Suède - République Tchèque (14 mai 2005)

 

Demi-finale des championnats du monde 2005.

Les Tchèques avaient étrillé les Suédois en quart de finale de la dernière coupe du monde, un match qui avait marqué la fin de l'ère Hardy Nilsson. Cette demi-finale est donc l'occasion pour Bengt-Åke Gustafsson de faire mieux que son prédécesseur et de prouver la suprématie de son système plus classique et défensif.

Tout tourne autour de Jaromir Jagr, même la malchance

Le match commence avec une très bonne intensité, et déjà Jaromir Jagr est à l'œuvre. Il zigzague dans la zone suédoise en mettant complètement dans le vent Samuel Påhlsson et arrive tout seul à mettre le feu dans le slot. Le palet se retrouve devant la cage ouverte et Thomas Rhodin doit le talonner du patin pour l'éloigner. À la dixième minute de jeu, c'est encore Jagr qui tire sur le poteau. Bien qu'il retire son gant et s'inquiète de son petit doigt blessé à chaque fois qu'il revient sur le banc, il est dangereux à chacune de ses présences sur la glace malgré ce handicap qui le gêne visiblement. Mais Jaromir Jagr est poissard dans ce championnat du monde. Il prend le lancer d'un défenseur tchèque en pleine tête, faiblement protégé qu'il est par son vieux casque à la Gretzky, qu'il est presque le dernier à porter. Il s'allonge sur la glace et reste étendu, mais se relève finalement et refuse la civière.

La domination est tchèque mais les Suédois ont aussi des occasions, même s'ils ne parviennent pas à s'installer pendant leur deuxième supériorité. Pire, Dvorak fait seul le pressing et obtient une pénalité de Ronnie Sundin. Ce sont maintenant les Tchèques qui sont en avantage numérique, et devinez qui remonte alors sur la glace ? Jagr, bien sûr. Il y reste même pendant les deux minutes. Mais son influence sur le jeu sera décroissante par la suite, et les Tchèques comprennent vite qu'ils devront gagner ce match en cessant de s'appuyer sur lui. Sur la sirène, Ales Hemsky centre pour Cajanek qui tire à bout portant sur Lundqvist puis pousse le rebond entre ses jambières... avec le patin. L'arbitre Rick Looker refuse immédiatement le but, et la vidéo le conforte dans sa décision.

Impossibles à départager

La deuxième période s'ouvre par une pénalité pour dureté contre Kronwall, obtenue dans un duel avec Prospal qui a tout autant joué du coude. Dès le retour à cinq, le jeune Ales Hemsky, toujours plein de culot même si ses feintes passent rarement en championnat du monde, place une accélération et est accroché par Hedström. Cela fait deux pénalités consécutives tuées par les Suédois, et ensuite ce sont les Tchèques qui en tuent deux. Les deux équipes gênent bien les jeux de puissance adverses, et comme Henrik Lundqvist et Tomas Vokoun sont excellents dans les cages, le score est toujours de 0-0 à la mi-match. Jusqu'à ce tir de la bleue de Mattias Norström, sur lequel Vokoun laisse un rebond. Jonas Höglund résiste à la charge de Tomas Kaberle et, en déséquilibre, pousse le palet dans les filets (1-0 à 31'39"). La tâche se complique pour les Tchèques, car pour battre un Lundqvist très vif et très présent, il faudra un lancer parfait, si possible dans le haut du filet face à un gardien en style papillon... Et c'est exactement ce que réussit Petr Cajanek pour égaliser (1-1 à 35'03"). Impossible de départager ces deux formations qui se neutralisent de plus en plus.

Au troisième tiers-temps, il faut un but étonnant pour dérider la partie. Henrik Zetterberg essaie de contrer un tir de Prospal mais sa palette se casse sur le choc. Le palet prend alors une trajectoire flottante que Martin Straka dévie merveilleusement dans les airs (1-2 à 45'16"). On espère que la Suède va alors se lancer à l'attaque, car le rythme a baissé depuis la bonne première période. Mattias Weinhandl est décalé pour une bonne occasion, mais il tire sur Vokoun et en lève les yeux au ciel, lui qui avait été réintégré parmi les titulaires après avoir suivi le quart de finale en tribunes.

Il reste dix minutes à jouer quand Pavel Kubina accroche Magnus Johansson. À une seconde de la fin de cette pénalité, sur un lancer de la bleue non cadré, Henrik Sedin remet le palet de derrière la cage à son frère Daniel qui marque son cinquième but du tournoi (2-2 à 52'03"). Les Tchèques peuvent reprendre le dessus quand Påhlsson accroche Hlavac en bonne position. En supériorité, Ales Hemsky - la touche de fraîcheur de cette formation tchèque - fait le tour de la cage mais ne parvient pas à ramener le palet dans les filets. Il ne peut que donner en retrait à Kubina qui bute sur Lundqvist et est maîtrisé par les défenseurs. La Suède a elle aussi le palet de la victoire quand Mattias Weinhandl dévie joliment un tir de la bleue de Zetterberg, mais Vokoun dévie de la jambière à côté de son poteau. Cette fin de match est plus palpitante et Henrik Lundqvist a deux arrêts importants à effectuer à dix secondes du gong.

Les Tchèques retrouvent le goût de la victoire

La prolongation est nettement à l'avantage des Suédois, avec le bon travail de Zetterberg puis des frères Sedin. Mais sur la première attaque des Tchèques, ils combinent joliment en entrée de zone. Zidlicky laisse le palet à Radek Dvorak dont le puissant lancer part vers la cage et ressort. Les Suédois continuent le jeu et partent en contre-attaque, mais tout le banc tchèque est déjà monté sur la glace pour fêter la victoire... L'arbitre est obligé d'arrêter le jeu et de demander la vidéo, qui est formelle : le palet n'a pas rebondi sur la transversale mais sur la caméra à l'intérieur du but.

Après trois années d'échecs et de doutes malgré un potentiel toujours présent, les Tchèques sont de retour en finale ! Les années de déveine semblent terminées. Et les deux favoris se retrouveront en finale pour régler pour de bon la question de suprématie sur la dernière décennie du hockey mondial.

Élus meilleurs joueurs du match : Henrik Zetterberg pour la Suède et Martin Straka pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Daniel Alfredsson (attaquant de la Suède) : "C'est dur de perdre ce match. Nous avons bien joué pendant soixante minutes plus la prolongation. Nous avons eu notre chance mais elle ne nous a pas souri aujourd'hui. Ils ont fait un bon mouvement derrière la ligne bleue et Dvorak a fait un tir parfait, dur à arrêter pour un gardien. Je pense que nous avons montré beaucoup de caractère et que la mayonnaise a pris. Si nous n'avions pas suivi notre plan de jeu, nous n'aurions eu aucune chance contre les meilleurs. Beaucoup de gars peuvent être fiers de leur jeu pour cette équipe, il est juste dommage que nous n'ayons pas pu gagner ce soir."

Tomas Kaberle (défenseur de la République Tchèque) : "Nous sommes passés par des moments difficiles ces dernières années. Nous avons eu de la malchance et nous n'avons rien gagné. Pour moi personnellement, ce serait vraiment bien d'être champion du monde pour la première fois, surtout avec mon frère à mes côtés."

Vaclav Prospal (attaquant de la République Tchèque) : "Cela faisait longtemps. Le public met beaucoup de pression sur nous, surtout que les deux dernières années où nous avions une grande équipe qui n'a pas fini le travail. Maintenant, nous avons l'opportunité d'aller au bout. En finale, nous devrons bien mieux jouer défensivement que la Russie ne l'a fait contre le Canada. Nous devrons aller droit à la cage. Martin Brodeur est un grand gardien, mais personne n'est imbattable."

 

Suède - République Tchèque 2-3 après prolongation (0-0, 1-1, 1-1, 0-1)

Samedi 14 mai 2005 à 20h15 à la Eisolympiahalle d'Innsbruck. 7791 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) assisté de Sergueï Shelyanin (RUS) et Derek Doucette (CAN).

Pénalités : Suède 12' (2', 8', 2', 0'), République Tchèque 14' (4', 6', 4', 0').

Tirs : Suède 34 (11, 13, 10, 0), République Tchèque 31 (12, 11, 6, 2).

Évolution du score :

1-0 à 31'39" : Höglund assisté de Norström

1-1 à 35'03" : Cajanek assisté de Sykora

1-2 à 45'16" : Straka assisté de Prospal

2-2 à 52'03" : D. Sedin assisté de H. Sedin (sup. num.)

2-3 à 64'43" : Dvorak assisté de Zidlicky

 

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Niklas Kronwall - Christian Bäckman ; Thomas Rhodin - Mattias Norström ; Ronnie Sundin - Magnus Johansson.

Attaquants : Daniel Alfredsson - Samuel Påhlsson - Per-Johan Axelsson ; Jonathan Hedström - Henrik Zetterberg - Mattias Weinhandl ; Daniel Sedin - Mikael Samuelsson - Henrik Sedin ; Peter Nordström - Jörgen Jönsson (C) - Jonas Höglund.

Remplaçants : Johan Holmqvist (G), Sanny Lindström, Johan Franzen. Absents : Kenny Jönsson, Magnus Kahnberg (surnuméraires).

République Tchèque

Gardien : Tomás Vokoun.

Défenseurs : Tomás Kaberle - Jirí Slegr ; Jaroslav Spacek - Pavel Kubina ; Jirí Fischer - Marek Zidlický ; Jan Hejda - Frantisek Kaberle.

Attaquants : Martin Straka - Václav Prospal - Jaromír Jágr ; Jan Hlavac - David Výborný - Petr Sýkora ; Martin Rucinský - Petr Cajánek - Radek Dvorák ; Václav Varada - Josef Vasícek - Ales Hemsky.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G). Absents : Radim Vrbata, Petr Prucha (surnuméraires).

 

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