Finlande - Italie (5 mai 2007)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Le distrait

Ce résumé est un miraculé. Il n'aurait jamais dû avoir lieu. Il est le fruit d'un malentendu.

Mais tout d'abord, une petite pièce de théâtre :

Samedi, début d'après midi, dialogue de salon dans une famille moscovite.

Le père : "Dis-donc Matthieu, si l'on allait voir un match ce soir à la Khodynka ?"

Matthieu (le fils) : "Ah ouais, super ! Et quel match ?"

Le père : "Ben, un super match, République Tchèque-Slovaquie. Ça va nous changer des petites équipes, parce que Danemark-Ukraine, bon..."

Matthieu : "Génial"

Quelques heures plus tard, les mêmes dans le métro.

Le père : "Tiens, un supporter letton, qu'est qu'il fait ici, celui-là ? Il s'est perdu en poule de qualification ?"

Quelques minutes après, sur le chemin de la Khodynka...

Le père : "Tiens, encore des Lettons, et avec des drapeaux finlandais en plus..."

Matthieu : "Oui, et là aussi, il y a quatre supporters finlandais... Dis Papa, c'est étrange que l'on ne voit ni Tchèques, ni Slovaques..."

Le père : "Ils sont peut-être déjà sur place... Et puis, c'est loin, Prague et Bratislava, et les gens en Europe Centrale n'ont pas encore beaucoup d'argent... Peut-être qu'ils ne sont pas venus nombreux..."

Arrivée devant les caisses : personne, pas de queue, et toujours pas le moindre Tchèque ou Slovaque à l'horizon...

Le père à la caissière : "Dites, c'est quoi le match de ce soir ?"

La Caissière : "Ben, 'chais pas moi...Attendez, que je regarde (elle fouille dans ses papiers), ah oui, Finlande-Italie"

Le père : ...

Le père : Mais euh, République Tchèque-Slovaquie ?

La caissière : refouille dans ses papiers : c'est à Mitychtchi !

Le père : ... Bon, heu, deux places...

Une fois les tickets en main :

Le père : Bon, ben t'es pas trop déçu ?

Matthieu : Non, j'aime bien la Finlande...

Brave gosse !

Donc, à la place des artistes d'Europe centrale, des premiers violons du Danube et de la Vltava, des valses légères de l'empire des Habsbourg, on va se taper les papys bétonneurs canado-italiens, qui font passer une équipe entraînée par Piotr Vorobiev pour un festival tropical... Espérons que les nombreuses étoiles finlandaises, nous en donnent pour notre argent... mais au vu de Russie-Italie, on peut avoir des doutes...

Maintenant, je comprends pourquoi il y a ce soir des supporters lettons, ils avaient acheté leurs places à l'avance en pensant que les Grenats auraient sorti les Azzurri lors du premier tour...

Un match qui débute... sur un faux rythme ! Moderato cantabile ! Cela promet ! Les Italiens placent cependant les premières banderilles, mais il faut attendre 2'12" pour voir un vrai tir. Il est l' uvre de Jukka Hentunen, mais Günther Hell est à la parade. Près de deux minutes s'écoulent à nouveau pour admirer une autre action dangereuse. Une passe de Jere Lehtinen de Dallas pour son capitaine, Ville Peltonen, de Florida, pour une action made in NHL, que Hell, made in Serie A, renvoie de la botte (italienne, évidement).

À partir de ce moment-là, autant le dire, les Ragazzi ne mettent plus le nez dehors et tout se passe dans la zone d'attaque finlandaise. D'autant plus que Stefano Margoni prend deux minutes. Trente secondes plus tard, c'est l'ouverture du score. Une superbe passe vers l'avant de Petteri Nummelin, récupérée par Ville Peltonen qui tire sur Günther Hell, ce dernier met sa mitaine mais ne peut éviter le rebond. Jari Viuhkola, tout frais promu sur la première ligne pour ce match, n'hésite pas et prend instantanément sa chance (1-0, 07'29").

On pense que cela va faire partir le match. Pas vraiment. À la dixième minute, Fredrik Norrena n'a encore rien eu à faire. En bref, le match somnole ! Une pénalité infligée à Kukkonen ne change rien à la donne. En revanche, lorsque Roland Ramoser est à son tour sanctionné (16e), cela nous permet de voir en action les vedettes finlandaises. Un revers de Peltonen et un tir de Nummelin juste au-dessus. Le temps passe et l'on se demande ce que l'on peut espérer. Un exploit individuel. Il arrive. Un sublime tir lointain de Jukka Hentunen, à l'extrémité du cercle d'engagement sur la gauche et le tout en déséquilibre. C'est merveilleux (2-0, 18'48"). Une dernière action un peu "chaude" de Stefano Margoni à trois secondes de la sirène, et c'en est terminé pour ce premier tiers...

Et le tiers suivant démarre sur les mêmes bases. Première minute et Hell nous sort une mitaine d'enfer (bon, d'accord, je ne vais vous la faire à chaque match... sauf si un jour, il y a un Italie-Slovaquie, avec un face-à-face entre Hell et Satan !), puis un parfait arrêt sur un tir puissant du Pingouin de Pittsburgh, Jarkko Ruutu. Mais la plus belle occasion du tiers arrive à la 26e... et elle est transalpine. Un tir de mammouth du défenseur, jouant en Suède à Södertäjle, Carter Trevisani, s'écrase sur la cage de Norrena, exactement dans l'angle entre le poteau droit et la transversale. Un gros bing, et un gros ouf pour les Finlandais. La réplique des Nordiques intervient deux minutes plus tard avec une belle tentative de Tomi Kallio, mais qui passe juste au-dessus. Le même Kallio qui voit également son tir bloqué sur la ligne par Hell, après un beau tour de cage de Sean Bergenheim, à la 27e.

Le public russe se met du côté du petit poucet italien et l'encourage à chaque attaque... Bon, le problème est que ces "attaques" ne passent pas souvent la ligne rouge... C'est quand même le cas à la 30e avec un beau contre de l'excellent (à mon avis le meilleur Italien ce soir) Milanais Giulio Scandella, mais qui se heurte à l'impénétrable Fredrik Norrena. Des Italiens également très disciplinés ce soir, mais qui commettent quand même une belle faute par l'intermédiaire d'une charge dans le dos avec la crosse de Florian Ramoser. Mais les Finlandais n'en profitent pas. Le tiers se termine par une ultime (belle) tentative de Scandella à la 39e. Un tiers, sans but, que les Finlandais ont maîtrisé, même si la plus franche action a été ce poteau/transversale de Trevisani.

L'ultime période débute, dès les premières secondes, par un très beau tir balayé d'Antti Miettinen, bien renvoyé de la botte par Günther Hell. La tentative suivante est la bonne. Un but sublime, un très grand exploit personnel de l'attaquant de Kärpät Oulu, Jari Viuhkola, entré en sixième homme pendant une pénalité différée. Une feinte de tir pour mettre dans le vent l'ultime défenseur et un poteau rentrant à la conclusion (3-0, 42'31"). Une minute plus tard, alors que De Bettin est en prison, le coach finlandais Erkka Westerlund demande un temps mort. Cela ne donne pas grand-chose !

Le match donne même dans le gag. Cela débute par Berg et Pyörälä qui se percutent violemment lors d'un changement de ligne et s'étalent de tout leur long, sous les vivats de la foule (et les éclats de rire aussi...). Cela se poursuit par Günther Hell qui fait voltiger son casque sur un arrêt spectaculaire, et la période cirque se termine par M. Hansen, l'arbitre norvégien qui perd son émetteur pour son micro et écouteur. Remarquez, heureusement, qu'il y a ces "gags", car, il faut bien l'avouer, on s'ennuie un peu... Même menée de trois buts, les Italiens ne changent pas de tactique et restent bien au chaud dans leur zone.

Il faut quand même rendre hommage aux Finlandais qui ne baissent pas les crosses. Exemple à la 54e avec Jukka Hentunen qui se retrouve tout seul devant Günther Hell, après une passe sublime de Jarkko Ruutu. Mais l'attaquant de Lugano échoue sur le portier. Les toutes dernières tentatives du match seront cependant italiennes avec un tir en pivot de John Parco puis deux tentatives consécutives de Scandella, parfaitement maîtrisées par Norrena. 3-0 pour la Finlande, dans un match verrouillé par les Italiens, mais pas suffisamment pour éviter un succès finlandais sans contestation.

Bon, ce n'était visiblement pas République Tchèque - Slovaquie, mais au final, on a cependant vu des belles choses avec des Finlandais capables d'exploits individuels très spectaculaires.

Désignés joueurs du match : Jari Viuhkola pour la Finlande et Jason Cirone pour l'Italie.

Bruno Cadene

Commentaires d'après-match (sur Hockey Time)

Roland Ramoser (attaquant de l'Italie) : "Nous avons beaucoup plus confiance en nous-mêmes. En plus, nous jouons tranquilles dans ce genre de match parce que nous n'avons rien à perdre. Il nous a manqué un peu de forces après la dure partie d'hier, mais je pense que nous sommes sortis la tête haute et que nous avons même fait voir de belles choses. On espère récupérer pendant le jour de repos pour jouer 60 minutes intenses contre les Danois. C'est mon quatorzième Mondial et je suis satisfait de la façon dont je joue. Par rapport à l'année dernière où je n'avais pas fait les JO et où j'étais arrivé à Riga à la fin de l'aventure pour les deux derniers matches, cette année est décidément meilleure."

 

Finlande - Italie 3-0 (2-0, 0-0, 1-0)
Samedi 5 mai 2007 à 20h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 4850 spectateurs.
Arbitrage de Ole Stian Hansen assisté de Ronni Jakobsen et Milan Masik
Pénalités : Finlande 4' (2', 2', 0') ; Italie 8' (4', 2', 2').
Tirs : Finlande 29 (9, 7, 13) ; Italie 13 (2, 7, 4).

Évolution du score :
1-0 à 07'29" : Viuhkola assisté de Peltonen et Lehtinen (sup. num.)
2-0 à 18'48" : Hentunen assisté de Kapanen et J. Ruutu
3-0 à 42'31" : Viuhkola assisté de Hentunen et Kapanen
 

Finlande

Attaquants :
Ville Peltonen (C, 2') - Jari Viuhkola (+1) - Jere Lehtinen
Antti Miettinen - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu
Jarkko Ruutu (A, +1) - Niko Kapanen (+2) - Jukka Hentunen (+2)
Sean Bergenheim - Petri Kontiola - Tomi Kallio
Mika Pyörälä

Défenseurs :
Lasse Kukkonen (+1, 2') - Petteri Nummelin (A, +1)
Pekka Saravo - Tuukka Mäntylä
Aki-Petteri Berg (+1) - Toni Söderholm (+2)

Gardien :
Fredrik Norrena

Remplaçants : Kari Lehtonen (G), Timo Pärssinen.

Italie

Attaquants :
Giulio Scandella - Jason Cirone (+1) - Giorgio de Bettin (A, 2')
Roland Ramoser (2') - Luca Ansoldi (-1) - Stefano Margoni (2')
Patrice Lefebvre - John Parco - Mario Chitarroni (C, -1)
Flavio Faggioni (-1) - Manuel De Toni (-1) - Luca Rigoni (-1)
Jonathan Pittis (-1)

Défenseurs :
Carlo Lorenzi - Carter Trevisani (-2)
Christian Borgatello (+1) - Armin Helfer (+1)
Florian Ramoser (-1, 2') - Michele Strazzabosco (A)

Gardien :
Günther Hell

Remplaçant : Andrea Carpano (G). Absents : Paolo Bustreo (genou), Jason Muzzatti (G, crampes), André Signoretti (D).

 

Retour aux championnats du monde