Edmonton Oilers - Carolina Hurricanes (12 juin 2006)

 

Finale de la Coupe Stanley, match 4.

Remontés à bloc après leur victoire 2-1 au couteau lors du match 3, les Oilers espèrent bien égaliser dans la série en profitant de leur traditionnel public de passionnés. L'hymne canadien est encore repris en cœur par la foule et l'assistant Joey Moss, handicapé devenu la mascotte du club depuis des années. Pisani, déjà incertain au match précédent, tient à nouveau sa place malgré un choc encaissé au match 2. Georges Laraque reste aussi dans l'alignement, après l'hésitation de Craig MacTavish qui songeait à lancer le rookie Brad Winchester. Tärnström reste dans l'équipe à la place de Bergeron, toujours forfait. En face, le manager Jim Rutherford s'est remis de son calcul rénal et est revenu dans les tribunes. Josef Vasicek revient dans l'alignement à la place de Chad LaRose. Sous l'œil des jeunes prometteurs de la draft 2006, dont Jordan Staal, frère d'Eric, Erik Johnson, Jonathan Toews et Phil Kessel, les deux équipes entament un match déjà décisif.

Round d'observation

Les Oilers essaient d'entrée de placer leur impact physique avec la ligne Torres-Peca-Pisani au départ. Torres ouvre d'ailleurs les hostilités avec une première mise en échec, imité peu après par Pisani dans le coin. Ces chocs n'aboutissent qu'à un contre de Carolina pour le premier lancer dans l'axe sur Markkanen, signé Williams, mais le Finlandais parvient à sortir le palet puis à le dégager avec la crosse. Edmonton riposte avec son style caractéristique, c'est-à-dire le travail le long des balustrades. Ryan Smyth et Shawn Horcoff se relaient derrière le but de Cam Ward pour servir à la bleue Chris Pronger, mais le tir puissant est contré. Les deux formations s'observent et si le temps défile assez vite les occasions sont rares. Les mises en échec sont bien réparties et offrent de longues séquences de jeu de passe stérile. L'exemple le plus flagrant a lieu après quatre minutes lorsque le trio Smyth-Horcoff-Hemsky monte bien en zone offensive mais sans se créer de tir après une série de passes compliquées et parfois imprécises. Ward n'est mis réellement en danger que quelques instants plus tard avec un palet bondissant lancé de la bleue, bien sorti mais qui crée une chance pour Dvorak sur le rebond. Eric Staal tente sa chance à son tour mais son tir est à nouveau contré, un paramètre pour lequel les deux équipes excellent. Le positionnement défensif est parfait de part et d'autre et le public ne s'enflamme finalement que sur les contacts, Cullen puis Ladd étant ainsi punis par Mike Peca dans les deux zones.

C'est à ce moment que Samsonov sort de sa boite pour un but exceptionnel. Après un gros travail en défense, Stoll sort du coin avec le palet et lance le petit ailier russe dans la neutre. Samsonov accélère et fait reculer son adversaire direct en un contre un avant de le piéger par une passe du revers en direction de Dvorak sur sa gauche. Le Tchèque remise à une touche de palet vers le but où Samsonov dévie victorieusement le palet derrière Ward. La foule exulte mais peu de temps puisque sur la remise en jeu Raffi Torres fait tomber Justin Williams pour une pénalité. La mise au jeu est gagnée par Carolina en zone offensive et le palet circule, Staal et Kaberle se situant ligne bleue puis Kaberle se déplaçant vers le cercle gauche. Le défenseur envoie une transversale lumineuse pour Cory Stillman qui reprend de volée, côté mitaine, pour l'égalisation. Markkanen, masqué par Brind'Amour et Williams, ne peut pas faire grand-chose.

Un éclair de réussite dans le match pour un score de 1-1 alors que les deux gardiens sont finalement tranquilles. Edmonton se replace en supériorité numérique après la faute en entrée de zone de Ladd sur Horcoff. Mais Brind'Amour réalise un gros travail défensif pour dégager les palets. La percussion de Ryan Smyth n'est pas toujours relayée et Spacek gaspille deux occasions avec des mauvais choix de passes pour des retours en zone neutre. Horcoff reçoit lui aussi une belle combinaison mais, lancé dans un intervalle, il n'attrape pas le cadre. Il prend son rebond mais manque sa passe. Incapables de s'installer les Oilers justifient leurs tristes statistiques : 1/25 en avantage numérique dans la série... La nouvelle chance ne donne rien.

Le travail de la ligne Laraque-Murray-Moreau permet à Murray de voler le palet en entrée de zone pour provoquer une faute de Whitney. Le jeu de puissance anémique ne donne strictement aucune position de tir, simplement des allers-retours sur les dégagements... L'échec avant des Oilers reste efficace et Whitney repart à la case prison après avoir retenu Stoll dans l'enclave. Aaron Ward le suit peu après pour une crosse haute sur Samsonov. Ceci donne un cinq contre trois très dangereux qui offre de nombreux tirs, par Pronger puis Stoll deux fois pour des arrêts de Cam Ward des jambières. Pronger finit par commettre une bourde ligne bleue pour un départ en échappée peu après le retour de Whitney. Ce dernier part en un contre un face à Stoll et sollicite Markkanen deux fois, pendant que Hemsky aide à dégager le rebond. Carolina a manqué de tuer le match. Derrière le physique des Oilers pèse sur Kaberle, plastifié par Moreau sur le plexiglas, mais cela finit par coûter une pénalité contre Stoll qui accroche Cullen sur une mise au jeu dans la dernière minute. Les Hurricanes appliqués n'obtiennent qu'un tir de Recchi depuis la balustrade, facilement sorti par Markkanen.

Carolina récompensé...

Edmonton parvient d'entrée à résister à la forte pression des Hurricanes. Le jeu de passe est incisif auprès du but mais sans réussite. Le public peut saluer la performance difficile de ses troupes à un de moins, avec 3 arrêts pour Markkanen. Le duel entre Jason Smith et Justin Williams dans l'enclave illustre d'ailleurs l'intensité des débats. Markkanen est toujours aussi décisif quelques instants plus tard avec une action incroyable. Suite à une grosse maladresse des Oilers le long de la bande le palet revient sur Cullen dans l'axe pour un tir très dangereux sorti par le Finlandais. Le palet est dégagé en contre-attaque par Hemsky et Horcoff qui échouent sur Ward avec plusieurs essais sur les rebonds. Les deux gardiens viennent de réussir deux parades monumentales. Edmonton poursuit sur sa lancée avec un bon décalage pour Laraque en deux contre un. Un défenseur se jette mais le bagarreur ailier se montre plus malin en levant le palet par-dessus la crosse, pour Moreau qui ne parvient pas à récupérer. Sur le contre, Pronger est sanctionné pour avoir retenu Brind'Amour le long de la balustrade. Le capitaine manque de peu de se faire justice lui-même avec une grosse action de Justin Williams à la passe conclu par un lancer sur la barre, peut-être dévié par Markkanen. Staios se jette ensuite pour éviter la reprise de Stillman. Markkanen remet le couvert peu après avec un arrêt magique. Les Oilers sont en effet piégés à quatre contre deux après un essai en infériorité raté, et Cullen décale Staal à droite. Le portier finlandais sauve d'un lancer de botte spectaculaire. Carolina pousse et domine cette période, privant les Oilers de palet. Fort heureusement pour les locaux les nerfs sont à vif et une charge de Stoll derrière le but agace Hedican qui se venge et est donc sanctionné. Un peu de confusion naît chez les arbitres qui envoient Spacek en prison parallèlement à Hedican avant de le faire ressortir, pour une probable méprise sur le numéro 6 incriminé. C'est donc bien Spacek qui peut allumer la mèche en avantage numérique avec une déviation astucieuse de Smyth hors cadre. Ward sauve ensuite un lancer de Pronger derrière un écran de Smyth, Horcoff et Aaron Ward. Edmonton s'est bien relancé mais reste inefficace. Markkanen ne tremble plus trop, Stillman lançant à côté puis Ladd ne pouvant saisir un rebond oublié par Markkanen entre ses patins. Les contacts se multiplient et Recchi déborde en effaçant Staios pour un arrêt du gant du Finlandais. Horcoff part en contre et une partie de billard avec Smyth et Hemsky aboutit sur la jambière de Ward.

Finalement Carolina termine mieux la période en doublant la mise. Un palet dégagé sur la bande vole en hauteur jusqu'à Eric Staal dans l'axe et le centre contrôle de la main puis passe immédiatement sur sa gauche à Recchi du revers. Le vétéran fait mouche pour le 2-1. Edmonton réagit comme d'habitude avec ses lignes d'échec et une très longue présence en zone offensive. Mais les attaquants tournent le long des bandes sans appui avant un faible tir sur lequel Ward laisse un rebond. La fin de période est confuse avec une série de pénalités. Greene est tout d'abord puni pour avoir accroché Whitney en un contre un mais la punition est annulée par l'accrochage de Justin Williams sur Jason Smith qui cherchait à dégager. Il y a de la place sur la glace mais Hemsky en fait trop et sa perte de palet provoque un 2 contre 1. Le jeune Tchèque revient bien et se jette pour bloquer la passe mais dans l'action Pronger charge Whitney dans le dos pour une nouvelle pénalité qui termine la période.

L'expérience fait la différence

Les Oilers sont en gros danger et le savent. Ryan Smyth sonne la révolte mais sa passe pour Staios navigue devant le but sans danger. C'est beaucoup plus chaud pour Markkanen qui stoppe brillamment Stillman suite à un premier lancer contré par un magistral arrêt du gant. Edmonton peine à se remettre en position de tir malgré une très longue présence autour du but de la ligne Samsonov, mais une bonne minute de duel le long de bandes usent lorsqu'on ne peut pas inquiéter le gardien. Le temps file vite et Greene réveille le public par une belle charge en zone offensive. Cela crée une bonne pression offensive mais les tirs sont soit contrés soit hors cadre. Carolina se contente déjà de gérer et envoie au fond à peine la ligne médiane franchie. Ryan Smyth, en guerrier, essaie toujours, accumulant les mises en échec, même sans casque. Une courte interruption pour un plexiglas brisé permet aux deux équipes de se resituer tactiquement. Horcoff réalise une belle montée de palet et lance sur Ward, qui laisse un rebond excentré. Smyth le reprend du revers en espérant un sort favorable car il est tout de même ligne de fond... Carolina sait rendre les coups, à l'image d'une protection de palet de Staal libérant Whitney pour un tir en angle fermé, puis une charge de Staal sur Spacek, sonné par ce contact limite dans le coin.

Carolina maîtrise parfaitement la situation même si Edmonton obtient quelques chances. Un tir de Pronger offre ainsi un rebond pour Torres mais Ward s'impose. Puis, Horcoff prend un coup de crosse dans le dos, mais l'arbitre ne suit pas les cris du public. Staal, plus présent qu'aux premiers matches, décale encore Recchi sur la droite mais Markkanen n'est guère menacé. Cam Ward est plus vigilant sur un lancer de Dvorak sorti de la crosse puis un tir de Pronger, encore hors cadre. Les deux équipes ont déjà dépassé la dizaine de tirs bloqués chacun... Carolina réalise de très bons choix, libérant Kaberle pour un tir depuis la balustrade puis bloquant un tir de Dvorak avant de maintenir les attaquants adverses le long des bandes. Le jeu de contre est efficace, Craig Adams obtenant une pénalité sévère contre Jason Smith. Carolina ne pousse guère, ne trouvant Markkanen que sur un centre fort devant le but de Weight, peu visible sur ce match, mais s'expose ainsi à des occasions en infériorité avec le duo Tärnström-Staios. La déviation du défenseur est à côté. Il ne reste que deux minutes et le public lance des "let's go Oilers" surpuissants. Edmonton survole les mises au jeu (37 à 16 !), une nouveauté dans la série depuis le match 2 et les critiques envers Brind'Amour... Cette domination donne deux tirs à Jason Smith sur lesquels Ward s'impose et Hedican se blesse légèrement. Les Oilers tournent encore autour du but mais les duels le long des bandes ne donnent rien. L'ultime temps mort de MacTavish ne sert pas plus que la sortie de Markkanen pour un attaquant...

Carolina a une main sur la coupe en menant désormais 3-1 dans cette finale, 5e match à Raleigh. La dernière équipe à avoir remonté un tel handicap en finale était New York, les Rangers ayant surpris Vancouver en 1994. Le capitaine décisif était alors Mark Messier, un ancien Oiler... mais il faudra plus de créativité, notamment en supériorité, pour renverser la vapeur contre une équipe de Carolina très expérimentée, patiente et efficace dans son positionnement. Le premier titre des Hurricanes n'est plus très loin...

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Craig MacTavish (entraîneur d'Edmonton) : "Nous ne sommes pas dominés. Nous sommes battus par la réussite. Ils sont juste plus opportunistes que nous."

Eric Staal (attaquant de Carolina) : "Stiller a fait un beau travail pour presser Pronger et il a touché le palet. C'est une bonne chose que je mesure 2m50 et que j'aie pu attraper le palet et le mettre sur la glace. Je savais que Recchs était derrière moi et j'ai essayé de lui envoyer. Je voulais jouer des duels physiques. C'était une bataille mais je me sentais bien dans le match."

Cory Stillman (attaquant de Carolina) : "Ce sera le match le plus dur pour nous. C'est celui qui peut boucler la série. Vous savez, nous attendons de faire ça chez nous. [À propos de sa possible 2e coupe de suite] J'ai de la chance, pour être honnête. Mais vous devez jouer avec confiance et j'en ai le droit désormais."

 

Edmonton - Carolina 1-2 (1-1, 0-1, 0-0)

Lundi 12 juin 2006 à 18h20 au Rexall Place, Edmonton, Alberta. 16 839 spectateurs.

Arbitrage de Bill McCreary et Brad Watson assistés de Greg Devorski et Jay Sharrers.

Pénalités : Edmonton 12' (4', 6', 2'), Carolina 12' (8', 4', 0').

Tirs : Edmonton 21 (8, 8, 5), Carolina 20 (4, 11, 5).

Évolution du score :

1-0 à 08'40" : Samsonov assisté de Dvorak et Stoll

1-1 à 09'09" : Stillman assisté de Kaberle et Staal (sup. num.)

1-2 à 35'56" : Recchi assisté de Staal et Stillman

 

Carolina

Gardien : Cam Ward.

Défenseurs : Bret Hedican - Mike Commodore ; Frantisek Kaberle - Aaron Ward ; Glen Wesley - Niclas Wallin.

Attaquants : Cory Stillman - Rod Brind'Amour - Justin Williams ; Andrew Ladd - Eric Staal - Mark Recchi ; Ray Whitney - Doug Weight - Matt Cullen ; Craig Adams - Kevyn Adams - Josef Vasicek.

Remplaçant : Martin Gerber (G). Absents : Andrew Hutchinson, Anton Babchuk, Erik Cole (nuque), Chad LaRose, Oleg Tverdovsky.

Edmonton

Gardiens : Jussi Markkanen.

Défenseurs : Chris Pronger - Jason Smith ; Steve Staios - Jaroslav Spacek ; Dick Tärnström - Matt Greene.

Attaquants : Ryan Smyth - Shawn Horcoff - Ales Hemsky ; Sergei Samsonov - Jarett Stoll - Radek Dvorak ; Raffi Torres - Mike Peca - Fernando Pisani ; Ethan Moreau - Rem Murray - Georges Laraque.

Remplaçants : Ty Conklin (G). Absents : Dwayne Roloson (G, genou), Marc-André Bergeron, Igor Ulanov, Todd Harvey, Kyle Brodziak, Brad Winchester, Jean-François Jacques, Toby Petersen.