Slovaquie - Russie (10 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe C.

La Russie bat sa bête noire

Après son faux-pas face au Belarus lors de la journée inaugurale, la Slovaquie a bien redressé la barre avec une nette victoire face au Kazakhstan, s'évitant probablement toute frayeur inutile quant à une éventuelle participation à la poule de relégation. Mais une nouvelle défaite ce soir compromettrait assez fortement ses chances de qualification puisqu'elle intégrerait le tour de qualification avec zéro point au compteur en cas de succès du Belarus sur le Kazakhstan. De son côté, la Russie cherche le sans-faute après avoir été bousculée par le Belarus. À noter l'absence de Marian Hossa côté slovaque, touché au genou face au Kazakhstan.

Pas de round d'observation en ce début de match avec les deux équipes qui se livrent à fond dès le coup d'envoi. Le palet va rapidement d'une cage à l'autre et les deux gardiens sont rapidement sollicités. Emeleïev est sanctionné après seulement une minute de jeu mais la Slovaquie n'en profite pas. Puis c'est au tour de Ciernik d'offrir un avantage numérique à la Russie et les coéquipiers de Maksim Sushinsky se montrent beaucoup plus actifs que leurs adversaires en jeu de puissance. Denis Kulyash en profite pour ouvrir le score sur un slap de la ligne bleue qui trompe Karol Krizan pas forcément très inspiré sur le coup (0-1, 03'56"). Les affaires slovaques semblaient bien mal engagées surtout que la Russie maintenait son pressing. Aleksandr Semin ratait même de peu le 2-0 mais sur la contre-attaque, Martin Cibak servait dans le tempo Tomas Surovy qui concluait un deux contre un d'école (1-1, 06'00").

La Russie mettait alors les bouchées doubles pour reprendre l'avantage. Krizan devait détourner du bouclier un tir de Dmitri Bykov et Ovechkin manquait de peu une reprise de volée assez osée. Les Slovaques répliquaient par l'intermédiaire de Ciernik, auteur d'un joli tir du revers mais ce dernier partait en prison dans la foulée. La Russie semblait pouvoir profiter de la situation mais Andrej Kollar récupérait le palet à la ligne bleue, débordait sur la gauche et adressait un slap sur lequel Sergei Zvyagin ne se montrait guère plus à l'aise que son vis-à-vis (2-1, 09'03"). À la surprise générale et contre le cours du jeu, la Slovaquie prenait les devants au score. Un avantage qui aurait pu être gâché bêtement par une double infériorité numérique concédée pour un... surnombre. Mais les hommes de Frantisek Hossa réagissent avec aplomb et défendent leur cage avec détermination. Bartovic est même tout près de marquer à sa sortie de prison en contre. Après un pénalité de Nikulin tuée, les Russes font le forcing en fin de tiers pour égaliser et y parviennent presque sur un passage en force d'Ovechkin. Mais c'est finalement l'autre jeune star de la Russie, Evgeni Malkin, qui profitait d'un bon écran de Semin pour ramener les deux équipes à égalité d'un tir croisé ras de glace suite à un slap contré par la défense slovaque (2-2, 17'26").

Après une première période ouverte et fertile en buts, il fallait s'attendre à un resserrement des défenses au deuxième tiers. La Russie s'installait sur un premier jeu de puissance mais se faisait contrer par Miroslav Kovacik qui buttait in extremis sur Zvyagin. Kovacik, décidément très en vue en ce début de tiers, remettait ça quelques minutes plus tard en faisant le tour de la cage russe mais Zvyagin ne se laissait pas surprendre. La Slovaquie se procurait les occasions les plus dangereuses mais se faisait une nouvelle fois sanctionner sur une pénalité très discutable de Tomas Harant. Pas de chance, sur le power-play qui suivit, la Russie marquait sur un slap de la bleue Vadim Khomitsky dévié devant les cages par Danis Zaripov (2-3, 27'23"). L'ailier de Kazan aurait même pu réaliser le doublé quelques minutes plus tard en étant présent au rebond sur un tir de Kirill Koltsov. Semin assurait le spectacle par une succession de dribbles qui forçait Kovacik à commettre la faute. Les Russes semblaient en mesure de se détacher au score lorsqu'une bagarre entre Surovy et Nikulin venait changer la donne. Kirill Koltsov était exclu sur l'action pour avoir légèrement bousculé un juge de ligne et la Slovaquie bénéficiait de cinq minutes d'avantage numérique. Il ne fallait que vingt-six secondes à Ivan Ciernik pour reprendre un rebond et égaliser du revers (3-3, 36'45"). Les choses se compliquaient pour la Russie lorsque Zvyagin envoyait le palet dans les tribunes puisqu'un cinq contre trois se profilait en début de dernière période.

La chance de la Russie a sans doute été de subir ce double avantage numérique entre deux périodes. Car les Slovaques avaient toutes les peines du monde à retrouver leur rythme et installer un semblant de jeu de puissance. Les minutes défilaient et lé défense russe montrait sa solidité en se sortant finalement indemne de cette situation délicate. Kulemin aurait même pu crucifier les Slovaques à sa sortie de prison. Après une pénalité de Zhukov, M.Reiber se sentait sans doute obligé de rééquilibrer les pénalités et sanctionnait les Slovaques à trois reprises consécutivement. Comme lors de la première période, la défense slovaque se montrait héroïque dans sa zone en double désavantage numérique. Gorovikov se trouvait en bonne position mais Krizan ne tremblait pas. Finalement c'est à quatre contre cinq que la Slovaquie finissait par céder. Seul au milieu de trois défenseurs slovaques, Aleksei Mikhnov concluait un jeu en triangle initié par Alexander Semin (3-4, 46'02"). Les hommes de Frantisek Hossa allaient pourtant avoir le temps de revenir sur deux avantages numériques quasi consécutifs mais le jeu de puissance slovaque n'a pas l'efficacité de celui des Russes. À l'exception d'un débordement de Lubomir Vaic, il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. La Russie se permettait même de se créer les meilleures occasions à cinq contre cinq grâce à la vivacité d'Ovechkin et Sushinsky ou la puissance des slaps de Denis Kulyash. Fatigués par l'accumulation des pénalités, les deux équipes finissaient le match en levant le pied, les Slovaques se montrant incapables d'inquiéter les Russes dans les dernières minutes du match.

Victoire méritée de la Russie sur l'ensemble de la rencontre dans un match plaisant bien qu'encore une fois trop haché par les trop nombreuses pénalités. Le jeu de puissance russe a fait la différence ce soir avec trois buts et les Russes ont montré qu'ils pouvaient aussi gagner sans contribution offensive d'Ovechkin. Sergei Zvyagin n'est pas l'assurance tout risque mais il a su limiter la casse lors de la longue période passée en infériorité numérique. Les Russes ont fait le plein de points avant d'aborder le deuxième tour en position de force.

Dominée, la Slovaquie ne peut pas en dire autant. En perdant contre les Russes pour la première fois depuis 1998 en championnat du monde, elle fait la mauvaise opération de la soirée et devra maintenant cravacher dans le tour qualificatif pour obtenir sa place en quart de finale. L'une des priorités sera de régler le jeu de puissance très poussif ce soir. Le retour (espéré) de Marian Hossa devrait y contribuer.

Désignés meilleurs joueurs du match : Richard Kapus (Slovaquie) et Vitali Atyushov (Russie)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "L'équipe russe a peu à voir avec celle de Turin. Autour d'une star, Ovechkin, un hockeyeur avec un grand H, il y a une vraie équipe qui s'est formée. Une bonne chimie est souvent meilleure qu'un assemblage de stars, je me souviens de l'équipe russe au Mondial 2004. Le malheur de la Slovaquie aujourd'hui, c'est de ne pas avoir dans ses rangs Sushinsky, Malkin ou Ovechkin. Je ne peux que rêver de cette variété de sélection, les entraîneurs russes ont d'énormes possibilités. Si nous avions des joueurs dont la vitesse peut déstabiliser une défense, comme Gaborik et Marian Hossa, nous aurions joué un autre hockey."

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Nous avons toujours du mal contre la Slovaquie. Nous savions qu'elle était forte en contre-attaque, et nous avons quand même laissé passer sept contres. Heureusement qu'ils ne les ont pas trop concrétisées. Je pense que notre résistance à trois contre cinq a été le moment critique, même s'ils ontmarqué ensuite un autre but. Zvyagin a joué correctement et a été bon en fin de match. Oui, il a pris un mauvais deuxième but sur un tir lointain, mais l'erreur initiale était de Malkin sur cette action."

Aleksei Mikhnov (attaquant de la Russie) : "La difficulté de ce match était la perte de rythme due aux nombreuses pénalités qui perturbent les rotations. L'important, c'est que l'arbitrage n'est pas partisan, il faut juste s'adapter aux nouvelles règles. Cela va vous surprendre, mais les Slovaques ont été des adversaires plus faciles que les Biélorusses. On ne sait pas d'où vient la surprise, peut-être que les Ukrainiens seront encore plus forts. Cela ne m'étonnerait, leurs joueurs évoluent en Superliga, on les connaît. Bien sûr je vais me retrouver face à mon frère, nous avions déjà évoqué cette possibilité avant le championnat du monde."

Kirill Koltsov (attaquant de la Russie) : "J'ai essayé de fermer la zone mais je n'ai pas pu attraper le palet, et mon cri était dû à la déception de l'avoir raté. Pour se protéger, l'arbitre a avancé sa main qui m'est presque rentrée dans la gorge, et je l'ai repoussé par réflexe. Tout s'est passé en une seconde. Je suis monté sur le banc, il s'est passé plusieurs minutes avant qu'ils ne m'expulsent et j'avais déjà oublié l'épisode."

Denis Kulyash (défenseur de la Russie) : "Nous n'avons pas de problème en attaque, et si nous améliorons notre jeu défensif, nous n'aurons personne à notre niveau dans ce championnat. Koltsov n'a pas frappé l'arbitre, il l'a juste poussé avec sa main. Il s'est excusé dans le vestiaire, c'est un chic type. Sushinsky nous a dit de jouer pour Kirill. Nous avons travaillé pour lui et tout s'est bien terminé, même si je suis coupable sur le troisième but. J'ai laissé le rebond arriver sur la palette du Slovaque alors que je tenais sa crosse. Mon lancer était assez fort sur le but, mais je promet de tirer encore plus fort, vous verrez !"

 

Slovaquie - Russie 3-4 (2-2, 1-1, 0-1)

Mercredi 10 mai 2006 à 16h15 à l'Arena Riga. 7467 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (CAN) assisté de Joseph Ross (USA) et Dean Laschowski (CAN).

Pénalités : Slovaquie 22' (8', 8', 6'), Russie 41' (4', 6'+25', 6').

Tirs : Slovaquie 27 (6, 9, 12), Russie 25 (11, 6, 8).

Évolution du score :

0-1 à 03'56" : Kulyash assisté de Grigorenko et Khomitsky (sup. num.)

1-1 à 06'00" : Surovy assisté de Cibak

2-1 à 09'03" : Kollar (inf. num.)

2-2 à 17'26" : Malkin

2-3 à 27'23" : Zaripov assisté de Khomitsky (sup. num.)

3-3 à 36'45" : Ciernik assisté de Milo (sup. num.)

3-4 à 46'02" : Mikhnov assisté de Arkhipov et Semin (sup. num.)

 

Slovaquie

Gardien : Karol Krizan (sorti à 59'41").

Défenseurs : Dusan Milo - Milan Jurcina ; Martin Strbak - Rene Vydareny ; Dominik Granak - Tomas Harant ; Richard Stehlik.

Attaquants : Marcel Hossa - Richard Kapus - Ivan Ciernik ; Milan Bartovic - Martin Cibak - Tomas Surovy ; Miroslav Kovacik - Andrej Kollar - Lubomir Vaic ; Miroslav Zalesak - Rastislav Pavlikovsky.

Remplaçant : Jan Lasak (G). Absent : Marian Hossa (blessé au genou).

Russie

Gardiens : Sergei Zvyagin

Défenseurs : Vitali Atyushov - Kirill Koltsov ; Andrei Kruchinin - Dmitri Bykov ; Sergei Zhukov - Ilya Nikulin ; Denis Kulyash - Vadim Khomitsky.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin (A) - Evgeni Malkin - Nikolaï Kulemin ; Aleksandr Kharitonov - Igor Emeleïev - Maksim Sushinsky (C) ; Aleksandr Semin - Denis Arkhipov (A) - Aleksei Mikhnov ; Denis Zaripov - Konstantin Gorovikov - Igor Grigorenko.

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G).

 

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