Blues Espoo - Zurich SC Lions (7 janvier 2009)
Ligue des Champions, demi-finale retour.
Faire sauter la banque ?
Le 7 décembre 2008 restera comme une date marquante à Zurich. Parce que c'est celle du match aller, qui a placé le club suisse à un pas du colossal exploit que constituerait la qualification pour une finale européenne. Mais aussi parce que c'est ce jour-là, peu avant le match, que le défenseur Beat Forster a choisi pour annoncer son intention de retourner à Davos.
Après avoir failli entrer en guerre - ce qui aurait pu compromettre Davos qui ne doit son équilibre qu'à la Coupe Spengler et qui ne doit la Coupe Spengler qu'à la solidarité des autres clubs suisses qui acceptent d'interrompre le championnat entre Noël et le Nouvel An pour le tournoi - les deux clubs ont fini par trouver un accord sur le transfert du joueur. Dans son dernier match de championnat dimanche, Zurich est allé se soulager en gagnant 6-2 à Davos, qui jouait sans Forster car cela faisait partie de l'accord. Le montant de l'indemnité est quant à lui fixé par les règlements de la ligue suisse, et il est cher pour un international : 500 000 francs suisses, soit plus de 330 000 euros. Mais l'argent ne remplace pas la perte d'un défenseur majeur, même s'il était blessé à ce moment et que les Lions ont déjà été performants sans lui dans cette compétition.
Ce qui attend les Suisses ce soir n'a cependant rien à voir avec ce qui précédait. C'est une toute autre équipe d'Espoo qui les attend. Presque tous ses blessés sont enfin sortis de l'infirmerie. Il a toutefois fallu se séparer de Ben Eaves, qui est reparti à l'amiable sans aucune garantie de pouvoir continuer sa carrière en raison de son genou. Six mille spectateurs encouragent bruyamment les Blues pour qu'ils gagnent, quel que soit le score, et contraignent ainsi les ZSC Lions à jouer la qualification sur une séance de tirs au but.
Les spectateurs vont vite déchanter. Rami Alanko part en prison pour obstruction, et à une seconde de son retour prévu sur la glace, la passe de la droite de Jean-Guy Trudel est parfaitement déviée entre les cercles par Thibaut Monnet (0-1, 05'44"). Espoo ne s'en laisse pas compter et met la pression, jusqu'à provoquer une pénalité de Blindenbacher, mais elle est tuée sans trop de mal. Zurich ne joue pas longtemps à cinq car Lukas Grauwiler se fait sanctionner en zone offensive, toujours sans conséquence grâce à un très bel effort d'ensemble des Suisses.
Cela s'annonce compliqué pour les Blues qui découvrent un adversaire discipliné et tenace. La première pénalité leur a coûté très cher, la seconde de Miika Huczkowski vaut le même tarif. Le slap axial de la bleue de Mathias Seger est puissant et placé, à mi-hauteur côté plaque, mais Bernd Brückler avait la vue totalement dégagée et n'aurait pas dû l'encaisser (0-2, 15'54"). Le gardien autrichien a paru fébrile sur plusieurs interventions, notamment une sortie derrière sa cage en début de match. Il ne se laisse cependant absolument pas avoir par le tour de cage de Monnet. Le bilan du premier tiers-temps est implacable : 0 sur 2 pour les Blues et 2 sur 2 pour Zurich en avantage numérique. C'est le scénario-catastrophe pour les Finlandais, surtout que Petri Kokko envoie le palet dans les tribunes à neuf secondes de la fin de tiers.
La deuxième période démarre donc avec deux buts d'avance et une supériorité numérique pour les ZSC Lions. C'est la première fois que les Blues arrivent à tuer une pénalité, mais il s'en faut de peu car la présence du géant Ryan Gardner dans le slot est très menaçante dans les dernières secondes. L'essentiel pour les Finlandais, c'est qu'ils sont toujours dans le match.
Ils peuvent donc passer à l'attaque. Petri Lammassaari perce sans trouver le cadre, mais il a subi un cinglage de Jan Alston. En supériorité numérique, Erkki Rajamäki perce à la bleue et essaie d'éliminer Radoslav Suchy en un contre un. Il finit à terre et le public réclame une pénalité, mais les arbitres ont reconnu la charge à la hanche du défenseur international slovaque comme parfaitement valide. C'est au contraire Puustinen qui va prendre une pénalité idiote dans le coin de la zone offensive. L'avantage numérique se retourne contre l'équipe locale, qui tremble sur un tour de cage de Peter Sejna.
On atteint la mi-match et Espoo doit marquer trois fois pour rester dans la course. On voit mal comment en voyant Monnet et les siens conserver le palet dans la zone offensive. Après un débordement du rapide Peter Sejna, il y a même encore le feu, et Daniel Schnyder reçoit le palet contre la bande alors que la cage est ouverte et le gardien hors de position, mais le défenseur est lui-même surpris de l'aubaine et son tir en pivot n'est pivot n'est pas cadré. Sur l'action suivante, Severin Blinbenbacher dégage le palet au-dessus du plexi : ce pourrait être le coup de pouce nécessaire. Zurich défend bien et le gardien Ari Sulander ne laisse pas de rebonds à ses compatriotes. L'espoir finlandais semble de plus en plus mince.
Pourtant, de retour à cinq contre cinq, Stefan Öhman déborde sur la droite et centre en retrait pour la reprise d'Ismo Kuoppala (1-2, 33'40"). Jari Tolsa lance une nouvelle offensive et est accroché par Kamber dans l'affaire. Sur la supériorité, Keller pousse le palet dans la cage vide, mais l'arbitre a sifflé auparavant une faute de Rajamäki sur Seger dans le slot. La dynamique finlandaise est un peu contrariée mais le match a été indéniablement relancé.
En troisième période, Sami Ryhänen envoie le palet à la cage de la zone neutre, et le tir avec rebond s'échappe de la mitaine de Sulander. Dans la continuité de l'action, Tolsa teste à son tour le gardien depuis la neutre, des fois que... Les Finlandais sont prêts à provoquer leur chance et sont bien plus présents en zone offensive. Ils renversent la tendance dans les coins et se mettent à gagner les duels. Le gardien finlandais de Zurich paraît cependant décidé à frustrer ses compatriotes.
La pénalité tuée de Seger à huit minutes de la fin rajoute de la confiance aux Lions qui hument l'odeur de la finale. Daniel Schnyder accroche Ryan Keller mais l'arbitre choisit de punir la faute... plus la simulation du Canadien d'Espoo. À quatre contre quatre, Zurich se fait une frayeur sur un mauvais changement, mais Sulander sauve la baraque. L'horloge tourne inexorablement et les Finlandais semblent totalement à cours de solutions face à une équipe suisse qui verrouille totalement la zone neutre.
La sortie du gardien n'apportera rien de mieux. Jean-Guy Trudel vise la cage vide depuis la ligne rouge centrale, et Ryan Gardner se délecte à son tour des filets déserts (1-4, 58'51").
Finalistes européens ! C'est la plus grande réussite de l'histoire des clubs suisses. Le Lugano de Philippe Bozon était passé tout près en 2000, en s'inclinant en prolongation contre le Sparta Prague en demi-finale. Cette fois, c'est Zurich qui obtient la consécration, à l'issue d'une grande performance collective, appliquée et disciplinée sur ses fondamentaux.
Compte-rendu signé Marc Branchu
Espoo Blues (FIN) - ZSC Lions (SUI) 1-4 (0-2, 1-0, 0-2)
Mercredi 7 janvier 2009 à 19h30 à la Länsi-Auto Areena d'Espoo. 6612 spectateurs.
Arbitrage de Georg Jablukov (ALL) et Rick Looker (USA) assistés d'Anton Semjonov (EST) et Felix Winnekens (ALL).
Pénalités : Espoo 16' (6', 6', 4'), Zurich 16' (4', 8', 4').
Tirs : Espoo 34 (14, 11, 9), Zurich 24 (14, 4, 6).
Évolution du score :
0-1 à 05'44" : Monnet assisté de Trudel et Alston (sup. num.)
0-2 à 15'54" : Seger assisté de Pittis et Trudel (sup. num.)
1-2 à 33'40" : Kuoppala assisté d'Öhman et Nättinen
1-3 à 58'17" : Trudel (cage vide)
1-4 à 58'51" : Gardner assisté de Wichser et Suchy (cage vide)
Blues Espoo
Gardien : Bernd Brückler.
Défenseurs : Rami Alanko (C) - Mikael Kurki ; Dale Clarke - Petri Kokko ; Ville Lajunen - Miika Huczkowski ; Ismo Kuoppala.
Attaquants : Erkki Rajamäki (A) - Ryan Keller - Juuso Puustinen ; Jaakko Uhlbäck - Stefan Öhman - Petri Lammassaari ; Sami Ryhänen - Toni Kahkonen - Camilo Miettinen ; Tomi Sallinen - Joonas Nättinen - Patrik Lostedt ; Jari Tolsa.
Remplaçant : Mikko Koskinen (G). Absents : Ben Eaves (problèmes de genou, départ), Santeri Heiskanen (jambe cassée).
ZSC Lions
Gardien : Ari Sulander.
Défenseurs : Radoslav Suchy - Severin Blindenbacher ; Mathias Seger (C) - Patrick Geering ; Daniel Schnyder - Philippe Schelling.
Attaquants : Jean-Guy Trudel - Domenico Pittis - Cyrill Bühler ; Ryan Gardner (A) - Peter Sejna - Adrian Wichser (A) ; Thibaut Monnet - Jan Alston - Mark Bastl ; Lukas Grauwiler - Oliver Kamber - Alexei Krutov.
Remplaçants : Lukas Flueler (G), Claudio Cadonau, Kevin Gloor. Absents : Beat Forster (parti à Davos), Andri Stoffel (épaule, saison terminée), Blaine Down (blessé).