Allemagne - Suisse (5 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe D.

Match à très gros enjeu entre les voisins allemands et suisses d'ordinaire plus habitués à se battre pour une place en quart de finale. Mais ce soir, c'est bel et bien de maintien dont il est question puisque le perdant se retrouvera dans la poule de relégation (avec un bémol selon le score pour la Suisse). Le Kazakhstan est passé par là, semant le trouble dans un groupe dont la hiérarchie semblait pourtant acquise.

Les Allemands sont sans doute ceux qui ont le plus à perdre dans ce match car les Suisses peuvent se contenter du nul. Aussi n'est-ce qu'une demi-surprise de voir les Allemands se ruer à l'attaque en début de match avec Kreutzer et Ehrhoff notamment qui mettent la pression sur Gerber. Mais la Nati tient le choc et patiente tranquillement jusqu'à obtenir une supériorité numérique parfaitement gérée : après un premier tir dangereux de Martin Plüss qu'Oliver Jonas détourne du casque, les Suisses poussent jusqu'à la dernière seconde d'avantage numérique, moment que choisit Ivo Rüthemann pour placer un tir du poignet fulgurant dans la lucarne opposée de Jonas, surpris par la trajectoire du tir du Bernois (0-1, 05'39"). Les Allemands prennent alors un sérieux coup au moral mais ont l'occasion de se refaire à leur tour sur une pénalité de Beat Forster. Malgré une belle occasion de Tomas Martinec en deux contre un, le jeu de puissance allemand reste stérile. À leur tour en supériorité numérique, les Suisses ne connaissent pas la même réussite qu'initialement mais il s'en faut de très peu puisqu'un slap de Severin Blindenbacher est dévié par le patin de Fical à quelques centimètres des cages. Les Allemands reviennent dans le match grâce à un palet récupéré par Lewandowski en zone d'attaque. L'ailier de Mannheim centre pour Furchner, étrangement oublié par les défenseurs suisses, qui a tout son temps pour ajuster Gerber d'un tir à ras de glace (1-1, 15'10"). La Mannschaft regagne les vestiaires avec l'espoir retrouvé mais le score de parité fait encore les affaires helvétiques.

Les hommes de Greg Poss reprennent la deuxième période en supériorité numérique en raison d'une pénalité de Di Pietro concédée juste avant la pause. Mais le jeu de puissance allemand ne trouve pas ses marques et ne parvient pas à inquiéter Gerber. Pourtant les Suisses se montrent passablement indisciplinés dans ce match, Paterlini regagnant la prison quelques secondes après le retour de DiPietro sur la glace. Mais les Allemands n'en profitent pas et c'est bel et bien sur les supériorités numériques que se joue ce match. Car dès que Lasse Köpitz se fait sanctionner à son tour, les Suisses installent leur jeu de puissance avec Mark Streit à la manœuvre. Après moins d'une minute, un magnifique jeu à trois avec Streit à l'origine le long de la bande, Rüthemann en relais et Plüss à la conclusion au second poteau renvoie la défense allemande à ses chères études (1-2, 28'28"). La situation devient compliquée pour les Allemands qui à la mi-match doivent encore marquer deux buts sans en prendre un seul. Ils pensent pourtant avoir fait la moitié du chemin lorsque Daniel Kreutzer trouve le fond des filets de Gerber. Mais le but sera refusé à cause de la présence de Martinec dans le slot. Avec trois pénalités d'affilée dans ce tiers, les Suisses ont pourtant offert aux Allemands sur un plateau l'occasion de revenir dans le match. Visiblement contractés par l'enjeu comme lors de leur rencontre face au Kazakhstan, les hommes de Poss ne trouvent pas de solution en jeu de puissance. Un inefficacité qui fait place à de la nervosité lorsque Benda se fait expulser pour une crosse haute en plein dans le visage de Flavien Conne... Rien ne va plus pour l'Allemagne.

Les Allemands commencent donc le dernier tiers en infériorité numérique. Ils parviennent à tuer la pénalité majeure malgré un rebond dangereux de Lemm et engagent alors une course contre la montre pour revenir au score. Une nouvelle fois, les Suisses leur facilitent la tâche avec deux pénalités concédées par Ziegler et DiPietro. Malgré une belle occasion de Goc devant Gerber, ces deux pénalités sont une nouvelle fois tuées par la Suisse. Et comme pour mieux enfoncer le clou, Fischer concrétise quelques minutes plus tard une supériorité numérique en profitant d'une erreur de dégagement de Michael Bakos et en plaçant le palet entre les jambes d'Oliver Jonas, pas vraiment dans le coup (1-3, 48'33"). Cette fois une victoire germanique fait figure de miracle. Et les Suisses mettent leur voisins en face de leurs propres carences lorsque Martin Plüss convertit une nouvelle supériorité numérique en se montrant plus vif que Jonas pour se saisir du palet après un rebond sur la balustrade (1-4, 52'00"). Face à cette réussite insolente de la Nati, Greg Poss tente le tout pour le tout en sortant son gardien lorsque Bezina est envoyé en prison. Mais décidément rien ne fonctionne pour les Allemands puisque dix-sept secondes plus tard Forster expédie le palet depuis sa zone dans la cage vide (1-5, 52'55"). La défaite allemande tourne au désastre et les Suisses se contentent de gérer les dernières minutes avant de savourer ce large succès qui leur ouvre les portes de la qualification.

Terrible issue pour l'Allemagne qui se voit contrainte de disputer la poule de relégation après avoir accumulé trois défaites en autant de rencontres. Pourtant les Allemands avaient montré beaucoup de volonté face aux Tchèques et ils n'avaient pas été récompensés de leurs efforts. Sans doute les ont-ils payés lors de ce match face à la Suisse où rien ne leur a souri, à commencer par un jeu de puissance catastrophique. Greg Poss a d'ores et déjà raté son mondial. Reste à son équipe à bien négocier une poule de relégation à laquelle la Mannschaft n'était plus habituée avec Zach.

Du côté suisse, on ne s'attendait certainement pas à une victoire aussi "euphorique" car les matches face au voisin ont toujours été très serrés. La satisfaction n'en est que plus grande d'avoir écarté un rival habituel pour la qualification aux quarts de finale. Et du même coup récupéré provisoirement la huitième place mondiale au classement IIHF (qu'il faudra tout de même préserver vis-à-vis de la Lettonie). À l'inverse de leurs adversaires du jour, le jeu de puissance a fonctionné à la perfection avec quatre buts et un Mark Streit rayonnant dans l'orientation du jeu, Plüss, Rüthemann et Fischer se chargeant de l'efficacité offensive. Seule ombre au tableau : l'indiscipline récurrente qui aurait pu coûter très cher, mais heureusement les hommes de Ralph Krüeger se sont montrés très efficaces dans le jeu à quatre contre cinq.

Élus meilleurs joueurs du match : Eduard Lewandowski pour l'Allemagne et Ivo Rüthemann pour la Suisse.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Certes, c'est une victoire importante, mais le score est trompeur. Pendant un tiers-temps et demi, nous avons souffert face au jeu physique des Allemands. Le 3-1 a changé le match et nous a permis de vaincre, également parce que l'Allemagne traverse un moment difficile. Malgré le résultat de ce soir, je continue de penser que nos deux pays sont au même niveau et que nous pouvons encore apprendre les uns des autres."

Julien Vauclair (défenseur de la Suisse) : "Notre jeu en supériorité et en infériorité numérique ont été décisifs. Nous avons peut-être pris trop de pénalités, mais nous avons aussi démontré que nous travaillons bien avec un homme de moins. Et puis la majorité des fautes, 'retenir' et 'accrocher', étaient nécessaires pour empêcher les Allemands d'aller au tir."

Jan Benda (attaquant de l'Allemagne) : "[À 1-1] on savait qu'il nous fallait encore marquer au moins deux buts. Donc on a continué. Ouvrir le jeu peut toujours se retourner contre soi. [À propos de son expulsion] Ce genre de choses arrive lorsqu'on se bat pour la palet. Je n'avais pas l'intention de le blesser. Il s'est mordu la lèvre en tombant. Bien sûr ce n'était pas terrible de prendre cette pénalité à ce moment du match."

 

Allemagne - Suisse 1-5 (1-1, 0-1, 0-3)

Jeudi 5 mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 7900 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Derek Doucette (CAN) et Ales Lesnjak (SLO).

Pénalités : Allemagne 37' (4', 2'+5'+20', 6'), Suisse 20' (4', 8', 8').

Tirs : Allemagne 26 (9, 12, 5), Suisse 30 (12, 9, 9).

Évolution du score :

0-1 à 05'39" : Rüthemann assisté de Streit (sup. num.)

1-1 à 15'10" : Furchner assisté de Lewandowski

1-2 à 28'28" : Plüss assisté de Rüthemann et Streit (sup. num.)

1-3 à 48'33" : Fischer assisté de Streit (sup. num.)

1-4 à 52'00" : Plüss assisté de Streit et Di Pietro (sup. num.)

1-5 à 52'55" : Forster (cage vide)

 

Allemagne

Gardien : Oliver Jonas (sorti de 52'38" à 52'55").

Défenseurs : Michael Bakos - Andreas Renz ; Christian Erhoff - Stefan Schauer ; Lasse Kopitz - Stephan Retzer ; Nico Pyka - Alexander Sulzer.

Attaquants : Petr Fical - Jan Benda - Tomas Martinec ; Daniel Kreutzer - Marcel Goc - Jochen Hecht ; Eduard Lewandowski - Tino Boos - Sebastian Furchner ; Sven Felski - Alexander Barta - Andreas Morczinietz.

Remplaçant : Alexander Jung (G).

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Mark Streit - Olivier Keller ; Beat Forster - Mathias Seger ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Patric Della Rossa - Martin Plüss - Paul di Pietro ; Romano Lemm - Flavien Conne - Andres Ambühl ; Adrian Wichser - Sandy Jeannin - Patrick Fischer ; Kévin Romy.

Remplaçant : David Aebischer (G).

 

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