Italie - Allemagne (18 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

Le vrai tournoi olympique commence maintenant pour l'Allemagne et surtout pour l'Italie, qui tient sa chance de marquer les esprits de tout un pays en ce samedi après-midi. C'est le moment pour elle de marcher sur la trace de la France aux JO d'Albertville, en battant les deux équipes à sa portée pour accéder aux quarts de finale. Car si les Allemands ont bien plus les moyens de gêner les favoris, on sait qu'ils sont à la peine pour faire le jeu devant des adversaires plus faibles, c'est d'ailleurs ce qui leur a valu leur relégation en division I mondiale.

Un des symboles de cette "équipe de préretraités" est l'inoxydable John Parco, lui qui a commencé sa reconversion comme entraîneur et n'a pas toujours été impliqué à 100% comme joueur ces dernières saisons à Asiago. Il est incroyable d'activité depuis le début de la compétition, et c'est encore lui qui donne un avantage précoce à l'Italie en sortant du coin pour tromper trop facilement Olaf Kölzig du revers (1-0 à 02'03"). Les Allemands n'arrivent pas à rentrer dans le match et les meilleures occasions sont pour les bleus, qui cherchent notamment des déviations devant la cage, type d'action que Stefano Margoni n'est pas loin de conclure. Les Italiens arrivent un peu facilement devant le but, comme Joe Busillo qui se fait soulever la crosse au moment de tirer par l'expérimenté Andreas Renz.

Changement de décor en deuxième période : c'est maintenant devant la cage italienne qu'il y a le feu. Jason Muzzatti lâche un mauvais rebond devant Tomas Martinec en embuscade, et les joueurs italiens repeignent alors le cercle du gardien : il n'est pas assez bleu comme ça à leur goût, alors ils s'allongent à quatre pour former un véritable tapis azur. Martinec s'acharne avec sa crosse et finit par propulser le palet au fond à travers l'océan de bleu, mais l'arbitre refuse le but et fait signe qu'il a sifflé avant. Ce n'est que partie remise : Tino Boos tente d'imiter le but de Parco en partant de derrière la cage vers le slot pour tester Muzzatti du revers, et le hargneux Tomas Martinec est encore là pour prendre le rebond, bel et bien validé cette fois (1-1 à 26'21"). Muzzatti ne pouvait rien faire car Strazzabosco avait poussé Boos sur lui.

Les Italiens retombent ensuite dans leurs travers et ne savent plus leurs usages illicites de la crosse, mais le jeu de puissance allemand reste stérile. L'Italie fait meilleure impression pendant une prison de Schauer, et Olaf Kölzig, assez sollicité, finit par faire trébucher Tuzzolino. La double supériorité numérique ne dure que vingt secondes et les Allemands défendent bien la fin de la pénalité... avant d'en prendre une autre quand Sascha Goc accroche Cirone. Rangez vos préjugés sur la rigueur allemande et les Latins incorrigibles, l'indiscipline a subitement changé de camp ! L'Italie met la pression, en vain, et elle concède même une contre-attaque. Heureusement pour elle, le joueur qu'elle a laissé partir en breakaway, c'est Eduard Lewandowski, l'homme qui les rate tout le temps dès lors qu'il porte le maillot de l'équipe nationale...

Sur le coup d'envoi de la troisième période, les deux défenseurs Schubert et Ehrhoff surprennent l'arrière-garde italienne et sont tout près de marquer le deuxième but allemand. Les hommes d'Uwe Krupp jouent en supériorité suite à une pénalité de Trevisani qui a accroché Barta trois secondes avant la pause, et ils obtiennent même un double avantage numérique pour une crosse haute de Ramoser sur Kreutzer. Mais le jeu de puissance allemand est très poussif et la Mannschaft n'arrive pas à se saisir de cette occasion en or malgré une tentative de près de Kreutzer sur laquelle Muzzatti s'impose. Les Allemands continuent sur la lancée de leur powerplay pour exercer une grosse pression sur les cages de Muzzatti. Fical est en bonne position pour marquer et les Italiens attendent leur heure pour sortir de leur zone. L'occasion finit par arriver sous la forme d'un mauvais dégagement de Daniel Kreutzer qui se fait subtiliser le palet par Giorgio De Bettin. L'attaquant de Cortina manque la cage mais récupère le palet et le donne en retrait à Parco. Celui-ci centre pour Anthony Iob complètement démarqué qui n'a plus qu'à pousser le palet dans la cage vide (2-1, 44'27"). Un but assassin qui aurait pu être suivi d'un deuxième quelques instants plus tard, mais Chitarroni perd son duel face à Kölzig. Le gardien allemand laisse son équipe dans le match et Sven Felski en profite pour égaliser en récupérant une passe en retrait plein axe de Kreutzer (2-2, 47'16"). Le moral change à nouveau de camp, les Allemands poussent tandis que l'Italie procède par contres. Klaus Kathan de près puis Stefan Ustorf en break en infériorité numérique ont à chaque fois le but de la victoire au bout de la crosse, mais Muzzatti sauve la patrie italienne. Le gardien italien sort le grand jeu dans cette troisième période et le scénario parfait semble se réaliser pour la Squadra Azzura lorsque De Bettin part en contre en infériorité numérique et centre pour Christian Borgatello dont la reprise de volée vient se loger sous la transversale de Kölzig (3-2, 58'28"). L'Italie semble tenir sa victoire, Krupp tente le tout pour le tout, sort Kölzig et le miracle se produit : Lewandowski centre en retrait pour Daniel Kreutzer qui élimine Strazzabosco puis ajuste Muzzatti trompé par la trajectoire du tir dévié au passage par Marcel Goc (3-3, 58'43"). Dans cette fin de match complètement folle, Martinec puis Chitarroni ont encore une occasion énorme de donner la victoire à leur équipe dans la dernière minute. En vain, l'Italie et l'Allemagne se séparent sur un match nul.

L'Italie est passée tout près de la victoire cet après-midi. Sans forcément dominer leurs adversaires mais avec une redoutable efficacité en contre-attaque, les hommes de Michel Goulet avaient match gagné après le but de Borgatello. Dommage de laisser échapper la victoire dans ces conditions, et le sentiment de déception l'emporte à la fin. Avec ce match nul, l'Italie laisse sans doute passer sa seule occasion de remporter une victoire dans le tournoi.

L'Allemagne n'a pas su pour sa part concrétiser les bonnes impressions laissées face aux Tchèques et aux Canadiens. L'horizon vers les quarts de finale se bouche considérablement avec ce match nul même si une défaite aurait anéanti tout espoir. Le match nul est donc un moindre mal mais les Allemands ont montré leurs difficultés à gagner en faisant le jeu et leur arrière-garde a fait preuve d'une grande naïveté sur les contre-attaques italiennes. Dernière chance contre la Suisse demain.

Compte-rendu signé Marc Branchu et Christophe Laparra

 

Italie - Allemagne 3-3 (1-0, 0-1, 2-2)

Samedi 18 février 2006 à 13h05 au Palasport Olimpico de Turin. 8908 spectateurs.

Arbitrage de Timo Favorin (FIN) assisté de Joacim Karlsson (SUE) et Milan Masik (SVK).

Pénalités : Italie 18' (4', 6', 8'), Allemagne 16' (6', 6', 4').

Tirs : Italie 21 (6, 8, 7), Allemagne 34 (8, 6, 20).

Évolution du score :

1-0 à 02'03" : Parco assisté de Iob

1-1 à 26'21" : Martinec assisté de Boos

2-1 à 44'27" : Iob assisté de Parco et De Bettin

2-2 à 47'16" : Felski assisté de Kreutzer

3-2 à 58'28" : Borgatello assisté de De Bettin et Chitarroni (inf. num.)

3-3 à 58'43" : M. Goc assisté de Kreutzer et Lewandowski (sup. num.)

 

Italie

Gardien : Jason Muzzatti.

Défenseurs : Michele Strazzabosco - Armin Helfer ; Bob Nardella - Florian Ramoser ; André Signoretti - Carter Trevisani ; Christian Borgatello.

Attaquants : Giuseppe Busillo - Mario Chitarroni - Tony Tuzzolino ; Stefano Margoni - Jason Cirone - Luca Ansoldi ; Anthony Iob - John Parco - Giorgio De Bettin ; Lucio Topatigh - Manuel De Toni - Stefan Zisser ; Nicola Fontanive.

Remplaçant : Günther Hell (G). Absent : Giulio Scandella (adducteurs de la cuisse gauche, remplacé par Fontanive)

Allemagne

Gardien : Olaf Kölzig (sorti de sa cage de 58'40" à 58'43").

Défenseurs : Rob Leask - Sascha Goc ; Stefan Schauer - Dennis Seidenberg ; Christian Ehrhoff - Christoph Schubert ; Alexander Sulzer - Andreas Renz.

Attaquants : Klaus Kathan - Stefan Ustorf (C) - Daniel Kreutzer ; Lasse Kopitz - Marcel Goc - Florian Busch ; Sven Felski - Alexander Barta - Petr Fical ; Eduard Lewandowski - Tino Boos - Tomas Martinec.

Remplaçant : Thomas Greiss (G).

 

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