Russie - République Tchèque (25 février 2006)

 

Match pour la troisième place des Jeux Olympiques de Turin 2006.

Il ne reste plus que la médaille de bronze à se disputer pour les finalistes de Nagano, tous deux bloqués en demi-finale. Les Russes retrouvent Evgeni Malkin de retour de suspension, mais les Tchèques perdent Petr Cajanek blessé.

Sortie de la trappe finlandaise, la Russie peut enfin respirer et tenter des mouvements collectifs absents hier. Passe-abandon de Kovalev pour Kovalchuk que fait trébucher Zidlicky. Au retour à forces égales, bonne passe de Nepyaev pour Taratukhin à bout portant. Ouf, le mot "passe" n'est plus tabou en zone offensive. Les Tchèques ont remanié leurs lignes et c'est le nouveau troisième trio qui fait impression. David Vyborny en est le leader qui se faufile dans la défense et permet à son équipe de s'installer. Ce même Vyborny est trouvé près de la cage par Zidlicky après une bonne feinte de lancer, mais ne peut contrôler le palet. Qu'importe, l'action continue, et le toujours volontaire Martin Erat tire en lucarne (0-1 à 04'48").

Les Russes obtiennent de nouveau une supériorité trente secondes plus tard quand Hemsky lève sa crosse face à une charge de Kasparaitis. Après de multiples déviations, le palet arrive vers Kovalchuk près de la cage ouverte mais il le rate. Troisième jeu de puissance après une pénalité de Bulis : tir un peu mou de Malkin sur une bonne passe d'Andreï Markov, lancer haut de Sushinsky sur Vokoun qui rampe un peu après le rebond finalement dégagé par sa défense, et tentative de tour de cage de Kovalev bien anticipée par Malik. La dernière prison du premier tiers-temps est cependant pour Gonchar. On note que Marek Zidlicky n'est pas à la bleue mais comme organisateur sur les côtés : les Tchèques ne cherchent pas à prendre des lancers mais à tourner autour de la boîte russe, sans succès.

En début de deuxième période, Bulis commet une faute sur Afinogenov. Sur cette infériorité, Vokoun se fait contrer en sortant derrière sa cage, mais il n'y a aucun Russe dans l'enclave pour reprendre ce palet. La pénalité n'est pas terminée qu'Ilya Kovalchuk charge à la tête Pavel Kubina qui venait de prendre une première mise en échec de Malkin. La sanction est exemplaire : retour aux vestiaires pour le n°71 ! Le match est aussi terminé pour Kubina, sonné après avoir été propulsé contre la bande. Ces cinq minutes sont évidemment le tournant de la partie. Les Tchèques amènent le danger près de la cage, et dès que le palet est ressorti à la bleue pour Zidlicky, il marque son quatrième but du tournoi (0-2 à 26'36"). La Russie est à peine revenue à cinq qu'elle connaît une nouvelle mésaventure : Prospal est atteint au visage par la crosse de son coéquipier Malik, mais c'est Kovalev qui est envoyé en prison pour crosse haute. Enfin à cinq, les Russes tentent de se réorganiser offensivement. Krikunov n'a cessé de tenter des choses dans ce tournoi, quitte à revenir dessus lorsqu'il se trompait, et la sortie de Kovalchuk l'oblige à chercher des trios expérimentaux comme Ovechkin-Datsyuk-Sushinsky. Mais la Russie se fait aussi une frayeur quand Daniil Markov recule dans Nabokov au moment où il fait un arrêt. Le vent peut tourner quand Zidlicky, recordman des buts et des prisons dans le camp tchèque, retient Malkin. Après un travail de Kovalev derrière la cage, Aleksandr Kharitonov reprend ce palet sautillant... sur le poteau ! La réussite fuit les Russes.

Désormais réduits à trois lignes, les Russes haussent le rythme au cours de la troisième période afin d'imposer une pression incessante dans la zone tchèques. La domination est totale mais Tomas Vokoun, maintenant revenu en confiance, ne craque plus. Frantisek Kaberle charge Andreï Markov avec le genou, et Maksim Afinogenov tente un tour de cage sur son revers sur cette supériorité. Enfin, la Russie arrive à ses fins quand Sushinsky se fait contrer par Malik et que le palet est volleyé dans les airs par Pavel Datsyuk. L'arbitre refuse le but pour crosse haute et Datsyuk, qui heurte son bras levé avec le casque en se précipitant pour lui, prend une méconduite. L'arbitre concède de demander la vidéo, mais cela ne change rien à la décision. Avec la perte de son meilleur joueur du tournoi, un peu moins présent dans ces dernières rencontres (à cause de son doigt cassé ?), la Russie sait que c'est terminé. Elle sort son gardien, mais à deux contre un, Erat et Strakja amènent tranquillement le palet dans les filets déserts (0-3 à 59'52").

La Russie est éjectée du podium olympique, ce qui ne lui était arrivé qu'une fois, à Lillehammer. Le manque de discipline lui a encore coûté cher. Des numéros de soliste inefficaces de Maksim Afinogenov au "cas" Kovalchuk, les générations passent et l'esprit individualiste demeure. C'est pourquoi cette collection de talents offensifs vient de passer deux matches décisifs sans marquer le moindre but...

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Les joueurs ont fait ce qu'ils ont pu. Il n'y a pas de reproche à leur faire, sauf de ne pas avoir marqué. J'ai changé les lignes parce que Datsyuk n'était pas dans le meilleur état physique. Il a mieux construit avec Sushinsky et Kharitonov. On a regardé la vidéo de son but : même si sa crosse est en dessous, la palette est effectivement au-dessus de la ligne d'épaules. [...] Le calendrier était trop serré pour le respect des athlètes. Il y a eu trop de blessés. Kovalev est monté sur la glace malgré des douleurs au muscle iliaque. [...] Le staff n'a pas commis d'erreurs qui aurait changé radicalement le cours des choses. Si c'était à refaire, je prendrais juste moins de défenseurs défensifs. Il est plus facile d'apprendre à détruire qu'à construire. Kulyash aurait été utile. [...] Si seulement on avait eu deux ou trois jours pour travailler les unités spéciales... J'ai dû envoyer les diagrammes tactiques cryptés par internet aux joueurs de NHL, pendant que Nemchinov restait en relation avec eux. J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut envoyer aux JO une équipe composée pour moitié de joueurs de Superliga, avec des lignes déjà préparées."

Andreï Kovalev (attaquant de la Russie) : Nous sommes tombés dans un jeu individuel. Nous avons cessé de patiner et d'être mobiles. Et surtout, nous avons pris trop de pénalités. Ces trois facteurs ont abouti à cette quatrième place. Nous nous sommes peut-être sentis trop confiants après avoir battu les Canadiens, chacun voulait montrer son savoir-faire individuellement. S'il y avait une médaille, même de bronze, je m'en réjouirais et je garderais des souvenirs de ce tournoi. Mais maintenant il n'y a rien et je veux tout oublier."

Jaromir Jagr (attaquant de la République Tchèque) : "Je quitte l'équipe nationale, ma décision est prise à 90%. Je ne pourrai revenir en sélection que si je joue pour un club tchèque ou européen. J'aurais voulu conclure ma carrière internationale avec l'or olympique, mais il faut voir la vérité en face, les Suédois ont été bien meilleurs que nous. La loi de ce tournoi est qu'il est très important de marquer le premier but, car quand on est mené au score on doit changer son système de jeu et on commet des erreurs. Je ne suis pas monté sur la glace en troisième période à cause d'une blessure à l'aine. J'espère être vite opérationnel, je veux maintenant terminer meilleur marqueur de NHL et aller le plus loin possible avec les Rangers."

 

Russie - République Tchèque 0-3 (0-1, 0-1, 0-1)

Samedi 25 février 2006 à 20h35 au Palasport Olimpico de Turin. 8379 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Joacim Karlsson (SUE) et Steven Michael Miller (CAN).

Pénalités : Russie 41' (2', 2'+5'+20', 2'+10'), République Tchèque 14' (6', 4', 4').

Tirs : Russie 28 (10, 6, 12), République Tchèque 15 (6, 7, 2).

Évolution du score :

0-1 à 04'48" : Erat assisté de Vyborny et Lang

0-2 à 26'36" : Zidlicky assisté de Jagr et Lang (sup. num.)

0-3 à 59'52" : Straka assisté d'Erat (cage vide)

 

Russie

Gardien : Evgeni Nabokov.

Défenseurs : Andreï Markov - Daniil Markov ; Fedor Tyutin - Anton Volchenkov ; Darius Kasparaitis (A) - Sergei Gonchar ; Vitali Vishnevsky - Sergei Zhukov.

Attaquants : Ilya Kovalchuk [puis Ovechkin à 23'21"] - Pavel Datsyuk [puis Malkin à 40'00"] - Alekseï Kovalev (C) ; Aleksandr Ovechkin [puis Kozlov à 23'21"] - Alekseï Yashin (A) - Viktor Kozlov [puis Afinogenov à 10'] ; Aleksandr Kharitonov - Evgeni Malkin [pusi Datsyuk à 40'00"] - Maksim Sushinsky ; Ivan Nepryaev - Andreï Taratukhin - Maksim Afinogenov [puis Kozlov de 10' à 23'21"].

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

République Tchèque

Gardien : Tomas Vokoun.

Défenseurs : Jaroslav Spacek - Pavel Kubina (A) ; Tomas Kaberle - Marek Zidlicky ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Marek Malik.

Attaquants : Jan Bulis - Vaclav Prospal - Milan Hejduk ; Martin Rucinsky - Martin Straka - Jaromir Jagr ; Robert Lang (C) - David Vyborny (A) - Martin Erat ; Rastislav Olesz - Ales Kotalik - Ales Hemsky.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G). Absents : Petr Cajanek (blessé), Dusan Salficky (troisième gardien).

 

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