Strasbourg - Épinal (16 février 2008)
Match comptant pour la vingt-deuxième journée de la ligue Magnus.
Le match de ce soir, un derby de l'Est et classique en son genre, permettait au vainqueur de se voir définitivement rassuré quant à sa qualification pour les play-offs. À ce petit jeu, le plus mal classé, Strasbourg, était le dos au mur car Chamonix, en dépit d'une fin de calendrier moins favorable que celle du club alsacien, pouvait encore espérer les doubler. Il était donc préférable pour les boys de Daniel Bourdages de jouer à fond cette partie. Épinal était accompagné par une escorte significative de supporters venus remplir un Iceberg désespérément plus très rempli depuis le début de saison. Se lasserait-on déjà de ce sport dans le Bas-Rhin ?
Malgré une première alerte en solo du maître à jouer spinalien Jan Plch (2'19"), c'est l'Étoile Noire qui domine la première période avec son hockey travailleur et appliqué. Profitant de quelques incivilités vosgiennes, les Juho Lehtisalo, Philippe Lacasse ou Daniel Sevcik mettent à contribution un Stanislav Petrik concentré. Les Alsaciens sont les plus pressants et s'installent bien en zone adverse sans toutefois trouver la faille. Le tiers, physique mais correct, se termine malgré tout sur une parité relativement bien payée pour des Spinaliens qui commencent juste à mieux se trouver sur la glace.
Le deuxième tiers est sans doute celui des opportunités à ne pas rater : un déluge de tirs (douze en trois minutes) s'abat sur la cage de Petrik dont les coéquipiers jouent en infériorité. Le portier vosgien repousse pourtant ou bloque tout. Que ce soit notamment face à Peter Himler en conclusion d'une combinaison à trois (20'29") ou lors d'un "réflexe de ouf" sur un lancer de Milan Dirnbach (22'46"). L'orage semble passer et c'est même son collègue de l'autre bout de la patinoire, Juraj Nemcak, qui est sauvé sur sa ligne (24'02"). Comme souvent dans ce genre de situations, la contre-attaque est fatale : Pierre-Antoine Devin part seul et mystifie son adversaire portier (1-0 à 24'22"). Épinal bénéficie d'une seconde chance de scorer quand, en supériorité, Marc Lefebvre manque une cage grand ouverte (27'22").
"Ça nous fait beaucoup de vendanges dans une partie, ma petite dame". "Mais ce n'est pas la saison mon petit monsieur. En ce moment, on prépare plutôt la taille des ceps pour forcir le raisin !"
Qu'importe, dans l'ensemble, Épinal monte sensiblement en puissance depuis le début du match mais se heurte à des lignes alsaciennes plus disciplinées et pour le moment plus percutantes. C'est donc logiquement que Jonathan Gautier conclut victorieusement une belle combinaison à trois devant Petrik (2-0 à 37'15"). Ilpo Salmivirta a beau réduire à une seule longueur le retard de son équipe, suite à un travail derrière la cage de Nemcak puis une feinte devant lui (2-1 à 39'16"), Strasbourg reste la plus dangereuse des deux équipes, en témoigne cette dernière action de Pavol Resteka, idéalement décentré, qui bute sur.... Petrik, décidément, il est partout ce bougre (39'54") !
Pourtant, Épinal va logiquement revenir à la marque. On le sentait depuis le début du dernier tiers, les Strasbourgeois semblaient regarder jouer leurs adversaires, comme sur cette avancée de Plch lumineusement lancé (42'08") ou, dans la foulée, lors d'un break de Salmivirta (42'48"). Les Vosgiens pressent de plus en plus des locaux sans doute un peu émoussés physiquement, sans toutefois parvenir à être réellement précis. L'évolution du score est concrétisée par Guillaume Chassard, idéalement servi par un Michal Petrak au four et au moulin durant toute cette partie (2-2 à 51'22"). Strasbourg doit alors impérativement réagir sous peine d'être débordé par des lignes lorraines de plus en plus entreprenantes, mais c'est sur une sortie de prison de Jérémy Downs que les bas-rhinois héritent de leur plus grosse occasion, avortée par un poke check impeccable du portier spinalien (57'16"). Le restant de la partie est pesant, chacun des deux protagoniste n'osant trop s'aventurer de peur de perdre le maigre capital de point apporté.
La prolongation ne donne, elle non plus, rien de bien consistant, les acteurs paraissent soudain bien fatigués pour combler les espaces libérés par une partie jouée à quatre contre quatre. On va donc vers la fusillade, une première à l'Iceberg.
Et l'on assiste au lot habituel de tirs non cadrés (Maillot, Salmivirta), bloqués (Lehtisalo, Petrak, Plch) ou détournés (Flinck et Gautier dont le palet est magistralement poke-checké par le redoutable gardien adverse). C'est Gervais, le glaceux divin et "aux dieux", qui libère son équipe en plaçant son palet entre les jambières de Nemcak.
Le
match se termine donc sur un petit partage des points. Un match nul
aurait reflété un peu mieux cette partie de "bas
de tableau" (rappelons que tout est relatif en France), c'est
à dire une partie jouée avec ce que l'on peut de
bonne volonté et de technique.
N'empêche,
Strasbourg aurait pu, et aurait dû diront
certains, empocher les deux points sans cette baisse de
régime fatale durant le dernier tiers. Encore un match
joué avec beaucoup d'énergie et de discipline,
mais toujours sans vraiment trouver l'étincelle qui
asphyxie (?!) l'adversaire. Curieuse partie aussi où les
leaders supposés, tels Lacasse ou Resetka, sans doute
très sollicités, ont semblé baisser
les bras assez rapidement. Serait-ce la lassitude de vivre une saison
crispante, et à oublier définitivement ?
Épinal s'en sort relativement bien après un début de match plutôt brouillon. Les lignes offensives ont bien travaillé dans tous les compartiments du jeu, l'apport du stratège Plch n'étant d'ailleurs pas très conséquent sur cette partie. Cependant, la défensive n'a pas épargné quelques boulettes de relances heureusement non exploitées par l'Étoile Noire. Stanislav Petrik était de toute façon bien là pour fermer la porte, même s'il est apparu moins impérial que lors de son arrivée en France en 2003.
Compte-rendu signé Stéphane Rault
Commentaires d'après-match (dans les Dernières Nouvelles d'Alsace)
Daniel Bourdages (entraîneur de Strasbourg) : "Oui, ce point ne nous permet pas de célébrer dès ce soir le maintien. C'est dommage. On a eu beaucoup d'occasions en première et deuxième période et ensuite nous avons accusé le coup physiquement. Il va falloir aller à Villard prendre au moins un point."
Strasbourg - Épinal 2-2 (0-0, 2-1, 0-1, 0-0) / 0-1 aux tirs au but
Samedi 16 février 2008 à 17h30 au Iceberg. 1400 spectateurs.
Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Benjamin Gremion et Jérémy Rauline.
Pénalités : Strasbourg 30' (4', 10'+10', 4', 2'), Épinal 28' (6', 8'+10', 4', 0').
Tirs : Strasbourg 43 (13, 18, 19, 3), Épinal 31 (6, 9, 13, 3).
Évolution du score :
1-0 à 24'22" : Devin assisté de Cruchandeau
2-0 à 37'15" : Gautier assisté de Lacasse et Vara (double sup. num.)
2-1 à 39'16" : Salmivirta assisté de Petrak et Gervais (sup. num.)
2-2 à 51'22" : Chassard assisté de Petrak et Plch (sup. num.)
Tirs au but :
Strasbourg : Maillot (à côté), Lehtisalo (fermé), Flinck (détourné), Gautier (poke-check).
Épinal : Salmivirta (à côté), Petrak (fermé), Plch (bloqué), Gervais (réussi).
Strasbourg
Gardien : Juraj Nemcak.
Défenseurs : Pavol Resetka - Milan Dirnbach ; Jeremy Downs - Hugues Cruchandeau ; Fredrik Vara en rotation sur les deux lignes.
Attaquants : Philippe Lacasse - Juho Lehtisalo - Tomi Flinck (C) ; Stefan Rusnak - Jonathan Gautier - Peter Himler (A) ; Daniel Sevcik (ou Yannick Maillot) - Maxime Catelin - Pierre-Antoine Devin.
Remplaçant : Gilles Beck (G). Absent : Derick Martin (départ pour raisons personnelles).
Épinal
Gardien : Stanislav Petrik.
Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais (A) ; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Lionel Simon - Radoslav Regenda [en alternance avec Borislav Ilic].
Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Luc Mazerolle (A) - Marc Lefebvre - Shawn Allard ; Guillaume Papelier (à 40'00").
Remplaçants : Franck Constantin (G), Tarik Chipaux, Daniel Scott. Absents : Sébastien Geoffroy, Anthony Pernot.