Autriche - Pologne (29 avril 2006)

 

Cinquième et dernière journée du championnat du monde de division I, groupe B.

Après son large succès obtenu aux dépends des Pays-Bas (8-3), la sélection autrichienne se retrouve à une marche de son objectif initial : la remontée en élite mondiale. Si elle a plutôt bien négocié ce groupe piégeux, l'Autriche ne peut pourtant plus être rejointe que par une équipe, cette Pologne qui était, avant l'ouverture de ce Mondial, son principal adversaire. Mais voilà, les Polonais ont lâché du lest en tombant dans le piège tissé par la surprenante Lituanie (1-2) et paraissent, avant le premier engagement de la rencontre, assez peu à même de bousculer une Autriche sérieuse et déterminée. Possédant en ses rangs l'un des deux seuls joueurs de NHL du plateau, l'attaquant de Boston Mariusz Czerkawski, la Pologne semble moins compétitive que par le passé mais reste un opposant à ne pas sous-estimer. En effet, un faux pas des hommes de Jim Boni enverrait les Polonais en élite mondiale...

Décidés à mettre toutes les chances de leur côté, les Autrichiens entament fort la partie en exploitant les largesses de la défensive polonaise. Reprenant le puck derrière la cage à la suite d'une première intrusion de ses coéquipiers, Thomas Koch a ainsi toute liberté pour manœuvrer sur le côté, repiquer légèrement vers le centre puis ajuster un Rafal Radziszewski livré à lui même (1-0 à 01'54"). Le ton est donné et la Pologne, si elle tente bien de réagir, ne trouve que peu de solutions face à Reinhard Divis, occupé sur quelques lancers lointains ou en angle. C'est toujours le cas à l'occasion de la première supériorité numérique mais, une nouvelle fois trahi par les siens qui perdent bêtement la rondelle en zone neutre, Radzisewski doit céder une deuxième fois sur un slap pleine lucarne de Jeremy Rebek (2-0 à 07'20").

Les Autrichiens capitalisent en ce début de match et voient d'un bon œil l'incarcération pour un slashing de la star du hockey polonais Mariusz Czerkawski. C'est le moment choisi par ses coéquipiers pour occuper la zone offensive et un lancer de la bleue signé Marcin Kolusz se voit repoussé vers le centre, en destination d'un Adam Baginski qui rôdait par là et envoie le puck dans une cage entr'ouverte (2-1 à 08'10"). C'est là que tout s'emballe puisqu'à peine le temps de réengager que l'Autriche fait une nouvelle fois la différence, par André Lakos dont le lancer balayé de la ligne bleue ne peut être capté par Radziszewski (3-1 à 08'54"). Le gardien de Cracovie, fâché ce soir avec les tirs de loin (seulement deux arrêts en cinq tentatives), est aussitôt invité à suivre la suite des débats du banc de touche. La charge incombe désormais à Tomasz Wawrzkiewicz de garder les clés de la maison. Plus réactifs que leurs homologues polonais, les Autrichiens ont la partie bien en main et misent sur une grosse défense pour bloquer les contre-attaques des hommes de Rudolf Rohacek. Le bon positionnement des Aigles autrichiens leur permet de jouer à leur tour les contres mais Warwrzkiewicz se montre plus ferme que son collègue remplacé quelques minutes auparavant en annihilant le tour de cage de Rebek (13'56") puis en s'imposant du bouclier devant une percée de Setzinger (15'58").

Les Polonais jouent eux assez bien le coup en désavantage numérique. Après avoir précédemment réduit la marque, ceux-ci pressent haut et provoquent la faute autrichienne, de Mike Stewart en l'occurrence. Sans pour autant faire la différence, mais un tir ras de glace complètement excentré de la gauche de Sebastian Gonera file tout droit entre les bottes d'un Reinhard Divis à la vue occultée par son arrière André Lakos (3-2 à 22'06"). Un but-gag qui remet la Pologne dans le coup.

Si la succession de pénalités qui s'ensuit voit dans un premier temps Reinhard Divis multiplier les prouesses devant le jeu de puissance initié par Czerkawski et compagnie (29e), le penalty-killing polonais s'empresse de confirmer ses bonnes dispositions. Et même si l'Autriche parvient à se créer de bonnes opportunités, comme cette remise de Trattnig à direction de Kalt ou cette échappée d'un Pewal tout droit sorti de pénalité (33e), les lancers prennent trop rarement la direction du cadre...

La Pologne s'efforce elle de se montrer plus présente et surtout plus pressante dans ce tiers médian où la sûreté de Tomasz Wawrzkiewicz devant son filet se fait sentir. L'habituel portier de Torun doit encore s'employer en ouverture de troisième période, notamment devant ce décalage crée côté droit par Oliver Setzinger vers un Robert Lukas posté en entrée de zone (42e). Alors que Marco Pewal se montre décidément peu en verve dans son travail offensif (43e), la Pologne elle a laissé passé l'orage mais bredouille beaucoup trop dans la construction. Dans ces conditions, ce sont les Autrichiens qui procèdent plus par contres et si Matthias Trattnig s'essaie de loin sans réussite (53'06"), un très bon forecheck du deuxième bloc des rouges aboutit à un lancer de Robert Lukas, repoussé par Wawrzkiewicz dans le trafic mais conclu du revers par un Daniel Welser bien placé à sa droite (4-2 à 54'56").

Les hommes de Jim Boni tiennent le bon bout désormais mais une obstruction d'André Lakos (58'01") promet un final haletant. En avantage numérique, les Polonais parviennent à égaliser sur un lancer décalé de Grzegorz Piekarski trompant un Reinhard Divis une nouvelle fois masqué (4-3 à 58'09") mais le chant du cygne se fait entendre sur une intervention décisive de Marco Pewal devant un Piotr Sarnik fort bien placé dans l'enclave et le contre qui en découle est mené par Thomas Koch scellant définitivement les débats dans une cage abandonnée (5-3 à 58'51").

Mission accomplie pour l'Autriche après un parcours sérieux et sans accrocs. Non sans se faire quelques frayeurs, notamment devant ces tenaces Estoniens, Lituaniens et ces Polonais qui l'auront poussé dans ses derniers retranchements. Malgré tout, le bilan est parfait avec cinq gains en autant de matchs, au sein d'un groupe plus dense que prévu. Grands bonhommes de cette remontée, la nouvelle vague des Welser, Setzinger et Koch qui n'aura eu de cesse de se montrer à son avantage mais aussi l'expérience d'un Matthias Trattnig ou encore l'apport précieux du défenseur d'origine canadienne Jeremy Rebek, élu meilleur arrière du tournoi. Bref, l'affront de mai dernier est désormais lavé et tout ce beau monde pourra de nouveau goûter au parfum du mondial élite.

Jérémie Dubief

Commentaires d'après-match :

Dieter Kalt sr (président de la fédération autrichienne) : "L'équipe a réalisé ce que j'attendais : cinq victoires et la montée. Nous avons gardé notre plan de jeu durant tout le tournoi même quand nous étions menés. Nous avions plus de forces que nos adversaires, et cela a été décisif. On n'a jamais eu le sentiment qu'une défaite était possible. [...] La base doit être élargie et il est absolument nécessaire que les équipes donnent la possibilité aux jeunes d'accumuler du temps de jeu. Coucher leurs noms sur la feuille de match ne suffit pas. Quand on ne leur donne pas leur chance, on ne peut pas espérer qu'ils s'améliorent."

Giuseppe Mion (manager de l'Autriche) : "Que 150 supporters soient venus jusqu'à Tallinn nous soutenir dans cette situation, c'est vraiment incroyable. Je vois cela comme une confirmation que le hockey vit une période faste en ce moment en Autriche. Tout Tallinn porte les fans autrichiens dans son cœur. Je dois les remercier encore une fois au nom de l'équipe pour cette semaine inoubliable."

 

Autriche - Pologne 5-3 (3-1, 0-1, 2-1)
Samedi 29 avril 2006 à 13h00 au Saku Suurhall de Tallinn. 1100 spectateurs.
Arbitrage de Tomas Turcan (TCH) assisté de Mikael Ljungqvist (SUE) et Karol Popovic (SUI).
Pénalités : Autriche 14' (4', 8', 2'), Pologne 14' (4', 8', 2').
Tirs : Autriche 34 (12, 11, 11), Pologne 33 (13, 15, 5).

Évolution du score :
1-0 à 01'54" : Koch assisté de Welser
2-0 à 07'20" : Rebek assisté de Koch
2-1 à 08'10" : Baginski assisté de Kolusz et Borzecki (inf. num.)
3-1 à 08'54" : A. Lakos assisté de Pewal et Trattnig (sup. num.)
3-2 à 22'07" : Gonera
4-2 à 54'56" : Welser assisté de R. Lukas
4-3 à 58'09" : Piekarski assisté de Borzecki et Czerkawski (sup. num.)
5-3 à 58'51" : Koch assisté de Welser (cage vide)
 

Autriche

Attaquants :
Philippe-Michael Horsky - Sean Selmser - David Schuller
Oliver Setzinger - Thomas Koch - Daniel Welser (A)
Matthias Trattnig - Marco Pewal - Dieter Kalt (C)
Mark Szücs - Roland Kaspitz - Markus Peintner

Défenseurs :
Philippe Lakos - Michael Stewart (A)
Robert Lukas - Jeremy Rebek
André Lakos - Martin Ulrich
Johannes Reichel - Thomas Pfeffer

Gardien :
Reinhard Divis

Remplaçant : Gert Prohaska (G).

Pologne

Attaquants :
Mariusz Czerkaswki (A) - Michal Garbocz (C) - Marcin Kolusz
Leszek Laszkiewicz (A) - Damian Slabon - Piotr Sarnik
Zbigniew Podlipni - Adam Baginski - Jaroslaw Rozanski
Martin Voznik - Michal Piotrowski - Mikolaj Lopuski

Défenseurs :
Adam Borzecki - Grzegorz Piekarski
Sebastian Gonera - Mariusz Duleba
Jaroslav Klys - Krzysztof Smielowski
Bartlomiej Piotrowski - Lukasz Sokol

Gardien :
Rafal Radsziszewski puis Tomasz Wawrzkiewicz à 08'54"

 

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