Suisse - Allemagne (26 avril 2009)

 

Championnats du monde, premier tour, groupe B.

Retrouvailles entre les deux voisins pour ce grand classique qui sent la poudre. L'enjeu est de taille puisque l'équipe qui s'impose ce soir prendra un avantage certain en vue de la qualification pour les quarts de finale. Les Suisses, peu convaincants face à la France en ouverture (1-0), sont attendus au tournant.

Le début de rencontre est à l'avantage de la Nati qui effectue une grosse pression sur la cage de Patzöld. Une reprise à bout portant de Ryan Gardner trouve la jambière de Pätzold sur sa trajectoire. Un tir d'Ambühl est repoussé par le gardien allemand, très sollicité en début de match. Pourtant la première pénalité sera suisse, une crosse haute de Rüthemann. Les Allemands, qui n'avaient pas eu la moindre occasion à se mettre sous la dent jusque là, profitent du power-play et marquent sur un rebond victorieux de Christoph Ullmann, consécutif à un tir plein axe de Sven Butenschön (0-1, 06'26"). Douche froide dans la Postfinance Arena d'autant plus qu'Alexander Barta est tout près d'enfoncer le clou quelques secondes plus tard, mais cette fois Gerber s'interpose.

La réaction suisse ne se fera guère attendre : Romano Lemm en position d'attente derrière les cages allemandes décoche la passe parfaite pour Roman Wick en mouvement devant Pätzold, la reprise sans contrôle de l'attaquant de Kloten ne laisse aucune chance au gardien allemand (1-1, 08'36"). Voilà les Suisses rassurés mais les hommes d'Uwe Krupp continuent de croire en leur chance : Jochen Hecht est d'ailleurs tout près de déjouer Gerber sur un rebond. Les pénalités s'enchaînent de part et d'autre, Ullmann pour l'Allemagne puis Ziegler pour la Suisse. Mais ni le remuant duo Wick-Lemm, ni Alexander Barta sur un exploit personnel, ne parviendront à faire évoluer le score. L'Allemagne rate même le coche en fin de tiers avec un nouvel échec en supériorité suite à une pénalité de Furrer, la faute à un jeu de puissance un brin trop statique.

Le deuxième tiers débute avec une crosse haute de Paterlini sur Hackert : le joueur allemand saigne et doit regagner - temporairement - les vestiaires mais les arbitres n'appellent aucune pénalité à l'encontre de Paterlini, ce qui provoque la fureur d'Uwe Krupp. Passé cet incident, les hommes de Ralph Krueger reprennent les commandes du match, Romy se procure ainsi une belle occasion en repiquant vers la cage. Sur une pénalité appelée contre l'Allemagne, les Suisses font circuler le palet en zone d'attaque et Mathias Seger arrivé lancé à la ligne bleue, l'expédie de toute la force de son slap au fond des cages du malheureux Pätzold (2-1, 23'25"). Pour la première fois de la rencontre, la Suisse prend les devants et pense avoir fait le plus dur. Mais les Allemands s'accrochent toujours à l'image de Hospelt et Muloch, bien près d'égaliser. Les Suisses répliquent du tac au tac avec Ryan Gardner qui oblige Pätzold à effectuer un arrêt réflexe.

La tension monte d'un cran lorsque Hackert se venge sur Paterlini d'une charge tout aussi douteuse que la première. Les esprits enfin calmés, Martin Plüss est appelé en prison. Christoph Ullmann et Sven Butenschön sont alors tout près de remettre ça, avec notamment le second qui manque le palet pourtant en excellente position devant les cages. La maladresse allemande semble fatale et pourtant la délivrance va venir... en infériorité numérique ! Avec Hördler en prison, Christoph Schubert parvient à s'échapper en zone neutre grâce à une passe en profondeur de Hospelt et s'en va battre Martin Gerber en deux temps (2-2, 33'02"). Tout est à refaire pour la Suisse.

La troisième période doit donc faire la décision et elle débute plutôt mal pour l'Allemagne qui encaisse d'entrée deux pénalités, par Schubert pour une charge contre la bande sur Wick puis par Müller, coupable d'un accrocher. La Suisse a l'occasion de prendre l'avantage sur une double supériorité numérique mais même le slap de Mark Streit n'y fait rien : Pätzold se jette sur tous les palets et s'impose une nouvelle fois face à Ambühl alors que l'Allemagne évolue de nouveau à cinq.

La domination suisse est de plus en plus marquée au fil des minutes mais Pätzold enchaîne les arrêts, en particulier devant Romy. La tension monte avec la fin de match qui se rapproche, les accrochages sont de plus en plus nombreux. Sur une mini-échappée, Yannic Seidenberg manque le coche face à Gerber, lequel se fait une grosse frayeur en s'emmêlant les patins quelques instants plus tard. À force de rester sous la menace allemande, la Suisse est bien près de tout perdre lorsque Ambühl puis Josi se retrouvent en prison, le second pour avoir expédié le palet hors des limites, une erreur de jeunesse sans doute. La PostFinance Arena retient son souffle sur un puissant slap de Bakos mais une pénalité d'Ullmann viendra délivrer la Nati qui se contente finalement du partage des points à l'issue du temps réglementaire.

La prolongation se joue rapidement puisque Bakos est sanctionné après quarante secondes pour un retenir le long des bandes. Le jeu de puissance suisse s'installe et est exécuté à la perfection : slap de la bleue de Streit qui bénéficie de l'écran parfait de Gardner devant Pätzold pour délivrer les locaux (3-2, 61'18").

Grosse frayeur pour la Suisse, dans un match qui aurait pu basculer à tout moment dans un sens ou dans l'autre même si les Helvètes ont donné l'impression de maîtriser leur sujet à partir de la troisième période. Après le succès laborieux contre la France, voilà un nouveau match qui ne manquera pas de soulever des questions sur le réalisme offensif de la Nati, d'autant que les buts libérateurs sont inscrits de la ligne bleue par les défenseurs Seger et Streit. Néanmoins, l'objectif comptable est atteint et la Suisse pourra s'offrir un match de gala face à la Russie avant d'aborder la deuxième phase.

Du côté allemand, on retiendra la grosse résistance de Pätzold et la combativité de toute une équipe qui aurait pu ramener un peu plus que le point récolté. Car ce point ne change rien à l'affaire, les Allemands devront l'emporter face aux Bleus pour éviter le tour de relégation. Voilà en tout cas les Tricolores prévenus, l'Allemagne est une équipe coriace !

Désignés meilleurs joueurs du match : Mathias Seger (Suisse) et Dimitrij Pätzold (Allemagne).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "C'était un match passionnant, avec beaucoup d'émotion et de duels. Mon équipe a fait jeu égal avec l'équipe suisse lors des deux premières périodes. Mon équipe a joué au-dessus de son niveau normal. Il faut voir ce point comme un succès et je suis fier de mon équipe. Les Français ont fait un match similaire contre la Suisse, ils sont un adversaire de notre niveau. La forme du jour décidera, comme lors de la qualification olympique contre l'Autriche."

Michael Bakos (défenseur de l'Allemagne) : "Ce n'était pas une pénalité, je suis pas d'accord. Dix secondes avant, j'avais fait une faite, mais les arbitres avaient laissé jouer. Dans le vestiaire, tous ont dit que ce n'était pas une faute et m'ont encouragé. Bien sûr, c'est décevant, mais c'est un succès partiel. Nous les avons mis au bord d'une défaite, cela ne nous était plus arrivé depuis des années."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Pour moi, il s'agissait du meilleur match entre la Suisse et l'Allemagne depuis 12 ans que je les vis. C'était un super match de hockey et il y avait beaucoup d'agressivité au sens positif du terme. Tout le monde s'est bien battu. Je ne crois pas qu'il y ait quiconque dans chaque équipe qui n'ait pas donné son maximum. L'équipe a été testée mentalement lorsque l'Allemagne a mené 1-0 et ensuite lorsque nous avons accordé un but malheureux en infériorité numérique dans la deuxième période. Mais au final, on méritait la victoire au vu de la troisième période et de la prolongation."

Ryan Gardner (attaquant de la Suisse) : "Je ne pense pas que le gardien l'a vu. C'est mon job et c'est ce que le coach me dit, d'aller devant la cage. Le gardien français avait vu un peu trop de tirs mais ça s'est mieux passé aujourd'hui."

 

Suisse - Allemagne 3-2 après prolongation (1-1, 1-1, 0-0, 1-0)

Dimanche 26 avril à 16h15 à la Postfinance Arena de Berne. 11423 spectateurs

Arbitrage de Sami Partanen (FIN) et Jyri Petteri Ronn (FIN) assisté d'Ivan Dedioulia (BLR) et Antti Orelma (FIN)

Pénalités : Suisse 14' (6', 4', 4', 0'), Allemagne 12' (2', 2', 6', 2').

Tirs cadrés : Suisse 38 (7, 17, 12, 2), Allemagne 22 (8, 10, 4, 0).

Évolution du score :

0-1 à 06'26" : Ullmann assisté de Butenschon et Y.Seidenberg (sup. num.)

1-1 à 08'36" : Wick assisté de Lemm

2-1 à 23'25" : Seger assisté de Paterlini

2-2 à 33'02" : Schubert assisté de Hospelt et Hager (inf. num.)

3-2 à 61'18" : Streit assisté de Plüss (sup. num.)

 

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Severin Blindenbacher - Mark Streit (C) ; Félicien Du Bois - Goran Bezina ; Roman Josi - Mathias Seger ; Philippe Furrer.

Attaquants : Martin Plüss - Ivo Rüthemann (A) - Ryan Gardner ; Romano Lemm - Sandy Jeannin (A) - Thomas Déruns ; Thierry Paterlini - Thomas Ziegler - Raffaelle Sannitz ; Andres Ambühl - Roman Wick - Julien Sprunger ; Kévin Romy.

Remplaçant : Ronnie Rüeger (G). En réserve : Daniel Manzato (G), Rafael Diaz, Thibaut Monnet.

Allemagne

Gardien : Dimitrij Pätzold.

Défenseurs : Chris Schmidt - Michael Bakos (A) ; Sven Butenschön - Christoph Schubert ; Sebastian Osterloh - Moritz Müller ; Andreas Renz (C) - Frank Hördler.

Attaquants : Philipp Gogulla - Michael Hackert - Michael Wolf ; Yannic Seidenberg - Christoph Ullmann - Jochen Hechet (A) ; Sven Felski - Alexander Barta - Daniel Kreutzer ; Patrick Hager - Kai Hospelt - Travis Jason Mulock.

Remplaçant : Dimitrij Kotschnew (G).

 

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