500 spectateurs.

Arbitrage de Rob Matsuoka (CAN) assisté de Petr Blumel (TCH) et Gregor Brodnicki (ALL).

Pénalités : Kazakhstan 16' (8', 8', 0'), Suisse 16' (6', 6', 4').

Tirs : Kazakhstan 26 (5, 10, 11), Suisse 37 (10, 17, 10).

Évolution du score :

1-0 à 06'37" : Litvinenko assisté de Kovalenko

1-1 à 10'23" : Fischer assisté de Lemm et Wichser (sup. num.)

1-2 à 44'14" : Jeannin assisté de Wichser

 

Kazakhstan

Gardien : Vitali Kolesnik.

Défenseurs : Alekseï Koledaïev - Artyom Argokov ; Evgueni Blokhin - Vladimir Antipin ; Oleg Kovalenko - Andreï Sokolov ; Alekseï Litvinenko.

Attaquants : Sergueï Aleksandrov - Fedor Polishchuk - Anton Komissarov ; Dmitri Dudarev - Dmitri Upper - Roman Kozlov ; Konstantin Shafranov - Evgueni Koreshkov - Aleksandr Koreshkov ; Andreï Ogorodnikov - Andreï Pchelyakov - Andreï Troshchinsky.

Remplaçant : Sergueï Ogureshnikov (G).

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Mark Streit - Olivier Keller ; Beat Forster - Mathias Seger ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair.

Attaquants : Patric Della Rossa - Martin Plüss - Paul di Pietro ; Romano Lemm - Flavien Conne - Andres Ambühl ; Adrian Wichser - Sandy Jeannin - Patrick Fischer ; Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Kévin Romy.

Remplaçant : David Aebischer (G).

 

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