Detroit Red Wings - Pittsburgh Penguins (24 mai 2008)

 

Finale de la Coupe Stanley, match 1.

C'est le choc attendu entre les deux formations les plus spectaculaires dans ces phases finales. Les Detroit Red Wings, traditionnellement composés de joueurs très expérimentés, ont remporté le titre de saison régulière, portés par le jeu de leur duo défensif Nicklas Lidström - Brian Rafalski et leur attaque de feu du duo Pavel Datsyuk - Henrik Zetterberg. L'absence du meilleur buteur des playoffs, Johan Franzen, est cependant préjudiciable. En face, les Pittsburgh Penguins récoltent les fruits de choix solides lors de la draft annuelle ; les deux tiers de l'équipe proviennent de leur propre système, avec en fer de lance le jeune prodige Sidney Crosby et le Russe Evgeni Malkin.

L'entrée des joueurs démarre par une chute de Marc-André Fleury dès son premier pas sur la glace : un signe prémonitoire ? Puis, vient le traditionnel lancer de poulpe, dont les 8 tentacules symbolisent les victoires nécessaires pour remporter la coupe dans les premières années du trophée. Aujourd'hui, les deux formations ont franchi 12 des 16 matches pour le trophée... avant d'accueillir deux légendes pour le coup d'envoi fictif : Steve Yzerman et Mario Lemieux, les deux capitaines historiques des deux franchises désormais haut placés dans la hiérarchie des équipes.

Le vétéran Chris Osgood, souvent sous estimé mais exceptionnel dans ces playoffs, démarre face à la valeur montante dans les cages, Fleury. Un choc offensif et technique s'annonce.

Duel de gardiens

Crosby met la pression sur le gardien dès la première présence. Le premier arrêt revient à Osgood face à Tyler Kennedy, lorsque le rookie centre fort depuis l'aile droite. Chaque palet est déjà bien disputé et il y a déjà des échanges d'amabilités quelques instants plus tard après une charge de Georges Laraque en retard. Pittsburgh entame bien, contrôlant la rondelle et bloquant les rares tirs adverses. Les mouvements sont fluides, pour un lancer de Hossa sans danger. C'est bien plus menaçant de l'autre côté lorsque Datsyuk et Zetterberg commencent à combiner ; Fleury doit faire deux arrêts avant de voir son défenseur Kris Letang sortir deux minutes pour avoir "nettoyé" Jiri Hudler... suivi de Tomas Holmström pour une crosse haute loin du jeu, annulant immédiatement l'avantage numérique. À 4 contre 4, les deux formations se neutralisent, malgré la première grosse charge signée Nicklas Kronwall sur Ryan Malone, puis une tentative technique de Valtteri Filppula, qui attaque la cage et Fleury, ce dernier perdant son masque sur l'action. Puis, c'est le tour de Datsyuk de menacer le portier en profitant d'un écran de Holmström, à peine revenu sur la glace, imité par Kirk Maltby d'un tir violent dans l'axe. Les Wings ont repris le fil du match...

La partie défile à une vitesse incroyable grâce à des mouvements fluides, légèrement dominée par Detroit. À la mi-période, ce sont pourtant les Penguins qui frôlent l'ouverture du score grâce à leur première ligne, et il faut un sauvetage d'Osgood lorsque Crosby vole le palet à Lidström, sert Pascal Dupuis en retrait pour une remise immédiate vers Marian Hossa au second poteau. Une chaude alerte, suivie lors de la présence suivante par une pénalité contre le capibtaine de Detroit. Pittsburgh n'en profite pas malgré quelques rebonds favorables. Le débutant Darren Helm fait tomber Maxime Talbot et remet le cinq majeur des Penguins sur la glace. Bien installé, le jeu de puissance fait circuler le palet ; Dan Cleary brisant son bâton, les Blancs en profitent pour un gros slap de Sergei Gonchar, qu'Osgood finit par contrôler en deux temps. Il attrape aussi une déviation de Crosby.

Helm revient et les Wings partent en contre, parviennent à conserver suffisamment la rondelle pendant leur changement de ligne. Puis, après un festival technique de Holmström et surtout Datsyuk, Nicklas Lidström est servi à l'opposée, tout seul : il trouve la lucarne et ouvre le score... sauf que les arbitres sanctionnent Tomas Holmström, un peu sévèrement, pour une obstruction devant Fleury. La crosse de l'attaquant fait en effet contact, mais le gardien paraissait en dehors de sa zone bleue. Le public encourage ses rouges un peu timidement, ne se remarquant que lors d'une nouvelle belle charge de Kronwall sur Malone. Dans la continuité, Hossa est servi au ras du poteau, trouvant un Osgood attentif de la botte. 0-0, c'est le score à la pause, malgré un ultime lancer de Rafalski.

Le métier fait la différence

La deuxième période débute par une pénalité contre Sidney Crosby. Les Red Wings s'installent, Fleury doit s'interposer devant Lidström puis Datsyuk sur le rebond. Le jeune capitaine des Penguins revient sur la glace, toujours aucun but. Dominateurs aux mises au jeu, les rouges commencent à confisquer la rondelle. Une bonne action initiée par Filppula profite ainsi à Cleary, et sur le contre c'est Malkin qui trouve Osgood. La meilleure chance revient à Pascal Dupuis, qui s'échappe côté gauche après une passe incroyable de Crosby depuis son camp. Le portier des Wings gagne le duel... C'est le tournant du match.

Le jeu de passe des deux formations fait merveille. Précis et appuyé, il illumine la glace de séquences remarquables. Le rythme baisse un peu mais il y a très peu de coupures et un patinage des plus fluides. Filppula, sur une passe en profondeur trop longue mais au rebond favorable contre la bande, puis Zetterberg se créent des situations intéressantes, sans surprendre Fleury. Finalement, c'est logiquement que Detroit finit par ête récompensé. Samuelsson intercepte un dégagement dans la neutre et profite du changement de ligne hasardeux pour déborder côté gauche. Il efface Scuderi, feinte Fleury qui se met au sol trop tôt. Pendant ce temps, Draper occupe Hal Gill dans l'axe et son coéquipier suédois, plus malin, contourne la cage et glisse la rondelle de l'autre côté, du revers (1-0 à 33'01").

Dans la foulée, Ryan Whitney sort deux minutes pour avoir accroché Darren Helm, offrant à l'équipe locale l'occasion de faire le break. En dépit d'une bonne présence offensive, l'équipe de "Hockey Town" ne conclut pas... tout en poursuivant sur sa lancée. Plus intense physiquement (bonnes charges de Matlby, de Zetterberg), Detroit utilise bien la largeur pour décaler des joueurs lancés, à l'image de Datsyuk vers Lidström, pour un nouveau tir sur Fleury. Le jeune Québécois est clairement le plus sollicité dans ce deuxième tiers dominé par les Wings. Les accélérations mettent la défense au supplice, comme sur ce démarrage de Darren Helm qui lance du cercle droit. Pittsburgh est battu sur tous les palets en cette fin de tiers, ne parvenant plus à attaquer. Malkin concède même une pénalité sur une rare présence dans la zone d'Osgood dans les dernières secondes. Detroit vire logiquement en tête après vingt minutes de très grande maîtrise : 16 tirs à 4...

Contrôle du jeu

D'entrée, Mikael Samuelsson allume le but de Fleury, voyant son tir repoussé par le poteau gauche puis le droit avant de ressortir. Première alerte... Les hommes de Mike Babcock obtiennent ensuite un avantage numérique. Bien installés, faisant bien circuler la rondelle, ils ne parviennent cependant pas à proposer de bons tirs, et Malkin revient sans dommage. Ce n'est que partie remise. Un palet envoyé au fond, Samuelsson au duel avec Gill... Fleury veut le dégager, Scuderi et Malkin se gênent, le Russe veut trop en faire devant Draper... et Samuelsson se retrouve tout seul devant le but, glissant le disque entre les jambières de Fleury (2-0 à 42'16"). L'agressivité positive des Red Wings fait le break ; un meilleur échec avant, plus de pression sur le porteur du palet, et c'est une formation des Penguins maladroite qui se fait piéger. L'expérience combinée de 1600 matches et 23 coupes semble déjà faire la différence dans ce premier match.

Les Penguins doivent réagir, et le font. Crosby, Letang, Whitney, Dupuis, Hossa s'y mettent pour une présence intense, finalement dégagée. Cela faisait bien longtemps que les attaquants de Pittsburgh n'avaient pu approcher d'Osgood. Chaque action peine cependant à se développer, Detroit reste bien souvent le premier sur le palet et très présent au duel. À mi-période, les Wings ont déjà éteint les vélléités offensives adverses, étouffant Pittsburgh par une technique hors pair, s'ouvrant des couloirs de passes inattendus par le jeu en revers. Malgré tout, les visiteurs essaient. Hossa trouve la barre, puis Crosby se heurte à Osgood dans la foulée. Detroit part en contre, Fleury tient son équipe dans le match en contrôlant le tir de Datsyuk. Puis, c'est Zetterberg qui se présente avec un gros tir, consécutif à une nouvelle perte de palet bête dans la zone des Penguins.

À cinq minutes de la fin, Lidström est sanctionné pour une obstruction sur Hossa : l'occasion est belle de revenir dans le match. Après une bonne charge de Crosby sur Stuart, Gonchar allume Osgood, sans réussite. Toutefois, incapables de sortir du marquage adverse, multipliant les mauvais choix offensifs, les jeunes Penguins semblent perdus et confus. En face, Detroit a pris la mesure de son adversaire et tue la partie dans la foulée. Mise au jeu gagnée, long palet à l'opposée... sauf que la rondelle rebondit sur le plexiglas et revient sur Dan Cleary, plus rapide que la défense, et qui reprend la rondelle victorieusement du revers (3-0 à 57'18").

Dès lors, les Wings jouent pour Osgood. Ils bénéficient en plus d'une supériorité numérique, lorsque Samuelsson est touché par un mauvais geste de Ruutu, qui lui assène un coup de crosse dans le ventre ; Pittsburgh va finir à un de moins. Le jeu collectif des rouges est réglé comme une horloge, sur toute la largeur : Hudler frôle le 4e but sur une transversale de Datsyuk. Les chants "Ozzie, Ozzie" résonnent dans la patinoire, et Zetterberg enfonce le clou, concluant le travail dans les dernières secondes (4-0 à 59'47"). Lidström à la pointe sert Holmström au cercle, remise instantanée et reprise du numéro 40, un but 100 % suédois.

Detroit s'impose sans coup férir, 4-0. Après vingt minutes équilibrées, l'expérience des Red Wings a fait la différence. Plus collectifs, plus malins, ils ont su profiter des petites erreurs adverses et gagner sur les détails : échec avant, duels, mises au jeu. Une victoire impressionnante de maîtrise, qui donne le ton de la série.

Étoiles du match : 1 Mikael Samuelsson (Detroit), 2 Chris Osgood (Detroit), 3 Daniel Cleary (Detroit).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Mike Babcock (entraîneur de Detroit) : "Avant le 1er but, on eu quatre présences de suite où on a enfin réussi à imposer notre rythme. Nous étions nerveux au début. Je ne pense pas qu'on jouait bien. Une fois qu'on a pris notre rythme, qu'on a commencé à patiner, les choses ont bien tourné. On les a dominés, on a mieux géré les changements de lignes. 'Sami' est sorti du banc alors que leur défense était épuisée, on a fini l'échec et Drake était là, même s'il ne touche pas le palet, je crois que c'est comme une passe."

Mikael Samuelsson (attaquant de Detroit) : "Le sentiment était fort bien sûr. J'aime évidemment marquer des buts. Mais, là, ils ont perdu le palet à la rouge, et j'ai vu qu'ils était là depuis 30, 40 secondes. J'ai juste essayé d'en profiter. Ils sont allés à la cage, je ne pouvais pas repiquer donc je devais aller derrière. Et je pense que Fleury a anticipé le tir, donc j'ai pris ma chance et c'est rentré. Sur le 2e, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je suis allé à l'échec avant, et le palet m'a un peu collé. Il y avait deux joueurs mais ils n'ont pas vraiment pris le palet, donc j'ai pu le récupérer et le mettre au fond."

Chris Osgood (gardien de Detroit) : "Ils sont arrivés vraiment forts en première, lançant beaucoup, avec de belles occasions. On a fait un bon travail pour tuer les pénalités. C'était important, cela nous a permis de rester dans le match. On s'est bien regroupés, et on attendait ce qu'on a réussi à avoir. Ils ont équipe rapide, talentueuse, avec des défensurs qui manient bien la rondelle. Ils sont ce qu'on attendait d'eux. Ils ont vraiment eu de bonnes séquences, non seulement pour venir vers moi mais aussi pour sortir de leur zone. Donc on doit être au sommet de notre jeu. On a dû jouer très, très bien dans les deux dernières périodes et tout donner juste pour gagner ce match."

Michel Therrien (entraineur de Pittsburgh) : "Dans ce genre de match, on doit conclure. Des matches serrés, avec quelques occasions, et ils les mettent. C'est la différence dans un match de hockey. On doit être présent devant le but. Plusieurs palets traînaient devant la cage et les rebonds ne nous ont pas profité. Je ne sais pas si c'était la nervosité, mais c'est notre pire match de playoffs. On n'a pas combattu comme on devrait. Et c'est une bonne leçon. Un mauvais choix avec le palet, un mauvais changement de ligne, ce sont le genre d'erreurs mentales que vous ne pouvez pas faire devant une équipe comme Detroit."

Sidney Crosby (attaquant de Pittsburgh) : "Oui, ils ont une très bonne équipe. Ils jouent précis. Je ne pense pas qu'on pouvait imaginer gagner cette série facilement. Mais c'est sûr qu'ils ont disputé une partie avec un échec avant étouffant, mais c'est le jeu des playoffs. Vous devez toujours trouver un moyen de contourner ça. Pour nous, on a eu plus de réussite en bougeant. En 2e, on n'a pas été mobiles. On doit s'assurer mieux que cela un jeu vers l'avant et en mouvement."

 

Detroit Red Wings - Pittsburgh Penguins 4-0 (0-0, 1-0, 3-0)

Samedi 24 mai 2008 à 20h00 à la Joe Louis Arena. 20066 spectateurs.

Arbitrage de Paul Devorski et Dan O'Halloran, assistés de Jay Sharrers et Shane Heyer.

Pénalités : Detroit 6' (4', 0', 2'), Pittsburgh 12' (4', 6', 2').

Tirs : Detroit 36 (11, 16, 9), Pittsburgh 19 (12, 4, 3).

Évolution du score :

1-0 à 33'01" : Samuelsson

2-0 à 42'16" : Samuelsson

3-0 à 57'17" : Cleary assisté de Stuart (inf. num.)

4-0 à 59'47" : Zetterberg assisté de Hilmström et Lidström (sup. num.)

 

Detroit Red Wings

Gardien : Chris Osgood.

Défenseurs : Nicklas Lidström - Brian Rafalski ; Brad Stuart - Nicklas Kronwall ; Brett Lebda - Andreas Lilja.

Attaquants : Pavel Datsyuk - Henrik Zetterberg - Tomas Holström ; Jiri Hudler - Valtteri Filppula - Daniel Cleary ; Dallas Drake - Kris Draper - Mikael Samuelsson ; Kirk Maltby - Darren Helm - Darren McCarty.

Remplaçant : Dominik Hasek (G). Absent : Johan Franzen (commotion). En réserve : Tomas Kopecky, Kyle Quincey, Justin Abdelkader, Derek Meech, Aaron Downey, Chris Chelios, Mattias Ritola, Mark Hartigan, Jakub Kindl, Jonathan Ericsson, James Howard (G).

Pittsburgh Penguins

Gardien : Marc-André Fleury.

Défenseurs : Sergei Gonchar (A) - Brooks Orpik ; Rob Scuderi - Hal Gill ; Kristofer Letang - Ryan Whitney.

Attaquants : Ryan Malone (A) - Evgeni Malkin - Petr Sykora ; Pascal Dupuis - Sidney Crosby (C) - Marian Hossa ; Jarkko Ruutu - Jordan Staal - Tyler Kennedy ; Adam Hall - Maxime Talbot - Georges Laraque.

Remplaçant : Ty Conklin (G). En réserve : Darryl Sydor, Gary Roberts, Kris Beech, Jeff Taffe, Dany Sabourin (G).

 

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