Russie - Finlande (8 février 2007)

 

Match comptant pour les LG Hockey Games, quatrième manche de l'Euro Hockey Tour.

Déconcertant. La sélection nationale russe est vraiment passée d'un extrême à l'autre. Après le colérique Vladimir Krikunov, qui s'emportait pour un rien et se fâchait avec tout le monde, voici Vyacheslav Bykov, le Dalaï-Lama de l'Oural, l'homme que rien n'atteint. On avait monté en épingle le cas de Sergei Mozyakin, son ancien capitaine dont il avait mis en doute les qualités morales. On suspectait déjà Bykov de faire un cas personnel de ce joueur, de ne pas lui avoir pardonné d'avoir quitté le CSKA pour le fric du Khimik... Et hop, voilà que, au moment où son nom était un peu descendu au classement des marqueurs, Mozyakin faisait sa réapparition sur la liste des sélectionnés, ce que Bykov explique par sa volonté de tester quelques hockeyeurs très techniques.

Décidément, impossible de désarçonner Slava Bykov. Les journalistes habitués à Krikunov essaient bien de trouver des polémiques, mais cela ne fonctionne pas. Vassili Koschechkin, qui a refusé la convocation pour cause de "fatigue physique et psychologique" ? S'il le dit, c'est que ça doit être vrai, ce n'est pas pour autant qu'il est exclu de la liste pour les Mondiaux... Sergueï Zinoviev, qui se dit blessé au moment de la sélection et rejoue quelques jours plus tard ? Pas grave, répond Slava, qui dit garder toute confiance dans la parole du joueur. Pour moins que ça, ce même Zinoviev avait été vilipendé et traité de tous les noms par Krikunov... Et même si ce forfait avait conduit Bykov à renoncer à la super-troïka de Kazan, après tout, cela permettra de voir d'autres joueurs. Il est comme ça, Slava : il préfère voir le bon côté des choses. Les interviews des joueurs de NHL qui lui recommandent de sélectionner tel ou tel de leurs camarades ? C'est merveilleux, cela prouve qu'ils s'intéressent au destin de l'équipe nationale... Et quand le vieux ronchon Sergueï Fedorov, qui ne répond jamais aux messages laissés par le staff russe, déclare à un journaliste qu'il ne sait pas où et quand auront lieu les championnats du monde et qu'il ne veut pas en parler ? Oh, mais on peut le comprendre, c'est un pro qui est concentré sur son match, il était peut-être de mauvaise humeur ce soir-là, rien de grave...

Pour désamorcer les conflits et ne pas créer d'inimitiés inutiles, la méthode a un franc succès. Bykov jouit d'un a priori favorable auprès des joueurs, pas un ne se risque à dire du mal de lui, chacun lui donne confiance... Mais évidemment, s'il échoue à manifester son autorité lors des Mondiaux, le Dalaï-Lama de l'Oural pourra se faire moine, car les amateurs d'hommes forts et de grands chefs se feront un plaisir de moquer la démocratie participative à la sauce Slava. Pour l'instant, tout le monde a sa chance, comme l'illustre le nouveau capitaine Piotr Schastlivy, parfait anonyme au début de la saison internationale. Mais c'est dans trois mois, quand il faudra faire des choix, qu'il faudra sans doute aussi gérer les mécontents.

En attendant, toutes les volées de bois vert ne sont pas pour Bykov, elles sont pour la fédération russe. Sa dernière faute ? Ne pas avoir organisé ce match décalé des Sweden Hockey Games dans la patinoire de Khodynka, site principal des championnats du monde dans trois mois. En effet, les propriétaires des lieux ne voulaient pas les louer gratuitement, comme ils l'avaient exceptionnellement fait pour l'inauguration en décembre. On s'est donc rabattu sur Mytishchi, l'autre site des Mondiaux. Mais ces petites frictions font mauvais genre au moment où l'IIHF s'agace de certains ratés de l'organisation de ces championnats du monde, et notamment d'une billetterie menée en dépit du bon sens. Beaucoup de spectateurs potentiels, qui ne veulent pas des packages actuellement en vente, attendent que soient proposés des billets distincts pour chaque match.

Le match de ce soir, outre qu'il sert de bonne répétition pour l'organisation, est donc l'occasion de faire un peu de promotion pour le Mondial. Malheureusement, pendant deux tiers-temps, la Russie ne contribue pas vraiment à allécher les spectateurs. Elle est dominée dans tous les secteurs du jeu, et elle est menée 0-3.

Mais, à la deuxième pause, apaisés par maître Bykov, les disciples russes entrent en lévitation pour vingt minutes ! Beaucoup moins zen, les Finlandais se retrouvent pour la seconde fois du match à trois contre cinq, et cette fois, ils se prennent deux buts. La ligne Simakov-Kaïgorodov-Volkov réussit ce que Bykov attendait de ses attaquants aujourd'hui, faire parler leur technique même face à une défense physiquement supérieure. Et en prolongation, c'est Anton Kuryanov qui complète la résurrection russe en recevant une belle passe du faiseur de jeu Mozyakin. Le collectif russe a mis du temps à trouver le bon rythme, mais ses authentiques talents offensifs ont finalement renversé une montagne. Et les tribunes presque déprimées ont retrouvé l'euphorie.

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Pendant les deux premières périodes, nous ne sommes pas rentrés dans le rythme du match. Nous n'avions pas de réussite par moments, le palet ne voulait en aucune façon rentrer dans la cage. Cela m'a rappelé le match contre la Suède en décembre : le désir était grand, la mise en application. Je veux remercier les joueurs qui ont écouté nos conseils après la deuxième période et qui ont joué le style traditionnel qui leur convient."

Erkka Westerlund (entraîneur de la Finlande) : "Félicitations aux Russes qui ont réussi une excellente troisième période. Pour nous, le temps des expériences est terminé. La dernière étape de l'Euro Tour, c'est le point crucial de la préparation pour les championnats du monde. C'est là que les places se jouent, sachant que la proportion de joueurs de NHL et d'Européens sera environ de 50/50 aux championnats du monde. Il reste aussi une dizaine de joueurs qui ne sont pas dans cette équipe mais qui restent candidats aux Mondiaux. Quand il est arrié en Russie en provenance de NHL il y a un an, Noronen manquait de pratique. Maintenant il a retrouvé son jeu, je l'ai vu jouer à la télé pendant la Coupe d'Europe des Champions, et il correspond aux exigences de l'équipe nationale."

 

Russie - Finlande 4-3 après prolongation (0-1, 0-2, 3-0, 1-0)

Jeudi 8 février 2007 à 18h00 à Mytishchi (Russie). 7300 spectateurs.

Arbitrage de Martin Homola (TCH) assisté de Viktor Birin et Aleksei Medvedev (RUS).

Pénalités : Russie 10' (6', 4', 0'), Finlande 16' (6', 0', 10').

Tirs : Russie 33 (7, 3, 19, 4), Finlande 28 (10, 14, 3, 1).

Évolution du score :

0-1 à 10'37" : Aalto assisté de Hentunen (sup. num.)

0-2 à 20'51" : Hirschovits assisté de Rita

0-3 à 25'54" : Hirschovits assisté d'Aalto et Hentunen

1-3 à 42'50" : Nikulin assisté d'Antipov (double sup. num.)

2-3 à 43'59" : Kaigorodov assisté de Koltsov et Mozyakin (sup. num.)

3-3 à 51'44" : Volkov assisté de Kaigorodov et Simakov

4-3 à 64'17" : Kuryanov assisté de Koltsov et Mozyakin

 

Russie

Gardien : Konstantin Barulin.

Défenseurs : Denis Grebeshkov - Anton Belov ; Kirill Koltsov (2') - Dmitri Bykov ; Konstantin Korneev - Ilya Nikulin (A) ; Dmitri Vorobyev - Maksim Kondratiev.

Attaquants : Anton But - Piotr Schastlivy (C) - Vladimir Antipov (A, 2') ; Sergei Mozyakin - Anton Kuryanov (2') - Igor Mirnov ; Aleksei Simakov - Aleksei Kaigorodov - Igor Volkov ; Sergei Konkov - Ivan Nepryaev - Nikolai Kulemin (4').

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G). En réserve : Denis Parshin.

Finlande

Gardien : Mika Noronen.

Défenseur : Janne Niskala - Pasi Puistola ; Aki-Petteri Berg (A, 4') - Marko Kiprusoff (2') ; Teemu Aalto - Tuukka Mäntylä ; Jyri Marttinen (4') - Ari Vallin (2').

Attaquants : Kimmo Kuhta (A) - Esa Pirnes (C) - Jukka Hentunen ; Janne Pesonen - Ville Leino - Tomi Kallio ; Sean Bergenheim - Kim Hirschovits (2') - Jani Rita ; Juha-Pekka Haataja - Pekka Saarenheimo - Tomek Valtonen (2').

Remplaçant : Sinuhe Wallinheimo (G). En réserve : Kimmo Koskenkorva.

 

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