République Tchèque - Finlande (18 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

La Finlande a une vieille rivalité avec la République tchèque qui date de la seconde moitié des années 90, lorsque les champions du monde 1995 se faisaient régulièrement éliminer par ce pays aux portes de la victoire lors des Jeux Olympiques et des Championnats du monde, voyant au passage les Tchèques accumuler les titres jusqu'à ce que le Canada prenne la relève. Avant que les deux équipes ne se recroisent peut-être en demi-finale ou en finale, ce match de poule comptant pour la troisième journée est l'occasion pour les Finlandais d'affronter leur premier gros adversaire après des faciles victoires sur la Suisse et l'Italie (5-0 et 6-0), et pour les Tchèques de faire oublier leur mauvaise performance de l'avant-veille face aux mêmes Suisses (2-3).

Le gardien finlandais, Antero Niittymäki, pour son deuxième match sous les couleurs nationales, encaisse son premier but en tant qu'international sur une supériorité numérique tchèque, sur laquelle le défenseur Marek Zidlický profite d'un plongeon trop précipité du défenseur finlandais (1-0 à 8'25"). Rostislav Olesz manque de doubler la mise deux minutes plus tard sur un 2 contre 1 sauvé par Antero Niittymäki. Puis Saku Koivu, en sortant de la prison, offre à son tour un 2 contre 1 et Olli Jokinen idéalement servi se charge de l'égalisation (1-1 à 14'14"). Jokinen qui manque de peu le doublé sur une prison de Marek Malik, mais le gardien Tomas Vokoun sort un bel arrêt de la mitaine. Rien d'autre à signaler si ce n'est la belle tentative de Martin Straka alors que les deux équipes évoluent avec un joueur en moins, et le premier tiers se conclut sur un score de un partout.

La deuxième période est un peu moins équilibrée et la Finlande semble dominer. Mais ce n'est qu'une apparence, car en réalité, la stratégie offensive finlandaise consiste à tourner autour du but adverse et à faire travailler Koivu et Selänne derrière. Tandis que côté tchèque, on cherche plutôt le tir en entrée de zone. D'où des statistiques de tirs bien plus avantageuses pour les Tchèques... mais un résultat identique. À la vingt-septième minute, Jarkko Ruuttu, jamais tendre dans ses mises en échec, charge Jaromir Jagr alors courbé à travailler contre la bande. Le Tchèque percute la bande avec la tête et s'ouvre l'arcade sourcilière (d'autant qu'il a le modèle le plus léger des casques homologués). Ils sont tous les deux renvoyés au vestiaire, l'un par l'arbitre, l'autre par le médecin de l'équipe. Il en découle un 4 contre 4 (car Straka s'est jeté sur le dos de Ruuttu pour tenter de lui expliquer qu'on ne charge pas le meilleur joueur tchèque comme ça) qui se transforme ensuite en supériorité numérique tchèque pendant trois minutes. Les Tchèques ne la concrétisent pas. En revanche, l'atmosphère reste tendue des deux côtés. Pendant que Martin Erat est en prison, Kimmo Timonen slappe sur Tomas Vokoun, son coéquipier des Nashville Predators, et Jere Lehtinen se charge du rebond à travers une forêt de joueurs (2-1 à 35'02"). En fin de tiers-temps, Marek Zidlicky signe son troisième but du tournoi (en autant de matches) d'un puissant slap plein axe de la bleue. (2-2 à 38'17").

Il ne faut que trente secondes dans la troisième période pour voir le terrible premier bloc finlandais marquer à nouveau et redonner l'avantage à la Finlande : Teemu Selänne, au bon souvenir des JO de Nagano, contourne le but et inscrit son cinquième but du tournoi dans un angle si fermé que Vokoun ne s'attendait pas à le voir tirer (3-2 à 40'30"). Dès lors, la Finlande prend l'ascendant sur les Tchèques, attaquent prudemment et s'offrent parfois quelques contres comme sur une tentative de Jukka Hentunen seul face au gardien. Teemu Selänne travaille derrière le but comme d'habitude, Saku Koivu reprend au centre, Jere Lehtinen marque sur le rebond. Schéma classique (4-2 à 48'33"). Le match est plié tant la défense finlandais est bien organisée. Seules les longues transversales tchèques lors de l'unique powerplay concédé au troisième tiers-temps offre des opportunités de but, notamment par Aleš Hemský.

Les Finlandais se sont montrés très solides pour leur premier gros match mais devront confirmer contre le Canada qu'ils sont parmi les prétendants au titre. Les Tchèques, pour leur part, après deux défaites se retrouvent dans la situation peu enviable de devoir gagner des points à tout prix pour éviter les ténors de l'autre groupe, alors qu'ils perdent tous leurs joueurs clefs au fil des matches et que Tomas Vokoun, seul gardien n°1 après le forfait définitif de Hasek, ne semble pas avoir encore commencé ses Jeux Olympiques.

Compte-rendu signé Benoît Mantel

 

Commentaires d'après-match

Pavel Kubina (défenseur de la République Tchèque) : "Dommage que Ruutu ait été sorti du match, nous aurions trouvé une méthode pour nous expliquer avec lui... Dans sa carrière, il a fait beaucoup de choses de ce genre, donc je suis persuadé que c'était une charge intentionnelle par derrière. L'auteur de ce geste ne doit plus jouer dans ce tournoi, je serais très déçu si ce n'était pas le cas. Nous étions tous sous le choc quand c'est arrivé. Jagr est très fort et j'espère qu'il reviendra parmi nous. Mais si ce n'est pas le cas, nous continuerons sans lui."

Martin Straka (attaquant de la République Tchèque) : "Jaromir n'est pas seulement notre principale star, mais il est très influent dans le vestiaire. Sa perte a affecté à la fois notre jeu, en particulier en supériorité, et notre mental. Je ne veux pas dire que nous avons perdu à cause de ça, mais c'est une des raisons principales. Vokoun joue bien. C'est à nous attaquants de le soutenir et de marquer plus."

 

République Tchèque - Finlande 2-4 (1-1, 1-1, 0-2)

Samedi 18 février 2006 à 21h05 à Torino Esposizioni. 8705 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Anthony Sericolo (USA) et Sergei Shelyanin (RUS).

Pénalités : République Tchèque 12' (4', 8', 0'), Finlande 39' (6', 6'+5'+20', 2').

Tirs : République Tchèque 39 (15, 13, 11), Finlande 32 (9, 13, 10).

Évolution du score :

1-0 à 08'25" : Zidlicky assisté de Lang et Hejduk (sup. num.)

1-1 à 14'14" : Jokinen assisté de Koivu et Peltonen

1-2 à 35'02" : Lehtinen assisté de Timonen (sup. num.)

2-2 à 38'17" : Zidlicky assisté de Lang et Spacek

2-3 à 40'30" : Selänne assisté de Lehtinen et Koivu

2-4 à 48'33" : Lehtinen assisté de Koivu et Selänne

 

République Tchèque

Gardien : Tomas Vokoun (sorti de sa cage à 59'22").

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina ; Marek Zidlicky - Jaroslav Spacek ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Marek Malik.

Attaquants : Martin Straka - Vaclav Prospal - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Robert Lang (C) - Milan Hejduk ; David Vyborny - Petr Cajanek - Ales Hemsky ; Jan Bulis - Rastislav Olesz - Martin Erat.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G). Absents : Dominik Hasek (adducteurs), Patrik Elias (coup de crosse dans les côtes).

Finlande

Gardien : Antero Niittymäki.

Défenseurs : Kimmo Timonen - Teppo Numminen ; Sami Salo - Petteri Nummelin ; Aki-Petteri Berg - Toni Lydman ; Antti-Jussi Niemi.

Attaquants : Jere Lehtinen - Saku Koivu - Teemu Selänne (C) ; Ville Peltonen - Olli Jokinen - Jussi Jokinen ; Niko Kapanen - Jukka Hentunen - Niklas Hagman ; Ville Nieminen - Mikko Koivu - Jarkko Ruutu ; Antti Laaksonen.

Remplaçant : Fredrik Norrena (G).

 

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