Italie - Ukraine (10 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe B

Match décisif pour éviter la poule de relégation entre l'Ukraine et l'Italie, les deux équipes n'ayant pas marqué le moindre point à l'issue des deux premières journées. L'Ukraine a fait meilleure impression que le promu italien en ne s'inclinant que d'un petit but face à la Suisse (1-2) et deux seulement face à la Suède (2-4). La Squadra azzurra a en revanche plus souffert ne marquant qu'un seul but pour sept encaissés. Mais les hommes de Michel Goulet se sont sans doute réservés pour cette rencontre qui sent le soufre entre deux formations réputées pour leur jeu physique.

Les Italiens prennent le meilleur départ dans la rencontre et ce avec l'aide involontaire des Ukrainiens qui séjournent sur le banc des pénalités. En l'espace de dix minutes, Klimentiev, Sryubko et Semenchenko se sont fait sanctionner, laissant l'Italie en avantage numérique pendant six minutes. Les Italiens bénéficient même de trente secondes à cinq contre trois mais ne parviennent pas à faire la différence. Une inefficacité en jeu de puissance qui coûtera très cher à l'Italie au décompte final. Car les joueurs d'Oleksandr Seukand ne montrent nettement plus adroits dans cet exercice. Après avoir mal négocié deux 2 contre 1, les Ukrainiens obtiennent enfin leur première supériorité de la rencontre sur une obstruction de Fontanive. Douze secondes plus tard, Konstantin Kasyanchuk envoie un slap hors de portée de Jason Muzzatti et l'Ukraine ouvre le score (0-1, 14'54"). Les jaunes et bleus n'ont pas la même réussite lors de leur deuxième avantage numérique mais rentrent au vestiaire avec un but d'avance.

Et il ne leur faut que très peu de temps pour doubler leur avantage en faisant preuve une nouvelle fois d'une redoutable efficacité en jeu de puissance. Strazzabosco est sanctionné peu après la reprise et cette fois trente-cinq secondes sont suffisantes à Roman Salnikov pour reprendre un rebond laissé par Muzzatti sur un tir de Bobrovnikov (0-2, 21'08"). Gonflés à bloc par cette reprise en fanfare, les Ukrainiens mettent les Italiens sous pression. Yuriy Dyachenko et Vitaliy Semenchenko manquent de très peu le troisième but, l'un échouant sur le poteau et l'autre sur un excellent Muzzatti. L'indiscipline est italienne dans ce tiers avec deux nouvelles pénalités concédées à la suite par Borgatello et Helfer. L'Ukraine aurait pu en profiter pour prendre un avantage décisif au score mais ne parvient pas à marquer le troisième but libérateur. L'Italie obtient un peu d'oxygène sur une pénalité de Protsenko, et alors que le jeu est de nouveau à égalité numérique, Giuseppe Busillo profite du trafic créé devant la cage de Simchuk pour placer la rondelle hors de portée de la jambière du gardien ukrainien (1-2, 32'25"). Ce but marqué contre le cours du jeu freine les ardeurs ukrainiennes et fait monter la tension d'un cran à l'image d'une friction entre Ramoser et Diachenko. Ce dernier à son retour sur la glace manque de peu le quatrième but : le palet heurte le poteau pour rebondir sur Muzzatti avant d'être écarté in extremis sur la ligne de but par un défenseur italien.

Avec seulement un but de retard avant le dernier vingt, les chances italiennes sont intactes. L'occasion d'égaliser arrive rapidement sur une prison d'Oleksandr Materukhin mais le jeu de puissance italien est toujours aussi stérile et Simchuk passe deux minutes tranquilles. Paradoxalement c'est en infériorité numérique que les Italiens se procurent leur meilleure chance d'égaliser. Anthony Iob fausse compagnie à la défense ukrainienne mais est rattrapé irrégulièrement par Denis Isayenko. La Squadra azzurra semble avoir laissé passer sa chance car la rencontre bascule définitivement du côté ukrainien lorsque Yuri Gunko dévie dans le slot un centre tir de Vitali Lytvynenko (1-3, 51'11"). Les Ukrainiens ne gardent pas leur sourire très longtemps car Isayenko perd connaissance sur le banc après avoir été durement mis en échec. Il est ensuite rapidement évacué à l'hôpital avec des blessures au cou et au visage. Un incident qui doit préfigurer d'une fin de match particulièrement tendue. Borgatello parvient tout de même à réduire le score en supériorité numérique, sa déviation sur un tir de Molteni lobbant Simchuk (2-3, 55'38"). L'Italie devant marquer encore deux buts pour éviter la poule de relégation, Goulet décide de prendre tous les risques et sort Muzzatti à plus de deux minutes de la fin. Un pari risqué et vite perdu puisque Yuri Diachenko marque dans la cage vide dix secondes plus tard (2-4, 57'56").

Le jeu proprement dit s'arrête là, les deux dernières minutes ne sont que règlements de comptes en tous genres. Shakhraichuk et Iob en viennent aux mains devant la cage de Simchuk et sont priés de regagner les vestiaires. Mais Klimentiev ne veut pas en rester là et va s'expliquer avec Iob dans le couloir du vestiaire. La sécurité doit intervenir pour séparer les deux hommes tandis que Strazzabosco et Helfer s'en vont provoquer les joueurs ukrainiens. Le match se termine dans une ambiance délétère, les deux équipes rentrant directement au vestiaire au coup de sifflet final après avoir donné un bien piètre image du hockey. On préférera retenir de ce match la qualification ukrainienne due en particulier à une meilleure gestion des supériorités numériques. L'Italie devra passer par la poule relégation pour préserver son maintien dans l'élite mondiale.

Désignés meilleurs joueurs du match : Giuseppe Busillo (Italie) et Yuri Gunko (Ukraine)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Michel Goulet (entraîneur de l'Italie) : "Nous avons joué strictement pendant deux périodes. Dans la troisième nous avons été aventureux, c'est pourquoi nous avons perdu."

Aleksandr Seukand (entraîneur de l'Ukraine) : "Nous savions que l'Italie serait notre principal adversaire. Nous avons examiné jusqu'au moindre détail les cassettes des JO de Turin et nous savions comment la jouer. Il fallait du mouvement. Ce mouvement est apparu en deuxième période et nous avons pris le match sous contrôle. Une minute de déconcentration a permis aux Italiens de réduire le score, le match est devenu complexe, émotionnel. Je considère que les émotions ne doivent pas dépasser de la glace. Peut-être que Klimentiev et Sharkhraïchuk ne seront pas sanctionnés puisque les instigateurs de la bagarre était des Italiens. Nous n'appellerons pas de joker en défense car nous n'en avons pas. Je ne ferai pas reculer Bobrovnikov car il est excellent en attaque, même si sa participation aux Mondiaux était en question. C'est Navarenko qui passera dans l'alignement de base pour compenser les blessures."

 

Italie - Ukraine 2-4 (0-1, 1-1, 1-2)

Mercredi 10 mai 2006 à 16h15 à la Skonto Arena. 2174 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) assisté de Ales Lesnjak (SLO) et Ronni Jakobsen (DAN).

Pénalités : Italie 52' (4', 10', 8'+10'+10'+10'), Ukraine 42' (6', 6', 10'+10'+10').

Tirs : Italie 21 (8, 6, 7), Ukraine 27 (8, 13, 6).

Évolution du score :

0-1 à 14'54" : Kasyanchuk assisté de Shakhraichuk et Ostroushko (sup. num.)

0-2 à 21'08" : Salnikov assisté de Bobrovnikov et Diachenko (sup. num.)

1-2 à 32'25" : Busillo assisté de Trevisani et Cirone

1-3 à 51'11" : Gunko assisté de Lytvynenko

2-3 à 55'38" : Borgatello assisté de Molteni (sup. num.)

2-4 à 57'56" : Diachenko assisté de Gunko (cage vide)

 

Italie

Gardiens : Jason Muzzatti (sorti de 57'46" à 57'56" et de 58'59" à 60'00").

Défenseurs : Michele Strazzabosco (A) - Florian Ramoser ; Armin Helfer - Christian Borgatello ; Carlo Lorenzi (A) - Carter Trevisani ; Alexander Egger.

Attaquants : Anthony Iob - John Parco - Giorgio De Bettin ; Giuseppe Busillo (C) - Jason Cirone - Andrea Molteni ; Stefano Margoni - Luca Ansoldi - Nicola Fontanive ; Manuel De Toni - Luca Felicetti - Paolo Bustreo ; Enrico Chelodi.

Remplaçant : Thomas Tragust (G).

Ukraine

Gardien : Konstantin Simchuk.

Défenseurs : Sergei Klimentiev (C) - Yuri Gunko ; Vasyl Polonitsky - Artem Ostroushko ; Andrei Sryubko - Denis Isayenko ; Yuri Navarenko.

Attaquants : Vitali Lytvynenko - Vadim Shakhraichuk - Konstantin Kasyanchuk ; Roman Salnikov - Vasyl Bobrovnikov - Yuri Diachenko ; Andrei Mikhnov - Oleg Shafarenko - Oleksandr Materukhin ; Boris Protsenko - Valentin Oletsky - Vitali Semenchenko.

Remplaçant : Igor Karpenko (G). Absent : Vyacheslav Zavalnyuk (blessé).

 

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