Lettonie - États-Unis (15 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe B.

La première journée du tournoi oppose une équipe des États-Unis qui semble moins bonne que celle de 2002 à Salt Lake City à la Lettonie emmenée par l'inépuisable légende Arturs Irbe. Dans les buts américains, John Grahame fait ses débuts. Il faut dire que c'est un des deux joueurs - avec Leopold - à être arrivé à Turin dès lundi. Comme la NHL a continué à jouer jusqu'à dimanche et que les chutes de neige sur le nord-est du continent américain ont retardé les avions, les autres ne sont arrivés sur le sol européen qu'hier.

Le jeu est assez physique et tourne vite à l'avantage des États-Unis, mais une première pénalité contre Jason Blake révèle une équipe lettone très organisée et dangereuse en supériorité numérique. Tout le contraire des Américains qui n'installent pas le powerplay correctement suite à une faute de Agris Saviels aggravée par un retard de jeu sifflé contre Arturs Irbe qui les laisse pourtant à cinq contre trois. Certes, ça sent la panique dans le jeu letton, mais ça tient, aidé tantôt par le poteau, et souvent par un Arturs Irbe très en jambes. Les Baltes dégagent le palet plus qu'ils ne le relancent, mais parfois un attaquant se trouve sur la trajectoire et la Lettonie se procure ainsi un 2 contre 1, alors qu'elle est en infériorité. Le tir est repoussé par John Grahame et aussitôt exploité en contre-attaque à 3 contre 2 : Brian Gionta bien servi au centre feinte un premier tir et ouvre le score d'un beau lancer. (1-0 à 9'44"). Puis Craig Conroy déborde sur la droite et bat à nouveau le cerbère letton. (2-0 à 10'38"). La Lettonie est souvent sanctionnée pour des "retenir" mais le jeu de puissance américain n'est pas du tout en place, et à la fin d'une pénalité, c'est même Arvids Rekis qui chipe le palet en sortant de prison et provoque un contre : la défense se jette naïvement (malgré l'âge moyen de l'équipe américaine qui laisse penser que Peter Laviolette a voulu miser sur l'expérience) et le jeu en triangle permet à Aleksandrs Nizivijs de reprendre le mauvais rebond laissé par John Grahame sur le tir de Sandis Ozolinš (2-1 à 13'15"). Deux minutes contre Brett Hedican donnent espoir aux Lettons maîtres du powerplay, mais ils se retrouvent vite à quatre contre quatre et le premier tiers s'achève sur 2-1.

Les États-Unis continuent leur domination lors du deuxième tiers-temps mais il faut reconnaître qu'ils ne sont pas encore très organisés et surtout dénués de leur traditionnelle qualité de tir qui a fait la force des bonnes équipes américaines de ces dernières années. Les pénalités tombent de chaque côté, mais comme depuis le début, les Lettons les mettent mieux à profit et Tribuncovs égalise d'un tir de la bleue qui passe sous la jambière de John Grahame (2-2 à 35'04''). Les Lettons prennent confiance, poussés par leur habituels supporters arborant fièrement le nouveau maillot de la sélection, et sur un débordement sur l'aile gauche, Herberts Vasiljevs (de Krefeld) signe une jolie lucarne opposée (3-2 à 35'44"). Le gardien du Tampa Bay Lightning (qui n'était que remplaçant lors de la coupe Stanley 2004) n'est pas très bon mais peut reprendre confiance sur des sauvetages sur un 2 contre 1 puis un 3 contre 2 que les Lettons euphoriques se procurent. Malgré une écrasante domination des centres américains sur les engagements, les Baltes ont tiré douze fois dans ce tiers contre sept à leurs adversaires. Surtout, les États-Unis amènent plus souvent le danger sur la cage d'Arturs Irbe, mais ils manquent de réalisme à la conclusion et se retrouvent donc menés 3-2 à la fin du deuxième tiers-temps.

Le troisième tiers temps s'ouvre sur une énorme occasion américaine en supériorité numérique, encore par Brian Gionta. Les États-Unis poussent et finalement l'arrière Jordan Leopold des Flames de Calgary parvient à égaliser d'un puissant tir de la ligne bleue que Irbe ne peut que détourner de la jambière dans ses buts (3-3 à 42'01). C'est au tour des Américains d'être sauvés par leur poteau sur le jeu de puissance suivant. Mark Parrish se prend deux plus deux minutes pour une crosse haute qui laisse Cipruss la bouche en sang, et on commence à croire en une surprise lettonne tant les Américains sont inefficaces devant et fébriles en infériorité numérique. Mais les Lettons commettent aussi beaucoup de fautes "européennes" et gâchent ainsi leur supériorité. La fin de match devient plus facile pour les Américains, en meilleure forme physique que les Baltes, à l'image d'un rapide débordement de Brian Rolston bien capté par Irbe, et les contres lettons sont maintenant systématiquement rattrapés. La stratégie consiste à chercher des rebonds car la défense lettonne est de moins en moins capable de faire le ménage devant la cage face aux physiques des Américains. Malgré plus de quarante tirs, Irbe ne cède pas à la fin d'un des rares matches où il n'est pas le vétéran (largement plus jeune que la capitaine américain Chris Chelios, 44 ans), et il offre un beau match nul à la Lettonie devant les yeux de la Présidente lettonne (et francophone) Vaira Vike-Freiberga, face à des Américains pas encore bien arrivés en Europe.

Compte-rendu signé Benoît Mantel

 

Commentaires d'après-match

Arturs Irbe (gardien de la Lettonie) : "Nous n'étions pas censés gagner ou même faire match nul. Nous n'étions pas du tout favoris dans ce match sauf dans les yeux de notre peuple. On peut dire que cela signifie plus pour nous que pour l'équipe américaine. Le jeu allait à grande vitesse et ils utilisaient tous les cylindres. C'était dur pour nous de survivre à un tel match, mais la bonne nouvelle est qu'il n'y avait que trois périodes."

John Grahame (gardien des États-Unis) : "Beaucoup de gars sont juste sortis de l'avion hier. Il n'y a pas d'excuses mais c'est la réalité. Nous ne sommes évidemment pas contents du résultat. Il faut continuer à jouer et essayer de rester positifs."

 

Lettonie - États-Unis 3-3 (1-2, 2-0, 0-1)

Mercredi 15 février 2006 à 21h05 au Palasport Olmpico de Turin. 7851 spectateurs.

Arbitrage de Timo Favorin (FIN) assisté de Thomas Gemeinhardt (ALL) et Steven Michael Miller (CAN).

Pénalités : Lettonie 16' (10', 4', 2'), États-Unis 16' (4', 6', 6').

Tirs : Lettonie 25 (7, 12, 6), États-Unis 42 (16, 7, 19).

Évolution du score :

0-1 à 09'44" : Gionta assisté de Liles et Gomez (sup. num.)

0-2 à 10'38" : Conroy

1-2 à 13'15" : Nizivijs assisté d'Ozolinš

2-2 à 35'04" : Tribuncovs assisté d'Ozolinš et Nizivijs (sup. num.)

3-2 à 35'44" : Vasiljevs assisté de Lavins

3-3 à 42'01" : Leopold assisté de Hedican et Conroy

 

Lettonie

Gardien : Arturs Irbe.

Défenseurs : Karlis Skrastinš - Arvids Rekis ; Sandis Ozolinš - Atvars Tribuncovs ; Krishanis Redlihs - Rodrigo Lavins ; Georgijs Pujacs - Agris Saviels.

Attaquants : Grigorijs Pantelejevs - Aigars Cipruss - Martinš Cipulis ; Leonids Tambijevs - Aleksandrs Semjonovs - Aleksandrs Nizivijs ; Vladimirs Mamonovs - Herberts Vasiljevs - Girts Ankipans ; Maris Ziedins - Armands Berzinš - Mikelis Redlihs.

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G).

États-Unis

Gardien : John Grahame.

Défenseurs : Jordan Leopold - Derian Hatcher ; Mathieu Schneider - Bret Hedican ; Chris Chelios - John-Michael Liles ; Brian Rafalski.

Attaquants : Brian Rolston - Mike Modano - Keith Tkachuk ; Bill Guerin - Scott Gomez - Brian Gionta ; Mike Knuble - Craig Conroy - Chris Drury ; Mark Parrish - Doug Weight - Erik Cole ; Jason Blake.

Remplaçant : Rick DiPietro (G).

 

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