Krylia Sovietov Moscou - SKA Saint-Pétersbourg (25 décembre 2006)

 

Match comptant pour la trente-septième journée de Superliga russe.

De retour rue Tolboukhina pour la suite des aventures des Krylia Sovietov, version light, spécial cure d'amaigrissement ! Un régime sévère qui a pour l'instant réussis aux jeunes Moscovites, puisque depuis la saignée de joueurs de la mi-décembre, les KSM ont réalisés une bonne tournée sibérienne avec une victoire 3-1 à Novokouznetsk et une défaite sur le même score chez un bien classé, Novossibirsk, avec 1-1 jusqu'à la 58e minute, avant un troisième but dans la cage vide. On verra bien si les privations aboutissent à un poids de forme ou si cela conduit dangereusement à l'anorexie de points au classement !

En face, c'est la grosse déception de la saison ! Le HC Gazprom en personne qui se traîne en queue de tableau. Le géant étatique du gaz, qui sème la terreur sur le marché mondial des hydrocarbures, se décentralise dans la ville de Vladimir Poutine et de tous les hauts dirigeants du régime... et donc de Gazprom. En conséquence de quoi, les clubs de "Piter" - diminutif affectueux de Saint-Pétersbourg - de foot (Zenit) et de hockey (SKA, Club Sportif de l'Armée) sont tombés dans l'escarcelle de Gazprom. Du coup, le budget a grimpé et les transferts à l'intersaison ont fait jaser. Tout ça pour végéter aux alentours de la quinzième place ! Du coup, Boris Mikhaïlov, l'ancienne grande vedette de la grande équipe d'URSS (Boris Mikhaïlov, Vladimir Petrov, Valeri Kharlamov, ça vous dit quelque chose, les jeunes ?) a été évincé, remplacé par le jeune (43 ans) Iouri Leonov, originaire du Kazakhstan, et également anciennement international soviétique. Un joueur que Grenoble avait croisé en Alpenliga en 1993/94 contre les Diavoli de Milan. Mais cela ne change rien à l'affaire, le SKA est toujours dans les profondeurs du classement. Au match aller, les Pétersbourgeois s'étaient facilement imposés 6-2. Ces dernières années, les Krylia affrontaient plutôt l'autre club de Piter, le Spartak, mais c'était en Vyschaïa Liga...

Il y a également deux joueurs pétersbourgeois qui ne seront pas dépaysés : les défenseurs Pavel Kanarski et Sergueï Peretiaguine arrivent à peine des KS !

Mais en ce mois de commémoration du soixantième anniversaire de la création du hockey soviétique, le match débute par une cérémonie sympathique et émouvante. Alexandre Drozdetski reçoit un trophée en souvenir de son père, Nikolaï, décédé en 1995, ancien international soviétique, et ancien joueur du SKA, double champion du monde (1981 et 1982), champion olympique (1984) et vainqueur de la Coupe Canada en 1981. C'est d'ailleurs pour ce dernier titre qu'Alexandre reçoit ce trophée. 1981 étant l'année de sa naissance. Un prix remis par l'ancien entraîneur mythique des Krylia Sovietov, Igor Touzik, également ancien joueur de haut niveau et par Sergueï Nemtchinov, également ancienne légende des Ailes Soviétiques de Moscou, passé par la LNH.

Et cela commence mal pour les actuelles ailes moscovites. 26 secondes de jeu et déjà un local en prison, Alexandre Gorochanski. L'occasion rêvée pour les militaires de Saint-Pétersbourg de prendre les choses en crosse. Mais Dimitri Iatchanov répond présent. Il est aidé par une pénalité infligé aux visiteurs, à l'ancienne star de LNH et du Dynamo, Andreï Nikolichine, qui a la particularité d'être né à Vorkouta, l'un des lieux historiques du Goulag...

Le premier tir dangereux des Moscovites ailés intervient juste avant la troisième minute, par l'intermédiaire du défenseur Stepan Mokhov, mais l'ancien gardien de Pardubice et de la LNH Martin Prusek est à la parade. Il n'a pas fini de nous embêter, celui-là...

Surtout que Gorochanski semble apprécier le banc des pénalités, puisqu'il y retourne à la cinquième minute. Et cette fois-ci, la réplique est sèche. Un tir puissant de loin d'Alexeï Akifiev trompe Dimitri Iatchanov, laissé tout seul dans l'axe du tir par un de ses défenseurs qui n'était pas en place (0-1, 06'31"). Cela se complique ! D'autant plus que deux minutes plus tard, le palais des sports des KS retient son souffle, Dimitri Iatchanov ne se relève pas après un choc contre Evgueni Lapine. Heureusement le Tatar de Moscou se relève... et il faut un Iatcha des plus viva pour contenir la furia des Pétersbourgeois !

La première ligne moscovite sonne la charge, c'est peut-être le réveil des locaux, surtout que Maxime Souchinski prend une prison vraiment pas évidente. Il percute avec sa crosse le gant d'Iatcha qui était en train de s'emparer de la rondelle sans l'avoir encore totalement gelée. Quoi qu'il en soit, cela permet aux supporters locaux de donner de la voix. Mais le SKA résiste et repose sa patte sur le jeu, profitant d'une pénalité infligée à Alexeï Komarov, l'un des - rares - nouveaux venus aux KSM.

La fin du tiers est à l'avantage des locaux avec deux grosses occasions. À la 18e, "on" pense même à l'égalisation. Un contre de la première ligne moscovite se termine par un 2 contre 1, mais la passe de Mikhaïl Anissine pour Denis Koulik va mourir je ne sais où, en tout cas pas au fond des filets de Prusek. Une minute plus tard, c'est le défenseur Adroug Djouguelia qui se présente tout seul face au gardien tchèque du SKA... Ben non ! La dernière minute du tiers est chaude. Dimitri Iatchanov prend deux minutes pour avoir fait trébucher un adversaire (c'est Alexandre Kojevnikov qui la purge) puis sauve son équipe en arrêtant un but que tout le monde pensait déjà au fond de sa cage. 0-1 à la première pause.

Et il faut un Iatcha des grands jours (comme d'hab, quoi) pour éviter la catastrophe durant toute la première moitié de ce deuxième tiers. Les militaires pétersbourgeois mettent une grosse pression sur les aviateurs moscovites. Le SKA met le siège sur la défense moscovite. Soumis à un bombardement en règle, les locaux comptent sur leur dernier défenseur, héroïque comme toujours, mais commettent beaucoup trop de fautes. Les KS enchaînent les infériorités numériques et l'on se ronge souvent les ongles jusqu'au coude dans les tribunes. Heureusement, le serpent est miraculeux dans sa cage (toujours dans son style très fluide, sans arrêts photos, sans frime) et petit à petit, l'étau se desserre. C'est au tour du SKA de prendre des prisons. Les Moscovites reprennent du poil de la bête à soldat, mais le problème pour eux, est que Martin Prusek est parfait dans la cage pétersbourgeoise. L'ancien gardien des Sénateurs d'Ottawa ferme la boîte et commence à sérieusement désespérer les Moscovites. On frôle même le désespoir profond à la 39e minute avec un raid solitaire d'Igor Emeleïev, mais face à Iatcha... il en faut plus. Le gardien moscovite se détend brusquement en se jetant de tout son long en direction de son poteau pour fermer sa cage, alors qu'il était couché et battu et que le palet allait rentrer. Un arrêt venu d'ailleurs. Une question m'effleure soudain. Si Dimitri Iatchanov n'était pas le gardien des KSM ? Non, non, écartons vite cette vision de l'enfer...

La dernière période débute par un choc pour Sergueï Moskalev, qui malgré son nom ne joue pas à Moscou. L'ancien joueur de Novokouznetsk reste longtemps au sol, avant de reprendre des forces. La première partie de cet ultime tiers est d'ailleurs difficile pour les visiteurs qui prennent deux pénalités consécutives. Mais Prusek est vigilant... et s'il ne l'est pas assez, cela fait bing sur son poteau, comme à la 46e. Le temps passe, passe et comme sœur Anne, on ne voit pas venir grand-chose, à part une défaite inéluctable pour les jeunes Moscovites ailés, qui ne volent pas vraiment sur la glace ce soir. Quand on est condamné à l'exploit à chaque match... cela se ressent dans les tribunes, où l'ambiance est triste, comme si tout le monde était résigné. Et le coup de massue arrive à pratiquement trois minutes de la sirène finale. Un tir lointain de Maxime Souchinski ricoche devant Iatchanov et rentre dans la cage moscovite (0-2, 56'54"). Dans la dernière minute, comme l'ancien du CSKA, qui a perdu un "C" en passant au SKA, Igor Emeleiev prend une pénalité, l'entraîneur moscovite Iouri Novikov fait semblant d'y croire encore. Il demande un temps mort, fait sortir Iatcha, qui rentre six secondes plus tard, puisqu'entre temps, une mauvaise passe des défenseurs moscovites a été interceptée par l'Ukraino-russe Anton Bout. Il a passé à Alexandre Drozdetski qui a marqué dans la cage vie, le jour du souvenir de son père (0-3, 59'52").

Le SKA s'impose sans vraiment avoir forcé ou puisé dans ses réserves, et se positionne à la 13e place. Bien loin de ses rêves de grandeurs.

Quant aux Krylia, ils replongent à la dernière place, suite à la victoire de l'Amour 3-2 contre le Severstal qui vient jouer ici même après-demain. Seule consolation, l'extraordinaire partie, une fois de plus, de leur gardien Dimitri Iatchanov, encore élu meilleur joueur du match, et dont on se rappellera longtemps l'incroyable arrêt couché au deuxième tiers, lorsqu'il a fermé la cage alors qu'il était battu. Bien triste Noël. Ah oui, c'est vrai, j'oubliai, Noël, en Russie, pays à tradition orthodoxe, c'est le 7 janvier...

Étoiles du match selon Sport Express : *** Dimitri Iatchanov (KSM), ** Maxime Souchinski (SKA), * Iouri Panov (SKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Krylia Sovietov Moscou - SKA Saint-Pétersbourg 0-3 (0-1, 0-0, 0-2)

Lundi 25 décembre 2006 à 19h00 au palais des sports des Krylia Sovietov. 3100 spectateurs.

Arbitrage de M. Kadyrov (Ufa) assisté de MM. Kadyrov (Oufa) et Metalnikov (Samara).

Pénalités : Krylia Sovietov 12', SKA 18'

Tirs : Krylia Sovietov 21 (5, 10, 6), SKA 37 (13, 12, 12).

Évolution du score :

0-1 à 06'31" : Akifiev assisté de Panov et Sushinsky (sup. num.)

0-2 à 56'54" : Sushinsky

0-3 à 59'52" : Drozdetsky assisté de But (inf. num., cage vide)

 

Krylia Sovietov Moscou

Gardien : Dmitri Yachanov (sorti de sa cage de 59'46" à 59'52").

Défenseurs : Aleksei Pepeliaev - Stepan Mokhov ; Sergei Dorofeiev - Rafael Batyrshin ; Sergei Bernatski - Adrug Dzhugelia ; Aleksei Komarov - Denis Ossipov.

Attaquants : Mikhaïl Anisin - Aleksandr Goroshansky - Denis Kulik ; Aleksandr Kozhevnikov - Ilya Dokshin - Kirill Sidorenko ; Aleksei Eremin - Mikhaïl Deiev - Dmitri Korotkov ; Egor Zharkov - Evgeni Pasternatski (C) - Aleksandr Chibayev.

Remplaçant : Yuri Gerasimov (G).

SKA Saint-Pétersbourg

Gardien : Martin Prusek.

Défenseurs : Yuri Panov - Sergei Guseïev ; Kirill Safronov - Dmitri Yushkevich (C) ; Aleksandr Ryazantsev - Pavel Kanarski ; Sergei Peretyagin - Valeri Pokrovski.

Attaquants : Maksim Sushinski - Igor Emeleiev - Aleksei Akifiev ; Aleksandr Drozdetski- Andreï Nikolishin - Anton But ; Valeri Khlebnikov - Evgeni Lapin - Evgeni Muratov ; Aleksei Koznev - Sergei Moskalev - Anton Seleznev.

Remplaçant : Sergei Belov (G).

 

Retour au championnat de Russie