Finlande - Russie (26 décembre 2007)

 

Championnats du monde des moins de 20 ans, groupe B.

La Russie, humiliée en septembre par le Canada lors de la Super Série, arrive avec de nombreuses interrogations. L'absence provisoire de sa star Alexandre Cherepanov, victime d'une méchante fièvre depuis plusieurs jours, n'arrange rien. Côté finlandais, c'est un gros morceau d'entrée. Pour ce menu indigeste, c'est Harri Säteri, le gardien de Tappara, qui est propulsé titulaire aux dépens de Riku Helenius, le premier choix de Tampa Bay. Sergei Bobrovsky démarre pour les Russes, fort de ses performances de bon niveau face aux Canadiens il y a trois mois.

Coup de froid sur la Russie

La Finlande, en bleu, remporte le premier engagement. Les deux formations débutent avec beaucoup de vitesse et d'agressivité, éliminant le round d'observation. La première accélération finlandaise est déjà payante puisque le rapide Max Wärn arrive le premier dans le coin et obtient une crosse haute contre Yuri Alexandrov. Tous les palets sont âprement disputés et la première occasion revient à Joonas Kemppainen, à la réception d'un centre venu de l'aile droite. Les bleus exploitent leur vitesse pour déstabiliser la Russie, mais les hommes de Sergei Nemchinov tiennent le choc. Ils poussent même Wärn à la faute dans la neutre et alignent à leur tour leur jeu de puissance. L'occasion de venir frapper à la porte de Säteri, avec une bonne remise ligne de fond de Viktor Tikhonov, que Vadim Golubtsov ne peut conclure dans l'enclave. Il n'y a pas plus de dommage, et l'avantage change de camp lorsque Evgeni Dadonov se rend coupable d'une charge dans le dos sur Joonas Lehtivuori. Cette fois-ci les équipes spéciales profitent aux nordiques. Une série de passes transversales écartent la défense et Sakari Salminen sert son capitaine Nico Aaltonen dans l'axe pour un tir en lucarne (1-0).

Il y a finalement peu d'occasions dans cette partie, chaque formation mettant de la vitesse mais peinant à construire en zone offensive. Il faut attendre la mi-période pour que la Russie se montre plus incisive. Une pénalité permet à Mikhaïl Milekhin de trouver Säteri d'un tir du cercle droit. Ce n'est que partie remise : Golubtsov sert Tikhonov dans l'axe, pour une remise instantanée sur Sayustov au poteau. Il ne contrôle pas la rondelle mais elle rebondit sur sa crosse puis sur Marat Kalimunin lancé pour l'égalisation (1-1).

On joue à cent à l'heure, d'un but à l'autre. On voit même plutôt de beaux gestes, à l'image d'un spectaculaire contre d'Evgeny Bodrov qui déshabille Purolinna avant de tester Säteri. Au quart d'heure, Kugryshev prend deux minutes et la Finlande repart à l'attaque. Aaltonen fixe la défense sur la gauche, tente de trouver Lajunen lancé, mais le palet revient en retrait pour Joonas Jalvanti. Le défenseur, tout seul, nettoie la lucarne côté plaque (2-1). Le même Aaltonen trouve ensuite Bobrovsky du cercle gauche, dès l'engagement. Les affaires russes ne s'arrangent pas lorsque Bodrov est pris pour coup de coude. Sallinen est à deux doigts de creuser l'écart en reprenant un centre venu de l'aile gauche. Puis, c'est Pesonen, d'un tir de la gauche, qui frôle la barre. Le gardien est mis en danger rapidement par un nouveau lancer du même côté, avant de sortir un tir de la bleue de Lajunen. Le rebond est dégagé dans la confusion, juste devant Lehtivuori qui traînait dans l'enclave. La pénalité est tuée dans la douleur et les Russes s'en sortent de justesse sur un débordement de Wärn. La ténacité et le travail de la Finlande font la différence, ainsi que leur discipline et l'efficacité de leur jeu de puissance. Les bleus virent en tête, 2-1 à la pause.

Dix minutes de réussite

Dès les premières secondes de la deuxième période, Bobrovsky est testé sur un tour de cage. Le portier ne tremble pas et les bleus insistent. Bodrov est puni pour la seconde fois du match pour un cinglage et le jeu de puissance n'a même pas le temps de se mettre en place que les arbitres sanctionnent Joonas Lehtivuori en zone offensive. Les espaces profitent aux attaquants rapides : les deux gardiens sortent chacun un arrêt difficile de leur panoplie, notamment Bobrovsky au duel avec Malinen servi par Lucenius. La séquence ne change pas l'évolution du score tout en se poursuivant : débordement de Bodrov, qui repique au centre et sollicite Säteri. Sur l'action, Seleznev prend deux minutes : l'indiscipline russe les contraint à ne développer leur jeu que par séquences, et à s'appuyer sur leur gardien en infériorité. Bobrovsky est heureusement en forme, avec cinq arrêts de suite, dont un tir de l'aile droite de Puustinen. La troupe de Rautakorpi confisque la rondelle et le retour au complet de la Russie est le bienvenue : ultime parade en plongeant signée Bobrovsky, face à Wärn seul devant l'enclave, sur un service de Lucenius derrière la cage.

Ballottés, les blancs vont pourtant égaliser contre le cours du jeu. Bodrov démarre en contre-attaque sur un palet dégagé contre la bande, et décale Gordeev à gauche, pour un tir dévié par Säteri sur Bodrov. Ce dernier n'a plus qu'à pousser le palet (2-2). Peu après l'engagement, Anton Korolev déborde à gauche, accroché par Mikko Kousa qui prend deux minutes. Il centre sur la pénalité différée et Maxim Mamin trouve encore Säteri. Le jeu de puissance en revanche fait rapidement mouche. Marat Kalimulin contrôle à la bleue et sert dans l'axe Vadim Golubtsov. Contrôle et frappe en lucarne imparable (2-3). Un renversement de situation complet en quelques minutes, alors que la Finlande dominait la partie... La réaction est immédiate et le jeu s'accélère encore, quitte à se révéler souvent confus et peu précis.

La partie bascule après une douzaine de minutes. Nikita Filatov récupère une passe d'Anisimov à gauche et part derrière le but. Il centre en bout de course et Anisimov ajuste dans le slot au deuxième poteau, ras glace (2-4). C'est le siège sur le but de Säteri, alors que la Finlande souffre face à la technique russe et aux lancers de la bleue. La vitesse aussi a changé de camp et une passe longue signée Voinov envoie Anton Korolev, tout seul à la bleue finlandaise, en échappée. Il ne rate pas l'occasion et crucifie Sateri entre les jambières (2-5). Le changement de ligne trop lent des nordiques leur coûte cher, et ils se demandent encore comment la partie a pu se renverser à ce point en moins de 10 minutes...

Et cela ne s'arrange pas : Malkamäki expédie le disque au dessus du plexiglas, deux minutes. Golubtsov frôle le doublé, à l'affût au second poteau, une première fois... et une seconde fois sur un long centre-tir de Tikhonov. Pas de dommage en infériorité, mais pas d'efficacité offensive non plus côté finlandais avec deux nouveaux arrêts de la mitaine de Bobrovsky face à des tirs lointains. La période se termine avec une pénalité finlandaise, marquée par un gros lancer de Chudinov. La Russie a fait le trou en deuxième période, avec la manière, après avoir copieusement subi les premières minutes.

Petite frayeur

Il reste un peu de supériorité numérique en début de tiers, largement suffisant pour tuer le match. Sur une montée de palet, Viktor Tikhonov accélère, freine, pose son palet, feinte et ajuste Sateri en lucarne depuis le cercle gauche (2-6). Beaucoup de latitude de la part de la défense, ce qui coûte cher à la Finlande. En consolation, un jeu de puissance se dessine après que Mamin eut accroché la crosse de son adversaire de mise au jeu. Mieux, Seleznev le suit pour cinglage et c'est un 5 contre 3 pendant 1'30". Bobrovsky réalise des prouesses avec trois arrêts de suite, malgré une circulation de palet ultra-rapide. La Finlande gaspille ensuite deux occasions énormes faute de cadrer ses tirs cage ouverte, avant un nouveau miracle de Bobrovsky au second poteau. Les deux pénalités sont tuées, ou plutôt gâchées par la Finlande qui a compté pas moins de six occasions en or. C'est finalement de retour à cinq que Puustinen trompe enfin le portier russe, reprenant dans l'axe côté crosse un palet venu de la droite (3-6). Il reste presque un quart d'heure, et la partie devient complètement folle. Quelques secondes plus tard, Max Wärn double deux défenseurs côté gauche et expédie la rondelle lucarne opposée pour réduire encore la marque (4-6). Cette fois-ci la partie est totalement relancée.

Aucune équipe ne parvient à contrôler le jeu, chacun étant victime de chutes à répétition dans la neutre.

Malheureusement pour les Bleus, Salminen est pris pour un faire trébucher involontaire, ce qui casse l'élan finlandais. Une bonne séquence russe leur procure plusieurs occasions franches, que Sateri a toutes les peines du monde à sortir. Il ne reste qu'une dizaine de minutes quand Salminen est libéré. Les efforts de ses coéquipiers sont un peu brouillons, avec des contrôles toujours un peu limites : la conquête du palet est à l'arrachée, la Russie se montre bien plus précise. Korolev se procure ainsi une très bonne occasion, la rondelle glissant derrière Sateri avant d'être protégée par un défenseur. Puis, c'est Filatov qui profite d'un contre favorable pour faire parler sa pointe de vitesse. Il distance la défense, se présente seul devant Sateri qui sort la tentative du revers en hauteur. Ce n'est que partie remise. Bodrov sauve un dégagement interdit juste avant la ligne, attend du soutien derrière le but et offre un caviar pour Kugryshev : le slap est imparable (4-7).

Il reste moins de quatre minutes à jouer, et cette fois-ci on imagine mal les Nordiques revenir. D'autant que les Blancs sont intenables. Säteri éteint deux mèches lointaines avant de voir Puustinen sortir pour charge avec la crosse dans la neutre. Tikhonov vient frapper à sa porte sur un bel échange, et sort Järvinen deux minutes ; cinq contre trois pour finir le match, autant dire que la défense russe peut se reposer et ne craint plus grand chose. Les tirs ne sont pas cadrés, et la partie se termine donc sur ce score net de 7-4 dans un match un peu fou, où les deux équipes auront eu leur chance. Au jeu des supériorités numériques, c'est la Russie qui tire son épingle du jeu.

Désignés joueurs du match : Juuso Puustinen pour la Finlande et Evgeni Bodrov pour la Russie.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Jukka Rautakorpi (entraîneur de la Finlande) : "Nous avons commis trop d'erreurs. Nous avons laissé passer des contre-attaques à deux contre un, nous n'étions pas dans notre meilleure forme en infériorité. On ne peut pas se le permettre aux championnats du monde, surtout contre la Russie."

Sergei Nemchinov (entraîneur de la Russie) : "Les joueurs étaient nerveux au début pour ce premier match. Mais l'équipe s'est calmée à la pause, elle a commencé à jouer un hockey collectif, et les occasions sont venues. Mais le plus important, c'est que nous les avons concrétisées. Je suis content du jeu de Bobrovsky. Au début de la deuxième période il a sauvé nos cages en ne permettant pas aux Finlandais de marquer le troisième but et de se détacher au score. En ce qui concerne les joueurs de champ, leur inexpérience se voit par moments. Nous leur disons de défendre plus strictement, cependant il arrive qu'ils se laissent emporter par leurs émotions."

 

Finlande - Russie 4-7 (2-1, 0-4, 2-2)

Mercredi 26 décembre 2007 à 20h00 à la Tipsport Arena de Liberec. 1720 spectateurs.

Arbitrage de Christer Larking (SUE) et Ulf Rönnmark (SUE) assistés de Fredrik Carlman (SUE) et Milan Masik (SVK).

Pénalités : Finlande 18' (4', 8', 6'), Russie 16' (8', 4', 4').

Tirs cadrés : Finlande 34 (8, 14, 12), Russie 41 (10, 18, 13).

Évolution du score

1-0 à 07'20" : Aaltonen assisté de Salminen et Kemppainen (sup. num.)

1-1 à 11'47" : Kalimunin assisté de Sayustov et Tikhonov (sup. num.)

2-1 à 15'02" : Jalvanti assisté de Aaltonen (sup. num.)

2-2 à 26'26" : Bodrov assisté de Gordeyev et Doronin

2-3 à 27'32" : Golubtsov assisté de Kalimulin

2-4 à 32'34" : Anisimov assisté de Filatov et Kalimulin

2-5 à 34'32" : Korolev assisté de Voinov

2-6 à 40'25" : Tikhonov assisté de Kurbatov et Kalimulin (sup. num.)

3-6 à 43'33" : Puustinen assisté de Juutilainen et Lucenius

4-6 à 43'59" : Wärn assisté de Pesonen

4-7 à 56'22" : Kugryshev assisté de Bodrov

 

Finlande

Gardien : Harri Säteri.

Défenseurs : Joonas Jalvanti - Mikko Kousa ; Joonas Lehtivuori - Ville Lajunen ; Juha-Petteri Purolinna - Miko Malkamaki ; Joonas Järvinen.

Attaquants : Harri Pesonen - Tomi Sallinen - Juuso Puustinen ; Nico Aaltonen (C) - Joonas Kemppainen - Sakari Salminen ; Siim Liivik - Jan-Mikael Juutilainen - Max Wärn ; Niclas Lucenius - Jarkko Malinen - Eetu Pöysti.

Remplaçants : Riku Helenius (G), Nestori Lähde.

Russie

Gardien : Sergei Bobrovsky.

Défenseurs : Marat Kalimulin - Evgeni Kurbatov (C) ; Pavel Doronin - Yakov Seleznev ; Vyacheslav Voinov - Yuri Alexandrov ; Maksim Chudinov.

Attaquants : Viktor Tikhonov - Dmitri Sayustov - Vadim Golubtsov ; Nikita Filatov - Artem Anisimov - Evgeni Dadonov ; Artem Gordeyev - Evgeni Bodrov - Dmitri Kugryshev ; Mikhail Milekhin - Maksim Mamin - Anton Korolev.

Remplaçant : Stanislav Galimov (G). Absent : Aleksei Cherepanov (malade).

 

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