République Tchèque - États-Unis (16 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, deuxième tour, groupe E.

La jeunesse triomphante

Relancés après leur succès acquis de haute lutte face au favori canadien, les Tchèques ont un moral regonflé avant les quarts de finales. Les Américains, eux, sont quatrièmes du groupe et héritent pour l'instant du plat principal pour les quarts de finale : la Russie. La République tchèque peut elle encore bouleverser son destin en remportant ce dernier match de poule. La Finlande, qui a déjà jouée tous ses matchs, ne compte en effet qu'un petit point d'avance sur le champion du monde en titre. Plus expérimentée, la République tchèque jouera la gagne mais devra se méfier de la fougue de cette jeune formation américaine, irrégulière mais au potentiel bien affirmé.

Empruntés et brouillons, les Tchèques ne sont guère fringants dans ce début de match peu rythmé, au contraire d'Américains plus tranchants qu'à l'accoutumée. En effet, les "US Boys" contrent bien le jeu slave et s'amènent volontiers devant la cage de Milan Hnilicka. Le gardien tchèque ne faiblit pas sur les quelques tentatives américaines, comme ce tir dans le plastron de Yan Stastny (10e) mais se voit délaissé par une défense au visage lymphatique et réalisant parfois des choix douteux devant le pressing adverse. L'un d'entre eux conduira d'ailleurs à l'ouverture du score. Jan Hejda balbutie sa relance devant Phil Kessel et perd un puck repris par Ryan Malone qui, pas inquiété, s'infiltre pour déjouer Hnilicka (0-1 à 13"03"). L'envie américaine est récompensée en ce début de partie et les forechecks des hommes de Mike Eaves causent les pires difficultés à des Tchèques tentant malgré tout de rejoindre les avant-postes mais sans véritablement contrarier Hal Gill et ses équipiers de la défensive. Sur un dégagement de celle-ci, l'arrière-garde tchèque bafouille à nouveau sous l'effet du pressing avant de Richard Park et Andy Hilbert récupère le puck derrière la cage pour servir Mark Cullen au premier poteau. Le centre-tir de l'attaquant des Blackhawks de Chicago se voit dévié par Milan Hnilicka dans ses propres filets (0-2 à 19'43")...

Dominés par l'abnégation américaine (mais dominateurs dans la possession de puck), les Tchèques montrent un visage un peu plus agressif pour débuter ce tiers médian. Martin Erat, l'un des avants les plus en vue de la sélection, y va même de son action en solo pour déshabiller ses vis-à-vis américains. Sans réussite puisque Jason Bacashihua détourne in extremis de la plaque (21e). Le tempo est donné et le portier des Blues de Saint Louis, concédant un rebond délicat dans l'enclave, est chanceux de ne pas voir Ivo Prorok cadrer sa reprise dans une cage très largement ouverte (21e). L'activité tchèque en zone offensive contraste avec la fébrilité du compartiment défensif, toujours secoué par les montées des Phil Kessel et autres Dustin Brown mais la lumière jaillira pourtant de l'un de ses membres... En effet, Zbynek Michalek surprend d'un lancer flottant pleine lucarne, avec l'infime complicité de Jan Hlavac, Jason Bacashihua (1-2 à 27'25").

Remis en selle, les champions du monde sortants lustrent leur blason et s'appliquent davantage, sans pour autant déjouer les plans d'États-uniens solides défensivement et admirables d'abnégation. Instaurant un jeu rapide, les Tchèques tentent de mettre la pression devant la cage de Bacashihua et une crosse retenue par Ryan Malone (36'42") leur confère un des rare avantage numérique d'une soirée sobre en pénalités. Mais, imprécis dans leurs lancers, ceux-ci ne peuvent recoller au score.

Pire encore, les Boys se montrent de plus en plus réactifs en contre-attaque mais Hnilicka fait bonne garde devant Meyer (41'32") et les siens. Usant à bon escient d'un style de jeu agressif (mais propre), ces derniers provoquent la faute de Jan Hejda (43'20") mais manquent de se faire prendre à leur propre jeu sur une relance dans l'axe mal assurée par Freddy Meyer et interceptée par Tomas Plekanec. Vif, le petit centre du Canadien de Montréal tente de se détacher mais perd finalement le contrôle de la rondelle, tout en obligeant Jason Bacashihua à intervenir de la jambière (45'15"). Maîtrisant la zone neutre, les Américains brident des Tchèques se prenant inévitablement dans la trappe et se faisant plus qu'à leur tour contrer. Une énième récupération en zone neutre aboutit à un contre mené par Ryan Malone côté droit et conclu au second poteau par Dustin Brown (1-3 à 47'25").

En mal d'inspiration et toujours incapable de trouver la clé du verrou américain, les Tchèques semblent abattus et subissent la fougue de leurs opposants. Un joli numéro de Ryan Malone en zone offensive trouve même Andrew Alberts mais le petit revers du défenseur des Bruins de Boston ne trompe pas Milan Hnilicka (47e). Et si les récents médaillés de bronze de Turin retrouvent quelques couleurs pour la fin du match, la solidité à toute épreuve et l'esprit de corps des joueurs à la bannière étoilée fait le reste. En bon capitaine, Richard Park aurait même pu corser un peu plus l'addition sur une nouvelle récupération en zone défensive mais Hnilicka réalise l'arrêt qu'il faut (55e). Telle une citadelle imprenable, la cage de Bacashihua restera difficile d'accès jusqu'au bout pour des Tchèques décevants et finalement contraints, avec ce score défavorable, à finir à la quatrième place de la poule.

Les Tchèques ont clairement parut manquer de fraîcheur et surtout de solutions durant cette partie. Mis à mal par l'efficace système défensif américain, les champions du monde en titre ont éprouvé toutes les peines du monde à installer leur jeu et à passer cette trappe bien regroupée en zone neutre. Le piège tendu par Mike Eaves a donc eu l'effet escompté et les Américains tiennent désormais leur match-référence avant de se frotter aux Suédois en quart de finale. Figurant parmi les moins bien cotés des "Sept Grands" du hockey mondial, les États-Unis ont encore montré de sacrées vertus morales, défensives, ainsi qu'une grosse abnégation et beaucoup de cœur. Et si ces qualités ne sont pas toujours suffisantes pour aller au bout, ce sont néanmoins des paramètres à ne pas négliger dans des matchs dits couperets. Les États-Unis seront donc des outsiders à ne pas négliger. Voilà la Suède prévenue...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match

Milan Hnilicka (gardien de la République Tchèque) : "Je ne suis pas coupable sur le deuxième but, qu'y puis-je si le palet touche mon attaquant juste devant mes jambières ? Je ne suis pas satisfait de mon jeu pour le moment. Je ne dirais pas que je joue mal, mais je réserve mon meilleur match pour le quart de finale contre la Russie."

Jan Hejda (défenseur de la République Tchèque) : "Nous avons très mal commencé le match. Nous n'avons pas patiné au premier tiers-temps, et les Américains ont bien exploité nos erreurs, y compris les miennes. Il faut croire que nous avons du mal contre les équipes que nous devons battre et que nous jouons bien contre les favoris. La Russie sera un adversaire fort. Elle a beaucoup de joueurs de grande classe, mais ils ne sont bons que s'ils ont le palet. Souvent les Russes essaient de franchir la zone neutre sans faire de passes, et il faudra être le plus attentif possible pour attendre que l'un d'eux fasse une erreur. Pour moi, le joueur le plus dangereux sera Max Sushinsky, un attaquant talentueux et physique avec un excellent lancer."

Mike Eaves (entraîneur des États-Unis) : "C'est le meilleur match que nous ayons joué dans ce tournoi. Toutes nos lignes ont bien joué ensemble. Je ne peux pas assez souligner combien notre jeu collectif s'est amélioré. Nous sommes meilleurs à chaque match. Ryan Kesler a bloqué trois tirs en une infériorité, dont un avec l'épaule et un avec la main. Il était dans un sale état quand il revenu sur le banc, mais il a fait son job. Richard Park a joué son meilleur match du tournoi. Il s'est créé des occasions, il a gagné des duels contre des adversaires bien plus grands, il était enflammé."

Ryan Malone (attaquant des États-Unis) : "Peut-être que rester derrière comme nous l'avons fait est la chose la plus intelligente à faire. Contre la Finlande, nous avons essayé de forcer et de leur sauter dessus, et nous avons fini par les suivre tandis qu'ils nous contournaient. [...] On ne peut pas comparer Kessel à Sid [Crosby], parce que celui-ci est unique. Mais celui qui le draftera aura un joueur avec beaucoup de vitesse et de bonnes mains, qui veut gagner. Il sera à l'évidence un grand joueur."

 

République Tchèque - États-Unis 1-3 (0-2, 1-0, 0-1)

Mardi 16 mai 2006 à 15h15 à l'Arena-Riga. 7441 spectateurs.

Arbitrage d'Aleksandr Poliakov (RUS) assisté de Ansis Eglitis (LET) et Yuri Oskirko (UKR).

Pénalités : République Tchèque 6' (2', 0', 4'), États-Unis 6' (2', 2', 2').

Tirs : République Tchèque 26 (7, 12, 7), États-Unis 27 (11, 10, 6).

Évolution du score :

0-1 à 13'03" : Malone

0-2 à 19'43" : Cullen assisté de Park et Hilbert

1-2 à 27'25" : Michalek assisté d'Erat et Vyborny

1-3 à 47'25" : Brown assisté de Malone

 

République Tchèque

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle (A) - Zbynek Michalek ; Lukas Krajicek - Jan Hejda ; Martin Skoula - Martin Richter.

Attaquants : Jan Hlavac - David Vyborny (C) - Martin Erat ; Jan Bulis - Patrik Stefan - Ivo Prorok [puis Tomas Rolinek à 49'] ; Petr Hubacek - Jaroslav Hlinka (A) - Jaroslav Balastik ; Petr Tenkrat - Tomas Plekanec - Zbynek Irgl.

Remplaçants : Adam Svoboda (G), Zdenek Kutlak. Absent : Jaroslav Bednar.

États-Unis

Gardien : Jason Bacashihua.

Défenseurs : Hal Gill (A) - Ryan Suter ; Frederick Meyer - Michael Komisarek ; Joe Corvo - Brooks Orpik ; Andrew Alberts.

Attaquants : Dustin Brown - Phil Kessel - Ryan Malone (A) ; Yan Stastny - Ryan Kesler - Patrick O'Sullivan ; Andy Hilbert - Mark Cullen - Richard Park (C) ; James Slater - Martin Reasoner - Adam Hall ; Drew Stafford.

Remplaçant : Craig Anderson (G).

 

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