Allemagne - États-Unis, juniors (26 décembre 2008)

 

Championnats du monde des moins de 20 ans, premier tour, groupe A.

Les Américains entament le Mondial "en douceur". Cependant, le maintien surprise de l'Allemagne aux dépens de la Suisse l'an dernier incite le staff américain à la prudence, les joueurs à la bannière étoilée s'étant déjà faire surprendre par le passé. L'effectif dirigé par Ron Rolston dispose d'un équilibre intéressant. Contrairement aux années précédentes, les joueurs évoluant en junior majeur au Canada ont leur place dans l'alignement, avec plusieurs joueurs ayant remporté la Coupe Memorial, la grande finale junior, avec Spokane en 2008 (Wahl, Bowman, Johnson) ou Vancouver en 2007 (Blum). Le grand Eric Tangradi, prolifique scoreur de Belleville, est également présent. Une partie des joueurs a déjà disputé le Mondial des moins de 18 ans et certains étaient présents il y a tout juste un an : la ligne Schroeder-Wilson-Van Riemsdyk avait été particulièrement productive et sera chargée de mener l'offensive à nouveau.

Du côté allemand, les bons résultats du récent tournoi canadien les opposant à des formations de junior A et à une sélection américaine laissent un certain optimisme. La sélection a été rude, les regroupements intensifs et plusieurs bons éléments se dégagent, notamment les attaquants Jerome Flaake et Daniel Weiss, ce dernier ayant beaucoup appris avec les Eisbären de Berlin en ligue des Champions. Autre curiosité, Conor Morrison, né à London (Ontario) et qui évolue en Colombie-Britannique, mais dont le père a joué 5 ans en Allemagne, le rendant éligible pour représenter ce pays.

Thomas McCollum est titularisé dans les cages, le choix des Red Wings de Detroit brillant avec Guelph, dans l'Ontario. La partie débute avec beaucoup de vitesse sur cette grande glace. Les Américains, en blanc, prennent possession du palet en zone offensive. Précision dans les passes, vitesse vers l'avant : de quoi obtenir un avantage numérique après 3'25". La circulation du palet est rapide avec la ligne Van Riemsdyk, aboutissant au premier tir signé Colin Wilson. Pielmeier réalise un miracle à bout portant sur Tangradi dans les dernières secondes, puis sur O'Brien, échappé sur la gauche. Les Allemands s'en sortent bien, d'autant qu'une pénalité américaine est appelée pour avoir testé le gardien sur le rebond. Malheureusement pour eux, Toni Ritter est puni pour une charge sur Kevin Shattenkirk. À 4 contre 4, Alexander Oblinger déborde à gauche et McCollum manque un peu son arrêt : la rondelle glisse à côté, sans être reprise. On ne joue pas longtemps dans ce cadre puisqu'un 5 contre 3 américain longue durée se profile : la circulation du palet est rapide et technique. Shattenkirk à la bleue sert Schroeder ligne de fond, passe à travers l'enclave pour Colin Wilson et ouverture du score (0-1). Un but de tableau noir et encore 1'20" de supériorité à venir. On joue toujours à une touche, Fairchild à la baguette, mais Pielmeier sauve les meubles devant Bowman par un lancer de bottes spectaculaire.

Sitôt à cinq contre cinq, McCollum doit s'employer devant le capitaine Armin Wurm, d'abord sur un tir de la neutre puis sur le rebond laissé. Le portier est cependant battu par Toni Ritter, en entrée de cercle, bien servi par Steven Rupprich qui avait attiré deux adversaires le long de la bande (1-1). La rencontre s'équilibre donc, même si le rythme, lui, ne baisse pas. Dans cette partie de manivelle, Drayson Bowman se montre le plus malin : un tir de l'aile droite de Jim O'Brien est sorti par Pielmeier de la botte, mais il offre un rebond en or à l'attaquant de Spokane, qui fait mouche avant le retour du portier (1-2). Un but qui sanctionne la domination territoriale américaine, qui n'aura connu qu'un bref passage à vide lors du but de Ritter.

On repart sur les mêmes bases : les États-Unis, explosifs, décollent immédiatement en 3 contre 1. Schroeder vole un palet, accélère à droite et profite du travail de Van Riemsdyk dans l'axe pour nettoyer la lucarne (1-3 à 20'20"). Un contre rondement mené, à pleine vitesse. L'avance américaine semble confortable, mais se retrouve testée par une pénalité de Wilson. Celle-ci ne donne pas de frayeur à Thomas McCollum et, au retour de l'attaquant de Boston University, c'est plutôt Pielmeier qui doit sortir la mitaine devant Danny Kristo, sorti de la bande grâce au travail de Bowman. Peu après, le duo Rust-Tangradi fait passer des sueurs froides à la défense : tir du premier, suivi d'une action du second sorti de derrière le but... Le palet ne quitte plus la défense allemande grâce au travail des blancs, qui, sur la même présence, continuent à peser par Ian Cole puis Van Riemsdyk.

Le gardien des noirs souffre sur chaque action, et son équipe est réduite à trois par des pénalités de Weiss et de Ritter. Arrêt du gant énorme de Pielmeier malgré l'écran de Jimmy Hayes, puis tir de loin de Shattenkirk... La défense plie, et rompt finalement à 4 contre 5 sous les assauts de James Van Riemsdyk, entre les cercles, à la conclusion du jeu de passe Schroeder-Wilson à une touche de palet (1-4). La vitesse américaine passe systématiquement la défense : Tyler Johnson s'infiltre dans le dos de la défense, s'avance au cercle et trouve la lucarne du revers, un but qui attendra la confirmation vidéo (1-5). Les États-Unis contrôlent, pour une entrée en douceur dans le tournoi. McCollum a peu de travail, il a juste à resté concentrer lors des jeux de puissance adverses.

Philipp Grubauer fait son entrée dans les cages allemandes, pour prendre un peu d'expérience. Le début du 3e tiers est du même tonneau : entame en fanfare de la première ligne américaine et James Van Riemsdyk, en deux temps, finit le travail, oublié au second poteau (1-6). L'Allemagne se voit offrir une chance de réduire la marque lorsque Matthew Rust, meilleur Américain en infériorité et mises au jeu, prend deux minutes. McCollum n'est pas menacé et Rust revient sur la glace, manquant de peu une déviation d'un centre de Schroeder. Le rouleau compresseur continue : cela va trop vite pour la défense, le gardien (et la caméra !), Bowman finit le jeu à une touche par un tir puissant plein axe (1-7).

Vitesse, précision, conservation du palet, forecheck : pour un match d'ouverture, la partition américaine n'a guère de fausses notes. Les efforts allemands sont vite neutralisés par le patinage supérieur des Américains. Même les pénalités ne donnent rien dans ce match à sens unique... mais une mise au jeu et un tir rapide finissent par surprendre McCollum après 53'50', pour un but signé Pohl (2-7). Les occasions s'enchaînent avec un arrêt à bout portant de Grubauer sur Jim O'Brien. L'autre moment fort est une charge spectaculaire de Wolf sur Fairchild, qui aboutit à une pénalité justifiée contre l'Allemand. Les blancs déroulent : Tangradi et Blum combinent, sans réussite. Le temps file tranquillement jusqu'à la sirène, lorsque Matt Rust récupère un palet dans son camp et démarre comme une fusée, plein axe, traverse la patinoire en slalomant entre les défenseurs qu'il laisse sur place, avant de tromper Grubauer mi-hauteur à deux secondes de la fin.

Score final 2-8, pour une équipe américaine impressionnante par moments, même si McCollum et la défense furent peu testés. L'Allemagne a souffert, trop en retard sur toutes les actions pour espérer quelque chose sur ce match.

Désignés joueurs du match : Toni Ritter pour l'Allemagne et Drayson Bowman pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Ernst Höfner (entraîneur de l'Allemagne) : "Les États-Unis sont une des trois meilleures équipes du tournoi. Ils ont un powerplay impressionnant et l'ont prouvé avec quatre buts. Le premier tiers a laissé une forte empreinte sur tous les participants car nous jouions devant une assistance imposante, une arena de NHL avec presque 19000 spectateurs. À partir du 1-3, l'équipe américaine a largement dominé la rencontre."

 

Allemagne - États-Unis 2-8 (1-2, 0-3, 1-3)

Vendredi 26 décembre 2008, 15h30. Scotiabank Place d'Ottawa, 18795 spectateurs.

Arbitrage de Sergei Kulakov (RUS) et Peter Orszag (SVK) assistés de Alexei Mikhel (RUS) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : Allemagne 18' (6', 6', 6'), États-Unis 22' (2', 8', 12').

Tirs : Allemagne 18 (8, 6, 4), États-Unis 46 (14, 18, 14).

Évolution du score :

0-1 à 08'23" : Wilson assisté de Shattenkirk et Schroeder (double sup. num.)

1-1 à 12'08" : Ritter assisté de Rupprich

1-2 à 17'51" : Bowman assisté de O'Brien et Wahl

1-3 à 20'20" : Schroeder

1-4 à 32'43" : Van Riemsdyk assisté de Wilson et Schroeder

1-5 à 34'27" : Johnson assisté de Hoeffel et McDonagh

1-6 à 40'35" : Van Riemsdyk assisté de Wilson et Schroeder

1-7 à 46'26" : Bowman assisté de Wahl

2-7 à 53'51" : Pohl assisté de Flaake et Weiss

2-8 à 59'59" : Rust

 

Allemagne

Gardien : Timo Pielmeier puis Philip Grubauer à 40'00".

Défenseurs : Dominik Bielke - Denis Reul ; Sinan Akdag - Marco Nowak ; Benedikt Bruckner - Florian Muller ; Armin Wurm - Tim Schule.

Attaquants : Gerrit Fauser - Simon Fischhaber - Conor Morrison ; Jerome Flaake - Daniel Weiss - Patrick Pohl ; Toni Ritter - Steven Rupprich - Andre Huebscher ; David Wolf - Maximilian Forster - Alexander Oblinger.

États-Unis

Gardien : Thomas McCollum.

Défenseurs : Jonathon Blum (C) - Ryan McDonagh ; Theodore Ruth - Ian Cole ; Cade Fairchild - Kevin Shattenkirk (A) ; Blake Kessel.

Attaquants : James Van Riemsdyk - Colin Wilson (A) - Jordan Schroeder ; James O'Brien - Mitchell Wahl - Drayson Bowman ; Aaron Palushaj - Matthew Rust - Eric Tangradi ; Daniel Kristo - James Hayes - Tyler Johnson ; Michael Hoeffel.

Remplaçant : Josh Unice (G).

 

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