Linköping - Skellefteå (16 mars 2009)

 

Quart de finale de l'Elitserien, match 7.

Le fait de pouvoir sélectionner son adversaire en play-offs - privilège des mieux classés en Suède - peut être vu comme un avantage. Le choix de Linköping coulait ainsi de source : le LHC avait battu Skellefteå 5 fois sur 5 en saison régulière, et en plus son adversaire était privé de son meilleur marqueur Niko Dimitriakos blessé au genou. Voilà de quoi servir de gentil première marche vers la finale, que Linköping a atteint très facilement ces deux dernières années (seulement trois manches perdues sur le chemin en deux ans).

Six matches plus tard, rien n'est moins sûr. À chaque fois, Linköping a clairement dominé une manche... pour perdre aussi nettement la suivante. Skellefteå se trouve maintenant en position de gagner une série de play-offs, ce qui ne lui est pas arrivé depuis l'année de son titre en 1978.

Le problème de Linköping, c'est d'être trop dépendant de ses deux attaquants tchèques Jan Hlavac et Jaroslav Hlinka. Lorsqu'ils sont invisibles comme au dernier match, c'est la défaite assurée. En plus, le LHC se cherche encore un titulaire dans les cages entre Daniel Henriksson et Mika Noronen. C'est le Finlandais qui est aligné ce soir.

C'est le premier qui a parlé...

Mikael Håkanson prend la première pénalité après une minute de jeu, et elle vaut déjà cher. Pendant la supériorité numérique, un palet dégagé de derrière la cage par Majesky est repris de volée à la ligne bleue par Pavel Skrbek, qui arrive en retard sur l'action car il était resté au sol dans sa zone dans un duel. Avec l'élan de la traversée de la patinoire, le lancer est surpuissant (0-1). Le match est-il déjà fini ? La question peut surprendre après deux minutes de jeu, mais depuis le début de la série, l'équipe qui a ouvert le score l'a systématiquement emporté.

On peut voir dans cette statistique le témoignage du jeu traditionnellement tactique de l'Elitserien, et Skellefteå ne dément vraiment pas cette réputation. Une fois en avantage, les visiteurs ne cadrent pas le moindre tir pendant dix minutes ! Ils se contentent simplement de défendre, ce qui fonctionne... tant qu'ils sont à cinq. Tim Erixon se fait en effet sanctionner pour un cinglage. Jan Hlavac prend alors un rebond gagnant côté après un lancer de Teemu Aalto. Puis, dans un duel entre les deux buteurs, Skrbek retient Hlavac derrière sa cage. C'est la troisième pénalité du match, et elle est terminée depuis trois secondes quand le tir en hauteur de Joakim Eriksson est rabattu au sol devant la cage par Andreas Jämtin, entre les jambières du gardien Nicklas Dahlberg qui ne peut rien faire (2-1). Si l'on ne tient pas compte des trois secondes de battement, cela fait 100% de réussite en jeu de puissance pour les deux équipes.

La possession pour Linköping

Est-ce le fait d'être entraîné par un Tchèque, Slavomir Lener ? En tout cas, Linköping n'imite pas son adversaire et n'essaie pas de préserver son avantage en se repliant dans sa coquille. Les bleus vont en effet monopoliser le palet en deuxième période, en gagnant tous les engagements et en assiégant la zone offensive. Si la domination n'est pas nette au nombre de lancers, elle est très claire territorialement. Dahlberg doit geler de nombreux palets devant sa cage.

La plus belle occasion arrive en fin de tiers-temps avec un beau débordement à droite de Jaroslav Hlinka qui sert parfaitement Carl Gunnarsson dans l'axe, mais le tir du défenseur va droit sur le gardien. L'excellent travail dans les bandes de Jämtin provoque ensuite la pénalité (retenir) de Nordgren, à cheval sur la seconde pause. Dans les dernières secondes, c'est pourtant Skellefteå qui passe tout près d'égaliser en infériorité, mais Gabriel Karlsson manque la cage ouverte sur un rebond.

C'est toujours Linköping qui est en action au début du troisième tiers-temps, aidé par une nouvelle pénalité adverse de Koskenkorva. Il est grand temps pour Skellefteå de réagir : pressing haut, jeu plus direct. Une révolte récompensée par un 2'+2' contre Andreas Pihl, dont la crosse haute a ouvert la pommette de Jimmie Ericsson. Longtemps, le SAIK ne trouve pas desolution. Le seul effet du tir dans un angle impossible de Brad Moran est de permettre aux bleus de se dégager sur la mise au jeu. Joakim Eriksson et ses collègues sont en effet largement dominateurs au chapitre des engagements. Mais quatre minutes, c'est long. Skellefteå finit par s'installer. Et sur un tir dévié, Anders Söderberg vient prendre le rebond de près dans le haut du filet (2-2). Tout est relancé à neuf minutes de la fin.

Pour reprendre l'avantage, Linköping compte sur son arme fatale, les trois H... Hlavac, Hlinka et leur compère Håkanson font un festival de conservation de palet en zone offensive. Après plus d'une minute de ce régime, Jan Hlavac reçoit un palet de qualification dans le slot et Erik Forsell l'accroche pour éviter le but. Les deux Tchèques reviennent sur la glace pour la supériorité numérique, en vain.

Et ça continue, encore et encore

Il reste 33 secondes de pénalité pendant la prolongation, mais elles filent vite car Skellefteå porte le jeu en zone offensive. La première occasion est donc pour les visiteurs, quand Brad Moran sert Anders Söderberg au second poteau, mais malgré ses trente centimètres de retard sur l'action, le défenseur local parvient à contrer la passe avec sa crosse. Linköping reprend ensuite la main avec son jeu de possession, mais c'est sur une interception en zone neutre de Jaroslav Hlinka que la température monte. Le Tchèque tire du revers dans les bottes de Dahlberg, et Jämtin s'échoue sur le gardien au rebond. L'action continue et c'est au tour de Hlavac de venir frapper à la porte. À défaut de but, il obtient une pénalité de Nordgren. Le contrôle du palet reste bleu en supériorité numérique, mais sans trouver l'ouverture. Malgré la domination locale (45 tirs à 19 à la sirène), Skellefteå a de vraies occasions en fin de quatrième période : ce tir du poignet en pivot de Christian Söderström, ou encore cette passe de la bleue d'Erik Andersson bien coupée par le défenseur local Fernholm.

Mieux que les quatre tiers de César dans Pagnol, bienvenue donc au cinquième tiers-temps ! La chaîne suédoise Kanal 9 a beau multiplier les bandes-annonces de son film "Face off", il n'en finit plus d'être décalés. Désolé pour Travolta et consorts, les seuls "face-offs" qui valent, ils ont lieu sur la glace (et Linköping en remporte la majorité, de moins en moins large cependant...).

C'est pour une fois Skellefteå qui entre le mieux en action, sous l'impulsion d'Anders Söderberg et Jimmie Ericsson, dans tous les bons coups. Dès qu'ils sont en danger, cependant, les visiteurs font baisser le rythme. Ils bloquent la zone neutre et gardent plus longtemps la rondelle pour ne plus subir. Les deux équipes sont bien en place, et même quand une longue ligne de passe est trouvée, les défenses se replient. Peu à peu, Linköping prend à nouveau le dessus, avec deux tirs pour Petterström sur un palet mal dégagé entre-temps par Månsson.

... qui a raison

César, remets-nous la même chose ! C'est le sixième tiers-temps... Travolta ferait mieux d'aller se coiffer pour sortir en boîte...

Il ne sera pas seul car les sièges vidés sont nombreux dans le Cloetta Center ! Il faut dire qu'il est 23 heures passées et qu'on joue depuis quatre heures... Cette sixième période ne va pas s'éterniser. Andreas Pihl, dont la crosse baladeuse avait déjà coûté l'égalisation, sort de sa zone par le chemin le plus embouteillé, devant son banc où certains joueurs sont en train de changer. Pour ne pas heurter un coéquipier, il vient s'empaler sur un adversaire, Gabriel Karlsson. La transition est immédiate pour un 2 contre 1 parfaitement transformé par Christian Söderström et Kimmo Koskenkorva, d'une reprise directe à mi-hauteur.

Hlinka et Hlavac tout en technique, Joakim Eriksson dans un style plus batailleur, Patrik Zacriksson monstrueux aux mises au jeu, Andreas Jämtin imposant dans les bandes et dans le slot : on peut énumérer toutes les raisons pour lesquelles Linköping aurait pu et dû gagner, cela restera à jamais du conditionnel. Le gardien adverse Nicklas Dahlberg et sa défense en ont décidé autrement. Le LHC, qui pensait avoir tiré le bon numéro, est le seul favori à être passé à la trappe des quarts de finale.

La meilleure équipe a-t-elle gagné ? Sans doute pas. Mais la première à avoir marqué, oui. La règle se sera vérifiée une septième fois dans ce quart de finale. Ce n'est pas faute de vous avoir prévenu après deux petites minutes... Les 100 minutes suivantes étaient juste un long enrobage.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (sur Kanal 9)

Slavomir Lener (entraîneur de Linköping) : "Ils ont une défense compacte et un grand gardien, c'est pourquoi ils ont gagné. Mon avenir en tant que coach, ce n'est pas moi qui en décide, c'est le management."

 

Linköping - Skellefteå 2-3 après prolongation (2-1, 0-0, 0-1, 0-0, 0-0, 0-1)

Lundi 16 mars 2009 à 19h00 au Cloetta Center. 7700 spectateurs.

Arbitrage de Marcus Vinnerborg assistés de Peter Sabelström et Leo Takula.

Pénalités : Linköping 6' (2', 0', 4', 0', 0', 0'), Skellefteå 12' (4', 2', 4', 2', 0', 0').

Tirs : Linköping 54 (9, 9, 11, 16, 9, 0), Skellefteå 26 (3, 7, 4, 5, 6, 1).

Évolution du score :

0-1 à 02'01" : Skrbek (sup. num.)

1-1 à 12'22" : Hlavac assisté d'Aalto et Hlinka (sup. num.)

2-1 à 16'23" : Jämtin assisté d'Eriksson et Persson

2-2 à 50'54" : Söderberg assisté d'Andersson et McDonell (sup. num.)

2-3 à 102'01" : Koskenkorva assisté de Söderström

 

Linköpings HC

Gardien : Mika Noronen.

Défenseurs : Pekka Saravo - Daniel Fernholm ; Carl Gunnarsson - Ivan Majesky ; Teemu Aalto - Andreas Pihl.

Attaquants : Mattias Carlsson - Joakim Eriksson (C) - Niklas Persson ; Pontus Petterström - Patrik Zackrisson - Andreas Jämtin ; Jan Hlavac - Jaroslav Hlinka - Mikael Håkanson (A) ; Tomas Surovy - Éric Beaudoin - Fredrik Emvall.

Remplaçants : Daniel Henriksson (G), Martin Ylven Laumann, Viktor Ekbom.

Skellefteå AIK

Gardien : Nicklas Dahlberg.

Défenseurs : Pavel Skrbek - Tobias Viklund ; Erik Andersson - Christoffer Norgren (C) ; Jyri Marttinen - Atvars Tribuncovs ; David Rundblad - Tim Erixon.

Attaquants : Mathias Månsson - Jimmie Eriksson - Kent McDonell ; Anders Söderberg (A) - Erik Forsell - Brad Moran ; Christian Söderström - Gabriel Karlsson - Kimmo Koskenkorva ; Mattias Lindström - Fredrik Krekula - Mikael Renberg.

Remplaçant : Andreas Hadelöv (G). Absents : Niko Dimitrakos, Fredrik Lindgren (blessés).

 

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