Suède - Canada (5 janvier 2008)

 

Finale des championnats du monde des moins de 20 ans.

La grande finale de cette édition 2008 oppose donc deux pays aux profils bien différents. D'une part, la Suède. Invaincue dans le tournoi, elle a déjà l'assurance de sa première médaille depuis 1996, et luttera pour rejoindre la génération 1981, seule gagnante de l'or dans l'histoire du pays. Elle a de plus battu le Canada au premier tour à l'issue d'un très gros match, grâce à un but de Tobias Forsberg à sept secondes de la fin de la rencontre. De l'autre, le Canada. Le pays le plus titré du Mondial junior reste sur trois titres consécutifs et semble monter en puissance après des quarts et demi-finales bien maîtrisés.

Legein sort, les rouges piquent

Les premières secondes se déroulent dans le camp canadien avec deux premiers lancers sur Steve Mason. Le gardien, qui a supplanté Jonathan Bernier après le match contre la Suède, vient tout juste d'être transféré de London vers Kitchener en ligue de l'Ontario, où il jouera la grande finale junior au printemps, la coupe Mémorial, organisée par cette équipe, qui est aussi celle de Matt Halischuk. Sur la première présence, Stefan Legein se blesse à l'épaule, victime d'une charge de Kristofer Berglund : il doit rentrer au vestiaire, et Zach Boychuk gagne en temps de jeu à sa place. Les rouges n'ont pas à attendre bien longtemps pour attaquer. Sur l'action suivante, une belle montée de palet par Turris, un centre en retrait vers Giroux, et Brad Marchand n'abdique pas : il conclut au poteau, en hauteur, sur une action confuse (0-1 à 01'27"). Le Canada, soutenu par un public venu en nombre, est en feu et continue en attaque. C'est le pire début possible pour la Suède, qui devra désormais faire le jeu face à une formation en pleine confiance.

Les Suédois le font plutôt bien : un bon mouvement collectif et une passe de derrière le but poussent Mason à un arrêt difficile dans l'axe. Le portier aura sans doute beaucoup de travail car les Scandinaves commencent à confisquer le disque. Josh Godfrey est sanctionné pour retard de jeu, s'étant allongé sur le palet. Aucune occasion ne ressort de la séquence. Les duels s'intensifient, avec une possession toujours suédoise et une série de gestes défensifs d'excellente facture, avec Luke Schenn ou Matt Halischuk notamment.

Avec l'absence de Legein, les lignes canadiennes varient d'une minute à l'autre : on voit ainsi Steven Stamkos et John Tavares alignés ensemble par moments. Des rouges soudain plus dangereux, avec quelques bonnes présences, et un Enroth attentif, notamment sur un débordement de Stamkos, bien servi par Schenn. Stamkos se heurte à Enroth mais obtient une pénalité. Le rythme est très élevé depuis le début du match, trop pour la défense suédoise. L'échec-avant de Turris et Giroux fonctionne et débouche sur un tir de loin, qu'Enroth sort. Mais le palet est cafouillé, non gelé, et Turris sort la rondelle derrière le but, servant Claude Giroux. Le gardien n'a pas eu le temps de se replacer (0-2 à 17'01"). Le tenant du titre est sous contrôle, avec un duo Alzner-Doughty impérial à l'arrière. Devant, les attaquants sont intenables et Tavares provoque deux minutes contre Hedman.

À la pause, on apprend que Stefan Legein ne reviendra pas, blessé à l'épaule.

Partie d'échecs

Doughty puis Marchand se créent très vite les premières situations au retour des vestiaires. De l'autre côté, c'est Patrik Berglund qui manque le coche sur une énorme occasion, faute de cadrer son tir. Une pénalité contre Thomas Hickey est appelée peu après, offrant une bonne chance de revenir très vite. Mais les Suédois peinent à développer leur jeu, maintenus sur les côtés et sans ligne de tir convenable. Mason n'est pas menacé et le jeu reprend à égalité numérique, plus équilibré. L'avantage numérique change bientôt de camp, Backlund sortant pour un contact avec Simmonds. Le bon travail de Figren et Joakim Andersson mange bien le temps, aucune occasion n'apparaît donc. La meilleure chance survient peu après, lorsque Stamkos récupère une erreur adverse et lance Shawn Matthias au 1 contre 1. Enroth sauve mais c'est encore une pénalité. Le danger se rapproche avec un bon tir de Stamkos, puis de Pyett. La tension monte devant le but et quelques coups sont plus ou moins échangés...

La partie est de plus en plus serrée mais les pénalités commencent à ralentir la Suède. Enroth doit avant tout tenir son équipe face aux lancers d'Alzner, qui trouve même le poteau, ou Turris notamment. Ses coéquipiers s'en sortent bien et tentent une passe longue vers Alcén, parfaitement maîtrisée par Schenn. Le Canada contrôle la partie avec un sens tactique remarquable, sans parvenir à se détacher plus avant. Les joueurs à la feuille d'érable privent en tout cas leur adversaire de palet dans une prestation de très haut niveau : aucun but inscrit dans un deuxième tiers bien verrouillé.

Le match bascule

De retour sur la glace, les deux équipes reprennent leur bras de fer. Turris trouve d'entrée la barre en exploitant une interception. La Suède a beaucoup de mal avec sa première passe, alors que la neutre est tout aussi difficile à franchir. Chaque phase est très disputée, avec des manieurs de palet de haut vol. Backlund en slalom provoque ainsi deux minutes contre Tavares et l'effet est immédiat. Berglund gagne la mise au jeu, remet en retrait, puis Alcén passe derrière le but et remise vers Carlsson devant l'enclave pour la réduction du score (1-2 à 45'13"). Mason avait anticipé le déplacement d'Alcén mais a été pris à contre-pied par la passe au premier poteau.

Voilà une rencontre qui change radicalement de physionomie... Une formation scandinave décomplexée et qui attaque à tous vents. Les batailles pour tous les palets sont de plus en plus physiques et Mason doit intervenir pour freiner la furia nordique. Il a un peu de chance aussi lorsque Hickey laisse partir Figren sur une mauvaise communication, et que l'attaquant ne cadre pas un gros lancer du cercle droit. Alcén n'a pas plus de réussite à la réception d'un bon centre de Möller. Les Scandinaves jouent enfin au niveau du premier tour, dominant copieusement la partie. Il faut une défense de haut niveau pour remporter les duels et rattraper la vitesse des coéquipiers de Patrik Berglund.

Après 13 minutes, Brad Marchand percute Robin Figren et est sanctionné. La meilleure chance revient à Victor Hedman, servi en retrait après un superbe débordement de Backlund, juste avant le retour de Marchand. Les minutes filent et le Canada tient toujours, parfois de peu. Mason doit ainsi sauver devant Patrik Berglund, arrivé tout en vitesse à travers toute la patinoire, slalomant entre trois adversaires. Sur la mise au jeu, c'est un temps mort suédois. Puis, Enroth laisse sa place à un attaquant à 1'30" de la fin... Cela paie : à une trentaine de secondes de la fin, Mason sauve sur le côté mais se retrouve hors de position sur son mouvement. Il y a trop de monde devant le but pour que Doughty et Alzner puissent s'en sortir et Larsson remet la Suède à niveau (2-2 à 59'22"). Prolongation...

Un but en or

Tout va donc se jouer en mort subite. La tension est énorme dans ce match déjà mythique. Chaque action se fait avec de la retenue. Lagerström se crée rapidement une occasion, la Suède, sur sa lancée, conservant le palet le plus souvent. Le Canada se fait toutefois dangereux. Matthias provoque une perte de palet sur la relance, repique vers le but depuis le fond et Matt Halischuk reprend le rebond : l'espoir des Devils offre le titre au Canada (2-3 à 63'36"). Un but de raccroc, mais il vaut cher...

Les gants, casques et crosses volent : c'est le 4e titre consécutif du Canada, devant une équipe de Suède effondrée sur la glace.

Désignés joueurs du match : Mickael Backlund (Suède) et Brad Marchand (Canada).

Compte rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Drew Doughty (défenseur du Canada) : "Nous étions tous nerveux avant la prolongation. C'était vraiment dur de céder dans les dernières secondes, mais on s'est remotivés dans le vestiaire, pour revenir fort sur la glace et ça a payé. C'est un sentiment incroyable. Quelque chose auquel on rêve depuis tout petit. C'est un des meilleurs moments de ma vie, c'est sûr."

Craig Hartsburg (entraîneur du Canada): "On a eu un si bon début de match. Les gars étaient prêts et on a pu faire beaucoup de choses que l'on voulait. Le seul problème, c'est qu'on a pas marqué assez. À la fin du 2e tiers, ça aurait dû faire 3-0 mais ce n'était pas le cas. Les Suédois ont élevé leur niveau, et c'était très difficile de s'y tenir, en terme de vitesse. Ce n'est pas ainsi qu'on voulait finir le match après deux périodes comme cela, mais on s'est regroupés pour la prolongation et on a trouvé une solution."

Pär Mårts (entraîneur de la Suède) : "Les gars dans le vestiaire sont mes vainqueurs de toute façon. Ils ont fait de gros efforts et ne sont pas passés loin d'atteindre leur objectif."

Magnus Svensson-Pääjärvi (attaquant de la Suède) : "Les Canadiens ont travaillé dur, et on a tenté de travailler encore plus dur, mais ils s'en sortent avec le but à la fin..."

 

Suède - Canada 2-3 après prolongation (0-2, 0-0, 2-0, 0-1)

Samedi 5 janvier 2008 à 20h00 à la CEZ Arena de Pardubice. 7480 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (RUS) et Vladimir Sindler (TCH) assistés de Peter Feola (USA) et Milan Masik (SVK).

Pénalités : Suède 10' (4', 6', 0', 0'), Canada 8' (2', 2', 4', 0').

Tirs cadrés : Suède 28 (5, 6, 14, 3), Canada 21 (7, 10, 3, 1).

Évolution du score :

0-1 à 01'27" : Marchand

0-2 à 17'01" : Giroux assisté de Marchand et Turris (sup. num.)

1-2 à 45'13" : Carlsson assisté d'Alcén et P. Berglund (sup. num.)

2-2 à 59'22" : Larsson

2-3 à 63'36" : Halischuk

 

Suède

Gardien : Jhonas Enroth

Défenseurs : Kristofer Berglund (A) - Jonathan Carlsson ; Victor Hedman - Johan Motin ; Niclas Andersen - Eric Moe ; Oscar Eklund.

Attaquants : Johan Alcén - Patrik Berglund - Oscar Möller ; Tomas Larsson - Joakim Andersson - Robin Figren ; Tony Lagerström - Mikael Backlund - Tobias Forsberg ; Carl Hagelin - Patrik Lundh - Mario Kempe ; Magnus Svensson-Pääjärvi.

Remplaçant : Stefan Ridderwall (G).

Canada

Gardien : Steve Mason.

Défenseurs : Drew Doughty - Karl Alzner (C) ; Luke Schenn - Thomas Hickey ; Josh Godfrey - Logan Pyett (A) ; P.K. Subban.

Attaquants : Claude Giroux - Kyle Turris - Brad Marchand (A) ; Matthew Halischuk - Shawn Matthias - John Tavares ; Stefan Legein - Brandon Sutter (A) - Colton Gillies ; Wayne Simmonds - Steven Stamkos - Riley Holzapfel ; Zac Boychuk.

Remplaçant : Jonathan Bernier (G).

 

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