Épinal - Amiens (23 septembre 2008)

 

Ligue Magnus - troisième journée.

Un p'tit tiers et puis s'en vont...

Châtiés par les Diables rouges (3-11), les Spinaliens viennent de subir un petit coup d'arrêt dans une progression entamée, quelques jours plus tôt, par deux derbys victorieux. Ils n'ont donc pas su tenir la comparaison avec Briançon, surpassés par une formation de pointe autrement plus compétitive sur tous les plans. De quoi refroidir certains ardeurs et rappeler à davantage de modestie.

Après avoir vécu l'enfer dans la Ville-haute, les Dauphins ont l'occasion d'immédiatement se relancer et, du coup, de se venger d'un sabordage en règle (1-8) qui leur aura coûté la première levée de la Coupe de la ligue. Car les Gothiques, eux, sont encore au point mort en championnat malgré de bonnes dispositions naissantes. Battus par des Rouennais pourtant prenables (3-5), les Picards possèdent toutefois un petit avantage psychologique sur leurs hôtes. Une ressource toute relative avant d'enclencher la première mise au jeu...

Sous le feu ennemi de la "bande à Basile", Stanislav Petrik n'avait tenu qu'un gros quart d'heure, y allant de quelques courtoisies avant d'envoyer au casse-pipe son nouveau concurrent, Eero Väre. Le Finlandais eut droit à un accueil tout aussi diabolique des vice-champions de France mais c'est pourtant à lui que sont cédées, pour ce soir, les clés du filet. Et comme dirait l'autre, qui vivra... Väre !

Ce que l'on voit surtout de lui, outre ses sorties hasardeuses, c'est une fébrilité marquante ne rassurant pas vraiment une défensive encore traumatisée par la déculottée de Briançon. L'attaque, pour sa part, paraît plus prometteuse même si Shawn Allard, de retour de blessure, s'octroie le dernier strapontin en assignant Erwan Agostini au rang de surnuméraire. Michal Petrak, pour sa part, ne paie pas les pots cassés de son coup de sang de samedi dernie, laissant à la disposition de l'ICE l'une de ses plus fidèles chevilles ouvrières.

Pourtant "amadoué" par Matt (Amado, vous l'aurez compris), le Tchèque s'en va rapidement au cachot (04'13"). Bientôt rejoint par un Vincent Bachet coupable d'une faute de débutant sur son ex-coéquipier Fabien Leroy (04'58"). Le plus capé (avec Baptiste Amar) des actuels défenseurs internationaux tricolores, en ramenant les locaux à forces égales, n'empêche pas Amado de contourner la boîte pour s'en aller déjouer Väre entre les bottes (0-1 à 05'13").

Les spectres briançonnais flottent encore sur les casques spinaliens et l'homme masqué des Gothiques, Henri-Corentin Buysse, se fait un malin plaisir à rééditer sa prestation d'il y a deux semaines. Ajoutant même une pincée de roublardise, déplaçant sa cage pour annuler un tic-tac-toe victorieux conclu par Chassard (06'45"). Avec la bénédiction des zèbres du soir...

Sur le Grill

Si Eero Väre, on l'a vu, semble loin d'être l'assurance tous risques tant désirée par les Vosgiens, Marek Grill, lui, se met d'amblée le public dans la poche. Le petit joker de poche, très vif, se voit ainsi servi par Chassard pour mieux Griller la politesse à Buysse. Pas Myhro devant la cage, il loge du revers (et avec un certain sang-froid) le disque sous la barre (1-1 à 09'22").

Buysse n'a aucun répit en ce début de partie, enrayant comme il peut des modèles de raids maléfiques insufflés par la ligne de parade locale (11e). Et lorsque Marek Grill, encore lui, s'amène sur le flanc droit, décalé par Guillaume Chassard, pour décocher un lancer aussi précis qu'excentré, le cerbère picard n'y voit que du feu. Laissant son angle droit étonnamment ouvert pour que l'essai du Slovaque soit transformé en lucarne opposée (2-1 à 11'45"). Comme quoi les pistes slaves, souvent décriées ici bas, ont a priori quelques restes avec ce petit gabarit aux mains sûres devant la cage, quoique trop léger dans le jeu.

Grâce à deux coups de pattes de sa nouvelle acquisition, l'ICE a changé le cours du match. Redoublant d'application à l'arrière pour gaver les Gothiques de jeu rapide et complémentaire. Retrouvant par la même un visage conquérant. Amiens le paye en cachots sonnants et trébuchants. Du cousu main pour Plch et les siens, qui enfoncent le clou en double supériorité numérique grâce à l'opportuniste Ilpo Salmivirta. Le Finlandais, au prix d'une lutte acharnée dans le slot, voit son travail de sape dans l'enclave récompensé et concrétisant un relais de Petrak au premier poteau et consécutif à un énième jeu en triangle (3-1 à 18'25").

Refroidis, les hommes d'Antoine Richer souffrent jusqu'au bout de cette interminable pénitence, d'autres sentences s'ajoutant jusqu'au terme de ces vingt premières minutes.

Veni, vidi... Väre !

Avec ses rebonds, Eero Väre n'inspire que très moyennement confiance à ses nouveaux coéquipiers. Et comme ceux-ci ne sont pas toujours à la hauteur, les Spinaliens doivent rapidement faire la Somme de leurs erreurs. Ainsi le troisième bloc, remodelé au gré des humeurs d'Allard, inquiète non seulement par l'inconsistance d'un Caicco même pas fichu de contrôler un palet, mais aussi par la lourdeur de son arrière-garde. Une "Ilic" laisse ainsi les visiteurs s'installer durablement en zone offensive. Une séquence cousue de fil blanc pour Vincent Bachet, débordant la montagne John Paulson et parvenant même à servir, en dépit du physique de l'Américain (qui est décidément son seul atout), un certain Miroslav Pazak. Croisant dans le slot, le Slovaque, bourreau officiel des Spinaliens depuis maintenant huit ans, n'est pas du genre à faire de sentiments (3-2 à 23'18").

Un climat nouveau s'instaure alors sur la glace défraîchie de Poissompré. Une ambiance austère jette l'opprobre sur la production d'un Eero Väre certes pas rassurant, mais avant tout livré à lui-même. Lancé par Pavel Kowalczyk en désavantage numérique, Miroslav Pazak, taille-patron ce soir, prend ainsi le contre-pied pour s'en aller créer l‘égalité (3-3 à 24'13").

Souvent décrié par les partisans du Coliséum pour son déficit de mobilité, Kowalczyk apporte néanmoins un certain savoir-faire à un rideau défensif subitement devenu imparable. Le Tchèque sauvant même la patrie en interceptant en zone neutre une ouverture de Salmivirta vers un Plch prêt à s'en aller tourmenter un Buysse au chômage technique (27e). Au contraire d'un Väre sans cesse mis à contribution, et encore battu à plate couture, isolé par un box-play déficient et incapable de déjouer le jeu placé adverse. Pazak pour Bachet dans le slot en l'occurrence (3-4 à 30'45").

Si le cerbère venu de Mestis (à ne pas confondre avec pastis), on l'a vu, multiplie les mauvais choix, Buysse, lui, démontre un tout autre calibre en enrayant coup sur coup deux infiltrations de Simko (32'49") et Plch (33'03"). Ballottés au gré de leurs négligences défensives, de leurs passes aveugles et leur inconsistance en zone neutre, les Dauphins s'enfoncent dans la médiocrité. L'intensité des premiers instants s'est depuis longtemps effilochée et les "boys" subissent. À la merci d'Amiénois se procurant logiquement un Paquet d'occasions, mais restant incapables de tirer les marrons du feu.

Esprit es-tu là ?

Hasard ou coïncidence, le scénario rappelle étrangement celui de la Coupe de la Ligue. Poussant le mimétisme à cette même faillite collective et individuelle subie durant l'acte médian. Pour dire, même l'impeccable Benoît Quessandier, rare éclaircie dans le grisaille, ira de sa relance téléphonée dans l'axe (36e). L'international, qui fit toutes ses classes à Rouen, reste la meilleure recrue de l'intersaison, stabilisant la paire qu'il forme avec un Fabien Leroy parfois brouillon.

Alors que l'ICE reste engluée dans ses tergiversations, voyant-là Väre déjà griller son premier joker (sans mauvais jeu de mot), les idées noires s'emparent déjà des travées. Ces atermoiement mâche donc le travail des Picards, et Pierre-Luc Émond, de retour sur la ligne canadienne depuis maintenant quelques jours, se fraye un chemin dans le gruyère pour ajuster qui vous savez (3-5 à 41'12"). Il n'y avait pas de raisons que la soirée portes ouvertes ne profite pas à ce centre ayant chassé, tout l'hiver dernier, les honneurs dans le circuit semi-pro de la Belle Province (LNAH pour les intimes).

Moins connu que lui, mais tout de même révélé l'an passé, Grégory Béron profite à son tour de la léthargie locale (et d'un travail préparatoire de Simon Petit) pour scorer au second poteau (3-6 à 42'07"). Soulignant-là l'inconsistance remarquable d'un ensemble spinalien ayant visiblement abdiqué. Tous ? Pas encore tout à fait puisque Stéphane Gervais, d'un lancer balayé venu de la pointe, redonne un semblant d'espoir à un public désabusé (4-6 à 42'59").

Il va sans dire qu'Amiens gère tranquillement sa barque, rarement inquiété par de rares spasmes résiduels devant un Henri-Corentin Buysse très serein. Shawn Allard, au demeurant improductif sur le glaçon, a beau chambouler tout son alignement offensif, rien ne compensera les diverses défaillances aussi bien collectives qu'individuelles. Parmi elles Jan Simko, incapable, ce soir, de mettre ce but qui sauvera, comme toujours, la pauvreté de ses prestations. Un trompe l'œil que s'octroya ce soir un Marek Grill devenant plus discret au fil des minutes, à l'instar d'un jeu de puissance éparpillé façon puzzle et devenant une proie facile pour la vieille garde gothique.

Alors qu'Amiens, en demi-teinte en Ligue Magnus, se rassure, le club de la Cité des Images s'enfonce, sans défense et perclus de doutes avant d'affronter Villard-de-Lans. Des Ours à la trajectoire diamétralement opposée, car restants sur un gain de prestige à l'Ile-Lacroix (5-4, malgré les absences conjuguées de Nicolas Antonoff et Daniel Sedlak) gonflant pleinement leur confiance. Stanislav Petrik, sans jouer ce soir, a d'ores et déjà repris la main dans ce duel tragi-comique avec Eero Väre qui conditionnera à coup sûr les perspectives spinaliennes. Sans alternative fiable devant le filet, tout projet à long terme s'avère rédhibitoire. Et cela, à Épinal, on en sait quelque chose...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Amiens 4-6 (3-1, 0-3, 1-2)

Mardi 23 septembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 604 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Mathieu Loos et Nicolas Cregut.

Pénalités : Épinal 6' (2', 2', 2') ; Amiens 2' (12', 2', 6').

Évolution du score :

0-1 à 05'13" : Amado assisté d'Émond et Roussel

1-1 à 09'22" : Grill assisté de Chassard et Leroy

2-1 à 11'43" : Grill assité de Chassard et Salmivirta

3-1 à 18'25" : Salmivirta assisté de Petrak et Plch (double sup. num.)

3-2 à 23'18" : Pazak assisté de Bachet et Mortas

3-3 à 24'13" : Pazak assisté de Kowalczyk et Bachet (inf. num.)

3-4 à 30'45" : Bachet assisté de Pazak et Kowalczyk (sup. num.)

3-5 à 41'12" : Émond assisté de Glaude et Buysse (sup. num.)

3-6 à 42'07" : Béron assisté de Petit et Offret

4-6 à 42'59" : Gervais assisté de Plch et Petrak (sup.num.)

 

Épinal

Gardien : Eero Väre [sorti de sa cage à 59'00"].

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Fabien Leroy ; John Paulson - Borislav Ilic [ou Lionel Simon dès la mi-match].

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Marek Grill - Guillaume Chassard (A) ; Tarik Chipaux - Ryan Caicco - Shawn Allard.

Remplaçants : Stanislav Petrik (G), Erwan Agostini, Anthony Pernot. Absent : Guillaume Papelier (béquille).

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel (A) - Jean-Philippe Glaude ; Julian Marcos (A) - Romain Bault.

Attaquants : Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Miroslav Pazak ; Matt Amado - Pierre-Luc Émond - Martin Paquet ; Grégory Béron - Yannick Offret - Simon Petit.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Kévin Hamon. Absent : Brian Henderson (blessé à l'entraînement).

 

Retour à la Ligue Magnus