Épinal - Rouen (18 septembre 2007)
Huitième de finale de la Coupe de la ligue, match aller.
Le tarif habituel
Des premiers doutes naissants, engendrés d'une défaite inaugurale à Chamonix (2-3), les Spinaliens en ont chassé l'essentiel en dominant ce samedi un Villard-de-Lans improductif (4-1). Des forces vosgiennes, longtemps ciblées sur l'aura d'un Jan Plch par exemple, se sont nouvellement émancipées l'impact du défenseur canadien Stéphane Gervais, devenu la clé de voûte d'un jeu de puissance apparu sans égal devant les Isérois. Le championnat est donc bien lancé pour Shawn Allard et ses 'boys'. Mais ce soir, la Ligue Magnus fait relâche.
Si la Coupe de France tint au cœur des Lorrains l'hiver passé, la Coupe de Ligue ne fut pour sa part qu'un simple transit. En héritant de l'ogre rouennais dès le premier tour, il paraît probable que l'histoire vienne à se répéter ! Devant des Dragons renforcés à tous les étages, offensivement avec leurs francs-tireurs québécois, et défensivement par une belle brochette de routiniers continentaux, Épinal a tout d'un outsider.
Très vite, on sent que cette partie n'atteindra pas des sommets, autant techniques qu'épiques. L'attractivité pour cette Coupe de la Ligue diverge selon les clubs et Épinal ne fait pas un mystère de son désintérêt pour la chose. Aussi Shawn Allard, rentré pour quelques jours au pays (en reviendra-t-il seul ?), a fait l'impasse sur ce match, tout comme le perforateur Jan Simko, encore convalescent (mais peut-être remis pour le périlleux déplacement à Angers).
Très vite aussi, Rouen en tire les marrons du feu, par Marc-André Thinel, bien aise d'exploiter une première erreur de jugement de Franck Constantin et de se faire servir un palet tout chaud sur une temporisation de Jonas Liwing (0-1 à 00'40"). Un scénario idéal pour des Dragons visiblement peu inspirés, mais suffisamment consciencieux pour faire proprement tourner le palet. Sans pour autant déferler en hordes sur les cages adverses.
Malgré le peu d'occasions franches de ce premier tiers-temps, les deux cerbères paraissent néanmoins à leur affaire. Sur deux redoutables déviations d'Ilpo Salmivirta (4e, 6e), Ramon Sopko ne transige pas alors que Franck Constantin, remis de son entame difficile, prend peu à peu d'assurance devant ces Dragons loin de forcer leurs talents. Si Jan Plch, encore lui, ajoute sans grain de sel coutumier dans des lignes arrières pourtant bien huilées, le box-play normand parvient néanmoins à s'éviter de plus fâcheux désagréments.
Et puisqu'une bonne attaque part bien souvent d'une bonne défense, c'est en contre que les hommes d'Alain Vogin vont doubler la mise. Apparemment sujet à quelques soucis d'affûtages, Éric Doucet, la coqueluche retrouvée de l'île Lacroix, s'échappe côté droit pour servir plein axe un Julien Desrosiers dos au but. D'un simple pivotement, l'international d'origine québécoise trouve un amour de lucarne (0-2 à 12'09"). Le panache n'est donc pas au rendez-vous, mais reste la classe des attaquants racés du RHE 76...
Poussifs malgré leur avance au score, les Rouennais se laissent ensuite emporter par leur indiscipline. C'est presque tendre le bâton pour se faire battre tant le jeu de puissance vosgien a fait des étincelles depuis l'ouverture du championnat ! Plch, au buzzer, donne ainsi le ton d'une poignée de minutes difficiles pour les septuples champions de France (20'00").
Dès la reprise, la tolérance zéro sourit donc aux locaux, rapidement installés aux avant-postes sous la houlette de leurs artificiers maison (notamment le sniper Stéphane Gervais, qui tire décidément plus vite que son ombre). Dans un premier temps, la boîte rouennaise résiste grâce au métier des Carlsson, Virolainen ou de son tout nouveau 'ministre de la défense', le vétéran pragois Ladislav Benysek. Mais l'ICE, à l'usure, va finalement parvenir à ses fins. En demi-teinte depuis quelques matchs, le centre finlandais Simo Romo décale bien Guillaume Chassard plein axe, lequel perce (enfin) la garde de Ramon Sopko d'un tir sec (1-2 à 25'24").
Il n'en faut guère plus pour redonner quelques couleurs à un ensemble vosgien jusqu'alors timoré. Dans le sillage de ses leaders habituels, mais aussi de ses joueurs de seconde main (abattage de Petrak, solidité défensive de Slovak), Épinal retrouve du poil de la bête (des Vosges, évidemment). Sans cette petite parenthèse en infériorité numérique, où les gros bras normands roulent des mécaniques sans pour autant allumer le compteur, les Dauphins seraient presque vainqueurs aux points d'un acte médian haché par les pénalités. Car le danger rouennais, bien que jamais totalement écarté (déviation de Thinel sous le nez de Constantin, 33e), est mis en veilleuse pour quelques minutes.
Dans cette lutte à distance opposant les deux gardiens, Ramon Sopko se détache sensiblement et peut remercier la chance que Simo Romo, lancé par un Michal Petrak tout juste libéré de son pensum, ne voit son lancer, initialement repoussé, retomber juste sur le filet du but (33'30").
Mais voilà, en hockey plus qu'ailleurs, dominer n'est pas gagner et Rouen va l'adapter à sa sauce sur une situation de pénalité différée. Une courte présence en zone offensive suffit à Marc-André Thinel pour servir Petri Virolainen en pointe. Le frappé court du blueliner finlandais, promu instructeur du prometteur Cédric Custosse, perce ainsi la muraille que Constantin s'efforçait jusqu'alors de dresser devant son filet (1-3 à 36'01").
Sur un malentendu, ça peut marcher. La réplique est certes entrée dans l'histoire du cinéma français mais sourie sur ce coup aux duettistes finnois de l'ICE, Ilpo Salmivirta et Simo Romo. Sur une passe au cordeau (et pourtant mal coordonnée) du dernier nommé, Salmivirta crée l'effet de surprise en voyant son centre-tir glisser tant bien que mal tout au fond de la cage rouennaise (2-3 à 38'51").
Mais comme tout s'adapte de nos jours, le Québécois Olivier Bouchard se charge de la traduction normande en profitant d'un petit moment de flottement dans l'enclave lorraine (2-4 à 39'09"). Sur la feuille de match, cette quatrième réalisation sera toutefois attribuée au numéro vingt-neuf (Bouchard étant le trente-neuf), Jonas Liwing, le défenseur suédois arrivé dans les valises de Mallette en provenance d'Innsbruck !
Un autre classique, plus hockéyistique celui-là, se met en place dès l'entame du troisième acte. Montée latérale de Carl Mallette, centre et finition de Marc-André Thinel (2-5 à 40'18"), pour un scénario qui devrait se répéter plus d'une fois cette saison.
Finie la fleur au fusil, les Dragons gèrent forts de leur supériorité intrinsèque à défaut d'un entrain débordant. C'est suffisant pour écarter le gros du danger, même si Michal Petrak commet le sacrilège de gaspiller une véritable offrande de son maître Jan Plch au second poteau (46'40"). Mais assurément pas pour se prémunir d'une rechute de 'prisonnite aiguë'.
Le powerplay vosgien, emmené par son fameux quintet Gervais-Chassard-Salmivirta-Petrak-Plch, regorge donc d'occasions de rendre cette fin de match moins monotone... sans parvenir à ses fins, la faute à un réalisme le fuyant comme la peste. Rouen, de son côté, est infiniment plus verni. Tout d'abord de voir, fait rarissime, Peter Slovak être intercepté dans sa zone par Tristan Lemoine, puis Franck Constantin se faire surprendre dans le coin par Éric Houde (2-6 à 49'42"). Le routinier québécois, chaperon sur ce match de la ligne des jeunes, ajoute à son tour son nom sur une feuille de pointage qu'il noircissait dernièrement du côté de la 2e Bundesliga allemande.
Nul ne sait ce qu'apportera vraiment Daniel Scott. Au contraire d'un Tarik Chipaux démontrant, match après match, un cran certain, l'impact de l'Anglais paraît jusqu'alors négligeable dans le jeu proprement dit. Mais s'il n'est qu'un second-couteau, Scott prend doucement ses galons de dur à cuire ; sa brouille de la semaine passée avec Richard Aimonetto en fait foi. Cette fois-ci, il se lâche en fin de partie sur Marc-André Thinel, las des diverses provocations, et démontre que les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont de la répartie et savent eux aussi tomber les gants (59'12"). Voilà au moins un duel que Thinel aura perdu ce soir !
Ramon Sopko et sa garde rapprochée tiennent donc jusqu'au bout malgré l'acharnement de Spinaliens bien décidés à rendre la pilule moins amère. Les années se suivent et se ressemblent donc pour ces Dragons-là, souvent souverains dans la préfecture des Vosges ces dernières saisons. Les Rouennais se sont cette fois-ci contentés du minimum, à l'image de vedettes offensives sur la réserve (sauf au chapitre des méconduites), et d'assurer leur part du contrat sans trop de fioritures en se basant sur une arrière-garde relativement solide. Leur avantage paraît donc suffisamment conséquent pour la manche retour.
Compte-rendu signé Jérémie Dubief
Épinal - Rouen 2-6 (0-2, 2-2, 0-2)
Mardi 18 septembre 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 400 spectateurs.
Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Benjamin Gremion et David Courgeon.
Pénalités : Épinal 26' (4', 6', 6'+10'), Rouen 58' (6', 8'+10', 14'+10'+10').
Tirs : Épinal 26 (6, 11, 9), Rouen 30 (10, 11, 9).
Évolution du score :
0-1 à 00'40" : Thinel assisté de Liwing
0-2 à 12'09" : Desrosiers assisté de Doucet
1-2 à 25'24" : Chassard assisté de Romo (sup. num.)
1-3 à 36'01" : Virolainen assisté de Liwing
2-3 à 38'52" : Salmivirta assisté de Romo et Listiak
2-4 à 39'09" : Bouchard assisté de Thinel
2-5 à 40'18" : Thinel assisté de Mallette
2-6 à 49'42" : Houde assisté de Lemoine
Épinal
Gardien : Franck Constantin.
Défenseurs : Peter Listiak - Radoslav Regenda ; Lionel Simon - Borislav Ilic ; Peter Slovak - Stéphane Gervais.
Attaquants : Daniel Scott [en alternance avec Sébastien Geoffroy] - Luc Mazerolle (A) - Guillaume Chassard (A) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Tarik Chipaux ; Guillaume Papelier - Michal Petrak - Jan Plch (C).
Remplaçant : Stanislav Petrik (G). Absents : Jan Simko (blessé), Shawn Allard (rentré temporairement au Canada).
Rouen
Gardien : Ramon Sopko.
Défenseurs : Ladislav Benysek - Jonas Liwing ; Petri Virolainen - Cédric Custosse ; Daniel Carlsson (A) - Benoît Quessandier.
Attaquants : Olivier Bouchard - Carl Mallette (C) - Marc-André Thinel (A) ; Éric Doucet - Éric Houde [puis Dufournet à 20'00"] - Julien Desrosiers ; Lionel Tarantino - Édouard Dufournet [puis Houde à 20'00"] - Tristan Lemoine.
Remplaçants : Ronan Quemener (G), Loïc Lampérier. Absents : Jarkko Glad (épaule), Jérémie Romand (blessé).