Avangard Omsk - Sibir Novosibirsk (2 octobre 2006)

 

Match comptant pour la onzième journée de Superliga russe.

Ça c'est du derby ! Du derby du grand est, du derby de la toundra, du derby des grands espaces, pas un derby de boulevards périphériques encombrés comme à Moscou ! Non, du derby avec décalages horaires et des centaines de kilomètres entre les deux villes ! Bref, du derby sibérien. D'un côté, les "pétroleurs" d'Omsk, de l'autre les "intellos" de Novossibirsk, la capitale officieuse de toutes les Sibéries. Omsk et ses champs pétroliers, Novossibirsk et ses universités et sa cité des étoiles. Et du point de vue hockey, un match attendu comme jamais.

Habituellement, l'Avangard était justement à l'avant-garde du classement alors que le Sibir se morfondait dans les profondeurs dudit classement. Mais cette année, foin de tout cela. Certes, Omsk regarde toujours vers le haut, à la cinquième place, mais, ô surprise, c'est du côté de Novossibirsk que vient la nouveauté (normal, me diriez-vous, puisque l'on parle de la Nouvelle Sibérie...), avec une incroyable position de dauphin derrière le champion en titre, Kazan, avec cinq points d'avance sur l'Avangard.

En plus, la forme actuelle du buteur du Sibir, Andreï Subbotine, sera surveillée de près, puisque c'est un ancien de l'attaque canon de l'Avangard !

Et cela part de la meilleure manière avec dans les premières minutes de belles attaques de part et d'autre, avec une première action des visiteurs bien bloquée par Alexandre Fomitchev, le gardien d'Omsk, suivie par deux belles occasions locales par l'attaquant tchèque Pavel Rosa et par Anton Kourianov (passé par le Sibir il y a quatre saisons). Et lorsqu'à la 7e, le défenseur visiteur Konstantin Alexeïev (18 ans) prend deux minutes, c'est l'occasion pour l'Avangard de mettre sa patte sur le match. Le défenseur kazakhstanais Alexeï Trochtchinski en profite pour mettre en danger le Sibir, mais Alexandre Vioukhine (formé à Kharkiv en Ukraine, mais dix ans gardien de l'Avangard), écarte le danger en question. Et lorsque c'est l'Avangard qui est sanctionnée (l'international junior Nikita Nikitine à la 9e), c'est au tour d'Andreï Subbotine de se rappeler aux bons souvenirs de son ancien public.

Mais Omsk remet une pression terrible sur la pénalité suivante, contre le défenseur international kazakhstanais Alexeï Koledaiev (11e). Son camarade de sélection, et de prénom, Alexeï Trochtchinski place un missile dont il a le secret, et pendant près d'une minute, l'Avangard fait du camping dans sa zone d'attaque. C'est la panique dans la défense du Sibir, avec un Pavel Rosa qui démontre une fois de plus qu'il est un renfort d'une qualité incroyable.

Le temps de se calmer et l'Avangard remet le couvert, toujours en supériorité (Krivtchenkov, 16e). Et cette fois-ci, ça marche ! Le défenseur international formé au club Kirill Koltsov trouve la faille dans la cuirasse de Vioukhine. 1-0 au bout de trente secondes de supériorité.

La réaction des visiteurs est immédiate avec un beau 2 contre 1 d'Alexandre Pliouchtchev (international junior, de feu le Spartak) et de Denis Iatchmenev. Ce dernier voit son tir repoussé par le poteau : bing pour le Sibir et bingo pour l'Avangard qui maintient son avance d'un but. Le Tchèque Miroslav Guren lance bien Andreï Subbotine, le défenseur "vétéran" de 33 ans Igor Nikitine tente également sa chance, mais cette période de domination du Sibir n'est pas concluante.

Une domination des visiteurs qui se poursuit au début de la période suivante, puisque Novossibirsk se retrouve en double supériorité pendant près d'une minute. Mais le défenseur Alexandre Karpovtsev (formé au Dynamo, ex-LNH et international russe) tire juste à côté et Andreï Subbotine échoue une fois de plus sur Fomitchev. Mais c'est l'attaquant international slovaque Miroslav Kovacik (forme slovaque de Kovaltchouk, nom ukrainien puisque dans l'est de la Slovaquie, il y a une minorité ukrainienne dont le plus célèbre représentant était l'artiste américain Andy Warhol) qui a la plus grosse occasion à la 29e. En sortant de prison, l'ancien joueur de Nitra récupère la rondelle et part tout seul en contre. Il est fauché. Pénalty. Mais c'est raté, l'ex-Spartakiste revenu dans sa Sibérie natale Alexeï Kopeïkine tire à côté de la cage de Fomitchev !

C'est pourtant la période Sibir, puisque Nikita Nikitine repart en prison (30e) et qu'Alexeï Kopeïkine a encore une belle occasion. Et cela continue, puisqu'Omsk se retrouve à trois contre cinq après une pénalité du jeune Vladimir Pervouchine. Une belle occasion ratée de l'international ukrainien Sergueï Varlamov et à force de manquer la cible... c'est l'Avangard qui double la mise. Et devinez par qui ? Évidemment par Pavel Rosa, décidément indispensable, qui une fois son équipe au complet récupère une belle passe d'Artiom Tchoubarov pour le 2-0 des plus cruels pour un Sibir mal récompensé de ses efforts (33'06"). Des visiteurs sonnés, puisque moins de trente secondes plus tard, ils se retrouvent à nouveau en supériorité (Kourianov) mais à part une tentative de Kovacik, on ne voit pas grand-chose. Ce tiers se termine donc sur ce score de 2-0 en faveur de locaux pas malheureux.

L'ultime période part sur les mêmes bases. Le Sibir s'est refait un moral aux vestiaires et repart à l'assaut. Et franchement, c'est beau à voir et l'on comprend mieux à voir jouer cette équipe pourquoi elle est en haut du classement. C'est un jeu propre, offensif, bien léché... mais cet après-midi, pas très efficace. Sergueï Varlamov, Miroslav Guren, Vladimir Loguinov (formé aux KSM !) ou le rescapé du Spartak, Andreï Ponomarev, ont tous de belles occasions, mais Alexandre Fomitchev est omniprésent et la réussite restée à Novossibirsk.

Et c'est alors que le Sibir est trahi par l'un des siens, et pas n'importe lequel, son capitaine de substitution ! En l'absence de Belov blessé, le "C" a été essayé sur la poitrine de Karpovtsev et de Rinat Khassanov, et c'est ce dernier qui se l'est vu attribuer à plein temps. Si quelqu'un peut m'expliquer quelle mouche l'a piqué à la 49e... Pourquoi a-t-il mis cette dangereuse charge avec le coude dans le nez de son adversaire, alors que le palet était tranquillement en zone neutre, et que le jeu était propre depuis le début de la rencontre ? Quoi qu'il en soit, il va méditer son geste pour le reste de la rencontre, puisque l'arbitre lui inflige un 2'+2'+10' des plus mérités. Le problème pour son équipe, c'est que ces quatre minutes d'infériorité vont lui couper les ailes. Le Sibir était en plein élan, ce coup de coude n'a pas seulement abattu le joueur adverse. L'Avangard reprend le contrôle du jeu, laisse filer le temps, et le Sibir ne s'en remettra jamais. Kotov a beau faire sortir son gardien dans les trente dernières secondes, c'est trop tard, le manque d'efficacité offensive et cette prison incompréhensible ont tué les ambitions du Sibir de s'imposer dans ce derby sibérien.

Quant à l'Avangard, elle peut se féliciter d'être allée chercher Pavel Rosa en Suède et de l'avoir fait revenir en Russie, après un passage déjà réussi au Dynamo, lorsque le club moscovite était champion, il y a si longtemps, il y a deux saisons...

Étoiles du match Sport Express : *** Kirill Koltsov (Avangard), ** Artiom Chubarov (Avangard), * Aleksandr Vyukhin (Sibir).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Valeri Belousov (entraîneur d'Omsk) : "Ce match était très important pour nous. Le Sibir n'occupe pas pour rien la deuxième place. Nous avons demandé aux joueurs d'être attentifs en défense, de contrôler le palet, et nous avons donc joué avec trois paires d'arrières. Les joueurs ont fait tout ce qui leur a été demandé."

Sergei Kotov (entraîneur de Novosibirsk) : "Le match s'est mal passé sur le plan de la concrétisation des occasions. Il y a eu beaucoup de déchet technique. Il faut relier ça à la bonne série qu'a eu cette équipe ces derniers temps. Une équipe, c'est comme un organisme vivant, elle a des hauts et des bas. Nous avons perdu, mais il n'y a rien de grave, c'était contre un adversaire fort. L'Avangard a exploité chaque erreur à 100%. Nous n'aurions pas pu jouer plus agressivement, car il était évident dès la fin du match précédent que l'équipe était fatiguée. [...] Les joueurs font habituellement des tirs au but à la fin de l'entraînement, et Kopeïkin y a les meilleurs stats, c'est pour cela qu'il a tenté."

 

Avangard Omsk - Sibir Novosibirsk 2-0 (0-0, 1-0, 1-0)

Lundi 2 octobre 2006 au Palais des sports Blinov. 5000 spectateurs.

Arbitrage de M. Semenov assisté de MM. Anisimov et Kamurkin (Moscou)

Pénalités : Avangard 10', Sibir 26'.

Tirs : Avangard 25 (10, 4, 11), Sibir 14 (4, 7, 3).

Évolution du score

1-0 à 15'34" : Koltsov assisté de Kalyuzhny et Chubarov (sup. num.)

2-0 à 33'06" : Rosa assisté de Koltsov et Chubarov

 

Avangard Omsk

Gardien : Aleksandr Fomichev.

Défenseurs : Aleksei Troshchinski - Kirill Koltsov ; Nikita Nikitin - Evgeni Dubrovin ; Denis Denisov - Mikhaïl Lyubushin ; Evgeni Kurbatov.

Attaquants : Pavel Rosa - Artiom Chubarov - Aleksei Kalyuzhny ; Vaclav Novak - Konstantin Gorovikov - Vitali Yachmenev ; Aleksandr Popov - Anton Kuryanov - Denis Tyurin ; Maksim Rybin - Vladimir Pervushin - Sergei Topol.

Remplaçants : Boris Tortunov (G), Aleksei Cherepanov. Absent : Dmitri Ryabykin (blessé).

Sibir Novosibirsk

Gardien : Aleksandr Vyukhin.

Défenseurs : Aleksandr Karpovtsev - Miroslav Guren ; Aleksei Koledaiev - Igor Nikitin ; Vladimir Loginov - Aleksei Krivchenkov ; Konstantin Alekseiev - Aleksei Petuchkov.

Attaquants : Andreï Subbotin - Sergei Varlamov - Denis Kochetkov ; Sergei Akimov - Rinat Khasanov - Andrei Posnov ; Egor Milovzorov - Miroslav Kovacik - Aleksei Kopeïkin ; Aleksandr Plyushchev - Andrei Ponomarev - Denis Yachmenev.

Remplaçant : Sergei Nikolaiev (G). Absent : Oleg Belov (blessé).

 

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