Quart de finale des championnats du monde 2006.

Un ton en dessous des meilleures équipes depuis le début du tournoi, les Américains ont changé de statut en prouvant hier contre les Tchèques qu'ils étaient capables de battre n'importe quel adversaire. Leur défense a été très solide jusqu'ici, leurs gardiens ont de très bonnes statistiques, et ce premier quart de finale ne s'annonce donc pas comme une partie de plaisir pour la Suède, qui a tout de même l'avantage du jour du repos accordé aux premiers de poule de la phase initiale.

La Tre Kronor manifeste tout de suite l'intention de prendre le jeu à son compte avec des relances rapides. Certaines sont même précipitées, mais celle de Ronnie Sundin envoie Mika Hannula entrer en zone sur la gauche. Il pique dans l'enclave, feinte le lancer pour se débarrasser de Komisarek et marque d'un tir à ras glace masqué par Alberts (1-0, 02'48"). Les Américains ont une supériorité numérique quand Hållberg fait obstruction sur Brown parti au fore-check, mais ils ne prennent toujours pas le moindre lancer. C'est sur une mise au jeu à la neuvième minute qu'Andy Hilbert tente le premier tir américain. Pendant deux nouvelles pénalités scandinaves, c'est surtout le travail de Bäckström et Zetterberg pour garder le palet en zone offensive en infériorité qui retient l'attention. La Suède est mieux organisée et est toujours la première sur le palet. Sur un engagement gagné par Jonas Nordquist devant la bleue, Kenny Jönsson décale Niklas Kronwall pour un lancer, et Hannula placé devant le gardien prend trop facilement le rebond (2-0, 15'40").

Les maux américains ne s'arrangent pas en deuxième période : ils perdent des palets, ils sont passifs dans leur zone et dominés dans les coins. La sanction est inéluctable : Jörgen Jönsson fait mine de dévier un lancer excentré de Mikael Samuelsson, et cette illusion suffit pour perturber Craig Anderson qui voit le palet passer dans le trou de souris entre son bras et sa jambière (3-0, 25'51"). Une pénalité de Hannula donne lieu à un véritable festival d'interceptions de Henrik Zetterberg, trois en une présence. En retard sur tous les palets, les Américains réalisent enfin une bonne action après la mi-match : une longue relance d'Alberts pour Dustin Brown qui s'appuie sur Malone en une-deux et récupère le palet à bout portant. La menace pour le gardien Jonas Holmqvist sera fugitive durant quelques minutes. Puis le grand espoir défensif Ryan Suter prend une pénalité stupide en zone offensive en levant la crosse au visage d'un défenseur alors que Holmqvist a déjà capté le tir de Hilbert et arrêté le jeu. Sur l'avantage numérique, Jörgen Jönsson et Joel Lundqvist sont tous deux devant le pauvre Anderson pendant le lancer de la bleue de Kenny Jönsson (4-0, 35'34"). On guette vainement une autre réaction américaine que des mines fatalistes...

Mike Eaves tente de provoquer une réaction psychologique au retour des vestiaires : il change de gardien et aligne sa quatrième ligne au coup d'envoi. Les Suédois continuent cependant de dérouler leur jeu avec des passes magnifiques et une habileté rare. Jason Bacashihua réussit des arrêts difficiles mais s'incline aussi sur un lancer au-dessus de sa jambière par Mika Hannula, servi par une merveilleuse relance de Nordquist (5-0, 48'41"). C'est donc un hat-trick pour l'attaquant du HV71 Jönköping. Les États-Unis ne pressent même plus et acceptent étrangement la défaite. Le jeu de puissance suédois répète ses gammes en fin de match et Andreas Karlsson place le palet au poteau opposé de Bacashihua (6-0, 58'36").

Les Suédois, qui n'avaient pas marqué plus de quatre buts en un match dans ce tournoi, réalisent leur plus gros score. Et les Américains, qui n'en avaient jamais encaissé plus de deux, ont sombré défensivement. Étonnant quand on sait que les États-Unis sont plutôt habitués à trouver un surcroît de motivation quand l'enjeu monte, et surtout à se battre jusqu'au bout dans ce genre de rencontre. Les jambes coupées par le premier but rapide, ils ont bien vite rendu les armes et n'ont jamais essayé de mettre sous pression une équipe de Suède elle-même étonnée de la facilité de sa victoire. Elle a maîtrisé le match avec une aisance déconcertante.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mika Hannula pour la Suède et Ryan Kesler pour les États-Unis.

Désignés meilleurs joueurs américains de la compétition : Andrew Alberts, Dustin Brown et Ryan Malone.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Mika Hannula (attaquant de la Suède) : "Quand on marque deux fois, on cherche toujours un petit peu le troisième. J'ai un rôle sur la quatrième ligne dans lequel je suis censé prendre beaucoup de tirs et donner de l'énergie à l'équipe, ce qui me va bien."

Johan Holmqvist (gardien de la Suède) : "C'est bien d'avoir le blanchissage et la victoire. Les Américains ne semblaient pas avoir leurs jambes. Nous avons pris l'avantage et nous avons fait en sorte de profiter du fait qu'il n'étaient pas au mieux. Nous avons serré notre jeu défensif. Ils n'ont jamais créer une pression soutenue sur nous."

Mike Eaves (entraîneur des États-Unis) : "Nous n'avons pas joué notre meilleur hockey. C'est en partie parce que la Suède a très bien joué. Ils ont gagné beaucoup de duels. Nous n'avons jamais été capables de trouver cette étincelle qui nous ramènerait notre jeu d'hier contre les Tchèques. Nous avons eu l'opportunité de donner à beaucoup de jeunes une expérience au niveau international. C'était important pour nous et ça rapportera des dividendes à terme."

Suède - États-Unis 6-0 (2-0, 2-0, 2-0)

Mercredi 17 mai 2006 à 15h15 à l'Arena-Riga. 2800 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Mikko Kekäläinen (FIN) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : Suède 10' (6', 2', 2'), États-Unis 14' (4', 2', 8').

Tirs : Suède 33 (12, 9, 12), États-Unis 18 (8, 6, 4).

Évolution du score :

1-0 à 02'48" : Hannula assisté de Sundin

2-0 à 15'40" : Hannula assisté de Kronwall et K. Jönsson

3-0 à 25'51" : Samuelsson assisté de Nylander

4-0 à 35'34" : K. Jönsson assisté de Nylander et Samuelsson (sup. num.)

5-0 à 48'41" : Hannula assisté de Nordquist

6-0 à 58'36" : Karlsson assisté de Mårtensson et Kronwall (sup. num.)

Gardien : Johan Holmqvist.

Défenseurs : Ronnie Sundin - Magnus Johansson (A) ; Kenny Jönsson (C) - Niklas Kronwall ; Per Hållberg - Matthias Timander.

Attaquants : Johan Franzén - Henrik Zetterberg (A) - Nicklas Backström ; Fredrik Emwall - Andreas Karlsson - Jesper Mattsson ; Jörgen Jönsson - Michael Nylander - Mikael Samuelsson ; Joel Lundqvist - Jonas Nordquist - Mika Hannula ; Tony Mårtensson.

Remplaçants : Stefan Liv (G), Andreas Holmqvist. En réserve : Daniel Henriksson (G), Björn Melin, Matthias Johansson.

Gardiens : Craig Anderson puis Jason Bacashihua à 40'00".

Défenseurs : Hal Gill (A) - Ryan Suter ; Frederick Meyer - Michael Komisarek ; Joe Corvo - Brooks Orpik ; Andrew Alberts.

Attaquants : Dustin Brown - Phil Kessel - Ryan Malone (A) ; Andy Hilbert - Mark Cullen - Richard Park (C) ; Yan Stastny - Ryan Kesler - Patrick O'Sullivan ; Drew Stafford - James Slater - Adam Hall ; Martin Reasoner.

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