Grenoble - Angers (29 décembre 2006)

 

Match comptant pour la dix-huitième journée de la Ligue Magnus.

Semaine de Noël chargée pour les hockeyeurs de l'Hexagone avec un deuxième match en deux jours pour Angers (défaite hier soir 3-2 à Megève) et en trois jours pour Grenoble (défaite mercredi à Briançon 4-5 après prolongation). L'occasion de se reprendre pour les deux équipes et de terminer l'année sur une bonne note. Angers reste en effet sur deux défaites consécutives à Morzine et au Mont-Blanc tandis que les Brûleurs de Loups vont chercher à obtenir enfin un succès face à une équipe du haut de tableau après deux échecs d'une courte tête face à Rouen et Briançon. Au delà de la forme actuelle des deux équipes, c'est aussi une place dans les quatre premiers du championnat qui se joue ce soir, un succès plaçant les Grenoblois en position confortable au classement tandis qu'une défaite rapprocherait dangereusement les Angevins des barrages.

L'arbitre donne le ton au coup d'envoi en envoyant Ludek Broz en prison après seulement treize secondes. Le jeu de puissance d'Angers se met en place sous l'impulsion de sa première ligne mais ne parvient pas à créer de décalage susceptible d'inquiéter Eddy Ferhi. Dès le retour à égalité numérique, les Brûleurs de Loups prennent le contrôle des opérations et mettent la pression. Une pénalité de Jodoin leur donne à leur tour un avantage numérique de deux minutes dont ils ne purent profiter en partie à cause de Ville Koivula, solide dans ses cages, notamment face à Hecquefeuille. Mais l'élan est grenoblois en ce début de match et grâce à une passe lumineuse de Broz en profondeur, Martin Masa fausse compagnie à la défense angevine pour se présenter seul face à Koivula. Le Tchèque effectue un joli numéro de passe-passe qui trompe le gardien finlandais et n'a plus qu'à déposer le palet dans la cage vide (1-0, 06'44"). Après cette ouverture du score signée par la première ligne, c'est au tour de la deuxième de s'illustrer. Sur un engagement, Roger Jönsson sert Jimmy Lindström dont le tir puissant est arrêté avec difficulté par Koivula qui avait bien anticipé le slap. Bis repetita quelques secondes plus tard avec les mêmes acteurs, mais cette fois Koivula n'a pas vu venir le coup et le puissant slap de Lindström à mi-distance transperce les filets angevins (2-0, 08'18").

Les Grenoblois semblent partis pour une démonstration mais coupent subitement leur effort. Rattrapés par l'indiscipline, ils doivent subir coup sur coup les pénalités de Woods et Amar. La pression angevine est forte sur les cages de Ferhi et la défense grenobloise ne sait plus où donner de la tête. Sur une jolie inspiration de Bellemare devant le slot, Tessier réduit logiquement le score (2-1, 11'51"). Désorientés, les Grenoblois jouent à l'arrêt et continuent de subir la pression angevine. Requinqués par leur premier but, les Ducs profitent du "momentum" en trouvant le poteau d'abord puis en égalisant par Michaël Tessier au milieu d'une défense grenobloise dépassée par les événements (2-2, 13'25"). Un scénario qui rappelle étrangement le match de mercredi à Briançon même si les circonstances étaient alors particulières. Brad Woods s'incline en échappée face à Koivula mais la fin du tiers est pénible pour les hommes de Gérald Guennelon, incapables de retrouver leur allant du début de tiers et seulement libérés par une prison infligée à Jodoin peu avant la fin du tiers.

Recadrage il dut forcément y avoir dans les vestiaires grenoblois pendant la pause, car le déroulement des dix dernières minutes n'a pas dû être du goût de Gérald Guennelon. Toujours est-il qu'il ne faut qu'une minute à Jimmy Lindström pour déclencher un tir anodin (mais puissant) qui traverse les jambières de Koivula, lequel se demande encore comment le palet a pu passer (3-2, 21'01"). Un but chanceux qui replace les locaux dans de bonnes dispositions à l'entame de ce deuxième tiers alors que les Ducs sont à nouveau contraints de courir après le score. Et le petit jeu des supériorités numériques leur complique sérieusement la tâche. Inefficaces en jeu de puissance sur une pénalité de Broz, ils vont subir la loi du power-play grenoblois suite à pénalité de Drozdz. À l'origine de l'action, une nouvelle fois le duo suédois Jönsson-Lindström qui profite du bon travail devant la cage de Patrik Valcak. Ce dernier attire l'attention de Jean-François Jodoin et Jimmy Lindström en profite pour effectuer un centre-tir qui trompe Koivula gêné par la montée de Benoît Bachelet (4-2, 28'41"). L'ailier suédois signe donc un coup du chapeau et confirme ainsi sa grande forme entrevue à Briançon (deux buts). Le retour de Roger Jönsson n'y est sans doute pas étranger... Jodoin et Valcak continuant à s'expliquer après le but sont invités à rejoindre le banc des pénalités, l'un pour deux minutes, l'autre pour dix, histoire de se calmer. Les Grenoblois ont repris leurs deux buts d'avance et maintiennent à distance raisonnable l'équipe angevine durant la deuxième moitié du tiers. Seul le bouillonnant Bellemare, aidé par ses compatriotes Tessier et Rodrigue, parviendra à inquiéter Ferhi, sans conséquence toutefois. La deuxième période, bien mieux maîtrisée par les Brûleurs de Loups, s'achève par quelques échauffourées, signes précurseurs d'une troisième période qui sera particulièrement houleuse.

Visiblement satisfaits de leur avance au score, les Grenoblois se contentent de défendre et de laisser venir. Une attitude passive qui permet aux Angevins de s'installer dans la zone offensive et d'inquiéter à plusieurs reprises Eddy Ferhi. Et ce qui devait arriver arrive logiquement lorsque Michaël Tessier laisse sur place Simon Bachelet et les Grenoblois en retard sur un changement de ligne pour signer à son tour un coup du chapeau mérité (4-3, 45'20"). Pôle Sud peut légitimement s'inquiéter de la prestation de ses favoris qui reculent trop en ce début de période, et le scénario de Rouen trotte dans toutes les têtes. Mais une pénalité de Simon Lacroix pour un coupage sur Roger Jönsson remet les Isérois dans le droit chemin. Car, grande nouveauté à Grenoble, le salut vient désormais des supériorités numériques, un phénomène déjà constaté à Briançon. Et en quinze secondes, les Brûleurs de Loups vont offrir un récital avec une succession de passes sans contrôle qui mettent hors de position la défense angevine pour amener le palet sur la crosse de Martin Masa qui le logera sous la barre de Koivula (5-3, 46'41"). Un petit chef-d'œuvre de jeu collectif qui ressemble à un véritable éclair dans la grisaille d'un troisième tiers qui n'atteindra pas des sommets sur le plan du jeu. Car cette action splendide est la dernière pour ce qui est du hockey proprement dit. Place désormais aux provocations en tout genre qui vont émailler cette période jusqu'au coup de sirène. Un accrochage entre Broz et Baluch devant Koivula met le feu aux poudres. Visiblement fatigués, les Angevins tentaient de rattraper leur retard par une multitude de provocations et de mauvais gestes après le coup de sifflet. Auxquels répondent les Grenoblois, qui se font régulièrement sanctionner par le sifflet de M. Hauchart. Parmi les éléments les plus "en vue" en cette fin de match, Bellemare, Tessier et Baluch du côté angevin, Broz, Woods et Bonnard du côté grenoblois. Une chose est certaine : les deux équipes ne passeront pas le réveillon ensemble ! Finalement rien ne change au niveau du score malgré la deuxième échappée de Woods de la soirée, à sa sortie de prison, puisque cette fois le défenseur canadien de Grenoble tire au-dessus de la cage. Ferhi, qui aura dû faire face à vingt-trois tirs dans cette période (certes pas tous dangereux), tient bon jusqu'au bout et préserve le succès isérois.

Angers repart des Alpes avec deux défaites dans les bagages, trois si l'on compte le déplacement à Morzine samedi. Une série malvenue alors que les Ducs bataillent avec Rouen pour la quatrième place. Pénalisés par leur effectif réduit, les Angevins s'en sont remis à des artifices pas toujours très nets pour tenter de ramener quelque chose ce soir. Dommage car les Jonathan Bellemare et autre Michaël Tessier ont montré durant deux périodes qu'ils pouvaient être bien plus utiles lorsqu'ils pensaient avant tout à jouer au hockey. À elle seule, la première ligne est capable de tenir à bout de bras l'équipe et lui donner une chance de gagner. Koivula s'est montré fébrile par instants, voire coupable sur le troisième but grenoblois mais a réalisé quelques bons arrêts par ailleurs, notamment sur son face-à-face avec Woods. Une performance d'ensemble que l'on qualifiera de moyenne.

Grenoble aura fait le minimum ce soir pour remporter ce succès important au classement. On ne pourra pas dire que les Brûleurs de Loups ont forcé leur talent en jouant en permanence par à-coups, la tête sans doute déjà à la finale de la Coupe de la ligue mardi. Les bonnes périodes (dix premières minutes, supériorités numériques) ont alterné avec un jeu franchement fébrile, notamment défensivement. De quoi se poser des questions sur la capacité des Grenoblois à jouer pendant soixante minutes sur le même tempo, ce qu'il faudra pourtant faire mardi. Sur le plan individuel, Jimmy Lindström et Martin Mesa, les deux buteurs grenoblois de la soirée, ressortent bien sûr du lot mais leurs centres attitrés (Jönsson et Broz) ne sont pas étrangers à la réussite de leurs ailiers. Pour la première fois depuis le retour de Jönsson, les deux premières lignes se sont montrées efficaces en même temps. De quoi être optimiste pour les échéances à venir. À condition cependant que la défense retrouve son efficacité du début de saison. Les dix-sept buts encaissés lors des quatre derniers matches ne sont pas dignes de la meilleure défense du championnat et la fébrilité de certains cadres comme l'international Simon Bachelet ou le jeune Trabichet (remplacé au troisième tiers par Millerioux) a de quoi inquiéter. Heureusement pour Grenoble, Ferhi est toujours aussi régulier dans ses performances.

Désignés meilleurs joueurs du match : Jimmy Lindström (Grenoble) et Michaël Tessier (Angers).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Angers 5-3 (2-2, 2-0, 1-1)

Vendredi 29 décembre 2006 à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Camille Gielly et Savice Fabre.

Pénalités : Grenoble 32' (6', 2'+10', 14'), Angers 22' (4', 4', 14').

Tirs : Grenoble 27 (9, 11, 7), Angers 44 (11, 10, 23).

Évolution du score :

1-0 à 06'44" : Masa assisté de Broz et Hecquefeuille

2-0 à 08'18" : Lindström assisté de Jönsson et Papa

2-1 à 11'51" : Tessier assisté de Bellemare et S. Lacroix (sup. num.)

2-2 à 13'25" : Tessier assisté de Bellemare et Rodrigue

3-2 à 21'01" : Lindström assisté de Papa et Jönsson

4-2 à 28'41" : Lindström assisté de Jönsson et Woods (sup. num.)

4-3 à 45'20" : Tessier assisté de Drozdz et Hovora

5-3 à 46'41" : Masa assisté de Broz et Wallin (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Brad Woods ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Bachelet - Teddy Trabichet puis Martin Millerioux à 40'00".

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Roger Jönsson - Jimmy Lindström ; Patrik Valcak (puis Sacha Treille de 28'41" à 38'41") - Christophe Tartari - Benoît Bachelet (C) ; Joan Montesinos.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Antonin Manavian. Absents : Martin Paquet (suspendu), Nicolas Antonoff (épaule).

Angers

Gardien : Ville Koivula.

Défenseurs : Michael Irani - Simon Lacroix ; Guillaume Drozdz - Lauri Lahesalu ; Jean-François Jodoin (A).

Attaquants : Guillaume Rodrigue (A) - Jonathan Bellemare - Michael Tessier ; Juho Jokinen - Radek Hovora - Mickaël Bardet ; Tomas Baluch - Martin Lacroix (C) - Julien Albert.

Remplaçant : Florian Hardy (G). Absent : Patrik Bärgman (blessé).

 

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