Suède - Suisse (10 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe B.

Un match à trou

Le choc de ce groupe oppose donc la Suisse à la Suède. Les deux équipes cherchent à se qualifier dès aujourd'hui mais la partie s'annonce assez serrée. Le champion olympique est loin d'afficher le même effectif, alors que la Suisse veut peaufiner sa réputation de coupeur de tête après ses succès olympiques face au Canada et à la République Tchèque. Désormais adoubée huitième nation mondiale, la Suisse est de plus en plus ambitieuse.

Pourtant, le début de match est clairement à l'avantage des Scandinaves. La patinoire n'est pas pleine mais l'ambiance est là. La marque automobile sponsorisant le tournoi a positionné plusieurs véhicules autour de la glace, pendant que deux petits dirigeables survolent l'arène... le tout sous les trompes des supporters, assez désagréables à l'usure ! Le premier fait de match est une sévère mise en échec de Ronnie Sundin sur Della Rossa, genou contre genou. Les deux hommes s'en sortent sans dommage mais la Suisse bénéficie logiquement d'un avantage numérique. Blindenbacher propose un slap mais la Suisse ne capitalise pas un bon rebond. Au contraire, la Suède joue bien le coup en contre attaque et se montre plus dangereux à un de moins. À deux reprises, les attaquants partent en deux contre un mais Aebischer sauve la mise sur le premier avant de voir la deuxième situation partir hors cadre. Sandy Jeannin conclut ensuite la séquence en recevant une passe de derrière la cage pour un bon arrêt de Holmqvist.

Le jeu est assez fluide. Les mises en échec sont rares mais la vitesse reste modeste et la qualité technique pas toujours au point. La Suède s'installe en zone offensive et se crée quelques occasions, mettant la pression sur le gardien. Zetterberg est d'ailleurs puni après la première échauffourée, mais il emmène Streit en prison avec lui. À quatre contre quatre, les Scandinaves augmentent la pression et Lundqvist réalise un beau mouvement sur la ligne bleue offensive pour lancer Melin, qui feinte avant de se heurter à Aebischer. Puis Mårtensson s'illustre, oublié dans l'enclave après une bataille derrière la cage. Le portier de Montréal est à nouveau décisif. Mais l'intensité suédoise pose parfois problème, Lundqvist sortant ainsi deux minutes après avoir accroché Bezina derrière la cage suisse. Les équipes spéciales suédoises font la différence en tuant de belle manière l'avantage suisse, durant lequel seul un tir de loin de Streit venait inquiéter Holmqvist avec un rebond bien dégagé. Les arbitres oublient ensuite une charge appuyée de Seger sur Karlsson, avant de laisser Reichert et Samuelsson s'échanger des mots doux... La Suisse recule sur son but, concédant plusieurs dégagements interdits de suite. Johansson teste Aebischer sur un exploit individuel, sortant de derrière le but avant de pivoter pour un lancer premier poteau. En face, la Suisse joue en contre, avec un lancer de loin de Bezina puis un tir hors cadre sur un travail derrière la cage. Finalement, la Suède ouvre logiquement le score par sa vedette Henrik Zetterberg. Magnus Johansson récupère un palet dans sa zone et arrivé à quelques pas de la zone neutre envoyait le buteur de Detroit en échappée. Zetterberg feinte et marque du revers en hauteur, un but plein de maîtrise. Le champion olympique joue en patron et les contres sporadiques de Lemm ou Vauclair ne changent rien. Le festival technique suédois pousse la Suisse à la faute, à l'image d'un Mika Hannula qui fait tourner Bezina en bourrique. L'avantage numérique qui suit est bien tué par les troupes de Krueger : avec 94% d'efficacité dans le tournoi, le jeu en infériorité est bien rodé. 11 tirs à 4 mais seulement 1-0 pour la Suède à la pause.

La deuxième période commence plutôt bien pour la Suisse. La ligne Rüthemann-Jeannin-Lemm pose clairement problème à l'arrière-garde nordique. Jönsson commet ainsi une faute sur Lemm dans la neutre avant que Magnus Johansson n'accroche Sannitz le long de la bande. À cinq contre trois, la Suisse ne rate pas l'aubaine de s'installer en attaque. Bezina cherche Lemm mais celui-ci ne contrôle pas le palet. Bezina a une seconde chance mais Holmqvist stoppe le lancer puissant du défenseur. Puis, Streit lance de loin et une série de rebonds favorables permet à Wirz d'égaliser en lucarne du revers. Contre le cours du jeu, la Suisse est donc revenue dans le match. Arrive alors un incident : un gros morceau de glace se détache devant le banc suédois... et le match est alors interrompu pendant une heure !

Les deux équipes rentrent au vestiaire en attendant que la glace redevienne jouable... La domination demeure bel et bien suédoise. Aebischer est ainsi tout heureux de voir un rebond curieux sur la balustrade lui passer derrière le dos sans conséquence. Blindenbacher dépassé concède ensuite une pénalité. Les occasions sont franches, avec deux lancers de la bleue que le gardien masqué repousse difficilement. La Suisse tente un contre avec Paterlini, avec un bon tir sur écran. Hannula s'octroie une occasion similaire de l'autre côté. Della Rossa en contre ne trouve personne pour sa remise, puis c'est au tour d'Ambühl de réussir une passe à genou pour un tir cadré. Mais le capitaine Streit met son équipe en difficulté en prenant une pénalité stupide pour une charge avec la crosse. Toujours en contre, la Suisse s'offre une chance sur un débordement de Jeannin bien sauvé par Holmqvist. Magnus Johansson réplique avec un tir sur la barre, puis Andreas Holmqvist bonifie une mauvaise relance suisse avec un bon tir sur Aebischer. Évoluant toujours en contre la Suisse déborde par Déruns qui cherche Jeannin devant la cage mais la passe est trop longue. Le kop suisse, situé derrière le but d'Aebischer sur cette période, essaie de pousser son équipe mais assiste plutôt à une mauvaise charge de Forster sur Lundqvist. La Suisse tient alors de justesse sur une belle combinaison suédoise Franzen-Kronwall-Karlsson, qu'un Aebischer énervé repousse. Le score est toujours de 1-1 à la pause, contre le cours du jeu, mais les opportunités sont un peu plus présentes au fil des minutes dans cette partie disputée sur un faux rythme.

La troisième période est radicalement différente. Le jeu s'ouvre, les deux équipes patinent plus vite et avec plus d'intensité. Après une tentative suisse du revers en angle fermé de Déruns, la Suisse se replie à nouveau en défense. Aebischer change de crosse et, fait du hasard, les buts vont alors s'enchaîner ! Henrik Zetterberg se met à dynamiter la défense, avec une première passe trop longue pour Hållberg, puis un deuxième but du match. Son compère de Detroit Samuelsson le trouve en retrait et, après un premier essai contré, Zetterberg allume la lucarne d'Aebischer côté mitaine. Dans la foulée, Mattsson donne deux buts d'avance avec un tir en lucarne côté plaque, transformant une belle action suédoise de volée sur une suite de passes transversales avec Kronwall et Karlsson.

La Suède pense avoir fait le plus dur mais l'état d'esprit suisse est contraire à l'abdication. Streit passe à Sandy Jeannin quelques secondes plus tard, qui contrôle de la main et s'échappe côté droit du gardien. Il feinte le défenseur pour offrir un caviar à Sannitz, seul devant l'enclave. La Suède continue pourtant son travail de sape malgré ce coup dur et inquiète toujours Aebischer. Son indiscipline casse malgré tout son rythme, à l'image de cet accrochage de Hållberg sur Blindenbacher ligne bleue suédoise. Le défenseur suisse essaie d'en profiter lui-même en trouvant Sannitz devant le but pour une déviation astucieuse mais sans réussite. Puis, le jeune Kevin Romy, intelligent dans sa protection du palet, combine avec Déruns pour un tir arrêté sur la ligne par Holmqvist. Malgré ces efforts, la Suisse ne peut rien faire pour empêcher la Suède de s'échapper à nouveau. Kronwall envoie Jesper Mattsson derrière le but pour une mise en échec d'un défenseur. Mattsson laisse en fait le palet à Emwall, qui contourne la cage et sert sur un plateau Karlsson. 4-2 pour le champion olympique, tout semble bien fonctionner... mais seulement vingt secondes ! Della Rossa lance en effet Sandy Jeannin pour un contournement de cage, servant Rüthemann complètement seul au deuxième poteau. Les Helvètes y croient de plus en plus, d'autant que leur jeu en infériorité numérique fonctionne très bien pour tuer une pénalité d'Ambühl, ne concédant qu'un modeste tir de Timander. Finalement, la Suisse réussit l'exploit d'égaliser à trois minutes de la fin du match. Sur un palet bêtement perdu par la défense suédoise, Lemm et deux équipiers travaillent derrière le but de Holmqvist avant de sortir le palet pour Sannitz lancé. Celui-ci traverse l'enclave et marque en deux temps. Vexés, les Suédois poussent dans les dernières minutes, mais les efforts de Zetterberg ne sont pas couronnés de succès. Les contres et blocs helvétiques, héroïques pendant l'ultime pénalité de Forster à vingt secondes de la fin, suffisent au bonheur suisse : 4-4 !

Désignés meilleurs joueurs du match : Henrik Zetterberg pour la Suède et Mark Streit pour la Suède.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Kenny Jönsson (défenseur de la Suède) : "Nous avons bien joué même si nous avons concédé quatre buts. Les Suisses ont une bonne équipe, ils ont joué intelligemment. Nous n'avons pas temporisé, mais nous n'étions pas très affûtés et ils n'ont jamais lâché. L'incident a forcément affecté l'attitude des deux équipes. C'est cela qui explique le rythme assez tranquille de ce match."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Remonter deux buts à la Suède n'est certes pas quelque chose qui arrive souvent. J'en suis très fier."

Mark Streit (défenseur de la Suisse) : "Auparavant nous avions des problèmes pour jouer des équipes physiques, mais désormais c'est nous qui posons problème par notre jeu physique."

Raffaele Sannitz (attaquant de la Suisse) : "C'est une sensation indescriptible. Si l'on songe au début de cette aventure et à ce premier match où je n'étais pas habitué à l'arbitre, maintenant ça va mieux, je peux m'estimer content. Notre force est l'unité du groupe. Avec cette mentalité on peut faire un résultat contre n'importe quel adversaire. Je peux vous garantir que c'était vraiment dur de reprendre le jeu. Mais petit à petit, on a quand même réussi à revenir dans le rythme de la partie."

 

Suède - Suisse 4-4 (1-0, 0-1, 3-3)

Mercredi 10 mai 2006 à 20h15 à la Skonto-Arena de Riga. 3031 spectateurs.

Arbitrage d'Aleksandr Poliakov (RUS) assisté d'Ansis Eglitis (LET) et Pål Garsjö (LET).

Pénalités : Suède 12' (6', 4', 2'), Suisse 14' (4', 6', 4').

Tirs : Suède 29 (11, 8, 10), Suisse 17 (4, 7, 6).

Évolution du score :

1-0 à 13'43" : Zetterberg assisté de M. Johansson et Kronwall

1-1 à 23'19" : Wirz assisté de Streit et Lemm (sup. num.)

2-1 à 44'11" : Zetterberg

3-1 à 44'37" : Mattsson assisté de Karlsson et Kronwall

3-2 à 45'02" : Sannitz assisté de Jeannin et Streit

4-2 à 51'16" : Karlsson assisté de Emwall et Kronwall

4-3 à 51'35" : Ruthemann assisté de Plüss et Della Rossa

4-4 à 56'44" : Sannitz assisté de Jeannin et Lemm

 

Suède

Gardien : Johan Holmqvist.

Défenseurs : Ronnie Sundin - Magnus Johansson (A) ; Matthias Timander - Niklas Kronwall ; Andreas Holmqvist - Kenny Jönsson (C) ; Per Hållberg.

Attaquants : Joel Lundqvist - Henrik Zetterberg (A) - Mikael Samuelsson ; Björn Melin - Matthias Johansson - Fredrik Emwall ; Jesper Mattsson - Andreas Karlsson - Johan Franzén ; Tony Mårtensson - Jonas Nordquist - Mika Hannula.

Remplaçant : Stefan Liv (G).

Suisse

Gardien : David Aebischer.

Défenseurs : Mark Streit - Mathias Seger ; Julien Vauclair - Martin Steinegger (A) ; Timo Helbling - Beat Forster ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina.

Attaquants : Thierry Paterlini - Martin Plüss (A) - Patric Della Rossa ; Ivo Rüthemann (C) - Sandy Jeannin - Romano Lemm ; Thomas Déruns - Andres Ambühl - Raffaele Sannitz ; Marc Reichert - Kevin Romy - Valentin Wirz.

Remplaçant : Jonas Hiller (G).

 

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