Grenoble - Rouen (14 mars 2009)

 

Ligue Magnus - Demi-finale - Match n°2.

Après une première manche haletante qui a amené les deux équipes tout près de la limite des soixante-dix minutes de jeu, les différents acteurs remettent ça ce soir pour une manche très importante pour le reste de la série : une deuxième victoire grenobloise et les Brûleurs de Loups seraient en position de force pour se qualifier pour la finale, à l'inverse une victoire rouennaise mettrait les Dragons en position favorable pour terminer la série à domicile. Chaude ambiance en perspective donc !

Rouen démarre en trombe

La tension est d'ailleurs palpable dès les premières secondes de jeu. Une friction entre Nilsson et David devant Sopko entraîne les premières pénalités. S'ensuit un long round d'observation au cours duquel les deux équipes montrent de l'entrain mais ne parviennent pas à s'approcher des buts. Il faut attendre un premier tir de David pour voir Ferhi enfin mis à contribution. Un signe prémonitoire puisque le même David se retrouve en position idéale quelques instants plus tard pour reprendre une passe derrière les buts de Carl Mallette. Le défenseur rouennais reprend instantanément et ouvre le score (0-1, 03'04"). Le début de match est parfait pour Rouen qui campe ensuite dans la zone grenobloise pendant plusieurs minutes. Romand slalome autour de la cage de Ferhi et il faut attendre un tir timide de Manavian pour voir une esquisse de réaction grenobloise.

Les frictions sont légion dans ce premier tiers-temps à l'image d'un échange d'amabilités entre Mallette et Amar faisant suite à un léger contact de Bouchard sur Ferhi. Grenoble réagit enfin avec un tir de Trabichet dévié par Sivic puis un autre de Forsander au dessus de la barre transversale. Le travail de harcèlement de Forsander est sanctionné d'une pénalité pour cinglage par M. Bourreau, intransigeant avec les Grenoblois dans cette première période. Pourtant, la situation est bien près de sourire à Grenoble puisque Sivic récupère un palet perdu par Doucet mais bute sur Sopko. Le jeu de puissance des Dragons finit par s'installer mais Grenoble tue la pénalité sans trop de difficultés.

Grenoble continue d'écoper avec cette fois Bergström, victime d'une exagération de Bouchard qui aura fait beaucoup de mal aux locaux dans cette première période. Sur le power-play, Nilsson parvient à contrer mais sans résultat. Rouen s'installe, Carl Mallette récupère un palet mal dégagé par la défense grenobloise, s'avance et ajuste Ferhi au-dessus de la jambière (0-2, 16'16"). Les affaires se compliquent pour les Grenoblois qui continuent de se faire pénaliser à tour de bras : Bouchard charge violemment Rouleau, Forsander lui rend sa charge, mais seul le Suédois sera pénalisé sur l'action. Rouen joue bien le coup en power-play avec notamment trois lancers en dix secondes mais la défense grenobloise tient tant bien que mal et tue la pénalité. Peine perdue puisqu'à une poignée de secondes de la fin du tiers, Édouard Dufournet crucifie Grenoble au terme d'une action confuse devant le but (0-3, 19'26").

Grenoble revient à hauteur

Rouen semble avoir fait le plus dur pour s'adjuger le gain de cette manche mais Desrosiers s'est fait sanctionner pour un cinglage sur le coup de sirène. Sans doute sermonnés à la pause, les Brûleurs de Loups reviennent sur la glace avec d'autres intentions. Le jeu de puissance grenoblois s'installe poussivement, Bergström teste Sopko d'un tir de la bleue avant que Masa ne rate une belle occasion, seul devant la cage. Finalement installés, les Grenoblois font tourner la rondelle et Sivic trouve l'ouverture d'un tir en angle opposé qui surprend Sopko (1-3, 22'02"). Grenoble est bien plus actif et exerce un gros pressing dans la zone rouennaise. La défense des Dragons est malmenée, Trabichet slape plein axe, le palet est repoussé par Sopko sur le côté où se trouve Rouleau. Le défenseur isérois ne se pose pas de question et envoie un énorme slap sous la barre (2-3, 23'53"). En l'espace de quatre minutes, les hommes de Mats Lusth ont remonté les deux tiers de leur retard et se remettent à croire à un retour encore inimaginable à la pause. Dufournet se fait sanctionner pour une crosse haute sur Nilsson et les Brûleurs de Loups espèrent profiter à nouveau du jeu de puissance. Wallin expédie deux missiles de la bleue, bien repoussés par Sopko tandis qu'Amar ne cadre pas son tir. Sivic se procure une belle occasion en contre mais échoue sur Sopko.

Le public grenoblois pousse ses protégés à égaliser mais une pénalité de Nilsson vient ralentir leur élan. Le power-play rouennais peine à se montrer dangereux et est bien contré par un killing play grenoblois très efficace. Doucet écope de deux minutes de pénalité avant que Desrosiers ne commette une violente charge non sanctionnée sur Krayzel. En grosse difficulté au cours des dix premières minutes, les Rouennais finissent par relever la tête. Le jeu s'équilibre mais Mallette et Fleury se répondent du tac au tac par des tirs dangereux, bien captés par leurs gardiens. Masa ne cadre pas une nouvelle fois son tir tandis que Lampérier, en excellente position face à Ferhi, voit son tir capté in extremis par le portier tricolore. Mais le plus beau loupé de ce tiers est sans aucun doute à mettre au crédit de Jan Hammar qui manque complètement sa reprise sur un centre de Tartari face au but vide.

Pour la quatrième fois du tiers en infériorité numérique suite à une pénalité de Niskavaara, les Dragons vont finalement se laisser rejoindre sur un slap en pleine lucarne de Ludek Broz, d'ordinaire plus passeur que buteur dans cet exercice (3-3, 34'41"). L'incroyable s'est produit, Grenoble a refait son retard en moins d'un tiers-temps. La réaction de Rouen ne se fait pas attendre, d'abord par un tir de David contré par Ferhi puis en jeu de puissance suite à un retenir de Manavian sur Peltola. Les Dragons effectuent une grosse présence devant la cage de Grenoble mais les Brûleurs de Loups finissent par tuer la pénalité malgré quelques frayeurs.

Krayzel libère Pôle Sud

Désormais dos-à-dos, les deux équipes débutent prudemment la dernière période. Un tir de Virolainen trouve Ferhi sur sa trajectoire avant qu'une explication entre Manavian et Thinel ne conduise les deux joueurs en prison. Grenoble profite des espaces avec un contre mené par Krayzel qui sert Fleury en retrait. Le jeune international grenoblois tire, le palet est contré mais rebondit sur Krayzel et finit sa course au fond des filets. Rouen conteste longuement le but mais M. Bourreau le valide, estimant qu'il n'y avait pas de geste volontaire de la part de Krayzel (4-3, 44'30").

Vexés, les Dragons repartent immédiatement à l'attaque. Le changement complet de lignes instauré par Alain Vogin en début de tiers porte ses fruits puisque trente secondes plus tard, Peltola subtilise le palet à Trabichet à la ligne bleue grenobloise et combine avec le jeune Tarantino pour déjouer Ferhi d'un tir à ras de glace en angle fermé (4-4, 45'01"). Tout est à refaire, les deux équipes ne se lâchent décidément plus.

Une succession de pénalités donne à chaque équipe l'occasion de faire la différence. Mallette se fait sanctionner suite à un accrochage avec Amar mais l'avantage numérique de Grenoble est de courte durée puisque Manavian commet une faute sur Thinel alors que les deux hommes venaient de sortir de prison. Krayzel contraint Sopko à un arrêt en deux temps. Le jeu est alerte mais la plupart des actions ne vont pas au bout. Rouen met la pression au propre comme au figuré sur la cage grenobloise. Doucet finit au fond des filets tandis qu'une astucieuse passe du patin de Peltola pour Thinel aurait pu s'avérer décisive. Une pénalité de Hammar dans les dix dernières minutes expose Grenoble mais c'est encore Fleury qui s'illustre sur un contre neutralisé par Sopko. Sur un lancer de Mallette, Forsander se jette pour contrer le palet qui revient sur le Québécois. Sa reprise assis sur la glace est de toute beauté et aurait bien pu surprendre Ferhi.

La faute de Romand sur Broz à quatre minutes de la fin ressemble à s'y méprendre à un palet de match pour Grenoble. Bergström lance sur Sopko mais le gardien rouennais veille. Les hommes de Vogin finissent par tuer la pénalité mais Grenoble poursuit son action dans la zone des visiteurs. Forsander hérite du palet le long de la bande et le remet instantanément à Krayzel tout seul devant les buts : la subtile déviation du Tchèque bat Sopko qui ne peut pas grand chose sur le coup (5-4, 58'20"). Dans les ultimes secondes, Vogin sort son gardien pour créer le surnombre. Une expérience bien près d'échouer sur un contre de Krayzel neutralisé irrégulièrement mais M. Bourreau ne bronche pas, pas plus que ses assistants pour signaler le surnombre rouennais lorsque Sopko regagne précipitamment ses buts. Ferhi se fera une dernière frayeur à deux secondes de la sirène sur un tir de David à mi-distance mais Pôle Sud peut exulter pour la deuxième soirée d'affilée !

Les Dragons ont laissé échapper ce soir une victoire qui leur tendait les bras après une première période très efficace où le jeu physique déployé a porté ses fruits avec un grand Olivier Bouchard qui a su provoquer les pénalités iséroises. Mais Rouen s'est ensuite relâché, et lorsque Grenoble est remonté au score, les hommes d'Alain Vogin n'ont pas su réagir. Au troisième tiers, un sursaut d'orgueil a permis l'égalisation à 4-4 mais une grossière erreur de marquage coûte le cinquième but et la défaite. Mallette a pourtant sorti un grand match et la troisième ligne a joué un rôle non négligeable offensivement. Le manque d'efficacité offensive entrevu la veille a été réglé mais le jeu de puissance rouennais s'est toujours autant cassé les dents sur un killing play grenoblois extrêmement efficace. Si l'on ajoute à cela un Sopko un peu moins efficace que la veille et une défense moins resserrée, on obtient ces cinq buts encaissés. Le champion de France est aujourd'hui en position délicate, un sans-faute est désormais indispensable pour aller jusqu'en finale et conserver son bien.

Après la patience démontrée hier, les Brûleurs de Loups ont mis en évidence un autre de leur caractéristique cette saison : leur mental. Cette équipe ne s'avoue jamais vaincue, et comme lors de la demi-finale de coupe face au même adversaire, elle a su renverser une situation bien compromise. Peu de monde aurait misé en effet sur une victoire grenobloise ce soir après les vingt premières minutes au cours desquelles Grenoble s'est fait marcher dessus par un adversaire remonté et a subi les foudres d'un arbitrage plutôt à sens unique. Mais les Brûleurs de Loups ont de la ressource et ont su élever leur niveau de jeu en ajoutant plus de vitesse et d'intensité au début du deuxième tiers-temps. Sivic et Rouleau, les deux héros de la saison, ont été à l'origine de la réaction avant que la ligne Krayzel-Broz-Forsander ne sorte de l'ombre et finisse le travail. Grenoble a maintenant toutes les cartes en main pour décrocher une place en finale. Première chance mardi à Rouen.

Désignés meilleurs joueurs du match : Ludek Krayzel (Grenoble) et Carl Mallette (Rouen)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "C'est dans ces moments-là qu'on voit une grande équipe. Rouen a voulu jouer physique et ça a payé au premier tiers. Peut-être se sont-ils vus un peu beaux, et nous, on a fait preuve de caractère. On s'est dit à la pause qu'on avait une belle équipe malgré le score. On peut renverser des montagnes et là, à la fin du premier tiers, on avait une montagne face à nous. On a décidé de la franchir caillou par caillou jusqu'au sommet, pour passer de l'autre côté à la fin. La pression est désormais entièrement sur Rouen."

Alain Vogin (entraîneur de Rouen) : "Ça se complique... Quand tu n'as pas l'avantage de la glace, il faut gagner un match à l'extérieur. Alors on reviendra l'emporter ici au cinquième match parce que ça ferait plaisir aux Grenoblois de faire une nouvelle recette à domicile. Et je souhaite vous revoir parce qu'ici, vous m'êtes sympathiques ! Reste qu'on a beaucoup mieux joué que vendredi mais leur premier but au deuxième tiers leur a donné de l'énergie. Ils ont pris confiance et en fin de match on cède au sortir d'une pénalité. La série est loin d'être terminée, qu'ils viennent la chercher chez nous. Mais on est très déçus."

Marc-André Thinel (attaquant de Rouen) : "Avec une avance de trois buts, on était sereins après le premier tiers. Mais on a perdu la dynamique dans la foulée, les gens étaient bruyants dans les gradins et les joueurs grenoblois ont suivi. On a encore trouvé la façon de perdre le match un peu stupidement en fin de rencontre. Chez nous, on a confiance en nos moyens, ce n'est pas impossible. Ce n'est pas dramatique ce qui nous arrive, ce ne sont pas des massacres, ça peut aller d'un côté comme de l'autre."

 

Grenoble - Rouen 5-4 (0-3, 3-0, 2-1)

Samedi 14 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Cyril Carlin et David Courgeon

Pénalités : Grenoble 18' (8', 4', 6'), Rouen 16' (4', 6', 6').

Tirs cadrés : Grenoble 27, Rouen 38.

Engagements gagnés : Grenoble 39, Rouen 41.

Évolution du score :

0-1 à 03'14" : David assisté de Mallette et Desrosiers

0-2 à 16'16" : Mallette (sup. num.)

0-3 à 19'26" : Dufournet assisté de Lampérier et Carlsson

1-3 à 22'02" : Sivic assisté de Rouleau et Masa

2-3 à 23'53" : Rouleau assisté de Trabichet et Fleury

3-3 à 34'41" : Broz assisté de Forsander et Krayzel (sup. num.)

4-3 à 44'30" : Fleury assisté de Krayzel et Amar

4-4 à 45'01" : Peltola assisté de Tarantino

5-4 à 58'20" : Krayzel assisté de Forsander et Broz

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C) - Calle Bergström.

Attaquants : Martin Masa - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Johan Forsander ; Jan Hammar - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson.

Remplaçants : Sébastien Raibon (G), Jason Crossman, Maxime Moisand, Julien Baylacq, Raphaël Papa, Nicolas Arrossamena. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Lucas Normandon (genou).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko [sorti à 59'35"].

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Daniel Carlsson (A) - Jean-François David ; Jaako Niskavaara.

Attaquants : Olivier Bouchard - Mikko Peltola [puis Doucet à 40'00"] - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Éric Doucet (C) [puis Mallette à 40'00"] - Carl Mallette [puis Romand à 40'00"] ; Édouard Dufournet - Loïc Lampérier [puis Peltola à 40'00"] - Jérémie Romand [puis Tarantino à 40'00"] ; Lionel Tarantino.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Sébastien Strozynski, Thomas Baubriau.

 

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