Suisse - Italie (6 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe B.

Les Suisses ont vu la Vierge

Maintenant que la Suisse a été adoubée parmi les grands aux Jeux Olympiques, il ne faudrait pas qu'elle reprenne la mauvaise habitude de se mettre au niveau de son adversaire même quand celui-ci est inférieur. C'est ce qu'elle avait déjà fait à Turin contre l'Italie (match nul "volé" sur la fin), et cela reprend le même chemin aujourd'hui...

Comme à chaque match de ce Mondial, les règles sont appliquées à la lettre dès le début et les pénalités pleuvent. L'occasion de voir que le jeu de puissance suisse n'est pas encore au niveau de l'an dernier. Sur ses deux premières minutes complètes, il ne joue quasiment pas en zone offensive, à cause entre autres d'un bon travail de Borgatello pour porter le palet devant la cage adverse. La meilleure occasion était venue à quatre contre quatre, par Martin Plüss, qui s'était défait des griffes de Trevisani pour venir défier Muzzatti dans un angle tout de même assez fermé. Ce match débute de façon assez confuse, entre les fautes à répétition, les passes ratées et les actions mal coordonnées. L'un des rares à se mettre en évidence dans cette misère est le capitaine italien Joe Busillo, à l'affût du moindre palet à intercepter en zone neutre. Pour le reste, on a rarement joué à cinq contre cinq, et on a rarement joué tout court.

La Suisse doit absolument se réveiller au deuxième tiers-temps, et Kévin Romy montre la voie avec un lancer sur la transversale. Et l'indiscipline des Italiens ne s'arrange pas : quand Ramoser ceinture Streit, ils se retrouvent à trois contre cinq pour une minute et demie. Muzzatti tient la baraque et ses défenseurs protègent bien le slot. Qui a dit qu'accroître le nombre de pénalités aurait pour effet indirect d'accroître le nombre de buts ? Avec les jeux de puissance de ce soir, ça ne risque pas...

Le match démarre enfin quand Patric Della Rossa, échappé de sa prison, est accroché par Borgatello (27'59"). C'est le tir de pénalité, sur lequel Muzzatti ne prend pas à la feinte de Matin Plüss. L'arbitre le donne néanmoins à retirer car le gardien de Bolzano s'est avancé trop tôt. Cela met de l'animation dans les tribunes avec quelques gentillesses italiennes - rentrées dans le vocabulaire international - hurlées à l'attention de l'arbitre. Plüss essaie cette fois la feinte à droite, encore bien lue par Muzzatti. Le néo-international Raffaele Sannitz, en bon Suisse italien, imite les mauvaises habitudes transalpines et prend sa quatrième prison du jour. Sur un slap de Giorgio De Bettin, Parco est bien pris dans le slot mais Tony Iob surgit et met le palet au fond (0-1 à 30'18"). Les Suisses ne sont pas dans leur match et sont même pris en surnombre. Puis ils sont réduits à trois quand Vauclair fait trébucher Cirone. Ce n'est pas fini, car Stefano Margoni file au but, fauché par Plüss : re-penalty, pour le camp d'en face. Mickey Goulet envoie John Parco, à qui tout réussit depuis trois mois, mais il échoue sur David Aebischer (34'31"). L'Italie a quand même la baraka : Muzzatti est piégé par un palet qui rebondit en fond de zone alors qu'il a quitté nonchalamment sa cage, et Alex Egger dégage la rondelle un dixième de seconde avant que Romy ne le pousse dans les filets déserts...

En début de troisième période, Muzzatti se met encore en danger avec un poke-check orienté plein axe, où Andres Ambühl, qui a le but grand ouvert, tire pile au centre... sur la figure du pape peint du côté droit (la vierge est à gauche) du casque de Muzzatti qui plonge en catastrophe. L'Italo-Canadien, en pleine bourre, arrête aussi un tir de l'enclave de Streit, mais il ne peut rien quand Ivo Rüthemann dévie devant le but une passe de la droite de Sandy Jeannin (1-1 à 44'56"). Mais malgré une nouvelle double infériorité numérique, les Italiens résistent toujours. C'est en fait une autre sortie à la crosse de Muzzatti qui s'avère fatale : elle est contrée par Patric Della Rossa dont la passe devant la cage, destinée à Plüss, est directement déviée par le bras du gardien dans ses propres filets (2-1 à 52'31"). On ne croit plus trop en cette Italie qui se tire une dernière balle dans le pied quand l'incurable Tony Iob donne un cinglage à Blindenbacher en zone offensive à l'avant-dernière minute. Muzzatti sort quand même malgré l'infériorité, et Rüthemann offre le but facile en cage vide à Plüss (3-1 à 59'40").

Jason Muzzatti a longtemps maintenu les Italiens dans le match. Mais avec son style aussi imprévisible que ses célèbres coups de sang, il a aussi contribué à leur perte avec ses sorties hasardeuses. Ayant dominé le dernier tiers-temps 16 tirs à 1, la Suisse a mérité de remporter la victoire, mais elle a reçu un sérieux avertissement. Quant aux incorrigibles Italiens, ils ont failli réussir un retour intéressant dans l'élite. Mais il leur faut avant toute chose réduire leurs pénalités, car ils n'ont fait aucun progrès depuis Turin. Car à cette cadence, et connaissant les deux équipes, l'arbitre d'Italie-Ukraine risque de terminer à bout de souffle...

Désignés meilleurs joueurs du match : Ivo Rüthemann pour la Suisse et Jason Muzzatti pour l'Italie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Mark Streit (défenseur de la Suisse) : "Cela n'a pas été facile. Pas seulement parce que leur gardien a fait un grand match, mais aussi parce que cette Suisse avec beaucoup de visages nouveaux manque un peu d'expérience. Mais les choses s'amélioreront de match en match. Je n'avais pas joué depuis deux semaines et j'ai souffert un peu au début, également du fait qu'on pratique ici un jeu différent de celui auquel je me suis habitué en NHL. Ce qui compte le plus, cependant, c'est que mon genou ne m'a posé de problèmes particuliers. Je me sens ainsi rassuré."

Raffaele Sannitz (attaquant de la Suisse) : "Cet arbitre américain était sûrement d'origine italienne... Blague à part, il a été très tatillon. Il y a au moins deux pénalités que je ne m'explique pas. C'est frustrant, parce qu'après ma quatrième pénalité, je ne suis pas allé dans les coins avec ma détermination habituelle. Dans mon rôle devant la cage, je dois être plus agressif, et j'espère que les arbitres du Mondial laisseront plus courir le jeu."

Julien Vauclair (défenseur de la Suisse) : "Nous aurions pu tuer le match dès le premier tiers-temps, où nous avons eu plus de huit minutes de supériorité numérique sans presque jamais réussir à les mettre vraiment sous pression. L'idée est là, mais il faut mettre plus vite le palet devant la cage et cacher la vue du gardien : Muzzatti a vu partir pratiquement tous nos tirs et a accompli des arrêts plutôt faciles. Notre réaction au troisième tiers augure de bonnes choses."

Andrea Molteni (attaquant de l'Italie) : "Nous avons pensé avoir assez de force et de lucidité pour y arriver, mais quelques grosses erreurs ont dégagé la route à la Suisse, qui d'elle-même avait déjà pris le contrôle de la troisième période. Alors, pour nous, il n'y avait plus rien à faire."

 

Suisse - Italie 3-1 (0-0, 0-1, 3-0)

Samedi 6 mai 2006 à 16h15 à la Skonto Arena de Riga. 4450 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) assisté de Joseph Ross (USA) et Pål Garsjö (ALL).

Pénalités : Suisse 24' (10', 8', 6'), Italie 26' (14', 6', 6').

Tirs : Suisse 41 (9, 16, 16), Italie 14 (3, 10, 1).

Évolution du score :

0-1 à 30'18" : Iob assisté de De Bettin et Parco (sup. num.)

1-1 à 44'56" : Rüthemann assisté de Jeannin et Plüss

2-1 à 52'31" : Della Rossa

3-1 à 59'40" : Plüss assisté de Rüthemann et Blindenbacher (sup. num., cage vide)

 

Suisse

Gardien : David Aebischer.

Défenseurs : Mark Streit (C) - Beat Forster ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair - Martin Steinegger ; Timo Helbling.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Martin Plüss - Patric Della Rossa ; Marc Reichert - Andres Ambühl - Thierry Paterlini ; Romano Lemm - Sandy Jeannin - Raffaele Sannitz ; Thomas Déruns - Kevin Romy - Valentin Wirz.

Remplaçant : Jonas Hiller (G).

Italie

Gardien : Jason Muzzatti (sorti de sa cage de 59'28" à 59'40").

Défenseurs : Christian Borgatello - Armin Helfer ; Florian Ramoser - Michele Strazzabosco (A) ; Carlo Lorenzi - Carter Trevisani ; Alexander Egger.

Attaquants : Giuseppe Busillo (C) - Jason Cirone - Stefano Margoni [puis Molteni en fin de match] ; Anthony Iob - John Parco - Giorgio De Bettin (A) ; Nicola Fontanive - Manuel de Toni - Luca Ansoldi ; Paolo Bustreo - Enrico Chelodi - Andrea Molteni.

Remplaçants : Thomas Tragust (G), Luca Felicetti.

 

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