Épinal - Morzine-Avoriaz (18 octobre 2008)

 

Ligue Magnus - huitième journée.

Pris au piège

Pour avoir présentement le vent en poupe, les Dauphins d'Épinal savent trop bien que celui-ci peut facilement tourner. Et si les blessures passées auront probablement lancé la saison des Vosgiens, le retour quasi-intégral des absents (même si Benoît Quessandier, par ailleurs convoqué pour la prochaine échéance internationale des Bleus, soigne encore son genou) doit désormais les installer dans une certaine continuité. Celle des succès, entamée à Rouen (7-4) et poursuivie dans la semaine face au Mont-Blanc (4-1).

Mais pour cela, encore faut-il éviter les embûches semées sur leur chemin. En attendant Neuilly-sur-Marne samedi prochain (une nouvelle bête-noire à exorciser ?), c'est Morzine-Avoriaz qui débarque au portillon. Des Pingouins très inédits puisque ayant repensé leur stratégie sportive en s'orientant vers une politique aussi audacieuse que risquée. Celle du "tout-Français", déjà testé sans succès à Amiens. Par conviction mais aussi par nécessité, faute d'un budget moins conséquent qu'à l'époque des Forsander, Drouin, Welch et autres Cheverie. En se passant de renforts étrangers, le HCMA a du coup freiné une partie de ses ambitions.

Guère mieux lotis que leurs voisins chamoniards et montblanais, les Pingouins manquent encore de repères malgré les ressources qu'offrent leur contingent d'internationaux. Reste que cette vaste colonie d'ex-Amiénois aux allures de filiale ne les épargne pas d'un doute persistant.

Oeil pour oeil...

François Rozenthal, initialement porté pâle pour une épaule récalcitrante, est finalement de la partie malgré son forfait (annoncé dans la presse locale par Stéphane Gros). Voilà donc les deux frangins réunis et Morzine fin prêt à débuter son travail de sape. Ou plutôt cette trappe déployée en zone neutre pour mieux contrer. Une organisation défensive suffisamment bien établie pour déjouer les initiatives collectives de Spinaliens sans génie et forcés de s'en remettre à une poignée d'exploits individuels pour venir contrarier Florian Hardy. Faute de pouvoir totalement boucler leur zone, les Pingouins n'y voient que du bleu sur les percées (isolées) d'un Jan Simko percutant et jouant pleinement de son fameux pouvoir d'accélération.

Devant un contradicteur aussi tenace, que ce soit dans ses replis défensifs, ses pressings ou même dans les duels, les Dauphins restent à la merci de la spécialité-maison : les contre-attaques. Un domaine où excelle l'inséparable duo des Rozenthal, avec un Maurice étonnement brouillon et du coup improductif. Reste que Stanislav Petrik, logiquement maintenu devant le filet, doit pourtant jouer de vigilance.

Le contexte n'est guère favorable à l'adaptation d'Alexander Sundqvist à son nouvel environnement. Gêné (comme les autres) par l'organisation morzinoise, la recrue suédoise des Dauphins peine logiquement à trouver ses marques et enchaîne les maladresses. Pas aidé en cela par un physique longiligne l'ayant ce soir desservi dans les duels.

Pris dans le faux rythme morzinois, les Spinaliens s'en remettent donc à la grande forme actuellement tenue par Stanislav Petrik. Le Slovaque pallie aux diverses négligences d'une défensive incapable de faire barrage aux artilleurs tricolores du HCMA, Pousset et Tardif. Pour autant, et après avoir fait main basse sur la zone neutre, les Pingouins-râtisseurs ne trouvent pas la faille dans la cuirasse "petrikéenne".

Le match-piège annoncé a bel et bien lieu et les Vosgiens doivent le désamorcer au plus vite. Mais le peuvent-ils vraiment ? Jan Simko, encore lui, s'y emploie sur une longue ouverture de Peter Slovak mais reste décidément "aimanté" aux bottes d'un Florian Hardy très solide (21'15"). Aussi le rôle de démineur est-il plutôt tenu par un Petrik des grands soirs, ôtant de la mitaine un but tout cuit à Mickaël Brodin (22'38"). Tout simplement "petrikéen" !

Si les courses de Simko restent les principaux pourvoyeurs d'occasions franches, le salut viendra pourtant d'une autre valeur-sûre. Un slap de Stéphane Gervais en l'occurrence, repoussé par Florian Hardy à sa gauche sur un Michal Petrak ne laissant pas filer l'aubaine (1-0 à 26'27"). Quelques séances auront donc suffi pour que le Tchèque, tout juste rentré de blessure, retrouve son impact habituel aux côtés d'un Plch propulsé meilleur compteur du championnat.

Voilà de quoi libérer des Dauphins toujours soumis aux assauts des coéquipiers de Laurent Gras, réactifs à défaut d'être efficaces devant Stanislav Petrik. Il faut dire que le cerbère slovaque reste le seul garant de l'intégrité défensive en faisant preuve d'une grande maîtrise. Tout l'inverse de ses partenaires, usés par de longues séquences en désavantage numérique et surpris, une première fois, par une passe tendue de Gras vers un Trabichet oublié à bout portant (31'30").

Autant de chances non saisies avant qu'un Brodin plus roublard que jamais n'ait raison du sang-froid de Slovak (33'40"). À l'usure, les visiteurs parviennent finalement à leurs fins sur un débordement de l'énergique Arnaud Hascoët, dont la vitesse prévaut sur celle d'un Stéphane Gervais visiblement émoussé. Débordé côté droit par l'ancien Caennais, le Canadien ouvre ainsi la porte à l'égalisation, dans le petit filet (1-1 à 36'08").

Dents pour dents...

Retour à la case départ pour les boys de Shawn Allard, voyant leur rythme brisé par des Alpins accrocheurs et toujours aussi bien déployés sur le glaçon. Un échiquier où le cavalier (Simko) demeure la meilleure des options, s'amenant en zone offensive pour y semer le trouble. Avant qu'un certain Jan Plch ne finisse le travail en profitant d'une largesse pour s'avancer dans l'axe et jouer du poignet en pleine lucarne (2-1 à 42'40").

En guise de représailles, les Haut-Savoyards reprennent leurs quartiers d'été, forçant Petrik à agir pour préserver ce maigre pécule. Menacé par un scud de Zwikel (44'50"), le Slovaque est en première ligne mais ne fait que retarder une échéance rendue inéluctable par un arbitrage pas toujours cohérent dans son application de la tolérance zéro. Ainsi Salmivirta, cloué sur le banc d'infamie (46'05"), assiste impuissant aux grandes manœuvres d'un Nicolas Pousset décidément très offensif et contournant la cage pour trouver un Jonathan Zwikel plongeant dans l'axe. D'une reprise sèche, l'international fusille proprement Petrik (2-2 à 48'07"). Une fois encore, tout est à refaire pour une ICE encore soumise aux rigueurs d'une succession d'infériorités numériques mal venues.

... et les doigts coincés dans la porte !

Tout aurait pu basculer sur une entrée en zone de Jan Plch, décalant un Stéphane Gervais dégainant un plomb heurtant la base du montant droit (51'01"). Un manque de réussite couplé à une lucidité fautive en powerplay, où John Paulson eut ce soir un temps de glace conséquent. Montrant ce soir une audace insoupçonnée, le robuste Américain va pourtant signer une erreur fatale. Repositionné à la bleue après avoir bien taquiné la rondelle, Paulson rate une première fois son lancer avant de remettre ça d'une passe "casse-croûte" dans l'axe. Autant dire une aubaine pour un Jonathan Zwikel flairant le bon coup et expédiant aussitôt Nicolas Motreff sur orbite. Lancé sur le flanc droit, le jeune défenseur formé à Chamonix trouve ensuite un François Rozenthal profitant du décalage au second poteau (2-3 à 52'02"). Même diminué, l'actuel top-scoreur des Pingouins n'est décidément pas manchot !

La frustration est légitime pour les coéquipiers de Jan Plch, accentuée même par l'impuissance générée par des Chablaisiens accrocheurs. Et si ceux-ci n'enfonceront pas le clou, ils sauront se replier pour défendre jusqu'au bout leur maigre butin. Sonnant le glas d'une belle série spinalienne avec ce coup d'arrêt subi devant un HCMA démontrant une homogénéité collective payante.

Peut-être le match-référence qu'espérait Stéphane Gros depuis de longues semaines. Les matchs s'enchaînent donc, avec des fortunes diverses, et l'on regrettera côté vosgien que cet adversaire fut aussi coriace à jouer. Aidé en cela par la forme d'un Florian Hardy justifiant ce soir un potentiel entrevu à Angers. Reste aux Pingouins à passer le modeste écueil chambérien dès mardi en Coupe de France alors que s'ouvre pour Épinal le deuxième volet de la trilogie strasbourgeoise à Poissompré...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Morzine-Avoriaz 2-3 (0-0, 1-1, 1-2)

Samedi 18 octobre à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 975 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Mathieu Loos et Nicolas Crégut.

Pénalités : Épinal 22' (8', 6', 8') ; Morzine-Avoriaz 16' (6', 6', 4').

Tirs : Épinal 28 (11, 9, 8) ; Morzine-Avoriaz 44 (18, 11, 15).

Évolution du score :

1-0 à 26'27" : Petrak assisté de Gervais et Plch (sup. num.)

1-1 à 36'09" : Hascoët assisté de Gras et Mille (sup. num.)

2-1 à 42'41" : Plch assisté de Simko et Petrak

2-2 à 48'07" : Zwikel assisté de Pousset et F. Rozenthal

2-3 à 52'02" : F. Rozenthal assisté de Motreff et Zwikel (inf. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik [sorti de sa cage à 59'04"].

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; John Paulson - Fabien Leroy ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini.

Remplaçants : Eero Väre (G), Nathan Ganz, , Charles Joly. Absents : Benoît Quessandier (entorse du genou), Ryan Caicco (suspendu), Shawn Allard (coach), Anthony Pernot (blessé).

Morzine-Avoriaz

Gardien : Florian Hardy.

Défenseurs : Nicolas Motreff - Nicolas Pousset ; Mathieu Mille (A) - Mathieu Jestin ; Benjamin Dieude-Fauvel - Christian Elian.

Attaquants : Maurice Rozenthal (A) - Jonathan Zwikel (C) - François Rozenthal ; Arnaud Hascoët - Laurent Gras - Luc Tardif ; Julien Lebey - Mickaël Brodin - Cyril Trabichet.

Remplaçants : Olivier Courally (G), Théophile Mourin, Loïc Gaydon, Maxime Michaud.

 

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