Grenoble - Rouen (13 mars 2009)

 

Ligue Magnus - Demi-finale - Match n°1.

L'explication tant attendue va enfin avoir lieu. Depuis une épique demi-finale de coupe de France qui avait fait couler beaucoup d'encre, les deux équipes attendaient de se retrouver pour accéder à la finale de la Ligue Magnus. Grenoble a gagné l'avantage de la glace en subtilisant la deuxième place à Rouen dans les dernières journées. Les quarts de finale ont cependant été plus difficiles pour les Brûleurs de Loups qui ont eu besoin de quatre rencontres pour s'imposer face à Strasbourg alors que Rouen écartait Épinal en trois petites manches. Un petit avantage pour les Dragons qui pourront compter ce soir sur le grand retour de Carl Malette, blessé depuis huit semaines.

Du tac au tac

La pression est grenobloise en début de rencontre. Les Brûleurs de Loups proposent un jeu dynamique qui leur permet de jouer rapidement dans la zone adverse. Damien Fleury, sur un premier tir, puis Ludek Krayzel se signalent aux avant-postes. Fleury, très actif en début de rencontre, centre pour Sivic mais Sopko s'interpose. Il faut attendre un peu plus de cinq minutes pour voir les Dragons se montrer réellement dangereux. Doucet puis Mallette tentent de tromper Ferhi à bout portant, forçant Teddy Trabichet à commettre une faute. Le jeu de puissance rouennais est bien neutralisé par les locaux qui se procurent même une belle occasion sur un 2 contre 1 Rouleau-Sivic, bien neutralisé par Sopko. Une pénalité de Jérémie Romand met un terme à l'infériorité numérique. Le power-play grenoblois, bien en place, se distingue par quelques tirs d'Amar puis Rouleau tandis que Forsander rate un face-à-face avec Sopko. Le gardien slovaque, impérial dans ce premier tiers, écarte le danger et sauve son équipe en détournant une reprise de Jan Hammar à bout portant suite à un excellent centre de Fleury.

La réaction rouennaise se traduit par une belle action de Peltola qui trouve la mitaine d'Eddy Ferhi. Les gardiens se distinguent et il faut attendre une obstruction sifflée contre David pour voir le score enfin évoluer. En possession du palet à la ligne bleue, Alexandre Rouleau se fait subtiliser la rondelle par Julien Desrosiers qui part en break face à Ferhi et remporte son duel face au portier international qui ne peut que constater les dégâts (0-1, 13'05"). Le coup est rude pour Grenoble mais la réaction des Brûleurs de Loups ne se fait pas attendre : une minute plus tard, sur le même power-play, Rouleau se rattrape de sa bévue en envoyant un tir flottant de la bleue qui trompe Sopko, en partie grâce à un écran de Sivic et Nilsson (1-1, 14'10").

Les débats sont cette fois bien lancés et les premières frictions apparaissent entre Amar et Romand, le premier étant envoyé en prison pour avoir répondu à la provocation du second. Encore une fois, le jeu de puissance rouennais sera bien neutralisé par le killing play grenoblois même si une remontée de palet de David a fait passer un frisson dans la défense locale. Les Brûleurs de Loups exercent un gros travail de pressing dans les dernières minutes, maintenant les Dragons dans leur zone défensive. Pourtant, à quelques secondes de la sirène, Bouchard, sur une échappée, est tout près de forcer la décision mais il ne cadre pas son tir. Il partagera sa frustration avec Rouleau après la fin du tiers, ce qui vaudra aux deux hommes de débuter le tiers suivant sur le banc.

Les occasions manquées de Grenoble

Dos à dos, les deux équipes le sont aussi au début de la deuxième période. Les débats sont équilibrés avant que Grenoble ne reprenne petit à petit le dessus. Un tir de Tartari en excellente position est repoussé par Sopko puis Hammar rate une cage grande ouverte sur un très bon centre du même Tartari. Sur l'engagement qui suit, Sivic reprend de volée le palet qui vient heurter le poteau de Sopko. La réussite fuit les Grenoblois alors que la défense normande est mise à rude épreuve. Peltola essaie bien d'imiter Sivic quelques secondes plus tard, sans plus de réussite. Les occasions se multiplient pour Grenoble mais Sopko veille. Il se fait une frayeur en déviant de la mitaine un tir de Forsander avant de s'imposer avec autorité devant Fleury. Entre temps, Masa avait raté la lucarne de près.

Les efforts isérois sont finalement récompensés par une pénalité de Virolainen. Mais les hommes de Mats Lusth ne peuvent en profiter puisqu'une crosse haute de Bergström sur Desrosiers lancé vers le but fait voltiger (exagérément ?) l'attaquant franco-québecois. David vient s'en mêler pour expliquer sa façon de penser à Bergström et une courte explication entre les deux hommes leur fera écoper d'une méconduite. À quatre contre quatre, Rouen se montre dangereux par Doucet notamment puis Carlsson sur un lancer lointain mais à chaque fois Ferhi sort un arrêt décisif. Les Dragons prennent enfin l'initiative dans le jeu et poussent Masa à la faute dans sa zone défensive. Encore une fois le power-play rouennais sera stérile, grâce à la bonne défense grenobloise, à l'image d'Hammar qui se jette pour contrer un tir de Desrosiers.

Les hommes de Mats Lusth reprennent alors leur domination mais manquent cruellement de réalisme dans le dernier geste : Fleury ne parvient pas à conclure victorieusement un tour de cage parfaitement exécuté, puis sur un 3 contre 2, Forsander rate la cage en vendangeant un bon décalage de Broz avant que ce dernier ne mette le palet au-dessus de la barre face à une cage grande ouverte. À force de vendanger, les locaux s'exposent aux contres adverses et Wallin doit s'employer sur un 2 contre 1. Dans les dernières secondes, Nilsson rate la cage sur un centre de Tartari, à l'image d'un tiers qui sera celui des occasions manquées pour Grenoble.

Rouen redresse la tête

On peut légitimement se dire que Grenoble a laissé passer sa chance lors de la deuxième période. Les Brûleurs de Loups entament prudemment la troisième et Rouen en profite pour reprendre l'initiative après quelques minutes fermées et approximatives. Doucet, à la reprise d'un rebond, manque la cage ouverte du revers. Le capitaine rouennais, véritable poison pour la défense dauphinoise, force Manavian à commettre la faute. Le jeu de puissance rouennais s'installe avec Thinel aux commandes derrière la cage, lequel sert David dont le lancer puissant est capté par la mitaine de Ferhi. Le portier international est harcelé de toute part, Desrosiers puis Bouchard parvenant à contourner la défense grenobloise pour le tester, sans succès.

Après cette supériorité numérique très active mais inefficace, les Dragons remettent ça avec à l'origine une nouvelle faute de Manavian sur Doucet. David et Carlsson, en position à la ligne bleue, voient leur tir échouer sur Ferhi, intraitable. Grenoble en profite pour développer quelques contre-attaques par Sivic, tout seul, puis un 2 contre 1 Hammar-Sivic, mais à chaque fois Sopko s'interpose. De retour à égalité numérique, Grenoble finit mieux le troisième tiers. Amar puis Nilsson s'arrachent pour forcer la décision mais ne trouvent pas la faille dans la muraille Sopko. Forsander ne cadre pas dans les dernières secondes et les deux équipes se voient contraintes de disputer une prolongation.

Au bout du suspense...

Grenoble attaque fort la mort subite en campant dans la zone rouennaise, mais Carlsson sur un lancer puissant puis Thinel, seul devant Ferhi, semblent avoir le palet de la gagne dans leur crosse. Rouen se montre de plus en plus dangereux par un nouveau lancer de David puis par une remontée de palet de Niskavaara.

Les Dauphinois semblent mal en point mais Ferhi puis Broz vont renverser la tendance. Le premier s'impose magistralement sur un tir de David qui arrivait lancé puis Broz reprend l'initiative devant. Il tire au-dessus de la barre avant de trouver Sopko sur sa trajectoire. Sur une ultime remontée de palet de Krayzel, Broz récupère le palet le long de la bande et adresse une splendide passe transversale à Rouleau qui arrive à pleine vitesse dans la zone rouennaise. Le défenseur québécois ne se pose pas de questions et envoie un puissant slap qui transperce Sopko... à onze secondes de la fin de la prolongation (2-1, 69'49") !

Sopko aura retardé l'échéance pendant près de soixante-dix minutes. Dans ce match de gardiens, où les occasions n'ont pas manqué, le petit gardien slovaque a été impérial, maintenant à flot son équipe qui fut en dedans pendant près de deux tiers-temps, lui donnant une véritable chance de gagner. On ne pourra dès lors guère lui reprocher ce but encaissé à onze secondes de la fin sur un ultime tir de Rouleau. Car les attaquants rouennais, d'ordinaire si efficaces, ont eu toutes les peines du monde à percer la défense grenobloise, ne marquant que sur une interception en infériorité numérique. Les Dragons ont été stériles à cinq contre cinq et surtout en avantage numérique malgré plus de dix minutes passées avec un homme supplémentaire sur la glace. Une inefficacité qui coûte cher, notamment au troisième tiers où les Dragons, dominateurs pendant quatre minutes de power-play, n'ont pu forcer le verrou. De quoi méditer avant la rencontre de demain !

Grenoble est une équipe réputée patiente et l'a encore prouvé ce soir, cette fois jusqu'à l'extrême limite. Les Brûleurs de Loups ont pourtant failli payer leur manque de réalisme constant pendant quarante minutes lors d'un troisième tiers difficile où ils furent tout près de céder... Car s'il y a un point négatif dans la prestation grenobloise ce soir, ce fut l'accumulation des approximations devant la cage adverse. Certes, Sopko a été énorme dans sa cage mais les maladresses grenobloises furent aussi légion. Mais l'entêtement isérois a fini par payer grâce à une passe géniale de Broz et un doublé de Rouleau, l'homme par qui Grenoble avait encaissé le premier but. Joli signe du destin et belle revanche pour le défenseur québécois, auteur d'une excellente partie, tout comme Amar et Wallin, ses deux compères de la défense. On retiendra enfin la très bonne sortie de Ferhi, décisif à de nombreuses reprises, et l'imperméabilité du killing play grenoblois. Au final, avantage comptable et psychologique pour Grenoble à l'issue de cette première manche. La suite demain !

Désignés meilleurs joueurs du match : Jan Hammar (Grenoble) et Ramon Sopko (Rouen)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "À onze secondes, ça fait mal... On savait que ce serait une superbe série, on a vu deux belles équipes mais on n'aurait pu s'épargner ces prolongations en concrétisant nos occasions en première et deuxième périodes où on a vraiment dominé. On mène 1-0, on passe au suivant. Tous les matchs ressembleront à celui-là."

Alain Vogin (entraîneur de Rouen) : "Le scenario n'est pas facile mais je m'attendais à ce que ce soit serré, long, à un duel de gardiens aussi. Grenoble est mieux rentré dans le match mais en troisième période, on a eu nos chances. Il fallait mettre au fond quand on en a eu l'occasion."

Alexandre Rouleau (défenseur de Grenoble) : "J'avais le chrono en tête et j'ai poussé l'effort plus loin, j'étais plus agressif, je savais qu'on ne risquait pas trop de contre-attaques à dix secondes de la fin. Ludek m'a fait une passe plus que parfaite, le gardien était déjà battu, il fallait que je la mette au fond même si mon tir n'était pas très convaincant ! Mais on n'a pas d'avantage psychologique, les compteurs sont à zéro demain soir. L'objectif, c'est de gagner les prochaines soixante minutes... ou soixante-dix..."

 

Grenoble - Rouen 2-1 après prolongation (1-1, 0-0, 0-0, 1-0)

Vendredi 13 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de Guillaume Gielly et Geoffrey Barcelo.

Pénalités : Grenoble 26' (6', 6'+10', 4', 0'), Rouen 20' (6', 4'+10, 0', 0').

Tirs cadrés : Grenoble 42, Rouen 41.

Engagements gagnés : Grenoble 44, Rouen 39.

Évolution du score :

0-1 à 13'05" : Desrosiers assisté de Glad (inf. num.)

1-1 à 14'10" : Rouleau assisté de Sivic (sup. num.)

2-1 à 69'49" : Rouleau assisté de Broz et Krayzel

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C) - Calle Bergström.

Attaquants : Martin Masa - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Johan Forsander ; Jan Hammar - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson.

Remplaçants : Sébastien Raibon (G), Jason Crossman, Maxime Moisand, Julien Baylacq, Raphaël Papa, Nicolas Arrossamena. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Lucas Normandon (genou).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Daniel Carlsson (A) - Jean-François David ; Jaako Niskavaara.

Attaquants : Olivier Bouchard - Mikko Peltola - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Éric Doucet (C) - Carl Mallette ; Édouard Dufournet - Loïc Lampérier [en alternance avec Lionel Tarantino] - Jérémie Romand.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Sébastien Strozynski, Thomas Baubriau.

 

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